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Interview / Podcast

Entretien avec Robert Moog

Interview : Robert Moog

On l'appelle Bob Moog, il est le père du Minimoog et fait partie de ceux dont on parle toujours mais qu'on ne voit jamais. Les rédacteurs de la presse spécialisée vous font rêver des synthétiseurs qu'il a créés et que vous n'aurez sans doute jamais. Synthèse analogique pure, façades en bois, nombreux potards, son unique…

Interview de Bob MoogOn l’ap­pelle Bob Moog, il est le père du Mini­moog et fait partie de ceux dont on parle toujours mais qu’on ne voit jamais. Les rédac­teurs de la presse spécia­li­sée vous font rêver des synthé­ti­seurs qu’il a créés et que vous n’au­rez sans doute jamais. Synthèse analo­gique pure, façades en bois, nombreux potards, son unique…

Quand à force d’éco­no­mies, vous réus­si­rez à vous payer la machine de vos rêves, il vous faudra effec­tuer de nombreuses modi­fi­ca­tions et midi­fi­ca­tions. C’est comme si les reven­deurs s’ar­ran­geaient toujours pour que vous soyez frus­trés… Vous aurez alors besoin d’une synchro entre les oscil­la­teurs, d’un commu­ta­teur trig­ger simple / multiple pour le clavier, d’une modu­la­tion de la largeur d’im­pul­sion des oscil­la­teurs et éven­tuel­le­ment d’un LFO dédié libé­rant le troi­sième oscil­la­teur…

Lassé par les embûches que vous rencon­trez, vous déci­dez de vous ache­ter quelques récentes boites à son ou de vous mettre à la synthèse virtuelle. Vous tombez bien : Moog s’est remis à produire les synthés analo­giques qui ont fait son succès et le mythique Mini­moog est à nouveau dispo­nible depuis l’an dernier. Du côté de la synthèse virtuelle, un Moog Modu­lar V (V pour virtuel) vient de naître d’une étroite colla­bo­ra­tion entre Moog Music et Artu­ria, l’édi­teur de logi­ciels musi­caux. Pour en savoir plus, nous avons inter­rogé Bob Moog, rencon­tré l’an dernier lors de la Musik­messe de Franc­fort.

André Jahel : Bob, plus de 13 000 exem­plaires du Mini­moog se sont vendus au cours des années soixante-dix et à l’oc­ca­sion de cette Musik­messe 2002 à Franc­fort, nous avons appris que la produc­tion de ce dernier avait repris, béné­fi­ciant au passage d’un lifting. Pouvez-vous nous racon­ter cette histoire qu’est la vôtre ?

Bob Moog : Lorsque j’ai commencé à construire des synthé­ti­seurs à titre person­nel en 1964, je n’au­rais jamais pensé que je pour­rais un jour en vivre. Si je me suis inté­ressé à la synthèse sonore, c’est parce que je trou­vais cela passion­nant et que quelques musi­ciens que je connais­sais cher­chaient à utili­ser des sons nouveaux. Dans les années soixante, la première société que j’ai créée s’est appe­lée Moog Old Music. En 1973, elle devint la Divi­sion Norlin de Old Music, un énorme fabri­cant améri­cain de l’époque. Ce dernier produi­sait des effets, des guitares et des ampli­fi­ca­teurs. Et main­te­nant, la société Moog renaît de ses cendres, dans le but de répondre à la demande sans cesse crois­sante de synthé­ti­seurs vintage. Nous avons à cet effet décidé de relan­cer le Mini­moog.

André Jahel : Est-ce que l’ar­chi­tec­ture du Moog origi­nel a influencé la produc­tion des nouveaux Mini­moog ? Avez-vous modi­fié beau­coup de choses dans la concep­tion de cette nouvelle machine ?

Bob Moog : Nous avons travaillé durant trois ans sur le nouveau Mini­moog, qui sera désor­mais en vente dès le prin­temps 2002 aux USA et en Europe. La struc­ture basique est restée la même : c’est un synthé­ti­seur mono­pho­nique à trois oscil­la­teurs, dont le dernier peut modu­ler les deux premiers ou le filtre, agis­sant comme un LFO. Ce qui a été modi­fié par exemple, ce sont les enve­loppes qui sont désor­mais de type ADSR alors qu’à l’ori­gine elles étaient de type Attack, Decay, Sustain, le Decay servant de Release lorsque ce dernier était activé par le commu­ta­teur se trou­vant au dessus des molettes. Les avan­tages du Mini, comme son filtre passe-bas 24 dB/octave ont été gardés. Et l’on a bien entendu ajouté une entière compa­ti­bi­lité MIDI.

André Jahel : Mis à part le Mini­moog, le There­min et des effets comme le Mooger­foo­ger, envi­sa­gez-vous de relan­cer d’autres synthé­ti­seurs vintage comme le Poly­moog ?

Bob Moog : Pas le Poly­moog étant donné que ce dernier est assez complexe et que certains modèles étaient instables, sujets à la surchauffe, mais on pour­rait envi­sa­ger de relan­cer le Taurus par exemple.

André Jahel : Quel avenir pour Moog dans les années qui viennent ?

Bob Moog : Une nouvelle « classe » d’ins­tru­ments élec­tro­niques devrait voir le jour. Tout en gardant le son mythique Moog, les nouvelles machines devraient répondre aux besoins d’uti­li­sa­tions modernes des musi­ciens (Midi, infor­ma­tique, etc.)

André Jahel : Que pensez-vous de l’ému­la­tion virtuelle d’ins­tru­ments analo­giques ?

Bob Moog : Le monde du virtuel est diffé­rent. Il me semble que l’uti­li­sa­tion d’ins­tru­ments virtuels est une bonne solu­tion pour imiter un son et qu’il est possible que cela sonne pareil. Mais il est plus diffi­cile d’ex­ploi­ter un instru­ment virtuel, d’ar­ri­ver aussi intui­ti­ve­ment au même résul­tat et surtout d’avoir le même contrôle. Ce que le virtuel apporte, c’est sans doute de nouvelles fonc­tion­na­li­tés.

Plus d’in­fos sur Moog : www.moog­mu­sic.com.

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