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Pédago
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La musique acousmatique

Les bases de l'harmonie - 88e partie

Depuis les derniers articles, nous quittons la planète « harmonie » pour nous aventurer dans un espace de production sonore plus étendu. Et aujourd’hui nous allons entrer dans l’atmosphère de la planète des instruments qui n’existent pas.

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La semaine dernière, je vous présen­tai la musique brui­tiste, appa­rue en réac­tion à la musique pratiquée au XIXe siècle qui n’était plus apte à trans­cen­der les sons du monde moderne. Le style auquel nous allons nous inté­res­ser aujour­d’hui découle direc­te­ment de ce mouve­ment : il s’agit de la musique concrète, appe­lée aussi parfois musique acous­ma­tique.

Les origines

La musique concrète est née prin­ci­pa­le­ment des expé­riences de Pierre Schaef­fer, connu entre autres pour avoir fondé le GRM (Groupe de Recherche Musi­cale) en 1958. Pierre Henry fera égale­ment partie de l’aven­ture avant de creu­ser son propre sillon.

 

 

Tout comme le brui­tisme, la musique concrète n’est plus basée sur la mise en harmo­nie de sons tempé­rés, mais sur la trans­cen­dance du bruit et sa « mise en espace sonore ». La musique « conven­tion­nelle » est basée sur des hauteurs de son prédé­fi­nies et sur des rapports de durée orga­ni­sés en rythmes, le tout concré­tisé par un ensemble de timbres rela­ti­ve­ment limité. Le brui­tisme et la musique concrète tendent à se libé­rer de toutes ces contraintes pour envi­sa­ger l’uti­li­sa­tion du son lui-même dans toutes les carac­té­ris­tiques de ce dernier.

Bien Débuter : SchaefferC’est à partir d’une contrainte tech­nique que Schaef­fer en vien­dra à déve­lop­per sa nouvelle approche de la musique. En écou­tant un disque rayé, il pren­dra conscience que le son produit par ce dernier possède sa propre exis­tence, située en dehors du contexte musi­cal auquel il était lié initia­le­ment, à savoir la « simple » repro­duc­tion de la musique gravée sur le disque non-rayé. Afin de dési­gner sa démarche, Schaef­fer choi­sit le terme de « musique concrète » pour deux raisons . 

La première raisons tient au mode de produc­tion de la musique concrète. Selon la concep­tion conven­tion­nelle de la musique, celle-ci naît d’abord de manière abstraite dans la tête d’un compo­si­teur, avant d’être exécu­tée concrè­te­ment par des musi­ciens en étant éven­tuel­le­ment passée par l’in­ter­mé­diaire d’une édition papier. Dans le cas de la musique concrète, c’est le phéno­mène inverse qui se produit : on part d’un ou plusieurs sons que l’on orga­nise entre eux et qui sont ensuite diffu­sés de manière « arti­fi­cielle » en usant des tech­no­lo­gies contem­po­raines, notam­ment via la radio et la repro­duc­tion d’en­re­gis­tre­ments. Pierre Schae­fer sera même le père du phono­gène, un appa­reil que l’on peut consi­dé­rer comme étant l’an­cêtre de l’échan­tillon­neur.

La musique acous­ma­tique

C’est cette dernière carac­té­ris­tique qui inci­tera François Bayle, l’un des compo­si­teurs phare de ce styles, à bapti­ser cette nouvelle approche musi­cale « musique acous­ma­tique ». 

 


Bien Débuter : BayleLe terme acous­ma­tique défi­nit un son que l’on entend sans en connaître la cause et se rapporte à l’en­sei­gne­ment de Pytha­gore qui durant cinq ans impo­sait à ses disciples de l’écou­ter sans le voir pour ne pas être distraits. La musique acous­ma­tique serait donc une musique qui s’écou­te­rait sans se voir. Plus exac­te­ment il s’agit d’une musique dont les sources sonores ne sont plus forcé­ment aussi clai­re­ment défi­nies que par le passé. Il est à noter que cette déno­mi­na­tion est prin­ci­pa­le­ment utili­sée en France. Dans le reste du monde, on conti­nue à parler de musique concrète. De par leur prin­cipe même de produc­tion, les musiques brui­tistes sont l’un des prin­ci­paux piliers des recherches musi­cales actuelles, notam­ment en termes de musiques élec­tro­niques, mais égale­ment dans tout le domaine de la « musique impro­vi­sée ».

J’ai bien conscience que nous nous écar­tons du sujet de l’har­mo­nie. Mais c’est pour nous y replon­ger avec d’au­tant plus d’in­ten­sité dès la semaine prochaine où nous allons – enfin – abor­der l’étude de cas concrets dans ce qui repré­sen­tera la dernière ligne droite de ce dossier.

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