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Pédago
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Les clusters et les agrégats

Les bases de l'harmonie - 86e partie

Mes amis, nous nous approchons doucement mais sûrement de la fin de ce dossier. Et avant de vous proposer quelques cas concrets d'harmonisation, je souhaiterais vous présenter quelques concepts musicaux à la limite des cadres harmoniques que nous avons étudiés jusqu'ici.

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Nous avions déjà exploré dans les articles précé­dents le cas de la série dodé­ca­pho­nique ou encore des modes de Messiaen. Mais aujour­d’hui, je vous propose d’al­ler plus loin et de nous pencher sur le cas des clus­ters et des agré­gats.

Les clus­ters et les agré­gats

Dans la majeure partie de ce dossier, je vous ai présenté les accords comme étant des empi­le­ments de tierces majeures ou mineures abou­tis­sant à des struc­tures sonores bien établies : triades ou accords de septième majeurs, mineurs, augmen­tés, dimi­nués, enri­chis, etc. Toute­fois cette orga­ni­sa­tion trouve ses limites dans les concep­tions plus modernes de l’har­mo­nie musi­cale. Nous avons pu voir notam­ment avec les modes de Messiaen dans les derniers articles des accords qui ne corres­pon­daient plus tout à fait à cet ordre établi. Et de fait, à partir de la fin du XIXe siècle, nous voyons appa­raître de plus en plus ce genre de struc­tures de notes qui ne peuvent plus être clas­sés selon les règles harmo­niques habi­tuelles. On parle alors de clus­ters ou d’agré­gats. En voici des exemples ci-dessous :

agregat cluster

agre­gat clus­ter
00:0000:07

Dans l’exemple précé­dent, j’ai établi une diffé­rence entre l’agré­gat et le clus­ter. En effet, une partie de la litté­ra­ture présente l’agré­gat comme étant consti­tué de notes sans inter­valle clai­re­ment iden­ti­fié, alors que le clus­ter serait composé d’in­ter­valles bien défi­nis toujours répé­tés (seconde majeure dans l’exemple précé­dent). Cette dernière défi­ni­tion n’est pour­tant pas non plus défi­ni­tive, et les anglo-saxons d’ailleurs ne font pas cette distinc­tion, regrou­pant le tout sous le nom de clus­ter. Mais ne nous perdons pas dans les querelles de chapelles théo­riques. Car ce qui nous inté­resse, c’est bien la musique.

Globa­le­ment, on consi­dère les clus­ters comme des grappes de notes dont les inter­valles qui les consti­tuent ne permettent pas de les caté­go­ri­ser en accords. Très employés en musique contem­po­raine, ils s’exé­cutent notam­ment au piano en employant la main, le poing, l’avant-bras ou même des planches de bois. Au-delà d’une recherche de fonc­tion­na­lité, ils servent surtout à poser une ambiance sonore.

Les origines

Si l’on peut bien entendu consi­dé­rer que les prin­ci­paux utili­sa­teurs de ces nouvelles formes harmo­niques sont les repré­sen­tants de la nouvelle école de Vienne (Schön­berg et ses amis, cf article 81), ils n’en sont pour­tant pas les inven­teurs. Parmi ces derniers, on trou­vera notam­ment le compo­si­teur français baroque Jean-Féry Rebel (1666–1747), qui fait usage de ces fameux accords non clas­sés dans son évoca­tion musi­cale de la créa­tion du monde, Les Elemens (sans T, selon l’or­tho­graphe de l’époque) :

 

Et bien sûr, nous retrou­vons égale­ment le Hongrois Franz Liszt, que nous avions déjà cité comme l’un des précur­seurs de l’ato­na­lité, ici avec son Portrait pianis­tique du comte Laszlo (Ladis­laus) Teleki :

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