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Pédago
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Modes altérés, le cas spécifique de la gamme altérée

Les bases de l'harmonie : 57e partie

Dans le dernier article, je vous ai proposé une introduction aux modes issus des gammes mineures mélodique et harmonique. Avant de nous plonger dans l'étude de chacun d'entre eux en détail, je vous invite à vous pencher avec moi sur deux d'entre eux plus spécifiquement respectivement appelés : la gamme altérée et la gamme Bartok. Nous commencerons aujourd'hui par l'étude de la première.

Modes altérés, le cas spécifique de la gamme altérée : Les bases de l'harmonie : 57e partie
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Les carac­té­ris­tiques de la gamme alté­rée

La gamme alté­rée est construite sur le septième mode issu de la gamme mineure mélo­dique que nous avons vue dans l’ar­ticle précé­dent. Il s’agit donc du mode inti­tulé « mode locrien bémol 4 ». On appelle égale­ment ce mode le « mode super­lo­crien ».

On retrouve dans le mode super­lo­crien toute l’am­bi­guïté de l’usage du locrien que nous avons déjà évoquée dans le cadre des modes natu­rels issus d’une gamme mère majeure (cf article 52). Bien évidem­ment, cette ambi­guïté, cette insta­bi­lité du mode locrien bémol 4 est prin­ci­pa­le­ment amenée par l’ab­sence de quinte juste, plus exac­te­ment par l’al­té­ra­tion de la quinte. Jusque-là, nous restons dans le même cadre que pour le mode locrien des gammes mères majeures, le mode locrien natu­rel. Mais l’al­té­ra­tion du quatrième degré de la gamme alté­rée, le fameux « b4 », corres­pond à l’al­té­ra­tion du dernier degré qui restait encore intact dans le mode locrien natu­rel, en-dehors de la tonique du mode bien sûr. Dans la gamme alté­rée, ce sont donc tous les degrés hors tonique qui sont suscep­tibles de porter une tension !

Comment, on ose parler de tension dans le système modal !? Eh oui, c’est d’ailleurs bien pour cela que l’on n’em­ploiera la gamme alté­rée qu’as­sez rare­ment dans un contexte stric­te­ment modal, tout comme le mode locrien natu­rel d’ailleurs (cf article 52).

L’uti­li­sa­tion de la gamme alté­rée

La gamme alté­rée sera en effet bien plus utile­ment employée comme une modu­la­tion dans un cadre tonal. Plus spéci­fique­ment, le mode super­lo­crien s’em­ploie avec des accords de septième de domi­nante enri­chis (cf article 33), notam­ment avec une neuvième et/ou une trei­zième mineure comme dans l’exemple ci-dessous, basé sur le clas­sique schéma du système tonal, le II-V-I :

II V I altéré
00:0000:00

Dans l’exemple précé­dent, la montée diato­nique à partir de l’ac­cord de Sol 7 b9 b13 reprend toutes les notes de la gamme alté­rée de Sol : Sol, Lab, Sib, Dob (Si), Réb, Mib, Fa et retour sur le Sol.

Et l’on notera que l’on a bien les notes prin­ci­pales d’un accord de septième, à savoir la fonda­men­tale (ici Sol), la tierce (ici sous la forme b4, Dob donc Si sur les instru­ments tempé­rés) et la septième (ici Fa).

L’uti­li­sa­tion de la gamme alté­rée fonc­tionne aussi avec des accords enri­chis d’une neuvième augmen­tée (#9) ou d’une onzième augmen­tée (#11).

Astuce

Je termi­ne­rai cet article par une petite astuce à desti­na­tion des impro­vi­sa­teurs. Cette astuce découle du faible inter­valle (un demi-ton) entre la tonique de la gamme alté­rée et celle de sa gamme mère mineure mélo­dique. Lorsque vous vous trou­vez en situa­tion d’uti­li­ser une gamme alté­rée, pensez celle-ci plutôt comme une gamme mineure mélo­dique située un demi-ton au-dessus. Dans l’exemple précé­dent, imagi­nez plutôt un Lab mineur mélo­dique qui démar­re­rait sur son septième degré. Le résul­tat sonore sera stric­te­ment le même mais dans bien des cas vous visua­li­se­rez les notes à jouer de manière plus effi­cace. 

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