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Pédago
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Modulations : notes caractéristiques et cadences

Les bases de l’harmonie — 18e partie

Bien souvent au sein d’une œuvre musicale quelle qu’elle soit, le compositeur éprouve le besoin de se détacher de la tonalité d’origine pour aller en explorer d’autres. Les raisons peuvent en être multiples : modifier l’humeur (la « tonalité », aha  !) du morceau, relancer l’écoute de l’auditeur, créer des surprises, etc. C’est dans ces cas-là qu’entre en jeu le principe de la modulation, auquel nous allons nous intéresser dans les prochains articles.

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Les notes carac­té­ris­tiques

Une modu­la­tion se fera quasi toujours (sauf si l’on module dans la gamme rela­tive de la tona­lité d’ori­gine – cf. article 2) par l’ir­rup­tion d’au moins une nouvelle note dans la tona­lité d’ori­gine. Bien souvent, cette note pourra être la sensible de la nouvelle tona­lité, mais pas néces­sai­re­ment.

Ces nouvelles notes qui appa­raissent dans la tona­lité d’ori­gine et qui vont défi­nir la nouvelle tona­lité sont appe­lées « notes carac­té­ris­tiques ». L’ap­pa­ri­tion de ces notes carac­té­ris­tiques n’en­traîne pas pour autant une modi­fi­ca­tion de l’ar­mure géné­rale du morceau. En effet, une modu­la­tion n’a la plupart du temps voca­tion qu’à être tempo­raire. L’ar­mure n’est modi­fiée que si le chan­ge­ment de tona­lité vient à être défi­ni­tif.

Dans l’exemple suivant, nous passons de la tona­lité de Do majeur à celle de Fa majeur en bonne partie grâce à l’uti­li­sa­tion du Sib, carac­té­ris­tique de la tona­lité de Fa majeur :

modulation par cadence parfaite
00:0000:00

Mais ce n’est pas tout à fait la seule raison, comme nous allons le voir tout de suite !

Le retour de la cadence

Comme évoqué dans l’ar­ticle précé­dent, pour qu’il y ait modu­la­tion — et non une simple orne­men­ta­tion telle que nous l’avons vu dans l’ar­ticle 8 concer­nant les notes étran­gères — il faut en premier lieu que l’oreille ait eu le temps d’en­tendre un chan­ge­ment de tona­lité. Dans notre exemple précé­dent, la modu­la­tion en ques­tion s’étend sur plus de deux mesures, ce qui est large­ment suffi­sant. Mais il est égale­ment néces­saire que les chan­ge­ments d’al­té­ra­tions répondent à une logique qui défi­nisse la nouvelle tona­lité. Et c’est là que nous dégai­nons une fois de plus l’arme fatale de l’har­mo­ni­seur fou (ou plutôt avisé !), j’ai nommé la cadence !

Ainsi, dans notre exemple précé­dent, nous avons une cadence parfaite entre Do septième de domi­nante et Fa majeur entre la seconde et la troi­sième mesure. Par son pouvoir résol­vant, cette cadence parfaite nous permet d’af­fir­mer la modu­la­tion entre les deux tona­li­tés du morceau. Mais puisque nous parlons des cadences et de leur utili­sa­tion pour modu­ler, il en est une qui s’im­pose abso­lu­ment natu­rel­le­ment dans ce cadre, c’est la cadence rompue (cf. article 7). Dans celle-ci, en effet, nous passons d’une tona­lité majeure à sa rela­tive mineure par simple substi­tu­tion du degré I attendu de la tona­lité d’ori­gine par son degré VI (qui devient le degré I de la nouvelle tona­lité). Et d’ailleurs, nous avons vu dans les articles 14 et 16 que le degré VI d’une tona­lité donnée portait la même fonc­tion tonale que le degré I et pouvait donc faci­le­ment se substi­tuer à lui. Mon dieu, tout se tient donc !

Je vous laisse sur cette ô combien trou­blante consi­dé­ra­tion, et je vous propose de nous retrou­ver dès la semaine prochaine pour modu­ler de plus belle.

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