Test Symetrix 528E

Le 528E fait partie du haut de gamme élec­tro­nique (sans lampe). Il comprend:

– un préam­pli accom­pa­gné d’une alimen­ta­tion Phan­tom 48 V,
- un dées­seur,
- un compres­seur (enhan­cer),
- un équa­li­seur para­mé­trique 3 niveaux,
- une section output.

La connec­tique est parti­cu­lie­re­ment soignée pour répondre aux besoins « tordus » d’un ingé­nieur du son:

– 2 entrées XLR : niveau line ou mic,
- 2 sorties,
- entrée et sortie pour chaque partie permet­tant de faire des bypass ou réor­don­ner les effets (équa­li­sa­tion avant compres­sion par exemple),
- side chain pour la compres­sion par un jack stéréo (tip/ring). Permet de rajou­ter un autre effet sans couper la chaîne

Chaque sortie de partie peut être recu­pé­rée sans que cela coupe la chaine du trai­te­ment du signal. On peut ainsi, si l’on a assez de chan­nels sur sa console, voir comment évolue petit à petit son signal : derrière le preamp, derrière le dées­seur, derrière la compres­sion, etc. Le module ne possède pas de mémoire de réglage. Enfin, la face avant derrière un morceau 1U d’une épais­seur impres­sio­nante, présente une série de poten­tio­mètres dispo­sés de gauche à droite dans l’ordre du trai­te­ment du signal sur un fond bleu du plus bel effet. Notons que pratique­ment toutes les parties disposent de leds pour contrô­ler le signal. Bref, nous sommes en face d’un module profe­sion­nel de qualité.

Test

Pour effec­tuer le test, nous avons mis le 528E avec un Neumann TLM 103 et un vieil AKG de scène. Nous avons enre­gis­tré une voix parlée et chan­tée puis un saxo. Pour être le plus neutre possible, nous avons connecté direc­te­ment la sortie du module sur l’en­trée d’un chan­nel d’un AKAI DR8 direct to disk (DtD). Le moni­to­ring s’ef­fec­tuant par les sorties de l’Akai par l’in­ter­mé­daire d’une table analo­gique. Dans la plupart des cas, le 528E sera à connec­ter en insert sur la tranche de la console. On veillera à décon­nec­ter tous les équa­li­seurs et coupe-bas-haut.

Les réglages sont très musi­caux dans le sens où une inter­ven­tion mini­male est suffi­sante pour chan­ger le son. Cela étant, devant cette quan­tité d’ef­fets, les inter­ac­tions sont diffi­ci­le­ment contro­lables. Le 528E, comme ses collègues, néces­site de nombreuses heures pour le régler correc­te­ment. Cela malgré une docu­men­ta­tion très claire (mais unique­ment en anglais). Celle-ci, pour la partie équa­li­sa­tion, est une bible. Le 528E est en géné­ral très respec­tueux du signal. Cela étant, il n’ai­dera pas beau­coup l’ins­tru­men­tiste à adou­cir son son. La colo­ra­tion n’est pas son rayon. Après quelques heures de réglages, on obtient un signal parfai­te­ment nivelé par le haut et par le bas que n’im­porte quel DtD mangera sans bron­cher, ni satu­rer. L’équa­li­seur vous aura gommé toutes les imper­fec­tions de l’ins­tru­men­tiste et/ou de son instru­ment. Ceci est parti­cu­liè­re­ment vrai pour les chan­teurs (que je consi­dère comme instru­men­tistes et instru­ments à la fois). Le dées­seur est très effi­cace. Grâce à la docu­men­ta­tion, déci­dem­ment parfaite, vous trou­ve­rez un réglage musi­cal avec l’équa­li­seur. Enfin le compres­seur fait son office avec mention. Le préam­pli est diabo­lique: un poten­tio­metre et un dimi­nueur –15 dB et c’est tout pour un résul­tat impres­sion­nant. Avec le TLM 103 de Neumann, il faut mettre le dimi­nueur et le poten­tio­mètre pratique­ment en bas – Quel niveau de sortie ! Par contre, le bouton de l’ali­men­ta­tion phan­tom situé derrière n’est pas très pratique quand vous mettez le module en rack (cf. le bouton power derrière pour les habi­tués) – Ques­tion de sécu­rité?

Atten­tion à l’ordre des connec­tions pour éviter les pops destruc­teurs. Le réglage de la partie sortie est bon. Les trims de votre table reste­ront à un zero pointé pour le plus grand bien de nos oreilles. Petit conseil en passant : le fader d’une table doit toujours rester en dessous ou sur le 0 (géné­ra­le­ment carac­té­risé par un gros trait blanc). Ainsi vous ne faites pas appel aux « micros » amplis de votre table et conser­vez le signal pur du préam­pli ou voice chan­nel. Si vous manquez de pêche, montez donc le niveau de sortie du module et surtout pas celui de la console. Le chan­ge­ment d’ordre des effets ne donne pas les résul­tats atten­dus. Peut-être sont-ils utiles dans un contexte broad­cast. En revanche, le side chain du compres­seur peut être très utile si l’on dispose d’un compres­seur de qualité comme un DBX 160 par exemple. J’au­rais bien aimé le tester avec un compres­seur à lampe en parti­cu­lier. Enfin, le 528E s’est montré extrè­me­ment silen­cieux même sous des taux de compres­sion prohi­bi­tifs.

Avis person­nel

Le 528E est un très bon module profe­sion­nel. Son problème majeur est sans aucun doute sa perfec­tion. J’au­rai aimé un module qui me rechauffe un peu l’am­biance. Avec le 528E, on peut obte­nir un son parfait : une ampli­tude dans les capa­ci­tés de tous les enre­gis­treurs digi­taux et toutes les frequences ajus­tées. Que demande le peuple ? C’est tout le problème de la subjec­ti­vité, on aurait aimé une person­na­li­té… ce petit quelque chose que ces « andouilles » de DtD ne donne­ront jamais. Si l’on juge les parties indi­vi­duel­le­ment, on notera l’ex­ce­lence du préam­pli et à l’op­posé la faiblesse très rela­tive de l’équa­li­seur. Person­nel­le­ment, j’aime bien le compres­seur, cepen­dant, j’ai trouvé le meilleur réglage en bypas­sant la compres­sion par un vieux DBX 160A. Enfin, je ne voudrais pas lais­ser le lecteur sur sa faim, sans parler des possi­bi­li­tés d’un tel module pour le direct. Je me suis fais un petit concert dans mon studio en bran­chant un SD system (micro portable pour saxo) sur le 528E et avec des acom­pa­gne­ments pre-enre­gis­trés. Le resul­tat est tout simple­ment fantas­tique !!! Je veux dire par là que, si vous bran­chez le micro sur le 528E, puis la sortie de celui-ci dans vos effets (reverb, chorus, etc…) et que vous envoyez les sorties des effets à la console centrale, l’ingé son du concert n’aura plus qu’à monter et descendre le fader du volume ! Vous contrô­lez à 100 % votre son de votre poste de travail – la scène. Et ça, c’est juste­ment parce que le 528E est parfait.

Très curieu­se­ment, Syme­trix vit discrè­te­ment dans nos pays. Les spécia­listes, pour­tant, avaient dejà remarqué le 628 (le frère digi­tal) ou les équa­li­seurs. Aux USA, Sysme­trix a une très bonne répu­ta­tion et est très utilisé pour le broad­cast ou les concerts. L’épaiss­seur de la plaque avant en dit long sur le trai­te­ment que peut subir ces produits sans faillir. Votre servi­teur possède dans son modeste studio le modèle 525, un compres­seur stéréo qui ne se fabrique malheu­reu­se­ment plus, et qui lui donne de bons services depuis des années.

Ses concu­rents sont le focus­rite plati­nium voice master, le LA audio ou le Joemeek VC1Q. Chacun de ces produits ont leurs avan­tages. Le Joemeek parait avoir une person­na­lité. Le focus­rite est moderne. Aucun produit ne sort du lot d’une façon évidente. Si l’on veut passer à une caté­go­rie supé­rieure, on attaque les engins à lampe qui ont beau­coup de person­na­lité ou le fameux avalon 737…­Heu, on est dejà à plus de 3 fois le prix du 528E… Je conseille, mème si c’est dur pour le porte monnaie, de ne pas descendre en dessous de cette gamme dans le cadre d’un studio pro ou semi-pro. Pour les pres­ta­tions en public, le problème est diffé­rent… Reste enfin le thème du concept voice chan­nel. Person­nel­le­ment, et tout pesé, je préfère des modules sépa­rés. En effet, le rôle du préam­pli est lié au micro que vous utili­sez. Il est préfé­rable de former un excelent couple préam­pli/micro avant de commen­cer à cher­cher en même temps un compres­seur et un équa­li­seur qui de toutes façons peuvent aussi servir à d’autres appli­ca­tions. Ques­tion de métho­de…

Fiche tech­nique et bilan