Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
52 réactions
Dans le mille ?
7/10
Partager cet article

Depuis le temps que l’on attendait un produit Warwick dans nos colonnes, il fallait bien faire un peu de bruit pour célébrer correctement la chose. Et pour le faire, un kilowatt est toujours le bienvenu  !

Alors oui je sais, Warwick c’est avant tout les bois exotiques, le sillet réglable et les frettes en bronze. En bref, on connait surtout la marque pour ses basses. Pour­tant l’ac­tua­lité de la compa­gnie alle­mande concerne surtout la sortie d’une tête d’am­pli, qui comme son acro­nyme semble l’in­diquer (Light Weight Amp), envoie du lourd tout en gardant une ligne fine et un poids de plume. Donc, en atten­dant que nos amis teutons se mettent à produire des berlines au format de nos Clio, je vous propose d’étu­dier de près ce LWA 1000 et de goûter à la Class D Alle­mande.

De père en fils

L’his­toire de la marque est un beau conte, celui d’un fils qui reprend les armes lais­sées par son père. Et tout commence par un exode poli­tique : nous sommes en 1945 et Fred Wilfer a 28 ans. La guerre est termi­née et son pays l’a perdue. Il retourne à Schön­bach sa ville d’ori­gine, qui est aussi un vivier de luthiers et de fabri­cants de violons, pour retrou­ver toute une région en péril : les troupes améri­caines qui en ont encore le contrôle s’ap­prêtent à passer la main aux Sovié­tiques, suite aux accords passés à Yalta. Et la plupart des fabri­cants de violons se retrouvent contraints de passer à l’Ouest. Le jeune homme prend alors l’ini­tia­tive d’or­ga­ni­ser une nouvelle implan­ta­tion du savoir-faire régio­nal hors de la zone rouge et il fonde Framus dès 1946 à Erlan­gen. Dès lors, les premiers luthiers arrivent de Schön­bach pour se fixer en Bavière et travailler pour lui. Il installe défi­ni­ti­ve­ment sa compa­gnie à Buben­reuth où il fait construire une usine qui produira deux mille instru­ments par mois. La demande se faisant, la compa­gnie finit par construire bien plus de guitares que de violons et notam­ment des élec­triques. On est à la fin des années 50 et le Rock n Roll est né. La décen­nie qui suivra fera de Framus le premier fabri­cant de guitares en Europe et malgré cela, la compa­gnie fait faillite à la fin des années 1970, en pleine crise de l’ins­tru­ment. 

Voilà pour le père, parlons main­te­nant de la géné­ra­tion suivante !

À 24 ans, Hans Peter Wilfer, qui gran­dit dans l’usine de son père, décide de monter son propre atelier, quelques années après la dispa­ri­tion de Framus. Ses ambi­tions sont modestes, il ne vise que la survie de sa petite entre­prise qui n’a pas encore les moyens de produire une multi­tude d’ins­tru­ments. Le jeune chef d’en­tre­prise décide de se spécia­li­ser dans la fabri­ca­tion de basses élec­triques et en 1982, la compa­gnie Warwick est fondée. Ne sachant pas vrai­ment dans quelle direc­tion aller, le fonda­teur de la marque s’adresse au proprié­taire d’un maga­sin de musique déjà influent, une certain Hans Thomann, pour lui deman­der conseil. Ce dernier le présente à l’un de ses vendeurs, bassiste à ses heures, qui lui servira de consul­tant. Et en 1983 sort la première Warwick, indi­rec­te­ment influen­cée par le concept « basse-baton » de Ned Stein­ber­ger. Elle sera bapti­sée la « Mobby Meidel Bass », du nom de ce vendeur de chez Thomann. Mais les premiers succès commer­ciaux vien­dront avec la légen­daire Strea­mer Stage I (encore un autre concept de Ned Stein­ber­ger, dessiné pour Stuart Spec­tor) et bien sûr la Thumb Bass. Il faudra attendre 1987 pour voir le premier ampli de la marque sortir, avec les premières séries Pro Fet. Aujour­d’hui, Warwick est le plus grand fabri­cant euro­péen de basses élec­triques, la compa­gnie produit entre 1500 et 2000 instru­ments par an et depuis 1995, elle a même ressus­cité Framus ! Aujour­d’hui, le succès de la marque se réalise surtout en outre-Atlan­tique, où la clien­tèle améri­caine est aussi friande des basses Alle­mandes que des grosses berlines d’outre-Rhin.  

L’alu total

Warwick LWA-1000

Warwick fait son entrée dans la Class D, avec 1000 watts conte­nus dans un petit boîtier (270 × 98 × 146 mm) pesant moins de 3 kilos. Mais la donne ne s’ar­rête pas là, puisque la marque propose à l’uti­li­sa­teur deux canaux tout à fait indé­pen­dants en façade, chacun étant équipé de son entrée instru­ment et de son propre compres­seur. Équi­pée d’un préam­pli de classe A, la LWA propose en façade deux égali­seurs 4 bandes, une sortie casque et une entrée auxi­liaire. Et si on passe derrière elle (ou qu’on la retourne, pour gagner du temps…), on retrouve une sortie accor­deur, une boucle d’ef­fets, un line out (jack), une DI et le non moins néces­saire inter­rup­teur de mise sous tension.

La tête est vendue avec son foots­witch (merci aux alle­mands pour le geste), bien pratique pour passer d’un instru­ment à l’autre (Canal A/B), très facile à glis­ser sur un pedal­board puisque son format et tout mini. Le foots­witch est donc offert et en plus de cela, il a vrai­ment l’air solide. Allez je donne un bon point !

Warwick LWA-1000

Deuxième qualité de la LWA 1000, elle est belle (oui je sais ça on s’en fiche un peu) ; je dirais donc que le design est léché. Peut-être un peu sobre, mais person­nel­le­ment, je trouve que l’as­pect de cette tête est très pro. Elle a un coté chaine Hi-Fi de luxe, avec ses panneaux laté­raux en bois qui forment un bel ensemble avec l’alu­mi­nium. Le format de la tête est certes réduit, mais le tableau de bord permet des mani­pu­la­tions aisées, la signa­lé­tique est suffi­sam­ment étudiée pour donner de suite des repères à un utili­sa­teur n’étant pas fami­lia­risé avec le système. Bref, c’est bien fait et orga­nisé, c’est alle­mand, voilà tout. Un dernier bon point pour les contrôles qui donnent confiance lors de leur mani­pu­la­tion, les potards ne bougent pas autre­ment que sur l’axe prévu, il n’y a pas de mauvaise surprise, j’ai beau tirer sur chacun deux, rien ne me reste en main. 

Je passe beau­coup de temps à appré­cier la qualité des potards sur les amplis que je teste, car avec l’ex­pé­rience et du fait de la consta­ta­tion géné­rale (toutes marques confon­dues), il me semble que cette dernière se perde un peu. En tout cas, aucun problème de cet acabit avec la LWA, ça tourne bien et ça donne envie de vite se bran­cher. Mais…

Was ?

Je m’in­ter­roge, je suis un peu confus. En fait, je voudrais compren­dre… Warwick nous gâte avec un système compact et pas avare en puis­sance, puisque la LWA est censée déli­vrer 500 watts sous 8 ohms et le double sous 4. Jusque là très bien ! J’en pren­drais même pour un dollar… Par contre il faudra qu’on m’ex­plique (et pas en alle­mand) pourquoi il n’y a qu’une sortie pour enceinte.

Warwick LWA-1000

Je déve­loppe un peu pour ceux qui dorment au fond de la classe et je vais faire court : sous 8 ohms, l’uti­li­sa­teur devra user d’une enceinte encais­sant au mini­mum 500 watts. Et sous 4 ohms, le même utili­sa­teur devra se débrouiller pour trou­ver une enceinte encais­sant 1000 watts. Vous recon­nai­trez que ces choses ne courent pas forcé­ment les rues et encore moins en petit format (oui parce que la minia­tu­ri­sa­tion de l’am­pli­fi­ca­tion, ça peut passer aussi par la diffu­sion). Alors comme les Teutons sont de chics personnes qui font géné­ra­le­ment bien les choses, j’ai quand même véri­fié que la compa­gnie déve­loppe des enceintes adap­tées à cette tête d’am­pli.

Les enceintes LW proposent quatre confi­gu­ra­tions (2×8 / 4×8 / 1×12 / 1×15), vendues avec deux types de haut-parleurs au choix : du Celes­tion ou une marque géné­rique. Et parmi ces dernières il y a bien 3 modèles qui encaissent ce qu’il faut (le 4X8, le 1X12 et le 1X15), pour affi­cher au moins 500 watts RMS sous huit ohms. Par contre, il n’y a aucune enceinte de 1000 watts au cata­logue Warwick et surtout aucune version des cabs LW ne se propose sous 4 ohms. Il y a bien un 8X10 dans la série WCA qui tourne sous 4 ohms, mais ce dernier n’en­caisse que 800 watts. Il est assez dommage pour l’uti­li­sa­teur qu’une marque qui vend un système d’un kilo­watt n’offre pas un raccord d’en­ceinte supplé­men­taire. Et il est à mes yeux encore plus regret­table, pour cette même marque, de ne pas avoir poussé cette offre en propo­sant une diffu­sion qui puisse suivre. Une belle main tendue à la concur­rence ? 

La ques­tion est posée. Je fini­rai par un bon point concer­nant cette sortie unique : on peut y glis­ser un jack ou se connec­ter en Spea­kon. 

La boucle est bouclée

Warwick LWA-1000

Juste une petite obser­va­tion qui n’est en soi pas un défaut, mais bien un parti pris de la marque : il n’y a qu’une boucle d’ef­fets pour les deux canaux. Il ne sera donc pas possible de gérer une boucle par instru­ment. Dans un sens c’est bien, car vous n’avez pas la néces­sité (comme moi avec ma tête Clarus 2) d’avoir un pedal­board par basse. Cepen­dant, il sera néces­saire de régler certains effets entre chaque chan­ge­ment de basse. Un potard de balance (Dry/wet) serait donc le bien venu pour éviter aux gens de n’avoir trop à se bais­ser sur scène. Le bassiste a beau être humble, il a des vertèbres, comme tout le monde, et un dos, c’est précieux. Sans parler des craquages de panta­lon en plein set, alors qu’on se met accroupi pour gérer un effet. (croyez-moi, j’ai expé­ri­menté la chose sur scène).

Le son à l’an­cienne

Passons à l’écoute main­te­nant. J’ai utilisé une Jazz Bass Clas­sic Mexi­caine pour le faire et la tête est connec­tée à un module Torpedo VB-101 de Two Notes, pour simu­ler une enceinte de 15 pouces (modèle CSB) assis­tée d’un 2×10 pouces (le modèle Marco).

Tout d’abord le son cru, à savoir pas de compres­sion, pas d’éga­li­sa­tion, juste la basse rentrée dans le système avec tous les volumes à fond et une tona­lité presque ouverte.

00:0000:00

Je vous propose ensuite d’en­tendre l’in­ci­dence du potard de compres­sion sur l’en­semble de sa progres­sion. Je joue une ligne que je répète en boucle et à chaque fois qu’elle repart, je pousse le potard d’un dixième. La ligne en ques­tion propose une pêche en fin de mouve­ment, afin que vous puis­siez entendre l’ef­fet de la compres­sion entre un signal fort et les autres notes un peu plus modé­rées. Il semble que cet extrait ait été édité pour suppri­mer les instants de silence (j’avais laissé une mesure entre les réglages), du coup cela n’est pas aussi carré qu’à l’ori­gine et je m’en excuse.  

00:0000:00

Puis quelques réglages clas­siques, d’abord un peu de rondeur et de sons feutrés (boost graves, léger cut sur les aigus et boost sur les bas médiums), pour avoir un grain assez Jazz Rock favo­ri­sant un jeu pulsé aux doigts. Le micro grave de la basse est baissé aux deux tiers. Le grain passe bien dans ce style, faisant de la LWA un bon ampli pour le funk.

00:0000:00
Warwick LWA-1000

Mêmes réglages, mais cette fois en pous­sant légè­re­ment les bas médiums, petit pattern de batte­rie pour donner le ton : j’ai essayé d’avoir un son à la Paul Jack­son, en bais­sant le volume du micro aigu de deux tiers sur la Jazz Bass. Un grain que j’aime beau­coup, mais qui rendrait encore mieux avec une Preci­sion. Les sons Roots passent à l’aise sur ce système qui châtie bien les fréquences basses, quelles qu’elles soient. 

00:0000:00

Du rock main­te­nant et du média­tor ! Je n’ai pas trop touché aux réglages précé­dents, en lais­sant les haut médiums à la hausse. Toute­fois, j’ai quand même légè­re­ment poussé les aigus pour suggé­rer un poil d’at­taque dans mon mix, voilà ce que cela donne. Je trouve le grain inté­res­sant, un peu SVT, un peu Bass­man. À l’an­cienne quoi !

00:0000:00

Et des percus­sions, en voulez-vous, en voilà ! Si les basses Warwick sont recon­nues pour être percu­tantes dans tous les sens, il semble que la LWA ne vise pas essen­tiel­le­ment les slap­peurs fous. Le préam­pli de Classe A a tendance à propo­ser plus de rondeur qu’autre chose. Le son est galbé dans les graves, certains diront même qu’il est chaud, mais pour ce qui est des aigus cris­tal­lins, il faudra se tailler les oreilles en pointe pour les entendre. Pour l’ex­trait suivant, j’ai pour­tant passé la tona­lité de la basse à fond tout en creu­sant l’éga­li­seur de l’am­pli.

00:0000:00

Premier Jet

Warwick se lance dans l’aven­ture des ampli­fi­ca­teurs de classe D et c’est, à n’en point douter, une bonne réso­lu­tion. La LWA est un produit bien conçu, de bonne qualité et propo­sant une énorme puis­sance de sortie pour un prix acces­sible. Le grain de cet ampli est parfait pour ceux qui aiment jouer aux doigts et poser un bon groove, il est pour moi proche des vieux clas­siques et inté­res­sera certai­ne­ment bon nombre de bassistes qui aiment les sons stan­dards. La LWA 1000 propose aussi une solu­tion concrète à tous ceux qui jouent sur scène avec deux basses diffé­rentes et son offre est parti­cu­liè­re­ment gracieuse puisqu’elle comprend un foots­wich. Je suis néan­moins un peu déçu par la dyna­mique de cet ampli qui n’a pas pour moi la brillance néces­saire pour char­mer les slap­peurs. 

Mais comme tout le monde ne slappe pas, la chose n’est pas forcé­ment grave en soi. Je vous invite à tester cet ampli si vous cher­chez une tête puis­sante qui offre un son « à l’an­cienne », ou si vous cher­chez à compen­ser le carac­tère un peu trop dyna­mique de votre Thumb Bass ! Et je souhaite à Warwick de faire évoluer cette première mouture, pour pouvoir en faire une réfé­rence peut-être incon­tour­nable.

  • Warwick LWA-1000
  • Warwick LWA-1000
  • Warwick LWA-1000
  • Warwick LWA-1000
  • Warwick LWA-1000
  • Warwick LWA-1000
  • Warwick LWA-1000
  • Warwick LWA-1000
  • Warwick LWA-1000
  • Warwick LWA-1000

 

7/10
Points forts
  • Petit
  • Costaud
  • Bien fini et potards de bonne qualité
  • Puissant
  • Deux canaux indépendants
  • Footswitch offert
Points faibles
  • Une seule sortie HP
  • Pas d’offre de la marque en enceinte de 1000W sous 4 Ohms
  • Un peu bridée dans les aigus

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre