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Korg Triton 61
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Test du Korg Triton

Workstation de la marque Korg appartenant à la série Triton

Test écrit
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Korg Triton : Le raz de marée

Trois ans après la sortie du Trinity et un an à peine après la V3, Korg hausse le standard de ses stations de travail professionnelles. Performances démultipliées, échantillonnage standard, extensibilité, la nouvelle série Triton n’a rien d’un coup d’épée dans l’eau. Attention à la grosse vague !

En 1996, Korg lance la série Trinity, de magni­fiques stations de travail tout droit descen­dues du célèbre M1. L’an­née dernière, la V3 apporte au Trinity la synthèse à modé­li­sa­tion poly­pho­nique sous la forme d’une carte supplé­men­taire MOSS conte­nant 6 voix iden­tiques à celles du Z1. Mais même boosté en V3, le Trinity n’est pas exempt de tout reproche : poly­pho­nie infé­rieure aux stan­dards de cette fin de siècle, écran tactile un peu lent, sorties audio limi­tées à quatre, mémoire du séquen­ceur vola­tile et synthèse MOSS mono­tim­brale. La toute nouvelle série Triton vient combler l’es­sen­tiel de ces lacunes, avec 62 voix de poly­pho­nie (tant pis pour mon solo de pipeau stéréo), écran dopé à l’EPO, six sorties audio et exten­sion MOSS multi­tim­brale et poly­pho­nique 6 voix. Mieux, Korg étend son concept de works­ta­tion en ajou­tant des fonc­tions vitales telles que l’échan­tillon­nage et un double arpé­gia­teur poly­pho­nique surpuis­sant, sans oublier des possi­bi­li­tés d’ex­ten­sion hard­ware fort inté­res­santes. Le Triton fait donc partie de cette gamme très fermée de machines capables d’échan­tillon­ner et de synthé­ti­ser brillam­ment le son, à l’image des Kurz­weil K2K, E-mu E-Synth et Yamaha EX5. Cette nouvelle synthèse porte le doux nom de HI (pour Hyper Inte­gra­ted), ce qui nous amuse beau­coup telle­ment ça doit faire mal par où ça passe !

 

Le grand bleu

A ce jour, la gamme Triton se compose de trois claviers, comme le veut la tradi­tion Korg depuis la série T : le modèle de base à 61 touches (testé dans sa version OS 1.0.5), le Pro à 76 touches et le Pro X à 88 touches piano. Le Triton présente une plas­tique agréable, avec son capot métal­lique peint couleur alumi­nium. Les puristes regret­te­ront l’alu­mi­nium natu­rel brossé, les formes arron­dies et les flancs gravés en relief qui confé­raient au Trinity une grande classe. Sur le Triton, les angles sont raides et les flancs mastoc. Par contre, on retrouve avec plai­sir le magni­fique écran géant bleu 320 × 240 tactile éclairé au néon trônant au centre de la machine. A sa gauche, huit sélec­teurs de mode (combi­nai­son, programme, séquen­ceur, sampling, repro­duc­tion de séquences, global, disque et compa­rai­son) sont complé­tés par quatre poten­tio­mètres rota­tifs à double action, une heureuse addi­tion par rapport au Trinity. Grâce à un inter­rup­teur, on bascule entre les quatre valeurs fixées (coupure du filtre passe-bas, réso­nance passe-bas / coupure passe-haut, inten­sité des enve­loppes et relâ­che­ment des enve­loppes) et les quatre valeurs assi­gnables par programme (chouette !). Ces commandes sont entou­rées par le fader de volume et le fader Data complété par deux touches +/-. Nous avions préféré les faders larges et concaves du Trinity, plus pratiques. Sur la droite de l’écran, on trouve un alpha­dial, un pavé numé­rique et les commandes de trans­port du séquen­ceur iden­tiques au Trinity, complé­tés par des commandes supplé­men­taires : sous l’al­pha­dial, les touches “ Exit ” et “ Menu ” permettent de navi­guer à l’écran entre les pages prin­ci­pales de chaque mode. Sur le Trinity, ces fonc­tions étaient direc­te­ment assu­rées par huit boutons dédiés (mais pas nomi­na­tifs), moins pratiques au départ mais plus rapides à l’usage. Ce qui est mieux par contre, c’est la rangée de 7 sélec­teurs en haut à droite, permet­tant un accès direct aux 7 banques de programmes et aux 4 banques de combi­nai­sons, suivant les options instal­lées. Enfin, trois poten­tio­mètres rota­tifs et un inter­rup­teur auto­risent le contrôle temps réel des arpé­gia­teurs, à savoir tempo, temps de Gate, vélo­cité et marche / arrêt. Pour termi­ner avec la face avant, reve­nons à l’ex­trême gauche avec le lecteur de disquettes en façade, la prise casque (devant, merci !), le joys­tick à deux axes (pitch­bend / double modu­la­tion) au milieu de deux inter­rup­teurs assi­gnables et d’un ruban de contrôle. C’est comme le Trinity, ont affirmé un peu vite certains confrè­res… Ils ont bu la tasse, car le ruban du Triton n’est pas sensible à la pres­sion.

 

Plage arrière

La face arrière marque elle aussi des amélio­ra­tions notables par rapport au Trinity. A commen­cer par les sorties audio qui passent au nombre de 6, confi­gu­rables en 3 paires stéréo, au format jack 6.35 TS asymé­trique. On pour­suit par les deux entrées gauche et droite analo­giques au même format, équi­pées d’un sélec­teur micro / ligne et d’un poten­tio­mètre de sensi­bi­lité. Ces réglages sont communs aux deux canaux, mais le soft­ware permet des atté­nua­tions sépa­rées. Enfin, une prise pour ordi­na­teur hôte complète avan­ta­geu­se­ment ce lot nouveau par rapport au Trinity. Ce qui n’a pas changé, ce sont les trois prises pour pédale, la molette de réglage du contraste du LCD, le trio Midi et le connec­teur pour prise secteur (alimen­ta­tion interne). On aurait aimé un second trio Midi et la gestion de 32 canaux afin de pouvoir tirer plei­ne­ment parti des puis­santes possi­bi­li­tés de contrô­leur Midi et de l’in­ter­face To Host. Dernière remarque sympa­thique : nous avons installé le Triton sur un stand RTX (type en X) et là, oh surprise, impos­sible de le stabi­li­ser à l’ho­ri­zon­tale. En fait, l’une des trappes (celle des barrettes Ram / Rom) forme une surépais­seur sous la machine, si bien que lorsque le Triton ne repose pas sur ses 4 plots en caou­tchouc, il ne tient pas droit ! Vive le système D pour caler la machine, par exemple avec un doigt ou un orteil du desi­gner de chez Korg…

 

Divines ondu­la­tions

Océan Glacial Arctique

 

La grosse nouveauté du Triton réside dans ses capa­ci­tés d’échan­tillon­nage en stan­dard. C’est, il nous semble, la seconde tenta­tive du construc­teur japo­nais (après la série DSS-1 des années 80). Mais là, on est en 16 bits linéaires stéréo à 48 kHz. La mémoire de 16 Mo four­nie est bien sûr exten­sible (voir enca­dré). Par contre, la capture est unique­ment analo­gique, faute d’en­trées numé­riques et la fonc­tion Resam­pling n’est pas prévue. Pour enre­gis­trer, il suffit de régler les niveaux, la tessi­ture, la Ram de desti­na­tion (jusqu’à 4 paquets de Ram de 16 Mo), le temps, le mode (mono / stéréo) et le bus d’ef­fets (sortie directe ou insert de 1 à 5). Reste à déter­mi­ner le mode de déclen­che­ment : manuel, par seuil ou après compte à rebours. Ce dernier peut être calé sur un tempo, astu­cieux. Par contre, pas de déclen­che­ment via Midi. Pour créer rapi­de­ment des multi­samples, le Triton permet de défi­nir à l’avance la tessi­ture et les points de montage (de 1 à 127). Par contre, il n’y a pas de détec­tion de la fréquence fonda­men­tale ni de place­ment auto­ma­tique comme cela est le cas sur les E-mu E4-Ultra. Une page permet de contrô­ler l’état de chaque bloc mémoire et le nombre d’em­pla­ce­ments utili­sés (4000 échan­tillons seuls, 4000 échan­tillons dans des multié­chan­tillons et 1000 multié­chan­tillons, ce qui est plus que suffi­sant !).

 

Une fois un échan­tillon capturé, il reste à l’édi­ter. Là, vive le grand écran, qui permet de visua­li­ser ensemble les deux formes d’ondes d’un sample stéréo. On peut zoomer, choi­sir la zone d’édi­tion (merci !), puis tronquer, couper, effa­cer, copier, insé­rer, mixer, coller, insé­rer des vides, norma­li­ser, “ fader ”, conver­tir la fréquence et inver­ser. La conver­sion se fait par valeurs discrètes (2/3, 1/2, 1/3, 1/4 ou 1/6). Nous préfé­re­rions des valeurs conti­nues, pour éviter de sauter direc­te­ment de 48 à 32 kHz ! Reste ensuite à boucler, pour les plus coura­geux : le Triton permet de régler les points de début / fin, de recher­cher les zéros, d’ac­cor­der la boucle et d’éli­mi­ner les portions d’au­dio super­flues et c’est tout ! Pas de lecture alter­née, de Times­tretch, de réduc­tion de bit, de Xfade Loop, de compres­sion de boucle et autres trai­te­ments pous­sés rencon­trés à la concur­rence. Autre grief, les modi­fi­ca­tions telles que tron­ca­ture et bouclage ne se font pas en temps réel : soit le Triton coupe le signal (cas d’échan­tillons stéréo), soit rien ne se passe. Dans les deux cas, il faut redé­clen­cher le son pour entendre le résul­tat ! Pire, les quelques trai­te­ments numé­riques en temps différé prennent un temps de calcul curieu­se­ment long. Bref, il va falloir rame­ner l’en­gin aux chan­tiers navals Korg… Astuce inté­res­sante à noter, le Triton peut affi­cher une grille de tempo par dessus la forme d’onde, idéale pour tronquer ou boucler en rythme. Ce serait bien de pouvoir “ Times­tret­cher ” deux boucles avec cette fonc­tion ! Pour termi­ner, reste à conver­tir les échan­tillons ou les multié­chan­tillons pour les utili­ser dans les modes programme / combi­nai­son / séquence, à l’image de ceux en Rom. Bizarre que cela ne soit pas auto­ma­tique ! Autre curio­sité, il n’est pas possible de récu­pé­rer un échan­tillon en Rom pour se fabriquer un multié­chan­tillon person­nel. En résumé, nous pensons que le mode sampling devrait être plus rapide, plus pratique et plus puis­sant. Rien de grave, ce n’est que du soft, le proces­seur devrait pouvoir suivre !

Le Triton lit des échan­tillons tirés d’une Rom de 32 Mo (contre 24 pour le Trinity) captu­rés sur 16 bits linéaires à 48 kHz. Cela repré­sente 424 multié­chan­tillons mono et 412 percus­sions sépa­rées. Mais comme toujours, Korg propose des versions sans attaque ou inver­sées des mêmes sons (80) ainsi que des percus­sions communes (60). Le Triton de base est livré avec deux disquettes conte­nant 512 programmes / combi­nai­sons et des échan­tillons. Toujours un peu rapia, chez Korg ! Par contre, la haute qualité est au rendez-vous, comme sur le Trinity, dont le Triton reprend d’ailleurs une bonne partie des sons.

 

Tout beau tout nouveau, le grand piano est très réussi, avec un timbre beau­coup plus doux qu’à l’ha­bi­tude. Tant pis pour le rock dirty ! De même, le CP70 a été revu et bien corrigé. Les autres pianos numé­riques sont de toute beauté, grâce à une géné­reuse section de multié­chan­tillons captu­rés à de multiples vélo­ci­tés. Les amou­reux de vintage Fender, Wurlit­zer et Clavi­net seront comblés. La section orgues est elle aussi très musclée, allant des Hammond aux Vox. Les guitares sont somp­tueuses, surtout les Strat qui comportent plein de détail. Avec un effet de simu­la­teur d’am­pli et un chorus bien dosé, on s’y croi­rait. Idem pour les basses, ronde­ment menées. Les cuivres ne sont pas en reste, avec une pano­plie très complète. Les instru­ments clas­siques ne sont pas oubliés, tout l’or­chestre sympho­nique est bien là. Les cordes solo avec vibrato sont très bien repro­duites, par contre les ensembles nous ont paru plus flous, superbes pour des pads aériens mais pas pour se faire “ Les Quatre Saisons ” (quelle idée !). Comme sur le Trinity, les textures synthé­tiques évolu­tives sont surpre­nantes : ça plane, ça bouge, ça gargouille.

 

Bref, on ne s’en­nuie pas. Il faut dire que la Rom comprend pas mal d’ondes synthé­tiques en tout genre et que les possi­bi­li­tés de modu­la­tion ne sont pas restées à quai. Quant aux percus­sions, elles sont de toute beauté, mais cela ne nous surprend plus main­te­nant, vue l’ex­pé­rience de Korg. Tous les styles sont repré­sen­tés – acous­tique, élec­tro­nique, dance, ethnique, jazz et clas­sique – le Triton doublant pratique­ment la mise par rapport au Trinity. Les 8 Mo supplé­men­taires par rapport à la Rom de ce dernier sont essen­tiel­le­ment emprun­tés aux précé­dentes produc­tions Korg : grand piano (M1), orgues (M1, N1), saxes (T1, M1, O1/W), cuivres (T1, M1) ou basses (M1). Bref, comme sur le TR-Rack, Korg fait du neuf avec du vieux. Cepen­dant, le choix des formes d’onde est perti­nent, merci pour le sympa­thique sax alto du O1/W. Pour du sang neuf, il suffira de se pencher sur les cartes Rom addi­tion­nelles (voir enca­dré). Sur le dessus du Triton flotte le pavillon GM. Il s’agit du mode GM 2 étendu, propo­sant 256 sons stan­dard enfer­més en Rom. Lais­sons-les d’ailleurs enfer­més, tant ils sont pâles, mous et insi­pi­des… bref, pure­ment GM. Ce n’est pas la faute de Korg mais du GM, une héré­sie asep­ti­sante dans un monde de créa­ti­vité.

 

Plon­gée profonde

Et sons à la carte…

 

Sous le Triton se cache une seconde trappe abri­tant des slots pour exten­sion mémoire, deux pour la Ram et deux pour la Rom. De base, une barrette de 16 Mo de Ram est instal­lée, pas mal ! Il est possible de l’étendre à 64 Mo (en sacri­fiant la barrette d’ori­gine) afin de tirer plei­ne­ment partie des possi­bi­li­tés d’échan­tillon­nage. Petite curio­sité, le Triton frac­tionne sa mémoire vive par tranche de 16 Mo, ce qui signi­fie qu’il est impos­sible de captu­rer un échan­tillon supé­rieur à 16 Mo (soit 1’30’’ en stéréo à 48 KHz, ce qui devrait suffire). Les deux autres slots accueillent des cartes Rom 16 Mo spéci­fiques, comme chez Kurz­weil et E-mu. L’im­por­ta­teur nous a fourni (encore merci) la carte Pianos / Clas­sic Keyboards et la carte Studio Essen­tial, Korg ayant d’ores et déjà prévu de déve­lop­per des cartes Techno / Dance et Drums. La carte Pianos comporte 31 multié­chan­tillons de pianos élec­triques et acous­tiques repré­sen­tant envi­ron 25 instru­ments diffé­rents, parmi lesquels un grand piano stéréo à deux niveaux de vélo­cité, le piano acous­tique du SG-1D, celui du Trinity et un grand piano de concert. Pour les pianos élec­triques, on trouve des Stage / Suite / Wurly / Clavi­net à deux niveaux de vélo­cité, un clave­cin, des orgues élec­triques et un orgue clas­sique. Il n’y a qu’un mot à dire, chapeau ! La collec­tion complète à merveille la Rom d’ori­gine avec laquelle elle ne fait pas double emploi et les programmes concoc­tés par Korg sont excel­lents et faits avec beau­coup de créa­ti­vité, sans remplis­sage intem­pes­tif.

 

La carte Studio Essen­tial est beau­coup plus variée, avec ses 38 multié­chan­tillons de flûte, cuivres, cordes clas­siques, guitares et choeurs. Coup de chapeau à la série de cuivres compre­nant des ensembles stéréo bien gras. Mais notre coup de cœur va à l’ex­cel­lente série de chœurs Gospel consti­tuée de 4 multié­chan­tillons superbes de Ah, Ah vibrato, Tutti et Umm. D’autres prises sont très réus­sies, le bando­néon est nostal­gique à souhait, la complainte du violon chinois (Kokyu) est touchante et la guitare acous­tique 12 cordes est criante de vérité. La petite section de cordes mono est une réus­site plus vraie que nature. Par contre, la grosse section de cordes stéréo ne nous a pas convaincu outre mesure, bien qu’étant cris­tal­line, parfai­te­ment bouclée et montée. Elle sonne trop éthéré et est à réser­ver pour les nappes amples. Autres décep­tions, le son de clari­nette basse et certains sons de sax. Pour termi­ner le chapitre exten­sions, le Triton présente deux lacunes handi­ca­pantes par rapport au Trinity : l’ab­sence d’en­trées / sorties numé­riques et l’im­pos­si­bi­lité de faire du DTD. D’ailleurs, le Trinity ne dispa­raît pas du cata­logue Korg et n’est pas dépassé par le Triton sur tous les aspects.


Pas de doute, le Triton est fait pour les program­meurs et les bouli­miques de sons, comme en témoigne le nombre de banques mises à dispo­si­tion de l’uti­li­sa­teur. Pour les programmes, 5 banques de 128 (donc 640) attendent nos délires sonores. Avec la carte option­nelle MOSS (voir enca­dré), on passe à 128 de plus. Sans oublier les 4 banques de 128 combi­nai­sons, sur lesquelles nous revien­drons plus tard. Heureu­se­ment, il est possible de sélec­tion­ner les sons par caté­go­rie selon deux critères. L’édi­tion sur le large écran tactile est remarquable, d’au­tant que celui-ci est d’une rapi­dité très supé­rieure au Trinity, grâce à un proces­seur plus musclé, sauf en mode séquence où une certaine lenteur se fait encore sentir. L’OS est très clair, la navi­ga­tion dans les pages se fait par sélec­tion d’on­glets ou par ascen­seurs. Très souvent, l’af­fi­chage graphique remplit plei­ne­ment son rôle et l’on appré­cie les listes dérou­lantes et les cases à cocher. Par contre, les potards et curseurs graphiques ne gran­dissent plus lorsqu’on laisse le doigt dessus, comme c’était le cas sur le Trinity. Il convien­dra de les sélec­tion­ner à l’écran et de les éditer au curseur, dommage.

 

Comme tous les lecteurs d’échan­tillons, la source sonore est assu­rée par un multié­chan­tillon jouant le rôle d’un oscil­la­teur. A la diffé­rence du Trinity, ceux du Triton peuvent être de fabri­ca­tion maison grâce au mode échan­tillon­nage et à la conver­sion en multié­chan­tillon (voir enca­dré). Chaque programme peut se compo­ser d’un ou deux oscil­la­teurs, chacun dispo­sant d’un maxi­mum de deux multié­chan­tillons déclen­chables alter­na­ti­ve­ment suivant la vélo­cité. Chaque oscil­la­teur dispose des réglages de tona­lité, de gamme micro­to­nale, de départ de lecture, d’in­ver­sion, de délai et de porta­mento. La tona­lité de chacun peut être modu­lée par une enve­loppe 3 temps / 3 niveaux dédiée, deux LFO ainsi qu’une source AMS (modu­la­tion matri­cielle, nous y revien­drons). Les actions de l’en­ve­loppe et des deux LFO sont elles-mêmes des desti­na­tions de l’AMS. Les temps de l’en­ve­loppe disposent égale­ment d’une source de modu­la­tion, les niveaux en ayant deux. Sans oublier l’ac­tion des inter­rup­teurs de la face avant, du joys­tick, du ruban et des poten­tio­mètres assi­gnables. Si on utilise un multié­chan­tillon de la Ram, il est possible, pour chacun des échan­tillons le compo­sant, de régler indé­pen­dam­ment le niveau, la tona­lité, la fréquence de coupure du filtre, la réso­nance, l’at­taque et le déclin d’am­pli­tude. Ca commence à mous­ser !

 

Ecume de mer

Chaque oscil­la­teur est ensuite envoyé dans un filtre confi­gu­rable en passe-bas réso­nant 4 pôles ou passe-haut 2 pôles + passe-bas 2 pôles en série. On perd d’em­blée la souplesse des deux filtres multi­modes (LP / HP / BP / Band Reject) réso­nants du Trinity, qui plus est confi­gu­rables en série ou en paral­lèle. En atten­dant qu’un futur OS vienne corri­ger ce point, réjouis­sons-nous de la qualité sonore qui nous est offerte. La coupure est effi­cace et la réso­nance abon­dante. Mieux, cette dernière peut être modu­lée par l’AMS, ce qui est mieux que la simple modu­la­tion par la vélo­cité, bien souvent unique conces­sion des construc­teurs (c’est le cas du Trinity !).

 

En mode série, on dispose de deux fréquences de coupure indé­pen­dantes. Pour modu­ler la (les) fréquence(s) de coupure, on trouve, en plus d’une enve­loppe dédiée commune 4 temps 5 niveaux, un réglage de tracking à trois segments de droite (rampe basse, note basse / note haute, rampe haute) et deux entrées de modu­la­tion AMS. Dans le mode LP + HP, chaque fréquence dispose de ses deux modu­la­tions AMS. Bien sûr, les temps et les niveaux de l’en­ve­loppe peuvent être modu­lés par la vélo­cité, par les contrô­leurs physiques, par deux points AMS, par les deux LFO (dont l’ac­tion est elle-même modu­lable par une source AMS). Et dans le mode à deux oscil­la­teurs, on double la mise ! Fran­che­ment, mis à part le choix restreint des types de filtres, cette section est d’une souplesse et d’une qualité remarquables.

 

Pour finir, le signal passe par la section d’am­pli­fi­ca­tion (deux sections indé­pen­dantes en mode double) où l’on en règle le niveau global, le pano­ra­mique (avec modu­la­tion AMS au passage), le tracking, l’ac­tion des deux LFO, de la vélo­cité, des contrô­leurs physiques, d’une source AMS et d’une enve­loppe 4 temps 4 niveaux aussi souple que ses deux congé­nères. Il ne lui reste plus qu’à prendre le grand large avec la section effets, nous y revien­drons. Le moins que l’on puisse dire à ce stade, c’est que le parcours du signal dans le Triton s’ap­pa­rente au passage du Cap Horn un jour de sale temps. Souquez ferme !

 

 

Quaran­tièmes rugis­sants

Comme nous l’avons vu, un certain nombre de para­mètres peut être modulé par des sources AMS. Pour un simple oscil­la­teur, on dénombre envi­ron 30 desti­na­tions diffé­rentes (sans comp­ter la section effets) qui s’ajoutent aux 25 paires sources / desti­na­tions figées (exemple : vélo­cité sur volume). Parmi les 42 sources, on trouve les 3 enve­loppes, les 2 LFO, le numéro de note, la vélo­cité, l’af­ter­touch, les contrô­leurs physiques, les 2 géné­ra­teurs de tracking (filtre / volume) et le tempo Midi. Seul reproche, certaines sources ne sont pas dispo­nibles pour toutes les desti­na­tions, ce qui empê­chera les plus tordus de connaître l’ivresse des profon­deurs. Un mot sur les deux LFO : on commence par 21 formes d’onde allant de la plus clas­sique sinu­soï­dale aux effets de vibrato de guitare (sorte de cloche posi­tive) en passant par des dents de scie deve­nues expo­nen­tielles par un jour de tempête.

 

En 551 avant JC, Confu­cius a dit : “ une image vaut mieux que cent mille mots ”. Korg s’en est souvenu et a permis au Triton d’af­fi­cher une repré­sen­ta­tion graphique des formes d’onde, ce qui faci­lite gran­de­ment l’aperçu avant expres­sion. Chaque LFO dispose d’une commu­ta­tion de Key Sync, d’un fade, d’un offset (déca­lage verti­cal de l’onde)  et d’un délai. De plus, la fréquence peut être synchro­ni­sée sur l’hor­loge Midi (ce que le Trinity ne permet toujours pas !) et dispose de deux sources AMS indé­pen­dantes. Et en mode double, deux LFO supplé­men­taires sont dispo­nibles. Vite, de l’eau!

 

 

Air du large

Options à la carte

 

Tout comme le Trinity, la gamme Triton peut être éten­due au moyen d’op­tions hard­ware fort inté­res­santes. Avant toute chose, un grand merci à l’im­por­ta­teur français de nous avoir confié une machine compre­nant toutes les options instal­lées. Ceci prouve, d’une part, qu’elles sont toutes dispo­nibles à la sortie de la machine et d’autre part, que ce ne sont pas de vulgaires attrape-bigor­neau. Première remarque, l’ins­tal­la­tion peut être effec­tuée par l’uti­li­sa­teur grâce à deux trappes métal­liques situées sous l’ap­pa­reil. La première protège les empla­ce­ments pour une carte MOSS et une inter­face SCSI. Cette dernière est de type 25 broches (comme chez Kurz­weil, Enso­niq et Roland, E-mu étant en 50 broches, alors que Yamaha et Akaï sont en SCSI-2 50 broches half pitch, bonjour les stan­dards !). L’échan­tillon­nage étant de base sur le Triton, pourquoi diantre mettre cette inter­face en option ? Mais à moins de mille francs la carte, on pardonne vite le construc­teur (quand on pense aux 20000 francs escroqués en 1990 pour une carte SCSI de Wave­frame !).

 

Quant à la carte MOSS, elle dispose de perfor­mances iden­tiques à celles des Z1 et Trinity V3 (poly­pho­nie 6 voix, 13 oscil­la­teurs possibles dont 9 doubles, un subos­cil­la­teur, un géné­ra­teur de bruit, deux filtres multi­modes réso­nants, 4 LFO, 5 enve­loppes, une puis­sante modu­la­tion matri­cielle – se repor­ter à Play­Re­cord n°20). Par contre, elle exploite une amélio­ra­tion de tout premier ordre par rapport au Trinity : la multi­tim­bra­lité en mode combi­nai­son ou séquence. Atten­tion toute­fois à ne pas tomber par dessus bord en sautant trop haut, car il convient, en mode multi­tim­bral, de spéci­fier le nombre de voix réser­vées pour chaque canal (à concur­rence de 6) ainsi que le bus d’ef­fets d’in­ser­tion et les sorties audio emprun­tés simul­ta­né­ment par tous les canaux MOSS. Pour l’al­lo­ca­tion dyna­mique multi­tim­brale des voix et le routage indé­pen­dant des effets, il faudra repas­ser, dommage ! Ceci dit, saluons les efforts du construc­teur pour avoir poussé un cran plus loin son concept sans se conten­ter de nous servir un plat réchauffé. Merci !


Une fois soumis au tangage et au roulis de la puis­sante section de modu­la­tion, le son prend l’air du large dans une somp­tueuse section effets. Dans tous les modes de jeux (programme, combi­nai­son, séquence, sampling), le Triton met à notre dispo­si­tion 5 multief­fets d’in­ser­tion. Hormis le mode sampling, ils sont complé­tés par 2 effets maîtres et 1 EQ global stéréo 3 bandes (extrêmes semi-para­mé­triques et médium para­mé­trique). Chacun des 5 inserts est placé sur un bus indé­pen­dant, connecté à une sortie audio au choix, avec envoi séparé dans les 2 effets maîtres, comme sur le KDFX du K2500 Kurz­weil. C’est un net progrès par rapport au Trinity qui envoyait ses 8 effets (de 3 à 8 mono confi­gu­rables en 4 stéréo) direc­te­ment aux effets maîtres connec­tés aux sorties prin­ci­pales, les sorties indi­vi­duelles restant sèches. Le Triton, lui, mouille toutes ses sorties. Mieux, plusieurs bus adja­cents peuvent être connec­tés en série.

 

Exemple : en mode combi­nai­son, nous utili­sons 6 programmes A/B/C/D/E/F et nos 5 effets 1/2/3/4/5. Les effets 1 et 2 sont connec­tés en série (donc 1 est envoyé dans 2 et utilise son bus de sortie, disons la paire 1&2 de sorties sépa­rées). A est envoyé dans 1 (donc va subir les trai­te­ments en série des effets 1+2) et B dans 2. A et B seront donc présents aux sorties sépa­rées 1&2, en stéréo. On fait de même avec C&D, les effets 3&4 et les sorties 3&4. Ensuite, on envoie E dans l’ef­fet 5, raccordé au bus prin­ci­pal et F direc­te­ment dans les effets maîtres. Résul­tat des courses, on récu­père aux sorties prin­ci­pales E passé dans un effet stéréo puis envoyé sépa­ré­ment dans les 2 effets maîtres et F envoyé direc­te­ment dans les 2 effets maîtres. Aux sorties audio 1&2, on récu­père A envoyé dans deux effets succes­sifs (1+2) et B envoyé dans un effet (2), tous deux non affec­tés par les effets maîtres. Aux sorties audio 3&4, c’est analogue. Tout cela est obtenu avec une grande simpli­cité, grâce à la repré­sen­ta­tion graphique des connec­tions sur l’écran géant.

 

Pour chacun des 5 effets d’in­ser­tion, on a le choix entre 102 algo­rithmes très variés et d’ex­cel­lente qualité. On dispose d’un total de 5 unités d’al­lo­ca­tion de proces­seur, sachant que 89 algo­rithmes sont à allo­ca­tion simple et 13 sont à allo­ca­tion double, donc no souci ! Les effets d’in­ser­tion peuvent être stéréo en entrée et stéréo en sortie suivant l’al­go­rithme choisi. Les deux effets maîtres ne disposent que d’une unité d’al­lo­ca­tion. Ils sont mono en entrée et stéréo en sortie (normal, ils sont montés en paral­lèle). La liste d’ef­fets est exhaus­tive, les algo­rithmes comprennent entre 10 et 20 para­mètres, dont certains (2 à 4 par effet, hélas choi­sis par le construc­teur) sont modu­lables dyna­mique­ment par une source AMS et d’autres par l’hor­loge Midi, ce qui est une nouveauté chez Korg. Moins souple que le KDFX qui permet de choi­sir jusqu’à 48 para­mètres modu­lables pour ses 5 proces­seurs. A signa­ler des effets exotiques tels que voco­deur, scratch, modu­la­teur de voix, platine vinyle, réso­nance sympa­thique de piano. En résumé, Korg a réuni qualité, quan­tité, souplesse et ergo­no­mie. Ah, le grand air marin !

 

 

Défer­lantes

Du Trinity au Triton, on passe de 12 à 64 kits de batte­rie en Ram, ce qui est plus que suffi­sant. Pour appe­ler un kit, il suffit, en mode programme, de cocher le mode Drums dans la page des oscil­la­teurs et de sélec­tion­ner le kit idoine dans la liste dérou­lante. Le reste des trai­te­ments post-oscil­la­teur (filtres, volume, modu­la­tions…) s’ef­fec­tue de façon globale sur tout le kit. Pour program­mer les kits et affec­ter les sons à chaque touche du clavier, il faut passer par le mode Global. Comme sur tous les produits Korg depuis le M1, les 412 échan­tillons ici présents sont stockés dans une mémoire sépa­rée des multié­chan­tillons instru­men­taux. L’EX5 Yamaha et les Kurz­weil sont plus souples, dans la mesure où ils permettent d’uti­li­ser n’im­porte quel échan­tillon de la Rom pour consti­tuer leurs kits de batte­rie. Pour chaque note, on affecte deux échan­tillons (Rom interne, Rom éten­due ou Ram) et un niveau de vélo­cité permet­tant de passer de l’un à l’autre. Bien vu. Ensuite, il convient de régler pour chacun des échan­tillons d’une même note le volume, l’ac­cor­dage, l’off­set et le sens de lecture. Pour les deux simul­ta­né­ment, il reste à défi­nir les valeurs de fréquence de coupure du filtre, de réso­nance (ou de seconde fréquence de coupure si le filtre est du type LP + HP série), d’at­taque et de déclin d’am­pli­tude, sans oublier le groupe exclu­sif, la réponse aux messages de note Midi (enfon­ce­ment / relâ­che­ment), le pano­ra­mique, le bus d’ef­fet d’in­ser­tion et les départs sépa­rés vers les deux effets maîtres. Tout cela, c’est pour une seule note, il en reste 87 ! Heureu­se­ment, le LCD affiche en perma­nence le clavier Midi avec la note en cours d’édi­tion et le para­mé­trage s’ef­fec­tue au sein de deux pages maxi­mum. Merci Korg de nous éviter ainsi la noya­de…

 

Famille de marins

Sur le Triton, comme sur le Trinity et les précé­dents modèles Korg d’ailleurs, les programmes se regroupent par famille de huit membres au sein de combi­nai­sons. Pour chaque canal, on choi­sit le programme (banque et numéro, par liste dérou­lante ou par caté­go­rie, bien pratique), le statut Midi (local on / off, avec ou sans trans­mis­sion de Bank Select), le pano­ra­mique, le volume, la mise en / hors service des deux arpé­gia­teurs, le canal Midi, le numéro de banque (LSB et MSB), l’ac­cor­dage (avec option de désac­cord en BPM), la réponse au pitch­bend, le délai et le tempé­ra­ment (programme ou combi­nai­son). On pour­suit par une série de seize filtres Midi indé­pen­dants par canal, à savoir les chan­ge­ments de programme, l’af­ter­touch, la pédale de tenue, le porta­mento, le joys­tick (axes X, Y et -Y), le ruban, les quatre poten­tio­mètres temps réel, les deux inter­rup­teurs, les pédales et les contrô­leurs. On conti­nue par l’af­fec­ta­tion des fenêtres de tessi­ture et de vélo­cité (rampe basse, valeur basse, valeur haute, rampe haute pour les deux : le luxe, en somme !), l’as­si­gna­tion des contrô­leurs physiques à leur source AMS, le para­mé­trage des arpé­gia­teurs (voir ci-après), le routage et le réglage des effets.

 

Comme nous l’avons dit, le Triton propose des repré­sen­ta­tions graphiques très intui­tives des diffé­rentes affec­ta­tions entre les canaux et les bus d’ef­fets, ainsi que les chaî­nages d’ef­fets, le routage et les départs vers les effets maîtres. Une petite fonc­tion permet même de conser­ver ou forcer les routages effec­tués au sein des kits de percus­sions lorsque cela s’avère néces­saire. Korg a vrai­ment pensé à tout.

 

 

Arpèges à la ligne

De nos jours, l’ar­pé­gia­teur est à la mode. Eh bien, le Triton en a deux et ils sont poly­pho­niques. En plus des 5 motifs de base, la mémoire (vola­tile !) renferme 200 motifs utili­sa­teur et 16 motifs pour chacune des cartes d’ex­ten­sion PCM. La plage d’ac­tion s’étend de 1 à 4 octaves, la réso­lu­tion va du trio­let de double croche à la noire et le tempo de 40 à 240 bpm. Pour chaque pas, il est possible de régler des offsets de vélo­cité et de Gate. Les notes des temps impaires peuvent swin­guer, histoire d’ar­ron­dir les angles. Pour créer un motif utili­sa­teur, le triton nous envoie à nouveau dans son mode Global. Là, oh surprise, on découvre ce qui comble de joie les utili­sa­teurs de Z1 : une poly­pho­nie de 12 pistes et 48 pas de réserve ! Pour chaque piste de chaque pas, on spéci­fie le statut (joué ou pas), l’off­set de tona­lité, le temps de Gate et la vélo­cité. Il est même possible d’ob­te­nir des effets de flam­ming entre les pistes d’un même pas, idéal pour les effets de média­tor sur les accords de guitare. De plus, le triton permet de fixer pour une ou plusieurs pistes un numéro de note, idéal pour les ryth­miques de percus­sions.

 

Pour aider l’uti­li­sa­teur, les fonc­tions de copie, inser­tion, suppres­sion et rota­tion de pas sont prévues. De plus, l’édi­tion se fait à la vitesse de l’éclair grâce à l’écran qui repré­sente sur une même page la grille des 12 pistes et des 48 pas. Pour alter­ner entre chaque piste, on utilise les 12 touches du pavé numé­rique. En mode programme, on fait appel à un seul arpé­gia­teur mais en mode combi­nai­son ou séquence, ce sont deux arpé­gia­teurs poly­pho­niques qui peuvent bouger en même temps avec, pour chacun des 8 ou 16 canaux, la possi­bi­lité d’em­brayer l’un ou l’autre (pas les deux). Ainsi, rien n’em­pêche de faire tour­ner 2 arpèges en même temps que des patterns RPPR avec 4 doigts à l’ex­trême gauche du clavier, de jouer des accords avec les 5 doigts du milieu et de taper le solo avec les 2 doigts de la main droite. De quoi se prendre pour Char­lie Oleg mâle un jour de grande forme ! Pour rassu­rer tout le monde, Korg a abon­dam­ment chargé ses disquettes de superbes arpèges, allant des riffs de guitare endia­blés aux arpèges poly­chor­dales de violons, en passant par les rythmes barbares très prisés de nos jours. Certains mélanges sont impres­sion­nants de réalisme, on a vrai­ment envie de lais­ser jouer le Triton et de hisser la grand voile.

 

Clapo­tis variés

Pour méri­ter ses galons de station de travail, le Triton est équipé d’un séquen­ceur 16 pistes très puis­sant d’une capa­cité mémoire de 100.000 notes et d’une réso­lu­tion de 192 bpqn. Il est capable de relire des Midi Files (format 0 et 1) direc­te­ment depuis un support enre­gis­tré, avec un sympa­thique mode juke-box. Les pistes se présentent comme en mode combi­nai­son, sauf que l’on passe de 8 à 16 canaux. En plus des réglages déjà cités, il est possible de chan­ger le statut d’une piste à la volée (lecture, mute, enre­gis­tre­ment, solo). La ressem­blance est telle qu’il est même prévu d’im­por­ter les para­mètres d’une ou deux combi­nai­sons en un ou deux coups de doigt. Pour faci­li­ter la tâche de l’uti­li­sa­teur, Korg a même ajouté des gaba­rits multi­tim­braux de programmes, mixage et effets suivant diffé­rents styles de jeux (rock, jazz, dance…). Ainsi, 16 empla­ce­ments en Rom et 16 mémoires utili­sa­teur permettent de gagner un temps consi­dé­rable dans la confi­gu­ra­tion de la machine, idée emprun­tée à la fonc­tion “ One Touch Play ” des arran­geurs de salon. Il est égale­ment possible de boucler chaque piste entre deux repères de mesures indé­pen­dants, sympa. Bien sûr, toutes les fonc­tions d’en­re­gis­tre­ment sont là : temps réel, pas à pas, over­dub, effa­ce­ment, punch auto­ma­tique et manuel, enre­gis­tre­ment multi­pistes, avec ou sans décompte. Nouveauté, une fonc­tion Cue List permet d’en­chaî­ner jusqu’à 99 séquences avec possi­bi­lité de répé­ter (un certain nombre de fois) une séquence avant de passer à la suivante. Le Triton four­nit 20 empla­ce­ments pour les Cue Lists utili­sa­teur. L’en­re­gis­tre­ment se fait d’une façon on ne peut plus clas­sique, nous ne nous éten­drons donc pas dessus. Quant à l’édi­tion, elle peut s’opé­rer globa­le­ment, au niveau de chaque piste ou de chaque événe­ment, grâce à une édition par événe­ment (liste dérou­lante avec filtrage de messages, superbe).  Dans la même lignée, le Triton dispose d’un éditeur de patterns. On peut ainsi s’en fabriquer 100, mais les moins coura­geux peuvent partir des 150 en Rom program­més par Korg. Déli­cate atten­tion ! Il est même possible de déclen­cher 70 patterns par les touches du clavier (fonc­tion RPPR rendue célèbre par Roland). La program­ma­tion se fait au sein de chaque séquence. Au global, la capa­cité mémoire est de 200 séquences mais, mauvaise nouvelle héri­tée du Trinity, elle est vola­tile. C’est vrai­ment rageant, même si la lecture diretce des SMF est possible. Pour le Triton Rack, il serait bon de prévoir une mémoire Flash (même option­nelle) pour sauve­gar­der les séquences.

 

Terre en vue !

PRIX :

 

TRITON 61 touches : 15950 FTTC

TRITON Pro 76 touches : 17950 FTTC

TRITON Pro X 88 touches piano : 21950 FTTC

Carte EXB-MOSS multi­tim­brale : 3290 FTTC

Carte EXB- SCSI 25 broches : 990 FTTC

Carte EXB-PCM01 Rom 16 Mo Pianos : 990 FTTC

Carte EXB-PCM02 Rom 16 Mo Studio : 990 FTTC

Avant de conclure, exami­nons les modes Global et Disque. Dans le premier, on règle les courbes de réponse à la vélo­cité et à l’af­ter­touch (pré ou post Midi), les para­mètres préfé­ren­tiels (protec­tion mémoire, mapping des banques…) ou le proto­cole de la prise hôte. Une page est réser­vée au para­mé­trage des deux entrées audio : niveaux, pano­ra­miques, bus d’ef­fet et envois vers les effets maîtres. Viennent ensuite les réglages Midi habi­tuels (canal global, filtres globaux, horloge, dump) et la cali­bra­tion des contrô­leurs (pola­rité, mise en / hors service). La page suivante est réser­vée aux échelles micro­to­nales (16 gammes à régler sur une octave et une gamme globale sur 128 notes ; atten­tion, la mémoire est encore vola­tile !). Viennent ensuite des utili­taires pour renom­mer les caté­go­ries de programmes, puis les éditeurs de kits de percus­sions et d’ar­pèges utili­sa­teur déjà décrits.

 

En mode Disque, le Triton a fière allure : forma­tage DOS, orga­ni­sa­tion par réper­toires, affi­chage des tailles des fichiers, icônes, support du format de Cdrom ISO9660 (lecture niveau 1). La gestion est très souple. Elle peut se faire par éléments indi­vi­duels ou par fichiers entiers, conte­nant  les programmes, les combi­nai­sons, les kits de percus­sions, les arpèges utili­sa­teur et les réglages globaux. Là encore, le Triton permet de navi­guer en profon­deur dans les fichiers eux-mêmes par arbo­res­cences succes­sives, par exemple : fichier => tous les programmes => une banque => un programme. Parfait ! De plus, la sauve­garde des séquences et des échan­tillons se fait sépa­ré­ment, la machine invi­tant l’uti­li­sa­teur à préci­ser s’il veut ou non char­ger les fichiers du même nom et de préci­ser où se trouvent les échan­tillons dépen­dant d’un programme. Ensuite, le Triton se débrouille seul. Actuel­le­ment, le Triton est compa­tible avec les formats d’échan­tillon Akaï S1000 / S3000, Wav et Aiff et Trinity (sauf les fichiers d’échan­tillons compres­sés). Korg prévoit de l’étendre aux formats E-mu et Roland, ce qui est une excel­lente idée étant données les banques exis­tantes.

 

Pour les formats Akaï, le Triton ne peut char­ger les programmes qu’un par un (avec toute­fois tous les Keygroups et échan­tillons conte­nus arran­gés correc­te­ment). De plus, les para­mètres de synthèse Akaï sont pure­ment et simple­ment igno­rés (c’est souvent le cas à la concur­rence, n’en voulons pas trop à Korg). Ce qui est inad­mis­sible par contre, c’est que la conver­sion des programmes de Trinity ne se fasse pas correc­te­ment, les numé­ros de multi­samples étant repris tels quels sans reca­lage. Aucune chance de marcher ! A revoir, donc, dans un futur OS, qui a l’ex­cel­lente idée, comme dans le Trinity, de rési­der en mémoire Flash.

 

Demi-Dieu marin

Avec le Triton, Korg repousse une fois de plus les limites des stations de travail. Synthèse pous­sée, échan­tillon­nage stan­dard, option modé­li­sa­tion multi­tim­brale, effets remarquables, ergo­no­mie superbe, modu­la­tions puis­santes, exten­si­bi­lité, OS en Flash­Ram, le Triton frise la perfec­tion. De plus, il sonne super­be­ment, avec des multié­chan­tillons très musi­caux captu­rés sans compro­mis à 48 kHz, bouclés méti­cu­leu­se­ment et montés très scru­pu­leu­se­ment. Enfin, Korg a mis l’ac­cent sur la convi­via­lité et la spon­ta­néité : menus revi­si­tés, temps de réponse du LCD accé­léré, gaba­rits de confi­gu­ra­tions multi­tim­brales, nous avons appré­cié cette géné­ro­sité permet­tant de gagner du temps lors de nos explo­ra­tions ou de mettre en œuvre rapi­de­ment nos idées musi­cales. En revanche, le Triton pêche sur certains aspects : les premiers, pure­ment logi­ciels, peuvent être comblés rapi­de­ment dans un futur OS (vive la mémoire Flash !). Il s’agit de la section de trai­te­ments numé­riques des échan­tillons, qui affiche un mal de mer prononcé en regard des autres machines du marché : pas de bouclage en cross­fade, de compres­sion tempo­relle, de conver­sion de bit ni autres bidouilles qu’on aime tant. De même, impos­sible d’échan­tillon­ner direc­te­ment à 32 ou 44 kHz, tous les sons ne méritent pas 48 kHz ! Toujours sur le plan logi­ciel, dommage qu’on ne puisse utili­ser les échan­tillons en Rom comme ceux en Ram, pour recréer des multié­chan­tillons hybrides à volonté. On déplore enfin la dispa­ri­tion des doubles filtres multi­modes réso­nants du Trinity. Tout cela peut faire l’objet d’une mise à jour logi­cielle. En revanche, les oublis hard­ware seront irré­pa­rables : adieu connec­tique numé­rique, DtD, disque dur interne et séquences (à l’ex­tinc­tion). Si le Triton existe un jour en rack, nous supplions Korg de conser­ver l’en­semble des possi­bi­li­tés d’édi­tion, les commandes en nombre suffi­sant, l’écran tactile à l’iden­tique et de gref­fer plus de slots d’ex­ten­sion, dans lesquels nous aurons le grand plai­sir d’ins­tal­ler une connec­tique numé­rique, plusieurs cartes MOSS, plus de cartes Rom, plus de barrettes SIMMS. Quoi qu’il en soit, on applau­dit Korg d’avoir su créer une machine très profonde avec laquelle il est extrê­me­ment facile d’ap­prendre à nager. Avec un prix à marée basse, plon­ger avec le Triton n’est vrai­ment pas la mer à boire !

 

 

 

 

Triton versus Trinity

 

 

Poly­pho­nie

Programmes Ram / Rom

Combi­nai­sons Ram

Kits de batte­rie en Ram

Echan­tillon­nage

Stockage des échan­tillons

Maxi­mum d’échan­tillons

Fonc­tion DtD

PCM en Rom

Filtres

Mémoire séquen­ceur

Proces­seurs d’ef­fets

Algo­rithmes d’ef­fets

Synchro Midi effets / LFO

Arpé­gia­teur / RPPR

Sorties audio

Entrées / sorties numé­riques

Ruban d’ex­pres­sion

TRITON

 

62 voix, exten­sibles à 68

640 (+ 128 MOSS) / 256 sons GM2

512

64

stan­dard, enre­gis­tre­ment + lecture

16 Mo exten­sibles à 64 Mo, vola­tiles

8 000

non

32 Mo, exten­sibles à 64 Mo

LP réso­nant / LP+HP

100 000 notes

5 inserts stéréo + 2 maîtres + 1 EQ

102 + 89 + 1

oui

double poly­pho­nique / oui

3 paires stéréo avec routage des effets

non

un axe : posi­tion seule

TRINITY

 

32 voix, exten­sibles à 38

256 (+ 64 MOSS) exten­sibles à 512 (+128) / 0

256 exten­sibles à 512

12

option, lecture seule

option, 8 Mo sauve­gar­dés en Flash­Ram

moins de 500

option, 2 pistes en enre­gis­tre­ment, 4 en lecture

24 Mo

2, multi­modes réso­nants (LP / HP / BP / BR)

75 000 notes

8 inserts mono (ou, par ex., 4 stéréo) + 2 maîtres

100 + 14

non

non / non

1 paire stéréo wet + 2 sorties sépa­rées dry

option, 2 In / 4 Out Adat + Word­clock

deux axes : posi­tion + pres­sion

 

 

Glos­saire

Allo­ca­tion dyna­mique : capa­cité permet­tant à la plupart des synthé­ti­seurs actuels d’uti­li­ser toutes les voix de poly­pho­nie dispo­nibles suivant néces­sité, entre un ou plusieurs programmes multi­tim­braux. Le Triton a cette faculté sur les sons géné­rés par lecture d’échan­tillons.

 

Réserve statique de voix : fonc­tion figeant un nombre maxi­mum de voix pour chaque programme en mode multi­tim­bral. Lorsque les voix d’un programme ne sont pas utili­sées, elles ne sont pas pour autant dispo­nibles pour d’autres programmes, quel gâchis ! Le Triton fonc­tionne sur ce mode statique en synthèse MOSS.

 

Key Sync : déclen­che­ment du cycle du LFO à chaque nouvel enfon­ce­ment de touche, chaque touche ayant ainsi un LFO

indé­pen­dant à concur­rence de la poly­pho­nie (sauf sur les machines plus anciennes à LFO globaux).

 

Tangage : oscil­la­tion avant / arrière d’un solide dans un fluide instable.

 

Roulis : oscil­la­tion laté­rale d’un solide dans un fluide toujours instable.

 

Tangage + roulis : éjec­tion brutale d’un fluide depuis un solide creux.

Points forts
  • Le rapport performances / prix
  • L’ergonomie top niveau
  • L’écran tactile rapide
  • Les échantillons en Rom, excellents
  • Les programmes de qualité
  • La mémoire Ram confortable
  • La modulation AMS, très souple
  • La section effets, très musclée
  • L’échantillonnage en standard
  • Le double arpégiateur polyphonique
  • Les possibilités poussées de clavier de commande
  • La synchronisation Midi des effets et des LFO
  • Les possibilités d’extension
  • L’OS évolutif en mémoire Flash
  • La carte optionnelle MOSS, multitimbrale
Points faibles
  • Les types de filtres, moins nombreux que sur le Trinity
  • Le mode d’édition des échantillons, sous dimensionné
  • La conversion de programmes de machines tierces, à revoir
  • L’impossibilité d’éditer les multisamples en Rom
  • La mémoire du séquenceur, toujours volatile
  • L’absence d’entrées et sorties numériques
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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