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Sans fil, mais pas sans filtres !
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Award Innovation 2024
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Imaginez un monde sans fil... C'est l'ambition, en tout cas, du constructeur danois AIAIAI, de nous faire ranger les câbles au placard. Les moniteurs UNIT-4, premiers de la marque, sont disruptifs, novateurs, intrigants... Mais comment sonnent-ils ?

Test des moniteurs AIAIAI UNIT-4 : Sans fil, mais pas sans filtres !

Aïe aïe aïe 

Voici un objet origi­nal ! Par son design, par ses carac­té­ris­tiques tech­niques, sa desti­na­tion – du moins ce qu’on peut en imagi­ner, ses perfor­mances, la paire de UNIT-4 est aussi singu­lière que dérou­tante. La marque danoise AIAIAI à qui on doit ce modèle est une jeune marque avant tout spécia­li­sée dans les casques. Son modèle phare, le TMA-2 Studio, présen­tait la carac­té­ris­tique d’être un casque sans fil à ultra faible latence, et c’est bien ce prin­cipe, nommé Wire­less+ ou W+, qui est au cœur de la créa­tion des moni­teurs UNIT-4. Nous voici donc en présence de moni­teurs de studio sans fil, ce qui soulève quelques ques­tions : pourquoi ? Pour qui ? Pour quand ? Les images promo­tion­nelles publiées par la marque montrent des utili­sa­tions en exté­rieur, ou dans des espaces de travail impro­vi­sés, en tout cas en dehors du studio clas­sique, de ses patch­bays et autres débauches de connec­tique. Ces moni­teurs sont vendus envi­ron 800 € la paire, ce qui n’est pas rien, mais le produit étant vrai­ment singu­lier, il est diffi­cile de trou­ver des points de compa­rai­son… IMG 3160

Unis par les liens du W+ 

IMG 3157Les moni­teurs créés par AIAIAI sont de petite dimen­sion, plutôt légers (2,5 kg), et peuvent être dispo­sés debout, mais aussi sur le flan. Le pan coupé de chaque côté leur donne alors une incli­nai­son vers le haut, façon retour de scène, qui permet de les dispo­ser sur une simple table de chaque côté de l’or­di­na­teur ou autre et d’avoir les haut-parleurs orien­tés vers les oreilles. Une poignée à l’ar­rière permet de les dépla­cer faci­le­ment et sans risque, pour instal­ler un poste de travail tempo­raire, et remplit égale­ment le rôle d’évent pour le Bass reflex qui sort donc par l’ar­rière. Leur design est assez sobre, inté­gra­le­ment noir et plutôt clas­sique, à part les pans coupés à l’ar­rière des boîtes. Un haut-parleur 4 pouces centré est surmonté du twee­ter de un pouce de type dôme en soie. Bien que ces enceintes soient sans fil, on trouve quelques options de connec­tiques à l’ar­rière des moni­teurs. Tout d’abord, une prise pour bran­cher le char­geur, car chaque moni­teur fonc­tionne sur batte­rie. On nous annonce une auto­no­mie de 20 h, et on les a effec­ti­ve­ment utili­sés de nombreuses heures pendant ce test, sans problème de batte­rie. Une entrée en jack 6,35 mm symé­trique, tout de même, un peu de clas­si­cis­me… et une autre en jack 3,5 mm. Au-dessus, on trouve deux sélec­teurs qui seront utili­sés dans la confi­gu­ra­tion sans fil, ou plutôt les confi­gu­ra­tions sans fil. Car les UNIT-4 peuvent rece­voir un signal Blue­tooth, mais aussi le fameux signal W+, wire­less à très faible latence, déve­loppé par la marque. IMG 3169On a donc le choix, par un de ces sélec­teurs, et le deuxième servira à déter­mi­ner quelle enceinte est à droite ou à gauche de la stéréo. Tout en haut de l’en­ceinte, on trouve égale­ment trois boutons : l’in­ter­rup­teur prin­ci­pal au centre, un (+) et un (-) pour le volume.

Si ces enceintes sont d’une certaine manière auto­nomes, elles sont tout de même accom­pa­gnées d’ac­ces­soires dont elles dépendent large­ment : des char­geurs de batte­rie, évidem­ment, mais aussi le petit boîtier W+ link. En effet, cette fameuse trans­mis­sion sans fil faible latence néces­site un petit émet­teur, qui devra être bran­ché en USB C depuis l’or­di­na­teur sur lequel on travaille ou écoute. L’émet­teur peut aussi rece­voir un signal audio en jack 3,5 puis le trans­mettre, mais il faudra pour cela l’ali­men­ter en élec­tri­cité par le port USB. IMG 3170En plus de ces incon­tour­nables, la marque propose un nombre impres­sion­nant d’ac­ces­soires : une grille métal­lique amovible pour proté­ger les haut-parleurs, une valise pour les dépla­cer, des pads isolants en sili­cone, des coques de protec­tion dans le même maté­riau… Tous ces acces­soires sont à ache­ter en plus, à part la grille de protec­tion qui devrait être four­nie avec, mais que — pour une raison qui nous échappe — nous n’avons pas eue. La marque met en avant dans sa commu­ni­ca­tion la manière dont les UNIT-4 sont conçus et fabriqués. Ils sont entiè­re­ment démon­tables, et par consé­quent les pièces peuvent être chan­gées. L’es­sen­tiel est fabriqué en plas­tique recy­clé. La marque danoise est égale­ment moderne en ce sens, qui nous plaît beau­coup, que ses moni­teurs sont conçus dans une logique durable, respec­tant tant que faire se peut l’en­vi­ron­ne­ment. Le construc­teur ne s’in­ter­dit pas de propo­ser des amélio­ra­tions à ce produit dans le futur, en chan­geant des pièces. IMG 3166

Et la lumière fut 

On sort les deux enceintes de leurs petites pochettes en tissu, et on se lance à leur décou­verte. Une petite carte d’ins­truc­tions en blanc sur noir vient nous aider dans leur prise en main, en fonc­tion du mode de connexion qu’on utilise. IMG 3167On allume chaque unité en appuyant deux secondes sur le bouton central au-dessus, et un cercle blanc vient illu­mi­ner le haut-parleur, ce qui donne une allure très moderne à ces moni­teurs. On se rend vite compte que les deux sont déjà appai­rés, car lorsqu’on modi­fie le volume en appuyant sur le bouton (-) les deux moni­teurs sont affec­tés. On commence par les utili­ser en Blue­tooth, les moni­teurs sont très vite détec­tés par le télé­phone émet­teur et l’af­fec­ta­tion stéréo rapi­de­ment choi­sie grâce au petit bouton prévu à cet effet à l’ar­rière. Il est temps d’ex­pé­ri­men­ter main­te­nant ce fameux Wire­less+ : le petit émet­teur fourni avec les enceintes est bran­ché à notre ordi­na­teur, les deux UNIT-4 confi­gu­rées en W+ et non plus en BT, le tout se connecte très vite. Cette trans­mis­sion permet donc une latence de 16 ms, là où le Blue­tooth aura une latence au mini­mum deux fois supé­rieure, voire dix fois supé­rieure selon les appa­reils et les versions Blue­tooth suppor­tées. 

The Wire, le retour

Oui, mais voilà, pour pouvoir écou­ter ces moni­teurs et les compa­rer à ceux qu’on connaît, on va devoir la jouer à l’an­cienne et rebran­cher nos bons vieux câbles ! L’objec­tif étant de passer sur les mêmes morceaux d’une paire à l’autre avec le contrô­leur de moni­to­ring, exit le wire­less, vive le jack TRS. 

Radio­head – 15 Step

D’em­blée, une impres­sion nous saisit : il y a du grave dans l’air ! Les coups de grosse caisse dégagent des fréquences qu’on ne s’at­ten­dait pas à trou­ver ici. Sans être dans l’ex­cès, car ces basses fréquences ne sortent pas de nulle part, on perçoit à peu près les mêmes dans nos moni­teurs trois voies. Il nous semble que ces petites UNIT-4 descendent bien bas, tout simple­ment. Cela dit, l’équi­libre penche légè­re­ment vers le bas, avec des graves et bas médiums globa­le­ment riches, mais plutôt cohé­rents, et une partie haute du spectre globa­le­ment moins saillante que ce dont on a l’ha­bi­tude sur cette chan­son. Toute la partie ryth­mique est bien là, mais les tran­si­toires sont un peu moins nettes. En revanche, la basse et les accords de guitare ont la part belle, avec une jolie rondeur, et la voix a beau­coup de corps. L’écoute est très agréable, confor­table et précise, même si on manque légè­re­ment de profon­deur dans le champ. La scène ne manque pas de largeur, mais peut-être un peu de dyna­miques et de profon­deur. 

Kendrick Lamar – Alright

Confir­ma­tion de ce qu’on avait entendu précé­dem­ment, les fréquences géné­rées descendent vrai­ment bas ! La basse de ce morceau, qui plonge dans les profon­deurs, est super­be­ment mise en valeur, puis­sante et homo­gène, et le kick n’est pas en reste. On imagine que ces enceintes sédui­ront parti­cu­liè­re­ment les audi­teurs de ce type de produc­tions, et globa­le­ment l’écoute est très sédui­sante. On regrette tout de même un manque de tran­chant, notam­ment dans la voix d’ha­bi­tude si éner­gique, un peu alour­die ici par cet équi­libre tonal. On remarque aussi que les réverbes ont tendance à se faire discrètes, l’image est très dense, manque à nouveau un peu de profon­deur et d’air. 

On sort le sonar

On va effec­tuer la mesure de réponse de la pièce sur cette paire de moni­teurs, placée comme elle l’est. À l’aide du Soun­dID Refe­rence de Sonar­works et du micro de mesure de la même marque, après quelques dizaines de mesures à diffé­rents points de la pièce, on obtient un graphique qui nous donne une image assez claire de l’équi­libre fréquen­tiel. SoundID Ref Unit 4 Aiaiai

On visua­lise bien ces basses fréquences, autour de 50 Hz, éton­nantes pour des si petits moni­teurs. En revanche, on est surpris de consta­ter qu’il y a un sacré plon­geon juste au-dessus vers 100 Hz. On constate à nouveau un niveau impor­tant dans le haut des graves et les bas médiums. Dans les médiums, on trouve un écart entre 1 kHz et 2 kHz, mais c’est un constat qui revient régu­liè­re­ment quand les moni­teurs sont placés de cette manière, à l’in­té­rieur de nos deux paires du studio. Cette dispa­rité est donc proba­ble­ment plus liée au place­ment dans la pièce. En revanche, dans les aigus, on n’a pas beau­coup de niveau entre 3,5 kHz et 6,5 kHz, puis à nouveau au-dessus de 13 kHz envi­ron.

Mode­rat – A new error

On reste très atten­tif aux graves sur ce titre, et on va l’écou­ter à diffé­rents volumes pour voir comment les moni­teurs réagissent. À faible niveau (-40 dB au contrô­leur de moni­to­ring), on a déjà une compo­sante grave très percep­tible ; à niveau moyen (-30 dB), les graves sont bien présents ; par contre, à fort volume (-20 dB), ils plafonnent et la balance tonale se déséqui­libre un peu. Ces basses fréquences, si présentes à certains niveaux d’écoute, ne suivent pas de manière propor­tion­nelle le niveau des autres zones du spectre, notam­ment des médiums qui prennent une place crois­sante dans la balance tonale à niveau élevé. 

App World

D’après toutes ces obser­va­tions, on va essayer d’ap­pliquer des réglages et d’op­ti­mi­ser la réponse en fréquences. Comme vous l’au­rez compris, pas de réglages possibles sur les enceintes. Mais qui dit wire­less, moder­nité et hi-tech, dit forcé­ment… appli­ca­tion. On va donc télé­char­ger la petite App AIAIAI, pour pouvoir contrô­ler les UNIT-4 depuis notre télé­phone intel­li­gent, via une connexion Blue­tooth bien évidem­ment. Cela commence par une phase assez fasti­dieuse de mise à jour du firm­ware, enceinte par enceinte, qui ne nous met pas trop en confiance. Mais une fois cette étape passée, l’ap­pli­ca­tion est assez claire : une page pour régler le niveau de lumi­no­sité, et une autre qui nous inté­res­sera en premier lieu, pour défi­nir le « Sound profile ». IMG 3274Il faut préci­ser que cette liai­son Blue­tooth est indé­pen­dante de la source audio choi­sie, et il est donc possible de régler les enceintes par l’ap­pli­ca­tion, même si elles sont bran­chées en jack TRS ou connec­tées en W+. Les profils propo­sés sont : « Outdoor » – tout à 0, quatre « Desk­top » avec réduc­tion des basses fréquences à –3 dB, –6 dB, –9 dB et –12 dB, et enfin « Custom ». Ces diffé­rentes égali­sa­tions comportent cinq bandes : Sub, Bass, Mid, Upper Mid et Treble. La première option Desk­top nous semble plutôt perti­nente à la lumière de nos mesures Soun­dID Refe­rence, dans le détail une réduc­tion de –4 dB dans les Sub, et –2 dB dans les Mid. C’est donc ça qui est résumé par « Bass –3 dB » – pas très clair ! On repasse les morceaux précé­dem­ment écou­tés avec ce réglage, et c’est effec­ti­ve­ment plutôt inté­res­sant. On passera sur les réglages plus radi­caux, qui réduisent les basses de manière exces­sive, et qui seront peut-être utiles si vous posez les moni­teurs sur une table sans aucun maté­riau isolant, allon­gés sur le pan coupé. IMG 3275Notez qu’il y a aussi une page pour vous guider dans le choix du profil, selon la dispo­si­tion des moni­teurs dans leur envi­ron­ne­ment. Allons donc voir main­te­nant le Custom qui, comme son nom l’in­dique, devrait nous permettre de choi­sir notre égali­sa­tion dans le détail avec les cinq bandes propo­sées. Après quelques tâton­ne­ments, on opte pour une réduc­tion des Sub (-2 dB), légère réduc­tion des Mid et Upper Mid (-1 dB), et une augmen­ta­tion des aigus (+2 dB). Et le résul­tat est très satis­fai­sant ! On se rapproche vrai­ment de l’équi­libre qu’on connaît sur ces morceaux. 

Conclu­sion

Cette paire de moni­teurs est éton­nante à plus d’un titre. Pour des usages mobiles, sessions de travail impro­vi­sées, hors les murs, la propo­si­tion de liai­son sans fil à faible latence peut être inté­res­sante, et le format est bien pensé en ce sens. Les enceintes génèrent des fréquences très basses, plutôt impres­sion­nantes. Si l’équi­libre fréquen­tiel n’est pas opti­mal sans réglages, les options d’éga­li­sa­tions sur l’app sont perti­nentes et effec­tives et permettent d’at­teindre un bel équi­libre. On regret­tera tout de même un manque de profon­deur dans l’image, une densité dans l’axe au premier plan qui prend un peu le pas sur le reste, et une réponse en fréquences qui s’in­cline un peu selon les volumes d’écoute. 

7/10
Award Innovation 2024
Points forts
  • Le Wireless+, à très faible latence
  • Un format mobile qui s'adapte à différentes situations
  • Les graves qui descendent vraiment bas
  • Les options d'égalisation dans l'application
Points faibles
  • Le manque de linéarité sans réglages
  • Manque de profondeur dans l'image
  • Les graves ne réagissent pas de la même manière selon le niveau d'écoute
Auteur de l'article Studios Megaphone

Les Studios Mégaphone, c'est un ensemble de studios de création, enregistrement et production musicale... situé à Aubervilliers juste au nord de Paris. Dimitri et Manuel sont les deux techniciens son et musiciens qui font tourner le studio principal.


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