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Pédago
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Le choix du micro pour le chant (1re partie)

Le guide de l’enregistrement - 108e partie

Attaquons-nous à présent à un sujet brûlant qui doit en turlupiner plus d'un : la question du choix du micro lorsqu'il s'agit d'enregistrer de la voix. Tout d'abord, je vous propose aujourd'hui de tordre le coup à une idée reçue particulièrement tenace qui pollue l'esprit de beaucoup de chanteurs et d'ingénieurs du son à leurs débuts, à commencer par un certain petit Nantho au milieu des années 90…

Le choix du micro pour le chant (1re partie) : Le guide de l’enregistrement - 108e partie
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One Mike to rule them all…

Comme je vous l’ai déjà raconté, mon aven­ture musi­cale a commencé par le chant. À cette époque, je souhai­tais abso­lu­ment trou­ver « Ze Micro », celui qui pour­rait parfai­te­ment corres­pondre à ma voix pour la scène comme en studio… En me penchant sur cette ques­tion, je me suis rapi­de­ment rendu compte d’une première chose : les exigences du live sont telle­ment diffé­rentes de celles de l’en­re­gis­tre­ment en studio que trou­ver un micro en parfaite adéqua­tion avec ma voix et ces deux mondes était tout bonne­ment impos­sible. Soit.

Je me suis donc lancé dans deux quêtes sépa­rées et j’ai d’ailleurs très vite trouvé mon bonheur pour la partie scénique, mais ceci est une autre histoire qui n’a pas sa place ici. En revanche, j’ai buté pendant long­temps sur la ques­tion de la capta­tion de ma voix en studio… Lors de mes très nombreux essais, je tombais toujours sur des micros qui faisaient des merveilles pour telle ou telle chose mais pas pour d’autres ; aucun ne me faisait me dire « ça y est, c’est celui-là et pas un autre », et ce, même en étant prêt à y mettre « le prix » comme on dit. Pour­tant croyez-moi, je faisais énor­mé­ment de recherches en amont sur le sujet avant chaque essai : des heures et des heures à deman­der conseil à droite à gauche, à essayer de trou­ver quel micro était utilisé par quel chan­teur mondia­le­ment reconnu, ce qui n’était pas aussi simple que ça car, en ce temps-là, inter­net était à peine l’em­bryon de l’ogre qu’il est devenu aujour­d’hui. Rendez-vous compte, Audio­fan­zine n’était même pas encore né ! Mais reve­nons à nos moutons : Jeff Buck­ley a enre­gis­tré avec un Neumann U 87, Prince avec un AKG C 12 et un Senn­hei­ser MD 441, Michael Jack­son avec un Neumann U 47 et un Shure SM7, etc. Et pour moi, aucun des micros susnom­més n’était suffi­sant !? Mon bel organe serait-il à ce point excep­tion­nel ? Bien sûr que non. Mais alors, pourquoi m’était-il aussi diffi­cile de trou­ver « chaus­sure à mon pied » ? La réponse m’est appa­rue claire comme de l’eau de roche lorsque j’ai commencé à « faire du son » pour les autres…

Microphones-mediumL’ap­prenti sorcier du son que j’étais à mes débuts avait bien entendu des moyens finan­ciers très limi­tés. Or, comme je souhai­tais pouvoir faire face à la plus grande variété de situa­tions possibles, j’ai pris soin de diver­si­fier au maxi­mum mon parc micro de départ : un statique à large membrane de milieu de gamme Shure KSM32, une paire de statiques à petite membrane avec plusieurs direc­ti­vi­tés d’en­trée de gamme Oktava MC-012 et une ribam­belle de dyna­miques plus ou moins « communs » (Shure sm57 & 58, Senn­hei­ser e609, AKG D112, etc.). Ainsi armé, j’ai commencé à enre­gis­trer de petites forma­tions locales dans mon home studio ou dans divers locaux qu’on voulait bien me prêter pour telle ou telle occa­sion. Lors des prises de chant, je me suis aperçu à la longue que l’op­tion qui me semblait la plus logique au départ, à savoir mon statique à large membrane KSM32, cette option donc n’était pas forcé­ment la plus judi­cieuse à tous les coups, loin de là… Cela dépen­dait bien entendu de la voix de l’in­ter­prète, mais pas que ! Le lieu de capta­tion avait son influence, le style de chant sur tel ou tel morceau itou, sans parler de l’orien­ta­tion sonore que je souhai­tais donner au rendu final. Bref, la « terrible » vérité que je ne voulais pas voir lorsqu’il s’agis­sait de ma petite personne me sautait aux yeux, et surtout aux oreilles, face aux autres : le micro parfait de prise de voix studio pour un chan­teur en parti­cu­lier n’existe pas, et ce, qu’im­porte la taille du porte­feuille… 

Mine de rien après coup, je me rends compte à quel point j’ai été aveugle car le résul­tat de mes innom­brables recherches décrites plus haut aurait dû me mettre sur « la voix ». En effet, Prince, Michael Jack­son ou Jeff Buck­ley n’ont jamais été enre­gis­trés avec un seul et même micro tout au long de leur carrière ! C’était toujours tel micro sur telle chan­son dans telle situa­tion et dans le but d’ob­te­nir tel résul­tat préci­sé­ment. Mais que voulez-vous, c’est somme toute humain de vouloir croire mordi­cus en l’exis­tence de « recettes magiques » en début de parcours… Cepen­dant, l’ex­pé­rience nous ramène bien souvent très vite à la réalité qui se résume à de la réflexion et beau­coup de sueur. Et c’est vrai­ment un bonne chose fina­le­ment car cela rend quelque part les choses acces­sibles à tous à partir du moment où l’on accepte de four­nir le travail néces­saire.

Sur ces bonnes paroles, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un épisode qui abor­dera concrè­te­ment les ensei­gne­ments que nous pouvons tirer de toute cette histoire !

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