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Oooooh ooh, Liven on a Prayer
7/10
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Aujourd'hui nous allons étudier un nouveau produit de l'éditeur Sonicware, le sampleur / groovebox LoFi-12 de sa gamme Liven, très orienté "lo-fi vibes". Voilà de quoi fournir de nouvelles productions pour les radios YouTube vaporwave et Lofi Girl, mais pas que.

Test de Sonicware Liven LoFi-12 : Oooooh ooh, Liven on a Prayer

Ces derniers temps, les sorties dans le domaine du sampleur ou de la groo­ve­box hard­ware sont légion (voir les derniers joujoux de Korg, Nova­tion, Elek­tron, Teenage Engi­nee­ring, Akai, Black­Box, Roland, etc.), alimen­tées notam­ment par les envies des musi­ciens d’avoir des « sets » portables sans ordi­na­teurs, des sono­ri­tés « authen­tiques », une ergo­no­mie aux petits oignons pour stimu­ler la créa­ti­vité, avec la groo­ve­box qui assure une place centrale et une fonc­tion de hub. C’est dans ce contexte que Sonic­ware sort coup sur coup non pas un nouveau, mais deux sampleurs mesdames et messieurs, à savoir le SMPL­TREK — qui a été financé en partie par une campagne kicks­tar­ter — et un nouveau produit de sa série Liven qui va nous inté­res­ser ici, le Liven LoFi-12 (pronon­cer « lofaille touelve »). Celui-ci semble se spécia­li­ser dans le sampling « lo-fi », visant une esthé­tique sonore typée, liée aux premiers sampleurs (on ne peut pas encore parler de vintage pour la fin des années 90 non ?), mais aussi à certains styles de musique.

Le Liven LoFi-12 est donc dans un format iden­tique aux autres produits de la gamme (Liven 8 bit Warps sorti en 2020, Liven XFM et Liven Bass & Beats de 2021), petit, mais pas trop, pas si joli, mais pas si moche non plus. Ce qui fait penser assez rapi­de­ment à la philo­so­phie et au design d’un Korg Volca, avec sa connec­tique et son mini écran sur le dessus, mais avec une taille un peu plus grande (297 × 176 × 48 mm contre 193 × 115 × 45 mm pour un Korg Volca Sample 2), lui permet­tant d’être géné­reux en termes de contrôles, ou d’in­té­grer un (petit) haut-parleur pour les bal(l)ades exté­rieures.

Façade 1

En effet, la machine dispose d’une entrée alimen­ta­tion (l’ali­men­ta­tion est en option, au même format que sur les Volcas, et peut fonc­tion­ner avec 6 piles AA), d’en­trées sorties mini-jack Line-In Line-Out casque stéréo, d’une entrée et d’une sortie MIDI DIN, et égale­ment d’une entrée et d’une sortie SYNC. La synchro­ni­sa­tion avec les appa­reils externes peut se faire par exemple avec des Korg Volcas (encore eux), mais aussi via MIDI voire via l’en­trée audio comme sur les Pocket Opera­tors de Teenage Engi­nee­ring. Niveau contrôles, en plus de l’écran on trouve un enco­deur rota­tif, 15 potards, 16 boutons rectan­gu­laires aux bords arron­dis, 16 boutons ronds pour les pas du séquen­ceur et autres fonc­tion­na­li­tés secon­daires, un clavier 27 touches (2 octaves et des brouettes) fait de boutons qui peuvent aussi avoir des fonc­tions dans le logi­ciel de la machine, le tout agré­menté de LEDs pour le feed­back.

Enfin, l’en­gin frai­che­ment déballé dans une boite en carton d’un assez bel effet est fourni avec un papier de garan­tie, pas de manuel malheu­reu­se­ment, et une étrange voire mysté­rieuse façade rouge qui peut se placer sur le dessus de la machine, sur laquelle nous allons rapi­de­ment reve­nir.

Twelve years a GAS

À l’al­lu­mage, après avoir attendu quelques secondes en restant appuyé sur le bouton idoine, on peut se fami­lia­ri­ser avec l’er­go­no­mie du Liven LoFi-12 et son petit écran, qui affiche seule­ment quatre carac­tères (et des points), rejoint par toutes les petites LEDs, les 16 petits boutons qui s’al­lument de plusieurs couleurs, et les labels écrits autour des diffé­rents contrôles pour rensei­gner le musi­cien sur ce qu’il fait et peut faire. La majo­rité des fonc­tion­na­li­tés sont acces­sibles soit en tour­nant un potard, en appuyant sur un bouton, soit en faisant de même en restant appuyé sur le bouton « shift » pour les fonc­tions écrites en minus­cules sous les potards, et le bouton « func » pour les fonc­tions secon­daires des autres boutons. Un peu dérou­tant au début, mais on s’y fait rapi­de­ment avec le manuel en PDF sous les yeux, plus ou moins obli­ga­toire pour la décou­verte de la machine. Une poignée de para­mètres ou de modes cachés peuvent néces­si­ter d’ap­puyer plusieurs fois sur le même bouton toute­fois.

On commence alors par décou­vrir le concept du « pattern » pour Sonic­ware, qui consti­tue l’unité de mémoire de la machine, regrou­pant le contenu des 4 pistes ayant chacune une séquence et un ou plusieurs sons asso­ciés. On peut en stocker 64 sur la machine, regrou­pés dans 4 banques, la première banque étant déjà utili­sée lors du premier allu­mage avec des patterns « factory » de démons­tra­tion du Liven LoFi-12.

Chaque séquence de chaque piste peut conte­nir jusqu’à 64 pas, visibles 16 par 16, ceux-ci pouvant être joués à diffé­rentes vitesses d’une piste à l’autre, pour jouer des motifs complexes. Chaque pas peut jouer le son asso­cié à la piste par défaut, ou au pas en cours, la machine propo­sant par pas deux types d’au­to­ma­tion, le « para­me­ter-locking » pour les para­mètres de moteur audio, et le « sound-locking » pour son choisi lui-même, acces­sibles en appuyant plusieurs fois sur le bouton asso­cié qui change de couleur en fonc­tion de ce qui a été choisi. On peut d’ailleurs jouer plusieurs notes à la fois sur un pas, la machine pouvant gérer jusqu’à 10 voix simul­ta­nées au total sur les 4 pistes et propo­sant diffé­rents « voice modes » : mode poly­pho­nique, modes clas­siques mono et legato, un mode arpé­gia­teur qui va prendre en entrée les notes de l’ac­cord enre­gis­tré, ainsi que deux modes issus de la version 2 du firm­ware qui découpent un son en plusieurs morceaux de taille iden­tique, pouvant être joués un par un seule­ment (chop mode) ou plusieurs en même temps (drum mode).

Il est possible égale­ment de jouer des notes tenues avec une mani­pu­la­tion un peu tara­bis­co­tée, en sélec­tion­nant un pas, en acti­vant le mode d’en­re­gis­tre­ment de step sequen­cer, en restant appuyé sur les notes qui nous inté­ressent, puis en appuyant sur le pas de desti­na­tion. On peut aussi enre­gis­trer des notes en live pendant la lecture, et bien sûr pas par pas, avec des fonc­tions de trans­po­si­tions et de délai, ce qui permet de pouvoir jouer du contenu qui ne soit pas stric­te­ment calé sur la grille des pas. J’ai appré­cié la présence « d’ef­fets de séquence », qui permettent de créer une séquence de notes aléa­toire à partir du contenu initial, de modi­fier la proba­bi­lité de jouer le contenu d’un pas (dice), ou le stut­ter qui répète le contenu des pas sélec­tion­nés. Il y a égale­ment un métro­nome, une fonc­tion swing, un décompte réglable avant lecture et enre­gis­tre­ment… Et il est possible de « chai­ner » des patterns diffé­rents pour les jouer dans un ordre donné, ou simple­ment de chan­ger de pattern en cours de lecture, le nouveau pattern se déclen­chant à la fin de la lecture du précé­dent. Reste qu’il est compliqué d’al­ler aussi loin que sur des groo­ve­boxs plus chères, et de pouvoir écrire des arran­ge­ments complexes avec diffé­rentes varia­tions d’une même séquence sur une piste donnée, sans copier-coller plusieurs fois le même « pattern » à la suite…

En parlant de patterns, ceux four­nis avec la machine sont juste­ment plutôt de bonne facture, et ont été produits par diffé­rents artistes, qui ont inté­gré les sons asso­ciés dans la machine ou parti­cipé à leur élabo­ra­tion. Ces sons prennent un certain espace mémoire, puisque le Liven LoFi-12 dispose d’un maxi­mum de 128 slots mémoire pour les samples, qui peuvent faire chacun soit 2 secondes maxi­mum s’ils sont enre­gis­trés à la fréquence d’échan­tillon­nage de 24 kHz, soit 4 secondes maxi­mum à 12 kHz, avec le choix entre le mono et la stéréo sans impli­ca­tion sur les durées. Dans tous les cas, cela implique peu de signal dans le haut du spectre fréquen­tiel, assumé dans l’ap­pel­la­tion du produit ! Tout le contenu niveau samples fourni avec la machine dans sa confi­gu­ra­tion par défaut couvre d’ailleurs 88 de ces slots, avec des sons de drums uniques sur un seul espace, ou présen­tés par 8 dans un kit compa­tible avec le voice mode drum, des boucles de batte­ries ou d’ins­tru­ments, et des notes tenues. La plupart de ces sons sont anec­do­tiques, ou à usage très spéci­fique dans les « patterns » de démo asso­ciés, ce qui n’est pas vrai­ment un gros problème dans une machine dédiée au sampling.

Demo – Calm Beat
00:0000:30
  • Demo – Calm Beat00:30
  • Demo – Outrun00:24
  • Demo – Rain Today00:42
  • Demo – Wahz Loud00:25

Plus problé­ma­tique toute­fois est la partie gestion des samples ou update du firm­ware. En effet, certains concur­rents proposent des logi­ciels qui inter­agissent avec leurs machines en USB, ce qui rend les opéra­tions de sauve­garde et d’or­ga­ni­sa­tion assez simples et rapides. Ici, il n’est pas possible pour le moment d’im­por­ter des fichiers WAV de l’or­di­na­teur, et toutes les commu­ni­ca­tions se font via sysex, à l’aide de logi­ciels tiers et de fichiers syx à envoyer ou à récu­pé­rer, en suivant des procé­dures détaillées dans les manuels. Chaque envoi de données prend d’ailleurs un certain temps, tel que la mise à jour du firm­ware qui prenait chez moi 8 grosses minutes sur Windows… On voudra pour­tant faire cette démarche à la première utili­sa­tion de la machine, et sauve­gar­der tout son contenu pour pouvoir aller s’amu­ser et libé­rer des slots de sons en toute quié­tu­de… On espère que l’édi­teur permet­tra au moins avec un futur déve­lop­pe­ment de trans­for­mer des sons de l’or­di­na­teur en fichiers syx, comme c’est déjà le cas pour les wave­tables sur un autre produit de la série Liven.

Les douze coups du Lo-Fi

Parlons à présent un peu plus du moteur de rendu sonore. Chaque piste envoie d’abord du signal dans un filtre, dont les sono­ri­tés semblent plutôt simi­laires à celles des EQs de mixage trans­pa­rents, avec un réglage de fréquence de coupure et de réso­nance. Il peut être au choix passe-bas, passe-bande ou passe-haut, avec pour chaque type trois options de compor­te­ment avec l’en­ve­loppe asso­ciée, qui permet de faire bouger la fréquence de coupure via un contrôle de temps et de quan­tité + direc­tion de modu­la­tion par piste. Puis, le signal traverse un effet unique à choi­sir parmi les 11 dispo­nibles (4 exten­sions de filtres, un délai, un chorus, un flan­ger, un trémolo, un compres­seur, un bitcru­sher, et une distor­sion, ces trois derniers étant très utiles pour rajou­ter un peu de hautes fréquences), chacun ayant deux contrôles dispo­nibles, tels que la vitesse et l’éten­due pour les modu­la­tions. Le tout passe ensuite dans un proces­seur de panning, dans un réglage de volume, avec chaque piste qui peut être mutée indi­vi­duel­le­ment. Au passage, j’au­rais bien aimé un petit phaser en plus, voire un compres­seur qui se déclenche en side­chain…

Ces 4 pistes vont enfin dans un « master FX », tout comme l’en­trée Line In d’ailleurs ce qui permet à la machine de servir de proces­seur d’ef­fet, ou d’y connec­ter une machine exté­rieure de son set ! Ces master FXs sont au nombre de 9, réglables avec un para­mètre acces­sible unique, ainsi qu’un niveau de send séparé pour chaque piste et l’en­trée ligne. On a le choix entre 6 réverbes de plutôt bonne facture, un simu­la­teur de lecteur de cassettes ou de vinyles avec la quan­tité de bruit et de flut­ter réglables, et un effet de « beat repeat » issu de la V2 du firm­ware. Ici je regrette l’im­pos­si­bi­lité de chan­ger la taille des réverbes en plus du seul para­mètre de mix dispo­nible, mais surtout celle de ne pouvoir cumu­ler réverbe et effets « tape » ou viny­le…

Démos Master FXs
00:0001:54

D’ailleurs, comme on parle de l’ex­té­rieur, il est tout à fait possible de bran­cher un clavier ou un séquen­ceur externe sur la machine pour jouer des notes ou enre­gis­trer quelque chose dedans, en tenant compte des limi­ta­tions du séquen­ceur interne évidem­ment. L’usage du clavier fourni n’est pas si problé­ma­tique, notam­ment grâce à la présence du réglage de vélo­cité acces­sible d’un seul tour de potard, qui résout en partie le manque de recon­nais­sance de la vélo­cité du clavier interne. Et les diffé­rents modes de synchro­ni­sa­tion au tempo laissent pas mal de marge de connec­ti­vité aux utili­sa­teurs de la machine, avec du maté­riel exté­rieur ou dans l’or­di­na­teur avec votre STAN préféré.

Façade 2Ajou­tons à tout cela dans l’ar­chi­tec­ture du sampleur un réglage de trans­po­si­tion de pitch par piste, un mode 12-bits option­nel (encore le chiffre 12 !), la possi­bi­lité de resam­pler la sortie pour en faire un son et le rejouer (et ainsi libé­rer de la place pour empi­ler des trucs), un LFO par piste qui peut faire varier le pitch ou la fréquence du filtre au choix, avec plusieurs formes d’ondes dispo­nibles et même un réglage de délai avant la première modu­la­tion. Chaque note a égale­ment sa propre enve­loppe avec encore d’autres réglages spéci­fiques (vélo­cité, attaque, gate/release), un pitch déter­miné par la note jouée choi­sie, mais aussi des réglages sur le sample (on y revien­dra), un para­mètre glide à durée réglable clas­sique, et un para­mètre de sweep qui permet de faire varier le pitch du son pendant la durée de la note avec une durée et une trajec­toire custo­mi­sables. Bref, le moins que l’on puisse dire, c’est que Sonic­ware n’est pas avare en fonc­tion­na­li­tés avec son sampleur, malgré les limi­ta­tions du format et de la puis­sance sous le capot.

Un sampleur à vapeur d’ondes

Finis­sons à présent le tour du proprié­taire en jetant un œil aux fonc­tion­na­li­tés détaillées de sampling. Pour enre­gis­trer un son venant de l’ex­té­rieur (pensez lecteur de vinyles, préam­pli + micro­phone, smart­phone sur YouTube ou qui rejoue vos samples au format WAV via un drop­box), il faut choi­sir un slot de samples parmi les 128 dispo­nibles, raccor­der votre appa­reil externe sur l’en­trée ligne, régler le niveau d’en­trée dans le réglage dédié, la fréquence d’échan­tillon­nage, le mode mono ou stéréo (sans impact sur la durée), et spéci­fier si on veut que l’en­re­gis­tre­ment démarre à partir d’un certain seuil de niveau fixé ou non, sachant qu’une fois l’en­re­gis­tre­ment effec­tué, les samples sont systé­ma­tique­ment norma­li­sés.

Sample Edit Mode 2Ensuite, l’en­re­gis­tre­ment peut être effec­tué au choix avec le mode « quick sampling » ou dans le détail avec le mode « Sample and Edit ». Dans le premier cas, il suffit d’ap­puyer deux fois sur le bouton asso­cié, de pres­ser deux fois « OK », et le sample est enre­gis­tré, en suivant le remplis­sage du slot via les 16 LEDs des pas, ce qui est rapide et effi­cace. Dans le deuxième cas, ou après l’en­re­gis­tre­ment initial, on active le mode via la combi­nai­son de boutons func et SAMPLE, on sélec­tionne un slot, et la machine se trans­forme en outil d’en­re­gis­tre­ment et d’édi­tion de sample, avec toutes les commandes asso­ciées aux contrô­leurs qui changent de fonc­tion ! C’est pourquoi Sonic­ware propose dans les acces­soires de son Liven LoFi-12 une façade alter­na­tive à placer sur la machine, avec une couleur rouge et un faux écran affi­chant une fausse forme d’onde (ils ont osé haha) avec tous les nouveaux labels du mode d’édi­tion sous les potards. L’idée est plutôt inté­res­sante et le gimmick de la façade assez fun j’avoue, déjà utilisé sur un précé­dent Liven si je ne m’abuse.

Sample Edit Mode 1Ce faisant, il devient alors possible d’en­re­gis­trer, mais aussi de mana­ger ses samples, de chan­ger la posi­tion de démar­rage ou de fin de la lecture du sample, de régler son pitch de base, de lui assi­gner une chaine de 4 carac­tères, de chan­ger le niveau après la norma­li­sa­tion (très utile ça), et même d’ac­ti­ver le bouclage d’une section de l’échan­tillon, avec le choix du début et de la fin du bouclage, le tout en pouvant jouer du son en cours sur le clavier. Sonic­ware a égale­ment ajouté une fonc­tion­na­lité de fade out, et la possi­bi­lité de jouer le son à l’en­vers. Tout ça peut alors être affiné dans le jeu de l’échan­tillon avec les réglages d’en­ve­loppe et de vélo­cité clas­siques dispo­nibles égale­ment en dehors du mode d’édi­tion. Dans le cas d’une boucle que l’on veut pouvoir mani­pu­ler dans le mode de jeu clas­sique, on pourra alors sélec­tion­ner les modes « chop » ou « drum » pour assi­gner à chaque note une partie du sample, et jouer avec la longueur de la partie qui sera la même à chaque fois.

Liven du rêve

Pendant la concep­tion des démos audio, j’ai été surpris de voir que la machine — qui ne paye pas de mine au premier abord — propose en fait pratique­ment tout ce que l’on peut attendre d’un sampleur/groo­ve­box, à l’ex­cep­tion évidem­ment du time stret­ching qui est plutôt réservé aux machines bien plus onéreuses, ou de la lecture multi­piste. L’as­pect lo-fi inhé­rent aux fonc­tion­na­li­tés, à l’es­prit géné­ral de la machine, et aux limi­ta­tions sur les tailles d’échan­tillons peut être plei­ne­ment assumé et utilisé dans une produc­tion, ou laissé complè­te­ment de côté pour créer des séquences dans des styles géné­ra­listes, avec certes une impu­ta­tion des fréquences les plus élevées, mais qui peut être rattra­pée avec les effets ou au mixage.

J’ai appré­cié égale­ment la possi­bi­lité d’uti­li­ser systé­ma­tique­ment un filtre, voire un deuxième si néces­saire, pour mixer un peu ses sons pendant la lecture de l’ar­ran­ge­ment, ce qui peut deve­nir rapi­de­ment néces­saire si les échan­tillons que vous utili­sez prennent beau­coup d’es­pace fréquen­tiel, qu’on ne pourra malheu­reu­se­ment pas réduire autre­ment, étant donné qu’on ne peut enre­gis­trer que le mixdown. Là encore, un compres­seur avec entrée side­chain n’au­rait pas été de refus… J’ai bien aimé aussi tout ce qui permet de mani­pu­ler le son en live, que ce soit les réglages de filtres avec leurs enve­loppes, ou la valeur de délai qui change le pitch pendant les modi­fi­ca­tions par exemple. Par contre, dès que l’on veut opérer ces mani­pu­la­tions sur plusieurs pistes à la fois, il devient compliqué de se passer d’un séquençage via para­me­ter-locking, même si on se retrouve après avec un rendu statique pour un pattern donné.

Car il faut savoir qu’avec la manière d’or­ga­ni­ser ses patterns, le Sonic­ware Liven LoFi-12 n’est pas vrai­ment fait pour séquen­cer des arran­ge­ments très complexes contrai­re­ment à ses plus concur­rents plus chers. Il reste possible d’en­chai­ner des patterns aux sons et à l’or­ga­ni­sa­tion iden­tiques, pour inté­grer des varia­tions, mais le chan­ge­ment de pattern peut faire redé­mar­rer les notes et les LFOs et ne s’avère pas toujours très pratique. L’usage d’un séquen­ceur externe peut gran­de­ment amélio­rer les choses de ce côté-là toute­fois.

Car les éléments qui m’ont vrai­ment posé problème à l’usage sont d’abord l’ab­sence de feed­back évident quand on est dans un mode parti­cu­lier ou en train de mani­pu­ler des séquences. Par exemple, il arrive qu’on soit perdu en voyant le bouton OK allumé, qui permet de vali­der certaines mani­pu­la­tions, et on ne sait pas trop ce qui va se passer si on appuie dessus, ou comment on peut faire pour reve­nir sur l’édi­tion d’un autre para­mètre. Il m’est ainsi arrivé de suppri­mer un pattern factory par mégarde, et j’ai dû effec­tuer une procé­dure pour reve­nir aux para­mètres d’usine, lorsque j’ai pris en main la machine. Ensuite, j’ai pu consta­ter quelques problèmes géné­raux d’er­go­no­mie, qui sont loin d’être aussi graves que dans des machines avec moins de boutons et du menu-diving en veux-tu en voilà (… tous­se… Roland… tousse), mais qui parfois nuisent au work­flow/flow et à la lisi­bi­lité des fonc­tions. Par exemple, je trouve dommage qu’il faille re-effec­tuer la mani­pu­la­tion qui donne accès aux FXs chaque fois que l’on veut jouer avec les para­mètres d’un des FX dispo­nibles, on doit donc régu­liè­re­ment jongler entre les fonc­tions et ces potards pour enre­gis­trer des produc­tions vivan­tes… Ou encore que le mode de voix « drum » n’ait pas été dispo­nible dès la version 1, ce qui dénote avec le fait que 13 slots de sons d’usine soient dédiés à la batte­rie alors qu’on aura tendance à ne pas les utili­ser pour leur préfé­rer les kits de la V2 avec le mode « DRUM » et écono­mi­ser ainsi des pistes… De même, si la poly­pho­nie à 10 voix est géniale et faisait cruel­le­ment défaut à un Nova­tion Circuit Rhythm par exemple, les 4 pistes se remplissent quand même assez vite, et une fois que c’est le cas le work­flow qui permet de libé­rer des pistes supplé­men­taires avec la fonc­tion­na­lité Resam­pling, ou l’usage du Sound Locking pour essayer de faire de même sont assez lourds. Je trouve aussi que la mani­pu­la­tion pour obte­nir des énotes tenues est assez pénible, surtout que je m’en suis beau­coup servi, et méri­te­rait une refonte. Enfin, la partie synchro­ni­sa­tion avec l’ex­té­rieur en utili­sant unique­ment le sysex est vrai­ment problé­ma­tique, et ne donne pas envie de faire des sauve­gardes ou des imports trop souvent, d’au­tant plus qu’il n’est pas possible d’im­por­ter direc­te­ment des samples audio dans la bécane.

Alors on parle bien ici d’une machine qui est plutôt dans la tranche basse des gammes de sampleurs niveau prix, bien que le tarif en Europe soit problé­ma­tique par rapport à celui des Amériques ou affi­ché sur le site offi­ciel en dollars, et que le produit se posi­tionne face à un Circuit Rhythm à l’heure actuelle pour quelques euros de plus. Mais malgré les limi­ta­tions citées, le Liven LoFi-12 permet de faire beau­coup de choses, et l’er­go­no­mie malgré le manque de feed­back est plutôt effi­cace puisque toutes les fonc­tions sont acces­sibles en quelques mani­pu­la­tions seule­ment. On peut ainsi aller vite pour remplir ses séquences, en ayant passé du temps en amont à sampler quelques sons utiles ! La machine peut être alors utili­sée pour produire des instrus, comme boîte à idées, comme complé­ment d’autres instru­ments hard­ware. Le sampling est ici très effi­cace, et en abusant légè­re­ment du master FX tape, du LFO sur le pitch, du chorus, de samples enre­gis­trés en 12 kHz, et du mode 12 bits, on obtient instan­ta­né­ment ces fameuses vibes lo-fi, et la machine dénote un peu de ce qui existe dans le domaine pour le son et le fun ! Je me suis donc amusé allè­gre­ment avec les clichés du genre, en samplant des trucs divers et variés sur YouTube, ou quelques notes de mes synthé­ti­seurs soft­ware et hard­ware.

Lofi Chill
00:0002:05
  • Lofi Chill02:05
  • Retro­wave Zero Mission02:46
  • Sel et poivre (sans et avec le mode 12 bits)01:54

Et on est pas obli­gés de se canton­ner au lo-fi !

Acid Sampling
00:0003:23

Lo-fi Teignos

Meilleur pote de la Lo-Fi girl ?

Le Liven LoFi-12 de Sonic­ware est donc une bonne surprise, avec des limi­ta­tions dont il est rela­ti­ve­ment aisé de faire abstrac­tion, et d’autres un peu moins, qui se justi­fient complè­te­ment compte tenu du posi­tion­ne­ment tari­faire. Ce n’est pas la solu­tion de sampling que je recom­man­de­rais forcé­ment à tout le monde dans sa gamme de prix, malgré un set de fonc­tion­na­li­tés assez impres­sion­nant au vu du format, à cause de son posi­tion­ne­ment « lo-fi » et de quelques choix ergo­no­miques ou compro­mis réali­sés qui n’en feront pas le choix préfé­ren­tiel pour certains musi­ciens sampleurs aguer­ris notam­ment.

À chaque test de nouveau produit, je me demande toujours à quel point il va bous­cu­ler l’exis­tant, voire rempla­cer certains compé­ti­teurs. Le Liven LoFi-12 de mon point de vue n’est pas le nouveau sampleur ultime, et il ne justi­fie pas à mon sens de se sépa­rer d’un des produits que je viens de citer. Je peux dire qu’il a parfai­te­ment sa place sur le marché face à un Nova­tion Circuit Rhythm, bien que ce dernier soit à mon avis un peu plus perfec­tionné du point de vue design (moins la poly­pho­nie et le chan­ge­ment de son par pas d’ailleurs), ou encore face à un Korg Volca Sample 2, un Elek­tron Model:Samples, un Roland SP 404 mk2 ou un PO-32 de Teenage Engi­nee­ring.

Par contre, comme sampleur à tout faire avec des atouts, notam­ment si on veut l’uti­li­ser avec un séquen­ceur externe, puis le côté lo-fi assumé et tout ce qui en découle en font un instru­ment de musique vrai­ment très fun à utili­ser, sur lequel j’ai pris beau­coup de plai­sir à conce­voir des démos et à faire de la musique au sens large. Je dirais même que ce posi­tion­ne­ment fait que le LoFi-12 est proba­ble­ment mon produit de la gamme Liven préféré. Ce qui n’em­pê­chera pas quand même de s’en servir égale­ment comme sampleur à tout faire. Alors s’il vous plait déve­lop­peur·­se·s de Sonic­ware, on pense à l’USB sur les prochaines machines (c’est déjà le cas, semble-t-il), et au moins à une appli en interne pour les envois de samples et les updates ? Il semble­rait en plus que Sonic­ware est à l’écoute de ces utili­sa­teurs au vu des derniers ajouts à seule­ment quelques semaines de la sortie du produit !

PS. Encore un grand merci à Shirow a.k.a la bible du sampling qui m’a beau­coup aidé sur les recherches asso­ciées à ce test !

7/10
Fabrication (?) : Pays de fabrication non communiqué
Points forts
  • 10 voix de polyphonie sur 4 pistes
  • Sound locking pour changer de son sur chaque pas
  • Enceinte intégrée qui fait le taf
  • Connectique pas du tout lo-fi (sync, gros MIDI, line in out + prise casque)
  • Effets rigolos et utiles pour travailler / mixer / enjoliver un son
  • Sampling des sons très intuitif
  • Peut servir de multi-effet sur l'entrée Line IN avec le master FX
  • S'intègre dans n'importe quel set avec la connectique de synchronisation
  • Personnalité affirmée
  • Machine très fun...
Points faibles
  • Pas de connectique USB
  • Communication via sysex un peu rédhibitoire (updates et gestion des sons)
  • Prix un peu élevé en Europe
  • Limité pour faire des arrangements à plus d'un pattern
  • Seulement un filtre et un FX en même temps par piste, et un seul master FX sur le bus
  • Pas de phaser ni de compresseur avec entrée sidechain
  • Feedback visuel un peu limité
  • Ergonomie générale perfectible
  • On aurait pas dit non à plus de slots de samples, surtout avec la place prise par le contenu "factory"
  • ... mais carrément encore plus fun avec un séquenceur externe
  • Clavier un peu plock plock
  • Durée de 2 secondes par samples en 24K, 4 secondes en 12K, ça limite quand même pas mal ce qu'on peut faire en dehors du lo-fi
  • On ne peut pas afficher le tempo en BPM en cours sans le changer
Auteur de l'article Wolfen

Développeur freelance pour de nombreuses sociétés dans le domaine de l'industrie musicale, créateur de la marque Musical Entropy, et musicien qui achète plus de matos qu'il n'en joue


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