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Quand la Brute se bonifie
8/10
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Six ans après son lancement réussi, le MiniBrute fait peaux neuves pour se décliner en deux modèles. Nous testons ici la version clavier, baptisée MiniBrute 2.

Test du MiniBrute 2 d'Arturia : Quand la Brute se bonifie

En 2012, Artu­ria lançait un pavé dans la mare du marché du synthé analo­gique, devenu inac­ces­sible. À l’époque en effet, les machines étaient posi­tion­nées dans le haut de gamme, comme chez Moog Music ou DSI. La cote du vintage ne cessait d’aug­men­ter et les sites de DIY fleu­ris­saient. Le Mini­Brute était né de la volonté d’of­frir au plus grand nombre de musi­ciens un synthé unique, abor­dable et capable d’en­trer dans une sacoche de portable. Succès commer­cial, la machine a permis à Artu­ria de renaître tout en déve­lop­pant un nouveau savoir-faire. Ont suivi le Micro­Brute, la Drum­Brute, puis le magni­fique Matrix­Brute. Aujour­d’hui, les données du marché ont consi­dé­ra­ble­ment changé : dans le sillage d’Ar­tu­ria, beau­coup de marques se sont mises sur le créneau de l’ana­lo­gique abor­dable : Moog a démo­cra­tisé une partie de sa gamme, Korg a lancé plusieurs produits d’en­trée de gamme, Nova­tion et Waldorf sont reve­nus dans le créneau, sans oublier Behrin­ger qui a litté­ra­le­ment envahi le segment. Il était donc temps pour Artu­ria de redé­fi­nir sa vision du synthé analo­gique acces­sible. C’est désor­mais chose faite, avec le concours de Yves « yusynth » Usson, présent sur les projets Brute depuis l’ori­gine, et Frédé­ric « marzac­dev » Meslin, ex-déve­lop­peur de Waldorf et fonda­teur de Fred’s Lab. Résul­tat, deux modèles de Mini­Brute 2 : un synthé-clavier et un module synthé-séquen­ceur. Nous testons ici le clavier…

Mini augmenté

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Le Mini­Brute était un synthé très compact, à peine plus large que son clavier 2 octaves. Avec davan­tage de commandes, le Mini­Brute 2 est plus grand : les molettes sont main­te­nant placées à gauche du clavier. Celui-ci reste tout petit, avec 2 octaves de taille stan­dard, ce qui suffit pour éditer un son ou trans­po­ser une séquence, mais pas pour jouer des solos virtuoses, même avec les deux touches de trans­po­si­tion d’oc­tave. Le panneau est couvert de commandes. La partie supé­rieure comprend deux rangées réser­vées à la synthèse : 2 LFO, 2 VCO (avec ondes mixables pour le VCO1), 1 VCF, 1 VCA, 2 enve­loppes ; impos­sible de manquer la baie de bras­sage à 48 points (jacks 3,5 mm), permet­tant de patcher diffé­rents modules de synthèse (nous y revien­drons en détail). Au-dessus du clavier, on trouve les commandes de routage de la modu­la­tion, du séquen­ceur / arpé­gia­teur (choix des motifs, tempo, trans­port) et de la synchro (interne, USB, MIDI, horloge analo­gique).

Une touche Shift permet d’ap­pe­ler des fonc­tions secon­daires, la plupart via le clavier (Gate et Swing du séquen­ceur, choix de redé­clen­che­ment des enve­loppes en jeu legato, Reset du cycle du LFO1, Reset du cycle du LFO2). Au total, 22 poten­tio­mètres rota­tifs, 5 sélec­teurs rota­tifs, 12 curseurs linéaires, 9 sélec­teurs simples et 8 pous­soirs (certains lumi­neux) attendent nos ordres…

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Mise à part la baie de bras­sage, la connec­tique est située à l’ar­rière : sortie audio mono et sortie casque (jacks 6,35), MIDI In/Out (commu­table en Thru), USB, connec­teur pour bloc d’ali­men­ta­tion (hélas externe) et inter­rup­teur secteur.

Un mot sur la qualité de construc­tion : la carcasse est faite de plas­tique (dessus) et métal (dessous) bien solide, alors que les flancs sont en imita­tion bois. Les poten­tio­mètres sont bien ancrés et offrent une bonne résis­tance. Côté curseurs linéaires, la résis­tance est agréable mais les capu­chons pas toujours d’équerre, ce qui ne gêne en rien l’uti­li­sa­tion. Le clavier semi-lesté, sensible à la vélo­cité et à la pres­sion (toutes deux pré-assi­gnées et ré-assi­gnables), est de meilleure qualité que celui du Mini­Brute (pas diffi­cile) ; en fait, il semble de même facture que celui du Matrix­Brute, avec une bonne réponse dyna­mique, mais une tendance à se défor­mer un peu en bout de touches blanches car le plas­tique est fin. Enfin, la connec­tique de la baie de bras­sage est parfai­te­ment sertie.

Semi-modu­laire

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Le Mini­Brute 2 est un synthé analo­gique semi-modu­laire mono­dique sans mémoires de programmes. La machine est donc livrée avec un carnet de patches (« livre de cuisine ») pour ne pas partir de zéro et s’éduquer à la synthèse modu­laire. Il n’est toute­fois pas néces­saire d’uti­li­ser la baie de bras­sage pour en sortir un son, puisque les modules internes sont précâ­blés (mais ce serait bien dommage !). Analo­gique oblige, il faut une dizaine de minutes à la machine pour se stabi­li­ser en tempé­ra­ture (sonner juste). La prise en main est immé­diate, toutes les commandes et les points de câblage étant situés en façade, pour une ergo­no­mie une fonc­tion / un bouton (à quelques excep­tions mineures près). Nous appré­cions toujours autant la puis­sance du VCO, avec accès à toutes les formes d’onde et modi­fi­ca­tion du contenu harmo­nique de celles-ci ; pous­ser le niveau des ondes apporte une satu­ra­tion natu­relle à partir de 60% envi­ron de la course. Nouveauté, un second VCO a fait son appa­ri­tion, ce qui donne plus de corps au son et permet des inter­mo­du­la­tions qui manquaient au Mini­Brute ; résul­tats, une poly­va­lence sonore beau­coup plus grande.

Le carac­tère brut saute tout de suite aux oreilles : filtre multi­mode Stei­ner toujours aussi origi­nal, Brute Factor bien destroy, enve­loppes qui claquent dont une qui offre diffé­rents modes de déclen­che­ment et bouclage, 2 LFO qui peuvent oscil­ler dans l’au­dio… Sans oublier la modu­la­rité qui permet de créer des sons très évolu­tifs que ne pouvait pas faire le premier Mini­Brute. On appré­cie au passage la section arpé­gia­teur/séquen­ceur qui s’est égale­ment bien musclée. Bref, des progrès sonores et tech­niques très appré­ciables ! Au niveau grain, le bas du spectre est bien plus présent que sur le Mini­Brute origi­nel ; rensei­gne­ments pris auprès des concep­teurs, le feed­back du filtre a été revu pour amélio­rer la réponse dans les basses ; de même, le métal­li­seur est plus progres­sif et moins agres­sif. Il en résulte un rendu sonore beau­coup plus chaud et plus rond. Nous l’avons aussi trouvé plus défini, avec un meilleur impact. Brut mais pas brutal !

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  • Mini­Bru­te2 1audio 01 Saws 01:07
  • Mini­Bru­te2 1audio 02 Pulses 01:04
  • Mini­Bru­te2 1audio 03 Metal 00:52
  • Mini­Bru­te2 1audio 04 Bass 00:28
  • Mini­Bru­te2 1audio 05 Hipass 00:19
  • Mini­Bru­te2 1audio 06 Han 00:29
  • Mini­Bru­te2 1audio 07 Sync­Brute 00:47
  • Mini­Bru­te2 1audio 08 Selfrez Kicks 00:34
  • Mini­Bru­te2 1audio 09 Selfrez Snares 00:33
  • Mini­Bru­te2 1audio 10 Hihats Mod 00:35
  • Mini­Bru­te2 1audio 11 FM Tam 00:58
  • Mini­Bru­te2 1audio 12 FM Drone 00:28

VCO revi­si­tés

Le Mini­Brute ne dispo­sait que d’un VCO et son Sub-VCO. Le Mini­Brute 2 a remis cette section au goût du jour, avec cette fois 2 VCO complets, dont l’élec­tro­nique a été en partie revue. Le VCO1 est le plus puis­sant, puisqu’il dispose de plusieurs formes d’ondes indé­pen­dam­ment mixables et modi­fiables : dent de scie, carrée et triangle. Comme sur le premier Mini­Brute, on peut modi­fier le contenu harmo­nique de chaque onde : chan­ger la dent de scie en Ultra­saw (ajout de deux dents de scie dépha­sées, l’une de 1 Hz, l’autre entre 0,1 et 100 Hz) ; modu­ler la largeur d’im­pul­sion de l’onde carrée (50 à 90%) ; métal­li­ser l’onde triangle par replie­ment de spectre (créa­tion de sons métal­liques) ; le métal­li­seur a d’ailleurs été revu pour être plus progres­sif (donc plus maîtri­sable et musi­cal). De base, on peut modu­ler l’Ul­tra­saw par le LFO2, la largeur d’im­pul­sion par le LFO1 et le métal­li­seur par la vélo­cité. Le VCO1 peut être accordé fine­ment et être affecté par un Glide à temps variable.

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Le VCO2 est de concep­tion iden­tique au VCO1, même s’il ne dispose pas de toutes les formes d’ondes simul­ta­nées et modu­lables. On peut choi­sir entre les ondes dent de scie, carrée et sinus (cette dernière le prédis­pose tout parti­cu­liè­re­ment à la FM, voir ci-après). On peut l’ac­cor­der selon trois plages de réglage : fin (désac­cor­dage sur plus ou moins une octave envi­ron), All (accor­dage sur toute la plage de fréquences du Mini­Brute 2) ou LFO (modu­la­tion de 1Hz jusqu’à l’au­dio). Créer un Detune précis est parfois complexe, même en réglage fin.

Le VCO2 dispose de son propre curseur de volume ; il suit par défaut le pitch du VCO1, mais il peut aussi inter­agir avec lui : synchro­ni­sa­tion (via la baie de bras­sage), FM expo­nen­tielle (par défaut) et FM linéaire (aussi via la baie de bras­sage). Cela confère au Mini­Brute 2 un terri­toire sonore bien plus étendu que son ancêtre, indu­bi­ta­ble­ment. Enfin, on trouve un curseur pour doser le géné­ra­teur de bruit blanc et un autre pour doser l’en­trée audio. Pous­ser les volumes crée de la satu­ra­tion en entrée de filtre, moins agres­sive que sur le Mini­Brute, si nos souve­nirs sont bons…

VCF multi­mode

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Le filtre du Mini­Brute 2 reprend l’ar­chi­tec­ture de son ancêtre. Il a été conçu à la base sur le filtre multi­mode réso­nant 2 pôles de Stei­ner Parker, fonc­tion­nant en modes passe-bas, passe-bande, passe-haut et réjec­tion de bande. Les niveaux d’en­trée ont été adap­tés pour encais­ser la section VCO musclée sans satu­rer trop vite. La plage de fréquences est très éten­due (20 Hz à 18 kHz). L’auto-oscil­la­tion a été modi­fiée par rapport au premier Mini­Brute, pour une moindre agres­si­vité ; elle inter­agit avec le Brute Factor (voir ci-après). On appré­cie la variété de timbres obte­nus et l’ab­sence de perte de niveau quand on pousse la réso­nance. La fréquence de coupure est pré-assi­gnée à l’en­ve­loppe ADSR (modu­la­tion bipo­laire) et la modu­la­tion 1, alors que la réso­nance est pré-assi­gnée au LFO1 (modu­la­tion bipo­laire égale­ment). Sur le Mini­Brute, la fréquence de coupure était modu­lable par le suivi de clavier, qui plus est de 0 à 200% ; ce n’est plus le cas ici, en tout cas pas direc­te­ment (il faut passer par la baie de bras­sage, ce qui crée des dilemmes gênants).

En sortie de chaîne, on trouve un VCA avec enve­loppe AD et vélo­cité pré-assi­gnées. C’est là qu’in­ter­vient le Brute Factor, une boucle de feed­back entre la sortie du VCA et l’en­trée du filtre inspi­rée du Mini­moog, permet­tant de créer des satu­ra­tions – pas toujours maîtri­sables – qui gonflent le son ; comme dit précé­dem­ment, le feed­back a été revu par rapport au premier Mini­Brute, pour géné­rer plus de basses (et au passage moins d’agres­si­vité). La compen­sa­tion auto­ma­tique de niveau est toujours inté­grée au circuit (atté­nua­tion en sortie quand on pousse la modu­la­tion), ce qui permet d’éco­no­mi­ser un réglage. Le VCA a aussi été revu, puisqu’il est main­te­nant basé sur des OTA plutôt que des compo­sants entiè­re­ment discrets, pour obte­nir un meilleur rapport signal/bruit. Le volume final possède un poten­tio­mètre dédié, mais on perd au passage le réglage séparé sur la sortie casque… pas bien grave !

Modu­la­tions préca­blées

Le pitch­bend peut agir de 1 à 12 demi-tons. La molette et la pres­sion sont pré-assi­gnables au vibrato (via le LFO1) et à la coupure du filtre, alors que la vélo­cité est pré-assi­gnée au méta­li­seur et au volume.

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Le Mini­Brute 2 offre 2 LFO numé­riques à 6 formes d’onde (sinus, triangle, dent de scie, carrée, S&H, aléa­toire lisse) ; ils sont capables d’os­cil­ler entre 0,06 Hz (très lent) à 100 Hz (audio) ou de se synchro­ni­ser au séquen­ceur suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles (de 1/32 à 8x le tempo) ; leur cycle peut être libre ou redé­clen­ché à chaque note. Dommage qu’il manque un réglage de fondu. Par défaut, le LFO1 peut modu­ler la PWM et la réso­nance du VCF, alors que le LFO2 est pré-assi­gné à la quan­tité de l’Ul­tra Saw.

Passons aux 2 enve­loppes, cette fois pure­ment analo­giques. La première est de type ADSR (pré-assi­gnée au VCF), la seconde de type AD (pré-assi­gnée au VCA). Cette dernière propose diffé­rents modes de déclen­che­ment et de bouclage : on peut ainsi créer une enve­loppe AD ou AR, jouée en coup unique ou bouclée ; très inté­res­sant ! Les temps de l’en­ve­loppe ADSR sont compris entre 0,5 ms et 4 secondes, ce qui en fait une enve­loppe très rapide (on perd toute­fois ici les modes rapides et lents des deux enve­loppes ADSR du Mini­Brute). Quant aux temps de l’en­ve­loppe AD, ils vont de 1 ms à 10 secondes.

Séquences ou arpèges

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Le Mini­Brute 2 est enfin doté d’un séquen­ceur / arpé­gia­teur. Le séquen­ceur permet d’en­re­gis­trer 8 motifs de 64 pas maxi­mum. L’en­re­gis­tre­ment se fait en pas à pas ou temps réel. On entre les notes avec leur vélo­cité, on les allonge, on crée des liai­sons ou on ajoute des silences. Par contre, la nature analo­gique des commandes empêche la mémo­ri­sa­tion de tout CC. En matière d’édi­tion, on peut écra­ser des notes, ajou­ter des notes en fin de séquence ou suppri­mer le dernier pas entré… Les séquences peuvent être trans­po­sées au clavier (interne ou externe) en temps réel.

L’ar­pé­gia­teur offre 8 motifs : haut, bas, alterné, alterné avec répé­ti­tion des extrêmes, aléa­toire, suivant ordre joué, haut à double répé­ti­tion, bas à double répé­ti­tion. On trouve aussi un mode Hold, mais pas de fonc­tion d’éten­due auto­ma­tique sur plusieurs octaves. On peut régler le tempo (divi­sion tempo­relle en cas de synchro­ni­sa­tion à l’hor­loge globale / externe) au poten­tio­mètre ou avec la touche Tap. On peut aussi choi­sir un facteur de Swing et une durée de note (Shift + clavier). Les notes arpé­gées ou séquen­cées sont trans­mises en MIDI/USB, excel­lente nouvelle.

Baie de bras­sage

La plupart des synthés analo­giques actuels sont précâ­blés, c’est-à-dire que le signal et les modu­la­tions suivent un schéma prédé­fini par les concep­teurs. On peut égale­ment trou­ver des matrices de modu­la­tion, qui permettent d’as­si­gner des sources à des modu­la­tions non prévues à l’ori­gine, avec une quan­tité de modu­la­tion ajus­table. Ceci est en partie permis par l’uti­li­sa­tion de tech­no­lo­gies numé­riques pour les modu­la­tions, car l’élec­tro­nique analo­gique est beau­coup plus complexe à mettre en œuvre. En effet, il faut une connexion physique entre la source et la desti­na­tion (un patch sur les synthés pure­ment modu­laires) et si on veut modu­ler la desti­na­tion, un VCA avec un atté­nua­teur. Sans oublier des somma­teurs et des multi­pli­ca­teurs quand on veut modu­ler une desti­na­tion par plusieurs sources ou qu’une source module plusieurs desti­na­tions. Cela explique que certains murs de studio ou de salon voient chaque année pous­ser les modules un peu plus haut jusqu’à en être tota­le­ment recou­verts (ce qui permet de masquer un papier peint qui date du premier modu­le…)

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Si le Mini­Brute était un synthé câblé avec quelques entrées CV, le Micro­Brute a ouvert la porte à la modu­la­rité pure­ment analo­gique. Le Mini­Brute 2 va beau­coup plus loin, avec pas moins de 48 points de patch au format jack 3,5 mm (8 cordons sont four­nis pour les relier). Un point peut être une entrée ou une sortie (dans ce dernier cas, la séri­gra­phie est sur fond blanc).  Certains points sont précâ­blés, comme par exemple le LFO1 sur la PWM1 ou le VCO2 sur la FM du VCO1 (les sources sont séri­gra­phiées en bleu et entre paren­thèses au-dessus des jacks). Y insé­rer un câble remplace la source par le signal passant par ce câble. On peut ainsi relier la sortie de l’en­ve­loppe ADSR au pitch du VCO1. Dans ce cas, le clavier ne pilo­tera plus le pitch. On voit tout de suite la puis­sance du système, mais aussi les limites : un seul choix par point, faute de modules multi­pli­ca­teurs ou somma­teurs (à une excep­tion près, cf. ci-après) ; du coup, il faut bidouiller des cordons multiples, en appré­ciant au passage le soin avec lequel Artu­ria a protégé les entrées/sorties (surten­sions, sous-tensions, courts-circuits, mauvais bran­che­ments…) ; autre contrainte, il n’y a pas de mémoire pour les câblages, donc il faut un bon cerveau, un carnet de patches (comme celui livré avec le Mini­Brute 2) ou un truc pratique pour prendre les photos.

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Listons quelques points de patch notables (arran­gés par module dans la baie) : parmi les sorties, toutes les formes d’onde du VCO1 et celle sélec­tion­née pour le VCO2 ; égale­ment les modu­la­tions des enve­loppes et LFO ; sans oublier les données MIDI (note clavier, Gate, vélo­cité, pres­sion). Parmi les entrées, le pitch du VCO1, la modu­la­tion de chaque onde du VCO1, la FM expo­nen­tielle du VCO1, la FM linéaire du VCO1 (bien vue celle-là !), la synchro du VCO1 ; mais aussi la fréquence et la réso­nance du filtre, le volume du VCA (2 entrées), les segments AD de l’en­ve­loppe éponyme, l’hor­loge et le retour à zéro du séquen­ceur. Notons la présence d’un inver­seur de modu­la­tion, d’un somma­teur (2 entrées / 1 sortie avec entrée CV de modu­la­tion) et deux atté­nua­teurs (asser­vis à deux poten­tio­mètres en façade). De quoi chan­ger radi­ca­le­ment l’or­ga­ni­sa­tion de la machine ou l’in­té­grer dans un écosys­tème modu­laire analo­gique.

C’est d’ailleurs tout le propos des Rack­Brute, éléments 3U et 6U se fixant à la machine pour accueillir des modules Euro­rack, avec bloc externe et rail d’ali­men­ta­tion +12V/-12V/+5V et posi­tion ergo­no­mique de travail (cf. photo). Leur design est réussi et leur qualité de construc­tion très correcte, excep­tés les petits pas de vis du tube stabi­li­sa­teur trans­ver­sal qui nous ont parfois posé problème. Une fois en place, tout est correc­te­ment sécu­risé. Au passage, atten­tion à ne pas monter direc­te­ment les rondelles Grower sur les axes, sous peine de ne plus pouvoir extraire les papillons laté­raux en plas­tique une fois vissés !

Logi­ciel incon­tour­nable

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Artu­ria a pris l’ha­bi­tude de dépor­ter l’édi­tion des para­mètres globaux de ses synthés analo­giques vers un logi­ciel (MIDI Control Center, tour­nant a minima sous Windows 8 / OS 10.10). Le Mini­Brute 2 ne déroge pas à la règle, ce qui le prive d’une réelle auto­no­mie, d’au­tant que la confi­gu­ra­tion n’est pas triviale et comporte quelques restric­tions d’usage liées aux pilotes. Les réglages concernent les canaux MIDI (clavier, contrô­leurs physiques, séquen­ceur), la fonc­tion MIDI Out/Thru, la réponse du clavier (vélo­cité, pres­sion), le déclen­che­ment des LFO, la prio­rité de note, les para­mètres du séquen­ceur, la réso­lu­tion d’hor­loge, les dumps des séquen­ces…

Nous avons trouvé cette partie complète, parfois un peu trop (par exemple, canaux MIDI sépa­rés pour chaque contrô­leur physique et pour la trans­po­si­tion des séquences, CC pour chaque commande de trans­port…) ; en fait, nous aurions préféré un accès aux fonc­tions essen­tielles via la touche Shift + clavier, quitte à revoir l’er­go­no­mie des réglages exis­tants (par exemple, choix des para­mètres avec certaines touches et incré­men­ta­tion / décré­men­ta­tion avec deux touches fixes…). 

Conclu­sion

Le Mini­Brute symbo­li­sait une nouvelle offre de synthés analo­giques origi­naux et abor­dables. La concur­rence s’est depuis engouf­frée dans la brèche et est aujour­d’hui très affû­tée. Artu­ria a revi­sité le concept, conser­vant ce qui avait fait la force de la machine et appor­tant un lot de fonc­tion­na­li­tés parti­cu­liè­re­ment inté­res­santes : des VCO plus musclés, un filtre plus rond, une approche semi-modu­laire et un séquen­ceur à pas / arpé­gia­teur pour faire bouger le tout. Du coup, on conserve en partie l’iden­tité sonore spéci­fique à la série Brute, tout en étant capable d’ex­plo­rer des terri­toires sonores plus vastes que l’an­cêtre ; on est clai­re­ment dans une qualité sonore supé­rieure, avec plus de poids, plus de basses, plus de puis­sance et une meilleure défi­ni­tion. Il reste toute­fois des choix de concep­tion qui pour­ront rebu­ter certains : clavier limité à deux octaves, absence de mémoires et logi­ciel incon­tour­nable pour confi­gu­rer la machine. Le Mini­moog était la traduc­tion compacte des gros systèmes modu­laires, le Mini­Brute 2 se pose comme point d’en­trée d’un écosys­tème modu­laire compact. Le meilleur des deux mondes !

Tarif public moyen : 613 €

Télé­char­gez les extraits sonores (format FLAC)

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8/10
Points forts
  • Gros son pur analo
  • Basses puissantes
  • Variété de timbres
  • Deux vrais VCO
  • Interactions des VCO
  • Formes d’ondes mixables
  • Filtre multimode peu courant
  • Entrée audio vers le filtre
  • Deux vrais LFO
  • Enveloppe AD originale
  • Arpégiateur/séquenceur intégré
  • Semi-modularité à 48 points
  • Connectique variée
  • Prise en main aisée
  • Livret de patches fourni
  • Construction solide
Points faibles
  • Clavier limité à deux octaves
  • Pas de transposition directe par demi-ton
  • Un seul module sommateur
  • Pas de modules multiples ni mixeurs
  • Logiciel incontournable pour les réglages globaux
  • Absence de mémoires gênante pour certaines utilisations
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.