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Pas de K-rtier !
7/10
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Le K712 Pro n'est pas une nouveauté, il fête même son dixième anniversaire cette année. Le voici qui revient dans les colonnes d'AF pour un test, un démontage, et une écoute. Bref, on va voir ce qu'il a dans le ventre.

Test du casque K712 Pro d'AKG : Pas de K-rtier !

Après avoir testé en ce début d’an­née un ensemble de casque « de réfé­rence » situé dans la tranche 100–150 euros (envi­ron), nous commençons désor­mais une série complé­men­taire avec les casques de la tranche supé­rieure (200–300 euros, et plus). Ils corres­pondent eux aussi à des réfé­rences souvent dispo­nibles dans des studios profes­sion­nels, et ils concernent plus souvent les écoutes de mix (je sais, certains vont hurler, mais c’est une pratique qui n’est plus si tabou aujour­d’hui) ou de maste­ring.

IMG 20230907 132954Aujour­d’hui, nous nous penchons donc sur le K712 Pro d’AKG, lancé en 2013, et qui avait déjà béné­fi­cié d’un test sur AF. Trêve de bavar­dage, passons plutôt au débal­lage.

Spéci­­fi­­ca­­tions

Le K712 PRO est un casque de type circu­mau­ri­cu­laire, ouvert, avec un trans­­duc­­teur dyna­­mique.

Les spéci­­fi­­ca­­tions annon­­cées par le construc­­teur sont les suivantes :

impé­­dance : 62 ohms

réponse en fréquence : 10 Hz – 39,8 kHz

IMG 20230907 133157Les câbles four­nis sont doubles : un câble droit de 3 mètres, avec un beau revê­te­ment orange, et un torsadé qui fait égale­ment 3 m en exten­sion maxi­male. Les deux câbles se terminent par l’ha­bi­tuelle prise jack TRS 3,5 mm avec un adap­ta­teur 6,35 mm, et à l’autre extré­mité, un mini-XLR trois points. C’est bien construit, robus­te… Rien à redire.

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Pour ce qui est du design, on est sur le style AKG pur et dur, avec ses deux points forts :  le bandeau autoa­dap­table, qui fait que le casque peut être juste posé sur la tête sans avoir à cher­cher la taille adap­tée à chaque utili­sa­teur, et la connexion entre HP réali­sée direc­te­ment par l’ar­ceau métal­lique (couvert d’un revê­te­ment isolant, ici d’une couleur orange bien claquante), ce qui mini­mise la possi­bi­lité que le câble « inter-oreille » ne déve­loppe de faux contacts. Objec­ti­ve­ment, deux inven­tions brillantes, que l’on est toujours content de retrou­ver sur leurs casques.

Démon­­table ?

Oui, tout à fait, même si ce n’est pas le plus simple.

C’est le même dispo­si­tif que tous les casques AKG. D’abord on retire les mousses, non pas en tirant dessus, mais en leur impri­mant une légère rota­tion, qui va les libé­rer : 

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C’est un super système, très pratique, très malin. Et ce n’est pas le seul… Pour accé­der au trans­duc­teur, on fait la même chose à l’ar­rière de l’écou­teur : légère rota­tion de la grille de protec­tion. Atten­tion d’uti­li­ser un petit outil et d’y aller calme­ment : 

IMG 20230907 151715

Sur la photo ci-dessus, on voit bien la grille légè­re­ment déca­lée, prête à se déta­cher toute seule de son support. Une fois cela fait, on trouve deux vis : 

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Qui permettent d’ac­cé­der à la struc­ture de main­tien à l’ar­rière du HP

IMG 20230907 152141

Il suffit ensuite de déta­cher cette grosse vis centrale, et l’on peut refaire le câblage, ou chan­ger le trans­duc­teur sans problème.

À noter, comme on le voit bien sur la photo ci-dessus, les câbles qui relient l’oreille gauche (ici démon­tée) à la droite sont soudés à deux bornes qui corres­pondent aux deux arceaux métal­liques, recou­verts d’une gaine isolante orange, comme nous le mention­nions juste avant.

Confort

Accep­table

IMG 20230907 133035L’ar­ceau est léger comme une plume, le casque ne sert pas fort, et le cous­si­net sont doux. Les très grands écou­teurs permettent à l’oreille de respi­rer. On regrette seule­ment qu’ils n’épousent pas vrai­ment la forme du pour­tour de l’oreille : la matière mémoire de forme est assez raide, et le casque porte plus sur le crâne au-dessus de l’oreille, qu’en dessous, où il reste une zone qui « baille ».

Isola­­tion

Inexis­tante, puisque c’est un casque ouvert.

Trans­­port

À 235 gr, il s’agit d’un casque plutôt « léger » vu sa taille, donc le trans­port ne sera pas trop diffi­cile.

IMG 20230907 133151Le sac four­nit avec, velouté et avec un côté « glit­ter » un peu bling, offrira une certaine protec­tion, certes, mais une mallette aurait été bien­ve­nue dans cette gamme de prix, surtout pour un casque qui ne se plie pas.

Bench­­mark

Voici donc le nouveau proto­­­­cole de mesures objec­­­­tives, mené par nos soins afin de complé­­­­ter l’écoute subjec­­­­tive. Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plai­­­­sir de pouvoir vous four­­­­nir des courbes de réponse en fréquence et distor­­­­sion, réali­­­­sées dans notre atelier.

Réponse en fréquence : 

AKG K712PRO FR

On remarque :

  • Un plateau à partir de 1 kHz, descen­dant très douce­ment jusqu’à 20 Hz
  • Au-dessus, un creux à 1,3 kHz
  • Un creux impor­tant à 3 kHz
  • Un creux assez marqué à 6 kHz
  • Des aigus accen­tués, sauf à 10 kHz

Les trans­duc­teurs sont fran­che­ment bien appa­riés, c’est toujours bon signe quant au contrôle qualité.

Distor­­sion :

AKG K712PRO DIST

La distor­­sion mesu­­rée est infé­rieure à 0,2 % de 50 Hz à 20 kHz. À 20 Hz, la distor­sion est seule­ment de 1,5 %, seule­ment marquée par l’ajout de fréquence paire du second ordre, avec des fréquences impaires très en retrait. Bref, c’est très bon.

Écoute

Richard Hawley — Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur True­­lo­­ve’s Gutter)

Une ballade acous­­tique, avec beau­­coup de réverbe et une diffé­­rence de dyna­­mique impor­­tante entre la voix et la guitare. La première chose qui frappe, c’est l’im­pres­sion de grand détail, sans pour autant avoir recours à des fréquences aiguës surdo­sées (souvent le truc facile pour cise­ler un son, pour surli­gner les attaques et les arti­cu­la­tions). On sent toute­fois le creux à 3 kHz, avec une voix plus sur le « coffre », moins nasale, et de façon géné­rale avec des attaques assez douces (plectre contre cordes, par exemple), presque atté­nuées. Le reste du spectre est très neutre, rendu avec préci­sion, que ce soit le médium, le bas médium ou le grave.

Sun Kil Moon – Butch Lulla­­bye (sur Common As Light And Love…)

Sur l’in­­tro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmo­­niques médiums ajou­­tées par la distor­­sion, l’at­­taque légè­­re­­ment piquée des notes, tout en sépa­­rant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. Pour ce qui est du rendu du couple clavier-basse/batte­rie, on est entre de bonnes mains : c’est précis, bien diffé­ren­cié, la grosse caisse sonne bien sèche et médium, avec juste une pointe de réso­nance grave par dessous, le clavier-basse est bien suivi jusque dans le bas du spectre, avec des attaques de notes bien précises. Sur la voix, et sur l’over­dub de caisse claire (roule­ment) juste avant la partie B, on ressent un peu ce manque à 3 kHz, ce qui donne une impres­sion de léger filtrage : moins de hauts médiums, certes compen­sés par la présence forte, mais pas trop surli­gnée des aigus… mais il reste qu’on perçoit une absence.

Massive Attack — Tear­­drop (sur Mezza­­nine)

Un titre avec beau­­coup d’ex­­trême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. Le bas du spectre est rendu sans souci par le casque, qui ne peut certes pas retrans­crire l’ex­trême grave comme le ferait une enceinte de moni­to­ring, mais qui arrive à le faire « ressen­tir », à lui donner une sorte de présence percep­tible. Dans l’aigu, si l’on est content de trou­ver une voix adou­cie, sans trop de consonnes sifflantes, on lui trouve un carac­tère un peu nasal, sûre­ment dû encore une fois à ce creux dans le haut médium. Ce n’est pas criant, mais c’est là.

Char­­lie Mingus — Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)

Voilà un morceau avec beau­­coup de souf­­flants jouant dans des tessi­­tures simi­­laires : c’est très touffu et le but est d’es­­sayer de discer­­ner les timbres. Très bien : des aigus pas trop souli­gnés, donc des cymbales pas trop en avant ; une bonne capa­cité de perce­voir le piano et la contre­basse derrière la masse des cuivres ; et pour finir une bonne lisi­bi­lité de l’en­semble des instru­ments à vent. Rien à redire : le casque donne un résul­tat d’en­semble, et de détail, très précis.

Edgar Varèse — Ioni­­sa­­tion (New York Phil­­har­­mo­­nic, dir. Pierre Boulez)

Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réver­­bé­­ra­­tion natu­­relle de la salle, qui joue sur l’im­­pres­­sion d’es­­pace. L’écoute se fait entre 0:30 et 1:15. Là aussi, sur des instru­ments acous­tiques, on est très satis­fait du résul­tat. On remarque surtout un très bon équi­libre des diffé­rentes tessi­tures, de diffé­rents timbres, et une image stéréo très large et précise, qui nous permet de vrai­ment bien saisir la place de chaque instru­ment dans l’es­pace de la salle. Les dyna­miques sont énormes, comme il se doit !

Conclu­­sion

Pour ce qui est de l’écoute, même si l’on a relevé la présence de ce creux à 3 kHz, dont les résul­tats sont percep­tibles (même s’ils sont plutôt subtils, n’exa­gé­rons rien), on est plutôt très satis­fait de ce que l’on a pu entendre. D’ailleurs, sur ce point-là nos conclu­sions sont plus ou moins les mêmes que celles avan­cées par Red Led aupa­ra­vant : un grave et un médium très lisible (un peu plus de bas que sur le K702, il suffit de compa­rer les courbes), un aigu clair, mais pas trop en avant (à mon avis), et ce creux dans le haut médium. C’est agréable, précis, et avec très peu de distor­sion, le rendu est toujours limpide. Alors, le casque adou­cit-il trop la musique ? Couvre-t-il un peu trop les attaques grâce à ce creux ? Bref, sonne-t-il trop HiFi ? Je n’en suis pas tota­le­ment convaincu, car je l’ai trouvé suffi­sam­ment précis pour être utilisé profes­sion­nel­le­ment, mais je conseille­rais toute­fois de l’uti­li­ser avec toujours un peu d’éga­li­sa­tion préa­lable, pour éviter les mauvaises surprises lors d’écoutes sur d’autres supports.

Pour ce qui est de la construc­tion, rien à redire, et si l’on a trouvé que le confort était à amélio­rer, on reste ouvert à l’idée qu’il faut peut-être que le casque se « fasse » à force d’être porté. On regrette toute­fois l’ab­sence d’une mallette, qui nous a semblé être un manque criant pour un casque de ce prix.

7/10
Fabrication (?) : Chine
Points forts
  • Distorsion particulièrement basse
  • Confort grâce à l'arceau auto-adaptable
  • Bien construit
  • Réparable et modifiable
  • Grave et bas-médium très lisible
  • Médium très linéaire
Points faibles
  • Coussinets mémoire de forme un peu trop fermes
  • Pas de mallette
  • Un creux un peu fort dans le haut-médium
Auteur de l'article Pr. Soudure de La Feuille

Venu à la musique par le bruit, j'y retournerai un jour. J'aime les beaux circuits bien propres, les musiques sales et moches. Technicien de jour, la nuit je dors.


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