Décès de Pierre Henry, père de la musique concrète

Avec sa tête de Père Noël, Pierre Henry aura fait le bonheur et permis le succès d’un grand nombre d’ar­tistes qui se reven­diquent de lui depuis plus d’un demi-siècle.

Né en 1927, Pierre Henri entra dès l’âge de dix ans au Conser­va­toire de Paris pour étudier la percus­sion et l’écri­ture ; il était aussi doué au clavier. Mais ce n’est pas dans les orchestres clas­siques que va s’orien­ter sa carrière, puisque grâce à sa rencontre avec Pierre Schaef­fer, avec qui il va créer la Sympho­nie pour un Homme Seul en 1950, il inté­grera le Groupe de Recherche sur les Musiques Concrètes de la RTF (ex GRM). Il fonda ensuite le premier studio d’en­re­gis­tre­ment indé­pen­dant en France, l’AP­SOME (Appli­ca­tions de Procé­dés Sonores en Musique Élec­tro-acous­tique) en 1959 à Paris, puis le Son/Ré en 1982, toujours à Paris.

Une autre colla­bo­ra­tion a marqué le parcours de Pierre Henry, celle avec le choré­graphe Maurice Béjart, qui conduira à ce qui est certai­ne­ment l’oeuvre la plus connue du compo­si­teur, Messe pour le Temps Présent, co-écrite avec Michel Colom­bier et qui comprend le morceau Psyché Rock que les amateurs de la série Futu­rama recon­nai­tront dès les premières notes.

Tout le travail de Pierre Henry est centré sur l’ap­proche de la musique comme un objet sonore. Les notes n’ont que peu d’im­por­tance, mais les bruits du quoti­dien, les instru­ments inso­lites (notam­ment les pianos prépa­rés), les mouve­ments, les approches senso­rielles priment. D’où la diffi­culté de compré­hen­sion que son oeuvre a pu susci­ter chez certains et peut-être le fait qu’il soit resté un person­nage discret, préfé­rant écou­ter sa musique dans la fosse plutôt que sur scène (ce qu’il fit notam­ment au Carreau du Temple il y a trois ans). Il explique cette approche dans plusieurs ouvrages écrits, Pour Penser une Nouvelle Musique en 1947, l’ABCFI­NO­PRSTV en 1984 et Jour­nal de mes Sons en 2004.

L’oeuvre de Pierre Henry compte une cinquan­taine de créa­tions, dont certaines ont été remixées en 1997 par des artistes élec­tro­niques actuels (Fatboy Slim, Saint Germain, Dimi­tri From Paris…). L’en­semble de son travail a été confié par l’ar­tiste à la Biblo­thèque Natio­nale de France en 2007.