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< Tous les avis Boss DD-500 Digital Delay
grozeil grozeil

« Excellent produit pour les créatifs »

Publié le 01/04/19 à 13:33
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Les utilisateurs avertis

J'ai acheté ce Boss DD-500 quasiment à sa sortie. Je suis assez fan de cette catégorie des gros delays, et suis passé par divers produits au fil des années : Boss DD-20 pendant de longues années, Eventide Timefactor pendant 2-3 ans, Strymon Timeline pendant 3-4 ans et donc, maintenant Boss DD-500.

Avant d'aller plus loin, je dois confesser que j'ai un faible pour les delays Boss, que ce soit dans ce format ou dans le format stompbox "simple". Sur la longueur, je n'avais pas adhéré plus que cela au Timefactor (le mien était buggé à mort). Quant à la Timeline, j'avais bien aimé certains types de delays, mais l'édition n'était pas très aisée en raison de l'écran minuscule et puis je m'étais lassé de la "couleur" de la marque. Ceci dit, quelques fonctionnalités étaient bien pensées, comme le looper intégré.

Par ailleurs, cet avis est basé sur la version 2 du firmware sorti il y a quelques mois maintenant, qui apporte ENORMEMENT de fonctionnalités supplémentaires (honnêtement, ça fait plaisir de voir des upgrades aussi intéressants et pertinents, surtout de la part de Boss).

Je ne vais pas trop m'étendre sur le son des différents delays embarqués dans le DD-500, car c'est avant tout une question de goût. En matière de delay, on parle souvent de Boss en utilisant le qualificatif "clinique", et effectivement, c'est quelque chose qui est compréhensible : chez Boss, un digital delay, sans modulation, sans panning, sans filtre, c'est très droit, neutre, très fidèle au signal entrant, et personnellement, c'est ce que j'attends d'un digital delay (contrairement par exemple à Strymon où le digital delay a déjà une "couleur" propre, ce qui personnellement ne me convenait pas).

Sorti de la boîte, en scrollant les presets, on s'aperçoit que ceux-ci ont le mérite de montrer une partie des possibilités de la bête, mais honnêtement, je n'en ai pas utilisé un seul, préférant me faire mes sons. Quand je dis une partie, c'est que cet appareil a des possibilités immenses qu'il faut prendre le temps de comprendre et de digérer, mais j'y reviendrai plus tard.

Parmi les 12 types de delays proposés, certains ont, plus que d'autres, attirés mon attention :

- slow attack : un delay digital dont l'attaque est gommée (soit sur les répétitions uniquement, soit sur le dry et le wet), ce qui permet de produire de belles nappes. Ca trigge plutôt bien (bien mieux que sur d'autres produits Boss que j'ai possédés), et un réglage permet d'adapter le rendu en fonction de l'attaque des cordes ;

- tape : il est parfait. Moins "exagéré" et caricatural que chez Strymon, mais la foultitude des réglages permet d'obtenir des trucs bien barrés ;

- tera echo : la vraie bonne surprise. Quand la pédale TE-2 est sortie, en visionnant les démos, je me suis demandé à quoi pouvait bien servir ce... truc. Au final, ça sonne terrible : un truc complètement original, qui mélange une sorte de réverb très spacieuse à un delay dont les répétitons seraient très tamisées et à un filtre qui réagit à l'attaque. Très curieux, et selon les réglages, on peut obtenir un truc vraiment barré, très post-rock dans l'esprit, mais aussi des pseudo-réverbs discrètes et classieuses ;

- sfx : un mode qui mélange digital delay, bit crusher et tremolo. Assez curieux, il permet d'obtenir des sons plutôt barrés , mais également de simples tremolos ou des fuzzs bien crades et chimiques (faut plus penser "Geiger Counter" que "Big Muff") ;

- shimmer : un delay accompagné d'un double harmoniseur sur les répétitions. A priori pas fan de ce type de délai trop à la mode, et puis faut reconnaitre que Strymon a quelques longueurs d'avance sur ce type de sons. Sans réglage adéquat, ça sonne pas terrible sur le Boss, mais j'ai piqué un preset sur le net qui sonnent étonnamment bien à force de réglages ;

- pattern : un delay dont on programme les répétitions selon des subdivisions rythmiques qui peuvent être délirantes ;

- filter : un delay dont les répétitions sont passé dans filtre low-pass, high-pass ou band-pass. C'est plutôt très efficace et cerise sur le gâteau, il permet de bricoler un phaser assez convaincant ;

- analog : il sonne également super, très proche de l'analog delay Waza sorti il y a quelques temps.

Pour les autres modes (standard, vintage digital, reverse, dual), je les utilise assez peu : le standard est inutile dans la mesure où c'est un pattern/filter/shimmer dont on aurait enlevé les extras propres à ces modes : du coup, je préfère utiliser ces derniers sans les "extras" et appeler ces derniers en cours de jeu si j'en ai besoin. Le reverse sonne correctement mais je n'ai jamais réussi à en faire quelque chose d'intéressant, si ce n'est l'utiliser pour simuler un son de sitar indien pour le fun. Enfin, le vintage digital, censé simuler les delays rackés des années 80 ne m'interpelle pas plus que ça, mais c'est très joli.

Plusieurs fonctionnalités intéressantes font de ce DD-500 une machine de guerre à neutrons ultra flexible :

- Chaque type de delay est composé de paramètres identiques entre tous les modes (par exemple, feedback, niveau de l'effet etc), puis de paramètres propres à chaque mode (par exemple, pour le tape delay, le nombre de têtes de lecture). Jusque là, tout va bien. Ce qui est intéressant, c'est que le nombre de paramètres communs est tout bonnement hallucinant. Parmi les paramètres communs intéressants (à mon sens), on trouvera des paramètres de modulation des échos (on peut donc moduler les répétitions de n'importe quel type de delay), des paramètres de panning, ainsi que la possibilité de "ducker" les répétitions (c'est à dire d'atténuer plus ou moins les répétitions pendant la phrase jouée pour ne pas trop brouiller le propos jusqu'à ce que la phrase jouée se termine, moment à partir duquel les répétitions reprendront leur niveau déterminé par le paramètre "effect level". On trouvera également la possibilité de travailler très précisément la consistance des échos, en bossant sur l'égaliseur qui comprend à lui seul pas moins de 12 paramètres. Surtout, cet égaliseur peut être placé en amont ou en aval du signal traité, et même dans la boucle d'effet, ce qui produit des textures vraiment intéressantes puisque les échos traités par l'égaliseur sont réinjectés, permettant une dégradation du signal très personnelle et personnalisable. On se rend compte simplement avec cet outil qu'on peut faire sonner un digital delay presque comme un tape echo!

- Par défaut, le DD-500 est paramétré comme un delay simple, mais un paramètre "global" permet de le basculer en mode A+B, c'est à dire que deux délais simultanés peuvent être utilisés en même temps, en série ou en parallèle, au choix. Autant dire que coller un Tera Echo au cul d'un tape écho vous place en orbite en moins de temps qu'il faut pour l'écrire ;

- Autre fonctionnalité de taille, surtout pour ceux qui travaillent comme moi en dual mono (dans mon cas, je rentre deux signaux différents en input, chaque signal se voyant affecté un delay différent, et chaque signal se voir routé vers une des deux sorties, on est donc sur du traitement parallèle) : j'ai pas mal de possibilités pour router différemment ces signaux parallèles ; par exemple, je peux décider, plutôt que de les laisser en parallèle, de mixer en entrée et/ou en sortie ces signaux, ou encore par exemple, de les mixer en entrée pour ensuite les faire passer par mes deux types de délais qui seront non plus en parallèle mais en série. Honnêtement, les possibilités sont tellement énormes qu'on peut y perdre son latin!

- Enfin, un truc qui décuple les possibilités de l'engin, ce sont les fonctions assign, qui permettent d'assigner n'importe quel ou n'importe quelle combinaison de paramètres à un footswitch externe ou une pédale d'expression. On peut assigner jusqu'à 8 paramètres par patch, ce qui laisse le temps de voir. On peut également assigner ces paramètres à une pédale virtuelle selon une course définie (les paramètres changent en fonction de l'appui sur un switch par exemple), une variation cyclique (ce qu'ils appellent WAVE PEDAL, par exemple la feedback augmente puis baisse puis réaugmente selon un cycle à la vitesse et l'amplitude définies par le musicien) ou encore en fonction de l'intensité du signal entrant (le feedback pourrait être long sur les notes jouées doucement et plus faible quand le jeu s'intensifie). Là encore, les possibilités sont quasi infinies!

- dernier truc, un peu anecdotique certes (notamment pour ceux qui sont sur Timefactor ou Timeline), on a un phrase recorder, le même que Boss nous met dans toutes ses machines, simple et basique mais qui peut servir.

Très honnêtement, c'est le delay le plus complet et délirant que j'ai pu avoir entre les mains à ce jour, et je ne pensais pas écrire un jour ceci pour un produit estampillé Boss. Les possibilités sont tellement immenses que cet outil est bien plus qu'un simple delay, mais un outil de design sonore ultra performant. Ceux qui à l'époque de la sortie de la Timeline se plaignaient d'être un outil difficile à maitriser peuvent passeur leur chemin. Pour ceux qui hésitent, le fait qu'on puisse faire de l'édition très rapide avec les potentiomètres de la face avant et de l'édition plus poussée en utilisant les menus disponibles via l'écran peut faire pencher la balance, d'autant que globalement, tout est assez logique. Un logiciel d'édition est disponible, il semble être plutôt sympa et facile d'utilisation, mais il ne tourne pas sur mon OS vieillissant, donc je ne peux pas en parler.

Donc, voilà, en conclusion, une bien belle bête pour ceux qui aiment bien se faire des sons de delay aux petits oignons. Très satisfait je suis!

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