IK Multimedia fut l’un des pionniers, avec Revalver, dans la simulation logicielle d’ampli de guitare avec leur fameux Amplitube, sorti initialement en 2002. Les Italiens reviennent huit ans plus tard avec une troisième mouture de leur produit phare. Alors, quoi de neuf ?
Même plus besoin de sortir de chez soi
Le logiciel s’installe donc sans encombre après téléchargement, sous Mac ou Windows, et l’interface montre le bout de ses pixels au bout de quelques secondes. La première étape est de configurer le logiciel en lui indiquant l’interface audio et MIDI que l’on voudra utiliser, pour ensuite régler la taille du buffer, ou mémoire tampon, qui aura un impact direct sur la latence d’Amplitube. Si la taille du buffer est petite (inférieure ou égale à 256 échantillons), la latence (temps entre le son entrant dans votre carte son et le son sortant de vos enceintes) sera faible, voire imperceptible, mais votre ordinateur devra supporter une charge plus importante et le son pourra être altéré (craquements audio) si la puissance de calcul venait à manquer. À vous de trouver le bon compromis suivant votre configuration. Une fois que cela est réglé, il ne vous reste plus qu’à plonger dans l’interface graphique d’Amplitube 3…
Par la fenêtre
Le logiciel propose trois modes de qualité : hi, mid et eco, du plus gourmand en terme de ressources au plus léger. Cela permettra de soulager votre machine si vos presets utilisent beaucoup d’effets simultanément. La qualité audio diminue légèrement avec les modes mid et eco, mais rien de dramatique et le logiciel reste tout à fait utilisable. À titre d’exemple, un preset occupant 25% de ressources processeur en mode hi, redescends à 19% en mode mid et à 11% en mode eco ! Ce n’est donc pas négligeable sur les petites configurations ou sur les sessions utilisant plusieurs instances du logiciel simultanément.
Enfin, il sera possible de sélectionner le contrôleur StompIO (799€) ou StealthPedal (199€) d’IK multimedia si jamais l’utilisateur a la chance d’en avoir un.
En cliquant sur un des éléments présents dans le chemin du signal, on le fait apparaître dans la partie principale de l’interface, située juste en dessous…
Pédales, amplis, enceintes et effets
Du côté des amplis, on retrouve pas moins de 31 modélisations (la liste est disponible ici), classées en 4 catégories (Clean, Crunch, Lead et Bass) avec une particularité intéressante : les étages de préamplification, égalisation et amplification sont totalement indépendants pour certains modèles (les plus anciens). Ainsi, il sera possible de combiner le préampli d’un Fender Bassman, avec l’égalisation d’un Marshall Plexi et l’amplification d’un Vox AC 30 ! Cela étend énormément les possibilités, et les aventuriers sonores qui aiment tourner des boutons des heures durant seront aux anges. Pour les frileux ou les puristes, un bouton « match » permettra de sélectionner automatiquement l’égaliseur et l’ampli associés au préampli. Ainsi quand on sélectionne un préampli Marshall, on est certain d’avoir l’égaliseur et l’ampli qui va avec. On retrouve donc dans la liste d’amplis des modèles incontournables signés Marshall, Fender, Vox, Orange, Mesa Boogie, mais aussi des amplis custom signés IK Multimedia. En bref, de quoi satisfaire le plus grand nombre. Chaque modélisation dispose de sa propre interface graphique et de ses propres réglages, ainsi on sait tout de suite à qui ont a affaire !
On continue avec les micros, au nombre de 15 : du dynamique, du statique et du ruban (la liste est disponible ici). Il sera possible d’en placer deux devant la gamelle virtuelle, de les mixer à son goût, de les placer plus ou moins loin de l’enceinte, et de les désaxer par rapport au centre du haut-parleur. L’utilisateur aura aussi le choix entre 5 pièces, du placard au hall, avec un réglage « width » permettant de contrôler l’espace entre les deux micros d’ambiance (apparemment des U47).
Enfin, on termine avec les 17 effets en racks, qui contrairement aux pédales, se placent après l’amplificateur. On retrouve des délais, des réverbes, des égaliseurs, des compresseurs, des effets de modulation, des pitchs (dont un harmoniseur), un swell (un auto volume) et un step slicer.
Vous l’aurez compris, les possibilités sonores offertes par Amplitube 3 donnent le vertige !
Passons maintenant à l’une des nouveautés de cette troisième mouture : l’enregistreur 4 pistes !
Un 4 pistes intégré
Le métronome propose cinq sons différents, un tempo allant de 60 à 240 BPM, et des signatures rythmiques « en veux-tu, en voilà ». Sans oublier les indispensables boutons de lecture, d’enregistrement et de mise en boucle.
Pour chacune des quatre pistes, il est possible d’activer une instance d’Amplitube en insert, qui sera totalement indépendante de ce qui se passe sur les trois autres pistes. En clair, vous pourrez enregistrer quatre pistes de guitare avec quatre sons différents, avec la possibilité de retoucher les réglages a posteriori. Évidemment, cela fera monter la charge de votre processeur, et c’est pour cela qu’il existe une fonction « freeze », comme dans un vrai séquenceur, qui permet de geler les réglages et le son de la piste afin de laisser souffler votre ordinateur. Pour finir, vous pourrez exporter votre chez d’oeuvre aux formats wav, cad, aiff et sd2.
Dans la pratique, ce petit séquenceur s’est révélé bien pratique et très complet. On a de quoi maquetter rapidement sans avoir besoin de lancer la grosse artillerie : un très bon point pour Amplitube 3.
Il ne nous reste plus qu’à brancher les guitares !
Et le son dans tout ça ?
Le logiciel a été testé avec deux guitares : une Fender Telecaster American Special et une Gibson Les Paul Studio.
Avec la Les Paul, on attaque les plus grosses saturations et un British Lead de bon augure tandis que les sons plus Metal peuvent devenir un poil agressifs si l’on ne trouve pas les bons réglages. À ce propos, on observe que les micros et leur position par rapport au haut-parleur transfigurent totalement le son et permettent de modeler le timbre sans même toucher à l’égaliseur. Cette fonction est assez indispensable, tandis que le fait de rajouter un peu de pièce permet de gagner en volume et de grossir un peu le son.
Les effets de modulations s’en sortent plutôt bien aussi, avec des chorus et des phaser convaincants et très utilisables. Les pédales de fuzz et de distorsion peuvent parfois apporter beaucoup de souffle (la Big Pig!) et de manière générale, le logiciel a un bruit de fond assez important sur les grosses distos par rapport à la concurrence. Il faudra donc jouer du noise gate…
Mais trêve de bla-bla, voici les exemples sonores :
- Telecaster Manche Phazer 1000:20
- Telecaster Manche Chorus 100:20
- Telecaster Chevalet British Blue Tube 30TB00:11
- Telecaster Chevalet Vintage Combo00:11
- Les Paul Chevalet British Lead 100:15
- Les Paul Chevalet Big Pig00:15
- Telecaster Chevalet British Copper00:11
- Les Paul Chevalet Fuzz Age00:15
- Telecaster Manche American Vintage D00:20
- Telecaster Manche American Vintage B00:20
- Telecaster Manche American Vintage T00:20
- Telecaster Chevalet British Lead00:11
- Les Paul Chevalet Metal Lead V00:15
- Les Paul Chevalet ProRat00:15
- Telecaster Manche Tube Clean 100:20
- Les Paul Chevalet Metal Lead00:15
- Les Paul Chevalet American Lead MKIII00:15
- Telecaster Manche Uni-V00:20
- Les Paul Chevalet OverScream00:15
- Telecaster Chevalet British Orange00:11
- Les Paul Chevalet British Tube Lead 200:15
- Telecaster Manche American Clean MKIII00:20
- Telecaster Manche Small Phazer00:20
Conclusion
On regrettera cependant un bruit de fond toujours présent dès que l’on monte le gain, et un prix supérieur à la concurrence (à quand une baisse de prix Monsieur IK?). Amplitube reste tout de même une valeur sûre et comblera les guitaristes désireux d’adopter un logiciel complet et performant.