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Vibratom Vibratom

« Génération Proteus »

Publié le 22/07/19 à 17:03
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Les utilisateurs avertis
Fabriqué aux USA en 2001, il se présente
sous la forme d'un boitier rackable 19" 4U tout en métal, y compris la façade.
L'alimentation universelle est intégrée.

Ultime déclinaison des Proteus 2000 (1999) et baroud d'honneur de la marque
il couronna la série avant la fusion Ensoniq / Emu et l'abandon
de la gamme par son nouveau propriétaire, Creative Labs.
Il enterrait n'importe quel synthé de ce type à sa sortie,
y compris le plus complet des japonais.
Il resta quelques années en lice et coutait environ 1100 euros en 2003.

Version verticale des Command Station (MP7, XL7 et PX7),
cet avis s'applique aussi à ces derniers pour l'essentiel.
La grosse différence entre les P2500/CS
et les différents avatars des Proteus 2000 et claviers,
est un contrôleur en façade bien plus complet.
Ils bénéficient aussi d'ajouts significatifs coté firmware.
Il est indispensable de le mettre à jour
pour corriger quelques bugs et étendre ses capacités.

Nous essaierons plus bas de mettre en avant ses particularités
qui font son intérêt encore aujourd'hui.

Quelques chiffres à relativiser car certaines
infos sont manquantes, ambiguës ou contradictoires dans la doc :
128 voies de polyphonie.
Multitimbral 32.
1172 PCM.
512 presets usine et 512 utilisateurs.
6 sorties individuelles.
2 blocs d'effets.
3 emplacements pour ROM additionnelles.

RTFM :
Si vous avez la documentation originale imprimée
il y a de fortes chances que toutes les fonctions
n'y soient pas listées. Il y a eu deux m.à.j du firmware
importantes documentées et disponibles en ligne (PDF).

Considéré par certain comme un simple "Rompler",
il s'avère être bien plus que ce terme fourre-tout
et cet avis ne saurait résumer sa richesse
tant ses possibilités sont vastes.

On ne parlera pas ici du MIDI, ni des mémoires,
ni de l'arpégiateur, des paterns, des riffs,
du séquenceur 16 pistes, tous complets.
Précisons tout de même qu'il y a 32 arpégiateurs
assignables à autant de canaux midi externes
en sus des 32 cannaux internes.

Synthèse de la synthèse :
Soustractive (DCO/DCA/DCF) doté de 128 voies "déclinantes",
autrement dit selon la complexité du preset
on peut utiliser jusqu'à 4 DCO par layers simultanément
divisant par autant la polyphonie à l'instar des autres marques.
Ils se structurent comme ceci : (Preset(Layer(Instrument)))
Il existe un mode chorus au niveau DCO diminuant encore de moitié
la polyphonie, on lui préférera donc le chorus du bloc effet B.

DCO, "Instrument" selon la terminologie EMU :
Servi initialement par une ROM Composer généraliste
de bonne qualité elle est commune au Proteus 2000
mais avec des presets différents tirant parti des possibilités du 2500.
Une ROM contient les PCM et les presets usine.

Fonction rare, on peut décaler le point de départ de lecture
de la forme d'onde initiale étendant sérieusement la matière de base.

On y gagnerait éventuellement à rajouter jusqu'à 3 autres ROM plus typées.
On ne reprendra pas la liste disponible ailleurs,
il y en a toute une collection et tous les domaines sont couverts.
Celles-ci ressemblent à des RAM SIMM 72 broches à insérer
à l'intérieur de la machine, ici pas de carte ou cartouche
accessible en façade et c'est bien dommage.

Notez en passant qu'il existe de rares et onéreuses "flash rom"
spécifiques à la marque où l'on peut charger ses propres PCM,
apparemment uniquement générées à partir d'un sampler EOS Ultra
d'où un intérêt relativement limité pour le coup.

Au chapitre des regrets on note l'absence de modulateur en anneau
entre les DCO et pas de réels carrés PWM mais des modèles à largeur fixe
néanmoins modulables via le "starting point" signalé plus haut.

LFO :
2 assignables via les PatchCords.
Hormis la richesse initiale des formes d'ondes,
certaines sont des composites (ex. sine+noise).
On peut appliquer des traitements en sortie multipliant
ainsi les possibilités (Lag, Quantizer/16, rectifier etc).
Ils sont pourvus de différentes options
comme les modes synchronisés ou libres,
fraction de BPM, délai initial, etc.

Filtre / DCF / Z-Plane :
Jusqu'à 12 pôles / 72 dB.
Termes marketing, le Z-Plane est simplement
une interpolation de deux filtres en parallèles variants dans le temps.
D'autres marques utilisaient ce principe bien avant sans ce terme ronflant
mais sans la richesse des filtres proposés ici, soit... 50 modèles!
Le nombre exceptionnel de filtres est LA particularité de ce synthé.
Malgré son age aucun fabricant n'a jamais fait aussi complet :
Des formants, des 303, des Oberheim ainsi que d'autres modèles exotiques.
Un bémol cependant, il n'est pas possible d'en chainer deux en série.

Notez que c'est ici qu'on trouvera un phaser
et pas dans la section effets comme habituellement
ce qui peut-être créatif mais pas vraiment utilisable pour le coup
puisqu'au détriment d'un LPF par exemple.

Dommage qu'il n'y ait pas une entrée audio externe
afin d'exploiter ces filtres.

Enveloppe / DCA :
3 de disponibles, ici aussi on joue l'originalité avec 6 segments
de type AADDRR et bien entendu on peut simuler la classique ADSR.
Sont aussi disponibles, un calage sur le BPM de la durée globale
et un mode repeat (bouclage de l'enveloppe.).

Matrice / Routage :
24 PatchCords brassant environ 40 sources vers 40 destinations.
Selon que l'on module les VCO ou Layer ce nombre varie.
Notez que des "arythmetic modifiers" s’appliquent ici aussi en modifiant
le signal de modulation, par exemple le "lag" lissant
le signal source initial à la manière d'un LPF.

Presets :
Une fonction inédite "morphant" certains signaux transitoires,
difficile à expliquer ici sans recopier le manuel,
mais en gros permettant le passage d'un preset
à un autre moins abruptement.

Une autre fonction inhabituelle est le Preset Random,
il permet de fusionner deux presets au hasard
et d'en générer de nouveaux qu'on éditera ensuite.
Trop minimaliste tout de même, seulement "enter",
on l'aurait apprécié plus riche avec un paramètre
de taux par exemple ou le choix des deux presets concernés.

Effets :
Deux blocs d'effets, une réverbération et un généraliste
essentiellement de la famille des délais modulés.
Par contraste avec la partie synthèse ils sont un poil faiblards,
on ne s'étendra donc pas dessus.

Conclusion :
Ayant et ayant eu un paquet de synthés de tout genres,
des analogiques, des numériques, des VST et des nettement plus modernes,
j'ai gardé celui-là car il propose des fonctions uniques
et curieusement absentes de productions plus récentes (brevets?).

On appréciera ses larges possibilités et sa relative facilité d'édition
malgré un afficheur limité, habituel pour l'époque.
Néanmoins la lecture du manuel est indispensable.
Le bloc d'encodeurs 4x4 est un gros plus par rapport aux Proteus 2000
et dérivés, mais on y gagnera quand même à dégrossir les sons à partir
d'un éditeur sur ordi via le port USB bien plus confortable.
On affinera selon les circonstances à partir de la façade.

On pourrait envisager l'utilisation d'autres ROM
pour gonfler les sons de base mais ce n'est pas forcement nécessaire
à moins que vous recherchiez des sons acoustiques et naturels
et là autant piocher dans des modèles plus récents
plus généreux coté sons de base.
Ayant la ROM Vintage Pro installée j'aurais envie de me contredire :)
C'est une collection vraiment utilisable et inspirante,
certains presets sont simplement de purs clones des machines originales.

On regrettera éventuellement une version plus moderne
et confortable avec un écran plus grand et explicite,
plus de ROM et/ou la possibilité de charger ses propres sons
directement à partir du port USB.

On notera enfin que les expandeurs d'aujourd'hui,
soit près de 15 ans après, font à peine mieux
et encore pas dans tout les domaines.

D'ordinaire je termine mes avis par une liste
de "pour" et "contre" mais dans ce cas là
tout est résumé dans le texte plus haut.

Astuce #1:
N'hésitez pas à le connecter en S/PDIF-AES
pour changer globalement la "couleur" du synthé,
une seule sortie stéréo est disponible dans ce cas.
J'utilise un TC Electronic M3000 comme convertisseur,
on y gagne en dynamique et clarté dans les aiguës.

Astuce #2:
Le P2500 à une faiblesse de conception connue,
l'alim à découpage interne claque fréquemment
et il est difficile de la remplacer.
Quand vous vous servez du "Power" en façade (en haut à gauche)
il se met en veille après un compte à rebours
mais ne s'éteint pas réellement, l'alim continue donc de tourner à vide.
Très mauvais pour les composants qui s'usent prématurément.
Utilisez le bouton "Power" au dos de la machine
qui lui coupe totalement le jus, en plus c'est "écolonomique".