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< Tous les avis Pioneer Toraiz SP-16
revega revega

« BEAUTY SOUND LIMITED  »

Publié le 19/10/23 à 08:46
Rapport qualité/prix : Correct
Cible : Tout public
Dans l’histoire de la musique le sampleur a eu une place un peu à part et, il faut le reconnaitre, en dent de scie. Il faut simplement remonter à 1979 voir début 80 pour trouver le premier échantillonneur ‘grand publique’ (c’est relatif) au travers de CMI Fairlight. Véritable machine de guerre qui engendra une véritable révolution chez tous les artistes l’ayant approché (Kates Bush, Peter Gabriel, Jean Michel Jarre comme d’hab, Vince Clark qui en avait plusieurs, Giorgio Moroder voir les doux frappadingues anglais de Coil sur leurs premiers disques). L’appareil coutait une fortune (entre 12000 et 20000£ selon les versions) mais donna naissance à toute une flopée d’enfants inspirés et inspirants (E-mu Emulator, Ensoniq EPS/ASR10) et toute la gamme de Akai MPC (merci Roger Linn) inspiré du SP1200 de EMU. Courant 90 ce sont des ribambelles de produits dérivés et intégrés aux 'workstation' qui embarquaient la fonction 'sample' dans des machines complexes et taillées pour la prod.
Pas la peine de faire la liste de tout ce que cet instrument incroyable à engendré comme tube ou aidé certains genres musicaux (Rap, Breakbeat, Musique concrète, Electro, Techno etc etc) depuis plus de 40 ans, sans parler de sa mutation naturelles sur tous les DAW’s d’aujourd’hui. Avec l’apparition des ordinateurs le sampling n’est plus une exception et son utilisation a aussi changé sur bien des points.
La question qui demeure c’est: quel intérêt a t’on de vouloir aujourd’hui un sampleur hardware?
La réponse est simple. Avoir un outil autre que l’ordinateur, nomade, pour générer des idées, piquer des trucs de ci de là, assembler, casser, refaire, effacer, scotcher, adapter.. en bref bidouiller avec ses oreilles. Faut reconnaitre, ça change tout!
Alors sur ce point Pioneer, pas en reste des équipements DJ, sortait le Toraiz sp16, un sampleur à la 'MPC' mais plus restreint et surtout plus facile d’accès ('DJ style' quoi)
Très belle machine en métal et très bien finie tant au niveau de l’écran, des potards (eux aussi métalliques) que des pads de qualité. Bel éclairage pas fatiguant et un écran de bonne facture. Là dessus rien à dire c’est très bien fait.
La prise en main ne requière pas un doctorat en physique quantique mais demande un peu d’exercice pour s’y retrouver. Une fois que l’on tient la méthode tout va assez vite. On enregistre on assigne on filtre (de différentes manières) on compresse, on abîme le son ou on le bourre d’effets. Ce qui m’a déstabilisé c’est l’édition du sample en tant que tel, je n’ai pas trouvé l’enveloppe très précise et ça manque d’efficacité (j’avais souvent un clic sur certains samples mais est il le seul à avoir ce défaut?).
La mémoire interne est de 8 Go, un peu court mais on peut récupérer sur ordi les vieux projets.
Question limitation on a aussi 64 pas maximum, 16 instruments (en même temps ça sert à rien d'en mettre des caisses) et des effets comme la reverb pas top. Là ou j’ai un peu déchanté c’est sur l’utilisation du filtre Dave Smith Prophet 6. En fait, c’est assez 'marketing' et pour être franc, ça le fait pas trop. Je m’explique. Le Prohet 6 que je connais très bien et que j'aime beaucoup à la particularité, avec son filtre, de ne pas sonner super clairement en polyphonie, c’est pas un handicap mais ce n’est pas un point fort chez lui (c’est sûrement son seul vrai défaut). Et le problème se pose de la même manière pour le Toraiz. Une fois que vous jouez plusieurs samples un peu complexes, le filtre ne va pas se comporter dans la finesse et l’on perd pas mal en définition. Si on le coupe on perd immédiatement en dynamique et en gain (la brioche qui s’effondre). Pour moi c’est un peu le soucis de ce Toraiz. On pourra se demander pourquoi la marque n’a pas essayer de cloner celui de l’ASR 10 de Ensoniq ou celui de l’Emax de Emu voir d’en développer un plus adapté et moins ‘brouillon’ ( le R&D d'un tel filtre devait sûrement plomber le cahier des charges). Grave? Non du tout et en fonction des samples utilisés et votre approche de l’instrument vous en tirerez un son tout de même très bon et bien coloré. Il faut considérer le filtre du P6 comme un plus et s'en servir avec un peu plus de sobriété (ne pas en faire trop d'un coup).
Et puis j’avoue que et si j’avais eu ce Toraiz il y a 20 ans j’aurai passé des nuits entières à le retourner dans tous les sens et produire des sons que je ne pouvais pas faire à ce moment là.
Dommage alors de se dire qu’une V2 corrigeant quelques défauts avec l'apport d'un autre filtre ne verra probablement jamais le jour (Pioneer est à vendre depuis un moment et le développement de cette gamme semble abandonné)
L’idéal est de vous faire une idée bien à vous sur cette bécane chaleureuse, bien dessinée, bien pensée, très attachante et déjà hors catalogue.
Enjoy!