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< Tous les avis Rupert Neve Designs Portico II
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« My God! »

Publié le 04/08/16 à 00:17
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Les utilisateurs avertis
Ca faisait longtemps que je rêvais des produits Neve et que je me documentais sur les différents modèles d'époque, ceux sortis par AMS, ceux par Rupert Neve Designs, les clones dont certains semblent excellents en me disant "un jour peut-être..." mais sans vraiment y croire. Jusqu'ici c'était un fantasme, quelque chose qui ne devait pas être pour moi, simple amateur, tant ces machines paraissent construites sans compromis et arborent des prix affolants qui présupposent qu'elles soient amorties par une activité commerciale. Sinon quoi, on tombe dans le caprice, dans le GAS comme diraient certains...

Les années ont passé et le matériel moyen de gamme s'est accumulé et divisé en deux catégories. D'une part ce que j'utilisais abondamment et d'autre part, ce qui tenait plus de l'anecdotique ou de la découverte pure et simple. Avec acharnement et grâce à des sites comme AF (rendons à César...), la curiosité a cédé sa place à l'intérêt duquel a découlé une expérience croissante et sans cesse plus vorace d'outils performants pour matérialiser une idée.

Il ne fallait pas être mathématicien pour comprendre que la revente de 4 ou 5 objets de valeur moyenne pouvait aisément financer l'acquisition d'un objet de grande valeur. Alors pourquoi pas un produit haut de gamme? Et pourquoi pas un produit Neve? Oui mais lequel? Et pour quoi faire? Je cherchais quelque chose qui pourrait être aussi utile en home studio qu'en live, quelque chose dépourvu de lampes, trop fragile pour du nomade, et qui pourrait magnifier une source. Ma voix par exemple! Donc un preamp mono... Et pourquoi pas une tranche de console qui offrirait plus de possibilités? C'est ainsi qu'est née l'idée d'acheter un Portico.

Désolé pour ce long démarrage mais l'intro est à la hauteur de la machine : généreux! Evidemment, on ne se rue pas sur ce genre de matériel sans des avis experts et des précisions pour s'assurer que ça cadre bien avec ce que l'on recherche. A ce niveau je dois bien avouer que le seul avis laissé sur AF par Robin Schneider m'a donné l'envie d'en savoir plus sur le potentiel réel de cette machine. Et quelques échanges avec le principal intéressé ont fini par me persuader que c'est un outil qui offre énormément de possibilités, qui peut être à la portée d'un amateur éclairé et qu'on ne regrette pas.

Quelques mois plus tard, je faisais l'acquisition du Portico 2 de Jean-Félix Lalanne et aujourd'hui je faisais ma première prise avec.

Alors c'est bien beau tout ça mais ça sonne comment???

Je ne reviendrai pas sur les détails techniques décrits par Robin ou les spécifications reprises sur le site de RND et du mode d'emploi, par ailleurs très bien foutu! Je m'attarderai sur le son qui sort de cette tranche. On est occupé à enregistrer une démo et dans ce cadre, le bassiste du groupe est venu avec une basse d'entrée de gamme (Sterling Ray 4) dont il ne parvenait pas à obtenir un son appréciable à la maison...

On a branché via l'entrée DI et monté le son, toutes sections bypassées dans un premier temps. C'était droit mais sans fioritures. Puis on s'est intéressé à la partie compression. Je précise que je n'avais JAMAIS manipulé l'appareil, on y est donc allé à tâtons. On a commencé par régler le comp, en choisissant de travailler sur les crêtes du signal. Puis on est passé en mode feedback. D'un coup, le son a attrapé du corps (renforcement du bas) et dans l'excitation, on a tourné le blend au max, poussant la compression parallèle dans ses retranchements. Le son devenait carrément mordant. Puis vint enfin la cerise sur le gâteau... Les textures. On a essayé la rouge (à fond)... On a essayé la bleue (à fond également)... Et là, on n'a plus bougé à rien. L'enregistrement pouvait commencer. My God! C'est comme si sa basse venait d'absorber virtuellement une dose d'amphétamines! Le son était plein, détaillé, vivant en quelques sortes… Il nous a tellement plu qu'on n'a pas ressenti le besoin d'utiliser l'EQ… Et tout ça s'est fait avec une rapidité déconcertante. Moi qui pensait devoir y passer des plombes pour sortir quelque chose de valable, j'ai été littéralement surpris par la rapidité de la prise en main!

Vous l'aurez compris, ça reste un avis à chaud. Je dois encore faire passer ma voix dedans et comprendre toutes les subtilités de l'appareil. Mais une chose est sûre : ça magnifie bel et bien le son qui entre à l'intérieur et rien que ça a un impact direct sur la performance qui s'en suit. Bref, à ce stade je ne regrette pas du tout cet achat. Plus d'info dans un edit à venir, très probablement...

PS : Encore merci à Robin! ;-)

EDIT 1 : j'ai eu l'occasion d'utiliser le Portico2 en répète, en remplacement des preamps de mon interface audio Apollo Quad qui sont très corrects et évidemment, il y a une différence, surtout quand on abuse de la texture bleue qui dope littéralement le son et lui donne du caractère… Le son a plus de consistance et de détails. Mais le revers de la médaille c'est qu'un son aussi dense diffusé dans un espace (même traité) nécessite une bonne connaissance de la machine! On n'est plus dans la situation d'un enregistrement au casque… Par rapport aux preamps de mon Apollo, j'ai eu plus difficile à obtenir du niveau sans départ de larsens et ce même avec des coupes franches dans les hautes fréquences. J'ai testé différentes choses pendant la séance mais j'ai quand même galéré, je dois l'avouer. J'hésite à poursuivre avec le Portico2 en live tant j'ai peur de ne pas gérer dans les petits espaces. A voir à l'usage si je parviens à dompter la bête!

EDIT 2 : après des mois d 'utilisation, j'ai finalement décidé de me séparer du Portico 2 dont j'ai principalement utilisé la texture silk (rouge), poussée au taquet et évidemment la section EQ et comp. Couplé au TLM170R (réputé pour avoir une bosse dans le mid moins prononcée que le U87), j'obtenais systématiquement quelque chose de très chargé, sur pratiquement tout le spectre des fréquences. N'ayant pas une pièce traitée comme il se doit, je me suis retrouvé à devoir tailler pas mal à l'EQ (en amont et en aval), notamment dans le milieu et haut pour étouffer d'une part le côté nasal de ma voix et d'autre part pour atténuer les problèmes de sibilantes. En regard d'autres preamps, je trouve le rendu du Portico 2 plutôt "agressif" sur ma voix et très chargé dans l'énergie qu'il délivre. Étrangement, mon Portico 5017 ne donne pas du tout les mêmes résultats. En sortie de ce "petit" preamp, je n'ai pratiquement aucune coupe à faire et la voix s'insère dans le mix sans forcer. La texture silk (via simple commutateur) me semble moins prononcée que celle du Portico 2 quand elle poussée au taquet et les options sont évidemment plus rudimentaires. Mais le gain de temps est énorme pour moi. Sur une basse, comme expliqué plus haut, j'ai par contre obtenu de très bon résultats avec le Portico 2 et tout cela m'amène à penser qu'il est beaucoup plus à l'aise pour magnifier spontanément des sources qui nécessitent de la nervosité (kick, basse, etc). Je comprends mieux aujourd'hui pourquoi j'ai rencontré autant de soucis de larsen en répète avec cette tranche de console. La réponse est tellement survitaminée qu'il est difficile de l'utiliser en live dans de petits espaces (locaux de répète). Donc voilà, je viens éditer mon avis pour éclairer ceux qui s'intéressent à cette bête car je reste persuadé que bien utilisé mais surtout utilisé en conditions adaptées, ce Portico 2 peut donner des résultats surprenants. Perso, je n'ai pas pu arriver jusque là et j'ai préféré m'orienter vers autre chose. Je laisse les 5 étoiles parce que ça reste une bécane très polyvalente dans son architecture et à sens un outil qui s'inscrit dans une chaîne audio et un contexte résolument pro.