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pujol813 pujol813

« Premier avis sur cette copie accessible du 1073 »

Publié le 17/03/18 à 00:34
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Tout public
Tout d'abord un remerciement au magasin Music Action à Toulouse chez qui j'ai pu acquérir, à mes frais et plein tarif, je le précise en premier lieu et le jure sur la mémoire de Lemmy Kilminster, un des premiers exemplaires importés en France. Cela faisait longtemps que je souhaitais m'offrir un préamplificateur de cet acabit susceptible d'élargir mes prises de son dans mon home-studio. J'enregistre des guitares électriques, acoustiques, du dobro, du banjo, du lapsteel, des basses, des petites percussions, de l'harmonica et des voix. Le reste vient d'instruments VST. Pour les guitares électriques, j'utilise un classique Sennheiser e906, pour les acoustiques, un Audio Technica AT2031, et pour les voix, un Blue Bottle cardioïde de qualité très satisfaisante. Le tout est branché sur une interface SPL Crimson et file dans Logic.
J'ai déballé la copie 1073 et bon, il faut avouer qu'après avoir beaucoup lu d'avis autorisés et d'interviewes d'ingénieurs réputés qui ne jurent que par cet antique circuit, l'aspect m'a intimidé. Disons quelques secondes. Je vous le fais rapide : " Whaw ! Ce mythe est posé là, sur ma table !". Pour les specs, je vous invite à vous référer aux fiches techniques en ligne, qui ne manquent pas.
Afin de tester la machine, j'ai effectué trois prises de son sur un titre de type punk rock 77. Quitte à faire dans le british, régressons vintage.
J'ai commencé par enregistrer une partie de guitares telecaster rythmiques doublées, en son Marshall cranked en sortie de cab. D'abord, le e906 positionné face au HP, direct dans la carte son, et ensuite, en passant par le 73. Résultat : un univers d'harmoniques surgit dans les haut-parleurs à la restitution. Là où, avec les prises initiales, il me faut bidouiller avec des égaliseurs et des compresseurs pour monter la guitare dans le mixage, il suffit, avec les secondes, de pousser les faders de Logic puis d'orienter les panoramiques, et le tour est joué. Hey ! On parle de mise à plat, pas plus. Les guitares sont larges, précises et le grain croquant-fondant de l'ampli est rendu avec un truc en plus. Quel truc ? Eh bien, exactement celui dont nous avons tous entendu parler : l'effet "in your face". Ce n'est plus un Graal inaccessible.
Deuxième essai mais, cette fois, avec une basse. Houmpf ! La basse bondit comme un bison sauvage dans les prairies (j'exagère toujours un peu) et je comprends subitement pourquoi elle sonnait sur les disques et jamais chez moi, cette coyote à foie jaune. Au jeu au mediator, les notes se détachent et claquent leur race dans ma face de pet. Pas besoin de compresseur en entrée, le préampli poussé au max du gain et baissé au volume de sortie écrête suffisamment le signal pour apporter cette présence difficile à reproduire avec les plugins. Attention toutefois à ceux qui, comme moi, frise un poil sur les frettes : les transitoires pètent plus que ne l'on pense. En revanche, en entrée DI, je trouve que cela manque un peu de gain. Et les micros de ma basse, des Delano, ne passent pourtant pas d'ordinaire pour être mous du genou.
Passons à la voix. J'ai fait un certain nombre d'essais. Je précise que je suis un médiocre vocaliste sous-doué mais persévérant. Sur des voix lead en plain-chant, on peut reculer à 30/50 centimètres de la capsule, ça reste défini dans le médium et, grâce aux trois bandes d'égalisation, on peut rattraper les défaillances vocales et/ou les imperfections de la room. C'est sur les prises de voix que j'ai justement approché cette fonction primordiale du préamplificateur. Le coupe-bas en premier lieu. J'ai la chance d'avoir une pièce isolée donc, peu de rumble à virer, mais, quand vous ôtez du 360 Hz, vous castrez pas mal l'organe masculin et les parties velues de la basse. Sur des voix de proximité, vous envoyez un peu de 110 Hz et vous avez la voix chaude bouillante du crooner. Sur les médiums, les bandes de fréquences, certes bien choisies, détimbrent rapidement la voix, en additif comme en soustractif. Les aigus peuvent vous donner cet air si confortable en haut du spectre ou couper les sybillances envahissantes. À noter, pour les geeks, que trois bandes d'aigüs sont disponibles au lieu d'une seule sur le circuit d'origine. Sur les prises guitares, c'est un régal de choisir quelles fréquences médiums on souhaite faire résonner ou saquer.
À chacun de savoir s'il veut égaliser à la prise. Moi, j'aime. J'ai appris et pratiqué de la sorte il y a plus de trente ans, à la radio comme en studio.
D'une façon générale, la présence sonore des pistes enregistrées se vérifie en visionnant les courbes agrandies dans la STAN. C'est plus large et écrêté que transparent et modulé. Mais c'est ça qui, à l'oreille, vous perce un deuxième trou du cul et vous le comble d'emblée. Violente et intense, l'expérience. Comparable à la saturation des magnétophones à bande que j'ai longuement tutoyés. Du coup, j'ai envoyé du son charnu dans Logic sans emboutir les convertisseurs de l'interface.
Les commandes en façade sont solides en main, particulièrement le potard qui régit le volume des médiums -est-ce mon exemplaire ? Les potentiomètres crantés sont durs et rassurants, les switches également. Toutes les fonctions tombent sous la main. Je n'ai pas utilisé la boucle mais je suppose que l'adjonction d'un compresseur peut, à qui aime cela, faciliter et grossir les prises de basse.
Il n'y a pas de manuel d'utisation, le constructeur suppose en conséquence que vous savez vous servir de ce genre de machine avant de l'acheter.
Ceci constitue, je le confesse, un avis certes donné à chaud mais avec quelques méthodes. Je le résume en quelques mots : la couleur "Nevesque" n'est pas qu'une touche de grey RAF dans un rack, c'est une présence extra large et gorgée d'harmoniques sur les pistes.
Cheers !