Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Agrandir
Ajouter ce produit à
  • Mon ancien matos
  • Mon matos actuel
  • Mon futur matos
Process Audio Spicerack
Photos
1/8

Test de Process Audio Spicerack

Distorsion / saturation logicielle de la marque Process Audio

Écrire un avis ou Demander un avis
Test écrit
20 réactions
Trancheur de Decapitator ?
9/10
Award Valeur sûre 2022
Partager cet article

En seulement deux plug-ins, les gens de Process Audio se sont déjà taillé une sympathique réputation dans le monde de l’audio : celle de faire des outils bien pensés par et pour les ingénieurs du son, avec une attention particulière pour le rapport simplicité/efficacité. Du coup, on est bien curieux de voir leur relecture du processeur de saturation…

Test de Process Audio Spicerack : Trancheur de Decapitator ?

Fab Dupont n’est pas qu’ingé son et produc­teur, c’est aussi un péda­gogue qui ne se lasse jamais de parta­ger son savoir comme d’ap­prendre de nouvelles choses (ensei­gner, c’est apprendre deux fois, dit-on) via la plate­forme Pure­mix et de décou­vrir de nouveaux outils. Du coup, lorsqu’il imagine le parfait plug-in de satu­ra­tion pour répondre à ses besoins, il a à la fois des exigences fonc­tion­nelles comme des attentes ergo­no­miques : il s’agit de conce­voir un outil qui couvre le maxi­mum de besoin tout en demeu­rant simple à utili­ser. Et c’est de cette double volonté qu’est né Spice­rack, un plug-in combi­nant plusieurs algos de satu­ra­tion du signal sucep­tibles d’être utili­sés dans la produc­tion et le mixage audio (lorsque Quincy Jones demande une caisse claire plus « gritty » à Bruce Swedeen sur Billy Jean) ou le maste­ring (pour renfor­cer la cohé­rence d’un mix, gagner en loud­ness et sonner plus gros).

Souli­gnons-le d’em­blée en effet, il ne s’agit pas ici d’une distor­sion « créa­tive » au sens où le regretté Thrash d’Izo­tope, le Dist COLD­FIRE d’Ar­tu­ria ou le Fabfil­ter Saturn peuvent l’être : il n’est ainsi pas ques­tion ici de modu­la­tions dans tous les sens ou de filtre multi­mode réson­nant pour faire du sound design barré, mais bien de dispo­ser d’un outil poly­va­lent pour sculp­ter vos sons, appor­ter du carac­tère à vos pistes comme à vos mixes voire vos masters. On est donc plus dans un outil qui se place en face du SDRR de Klan­ghelm, du Spectre de Waves­fac­tory, du KClip 3 de Kazrog et surtout du Deca­pi­ta­tor de Sound­toys qui demeure le plug le plus popu­laire dans le genre auprès des ingés son…

Cinq majeur

interfaceÀ la diffé­rence de ce dernier, il n’est toute­fois pas ques­tion d’ému­ler telle ou telle satu­ra­tion typique d’un modèle de préamp mais de propo­ser un choix plus large de trai­te­ments : en marge des atten­dus Drive (satu­ra­tion typé tran­sis­tor) et Tube (satu­ra­tion typée vintage basée sur la modé­li­sa­tion de tubes AU7), on dispose ainsi d’Amp, modé­lisé d’après un ampli guitare High Gain (proba­ble­ment un Mesa­Boo­gie), Fuzz, modé­lisé d’après des pédales de… fuzz, et enfin Lo-Fi qui conci­lie down­sam­pling et bitcru­shing pour dégra­der le son…

Cinq « saveurs » pour cinq boutons au sommet de la fenêtre, ce qui est moins que Kclip ou Spectre, mais s’avère plus que Deca­pi­ta­tor dont les cinq modes sont plus proches (émula­tion de préamps Ampex, EMI, Neve et d’un Culture Vulture), et suffit très proba­ble­ment à couvrir tous les besoins sans pour autant se prendre deux heures la tête sur le choix de l’algo qui convient, vu que trop de choix tue parfois le choix. Chacun verra midi à sa porte sur ce point…

Histoire que vous perce­viez bien leurs carac­tères distincts, voici d’ailleurs nos cinq lascars dans des réglages extrêmes, en utili­sant un drive à 75% et un un son 100% wet sur une batte­rie puis une guitare :

drum­sDRY
00:0000:07
  • drum­sDRY00:07
  • drum­sDRIVE-7500:07
  • drum­sTUBE-7500:07
  • drum­sAMP-7500:07
  • drum­sLO-FI-7500:07
  • drum­sFUZZ-7500:07
  • guitar­DRY00:10
  • guitar­DRIVE-75(2)00:10
  • guitar­TUBE-75(2)00:10
  • guita­rAMP-75(2)00:10
  • guitarLO-FI-75(2)00:10
  • guitar­FUZZ-75(2)00:10

drivePremier constat appré­ciable : on dispose vrai­ment de cinq satu­ra­tion bien diffé­rentes et qui, selon les cas, sans même avoir à jouer de l’EQ, s’avè­re­ront plus ou moins brillantes ou sombres, plus ou moins agres­sives aussi dans les médiums… Il y a de quoi faire donc, de la gentille colo­ra­tion à la destruc­tion massive du signal. À la manière du Punish de Deca­pi­ta­tor, un bouton permet d’ap­pliquer un boost de +18 dB en entrée, et autant vous dire qu’avec ce dernier en pous­sant le drive, on peut vrai­ment aller dans le registre de l’ul­tra-satu­ra­tion !

Deuxième constat appré­ciable : on dispose d’une fonc­tion de compen­sa­tion de gain qui permet de ne pas se lais­ser abuser par le « ça sonne mieux parce que ça sonne plus fort ». Et il est d’au­tant plus impor­tant de le mention­ner que nombre de plug-ins, parfois chers et vendus pour être « pros », n’in­cor­porent pas encore une telle fonc­tion, obli­geant à jouer sans cesse avec le potard de sortie pour pouvoir juger objec­ti­ve­ment d’un trai­te­ment… Or en l’oc­cur­rence, Process Audio a bien fait les choses puisqu’on dispose même de la possi­bi­lité de cali­brer cette dernière : quelques secondes déter­minent alors le niveau LU du signal en entrée pour s’as­su­rer que la sortie propose le même niveau moyen…

Mais ce n’est pas tant pour cela que Spice­rack se distingue car Process Audio a eu à cœur d’al­ler un peu plus loin avec son joujou en lui adjoi­gnant plusieurs fonc­tions malignes.

EQ sens dessus dessous

gateCela commence par un Noise Gate salu­taire dès qu’on monte un peu trop le gain de la satu­ra­tion pour ne pas se retrou­ver avec une bouillie sonore enva­his­sante. Ce dernier propose en seconde inten­tion tous les réglages néces­saires en plus du taux de réduc­tion et du seuil : attaque, relâ­che­ment et possi­bi­lité d’être déclen­ché par une entrée laté­rale flanquée d’un coupe-haut et d’un coupe-bas…

eqMais on appré­ciera surtout l’in­té­gra­tion d’un EQ para­mé­trique composé d’un coupe-bas et d’un coupe-haut avec des pentes pouvant aller de 12 à 48 dB par octave et d’un filtre en cloche, en complé­ment d’un réglage Tone qui n’est autre qu’un EQ Tilt : voilà qui bien pratique pour aller vite fait vers quelque chose de plus brillant ou plus sombre… Et cerise sur le gâteau, sachez qu’il est possible de chan­ger le routing pour placer l’EQ en amont ou en aval de la satu­ra­tion… Voilà qui étend consi­dé­ra­ble­ment le terrain de jeu et ne souffre aucune critique si ce n’est peut-être le design parti­cu­lier du module qui n’a rien de très intui­tif avec son orien­ta­tion verti­cale : « on dirait une vulve » a commenté notre newseuse en voyant ce parti-pris. Et c’est vrai que ça y ressemble, sans qu’on y trouve de réel inté­rêt : cela fait un élément qui bouge sur l’in­ter­face mais on ne peut pas dire que cela amène vrai­ment des infos… Pas sûr qu’on n’au­rait pas préféré un aperçu de la forme d’onde plus tradi­tion­nel avec les pics distor­dus en couleur comme c’est devenu une conven­tion depuis le Pro-L de Fabfil­ter, ou encore un aperçu péda­go­gique de l’écrê­tage comme le propose le Tran­trum de Crea­tive Intent…

En dehors de ce détail, vous me direz que tout cela est très bien mais qu’on ne va pas non plus crier au génie pour un Gate et un EQ pre ou post-trai­te­ment… Soit, mais en marge d’autres fonc­tions de base (dosage du signal, trai­te­ment en stéréo clas­sique ou M/S), Spice­rack propose deux choses qui pour­raient bien faire la diffé­rence avec ses rivaux.

Ces petits plus qui font la diffé­rence

commandLa première tient dans la capa­cité des diffé­rentes instances du plug-in à commu­niquer entre elles. De fait, un panneau esca­mo­table permet de voir toutes les occur­rences de Spice­rack sur vos pistes ou bus et d’ac­cé­der à leurs réglages essen­tiels : choix de l’algo de satu­ra­tion, Drive, Mix et niveau de sortie. Voilà qui s’avère diable­ment effi­cace pour faire des essais comme des réglages d’équi­libre sans avoir à ouvrir et fermer 15 inter­faces : le genre de fonc­tions qui sent le vécu d’avoir 15 Deca­pi­ta­tor dans son projet…

Mais en marge de ce confort, l’im­por­tant se trouve toute­fois dans le son, sachant qu’en marge d’un rééchan­tillon­nage pouvant aller jusqu’à 8x, l’édi­teur a aussi passé un certain temps à déve­lop­per une fonc­tion qu’on ne voit habi­tuel­le­ment pas dans les proces­seurs de distor­sion : un mode à phase linéaire qui va jouer sur tous les filtres présents dans le soft…

lineraphaseÉvidem­ment, cela se fait au prix d’une latence plus impor­tante comme d’une plus grande consom­ma­tion CPU, mais on s’aperçoit vite de la diffé­rence que cela induit en termes de résul­tats sonores, surtout sur un trai­te­ment qu’on aime doser en paral­lèle, ce qui génère inva­ria­ble­ment des problèmes de phase lorsque le signal traité se retrouve confronté au signal origi­nal… Et c’est sur ce point qu’on se rend compte que le recours à un ingé son lors de la concep­tion pèse posi­ti­ve­ment sur les quali­tés du plug-in…

Pour vous convaincre de l’uti­lité d’une telle fonc­tion, voyez dans le haut du spectre ce qu’il advient de la ride et de la pédale de la char­ley sur cette boucle de batte­rie trai­tée sans phase linéaire, puis avec phase linéaire :

BRUSH­room­side
00:0000:08
  • BRUSH­room­side00:08
  • BRUSH­room­si­de­LIN00:08

La même chose avec une basse, d’abord sans phase linéaire où le bas est « mangé », puis avec où il retrouve de sa superbe. Et quand on sait à quel point il est courant d’uti­li­ser deux ou trois prise de basse en paral­lèle au mixage (une DI, une ampli­fiée et une satu­rée), on voit de suite le gain de temps que permet ce genre de fonc­tion :

BASSAMP­non­lin­phase
00:0000:04
  • BASSAMP­non­lin­phase00:04
  • BASSAM­Plin­phase00:04

Pour moi, ce mode à phase linéaire est sans conteste LA fonc­tion géniale de ce Spice­rack, qu’on voudrait voir partout ! Grâce à lui, on sera d’au­tant plus à l’aise pour bosser avec sur des éléments où les problèmes de phase ont vite fait de surve­nir (prises de batte­rie ou d’ins­tru­ments avec plusieurs micros) et peut-être même sur un master où le mode M/S saura aussi se rendre utile, bien que Process Audio ne commu­nique pas sur cet usage, proba­ble­ment parce qu’on ne peut pas aller régler en détail des harmo­niques de chaque algo comme chez Vertigo ou Black Box, ou pour ne pas brouiller sa com’… En marge de la satu­ra­tion osten­ta­toire, on se rend en tout cas compte que Spice­rack peut ainsi servir d’ex­ci­ter comme il peut aussi agir sur la largeur stéréo :

BRUSH­dry
00:0000:08
  • BRUSH­dry00:08
  • BRUSHex­ci­ter(2)00:08
  • BRUSH­room­si­de­LIN00:08

Certains regret­te­ront peut-être qu’il n’y ait pas de réglages plus avan­cés, qu’il n’y ait pas plus de types de satu­ra­tions dispo­nibles (satu­ra­tion de bande par exemple ou de HP endom­magé comme chez Kazrog), ou encore que Spice­rack ne soit pas multi­ban­de… Gageons toute­fois que ces ajouts auraient singu­liè­re­ment alourdi le plug sur le plan fonc­tion­nel et donc ergo­no­mique alors qu’on sent bien que Process Audio a, comme avec Sugar, eu à coeur de demeu­rer simple et effi­ca­ce… 

Conclu­sion

Tout comme avec Sugar et Deci­bel, Process Audio signe avec Spice­rack un logi­ciel qui conci­lie qualité de son, poly­va­lence et excellent rapport simpli­cité/fonc­tion­na­li­tés pour un prix tout à fait correct… Bref, on tient là un joli couteau suisse qui sera perti­nent pour la prod et le mixage, et sans doute même pour le maste­ring grâce à l’at­ten­tion parti­cu­lière qu’il porte à la phase. De quoi en faire votre « Go to Sat » ? Les argu­ments ne manquent pas en tout cas et vous seriez bien avisé d’al­ler télé­char­ger la démo pour vous faire votre propre idée. Pendant ce temps-là, on se demande bien sur quels lauriers s’est endormi Sound­toys pour n’avoir pas sorti un plug-in depuis cinq ans, ni avoir pris le soin de faire évoluer son excellent Deca­pi­ta­tor depuis plus de douze ans… On sent bien du coup que le trône des satu­ra­tions logi­cielles orien­tées mixage / prod n’est pas âpre­ment défendu et que ce Spice­rack a tout ce qu’il faut pour s’y hisser…

9/10
Award Valeur sûre 2022
Fabrication (?) : France
Points forts
  • 5 algos de qualité pour couvrir tous les besoins en mixage / prod voire en mastering
  • Le précieux mode à phase linéaire qui permet d'utiliser le Dy/wet sans mauvaise surprise !
  • La compensation automatique du gain
  • Un gate efficace
  • La possibilité de travailler en M/S
  • EQ pré ou post-traitement, et combinant paramétrique et Tilt pour la simplicité
  • Interface bien pensée
  • La possibilité de commander toutes les instances du plug-in depuis une seule et même fenêtre
  • Un bon rapport simplicité/fonctionnalités qui rend le plug efficace
Points faibles
  • Visualisation du signal originale mais sans grand intérêt
Auteur de l'article Los Teignos

Si j'avais eu le physique, nul doute que j'aurais fait un grand Sumo, mais vu que je ne pèse que 80 kg, j'occupe mon temps comme je peux entre musique et littérature.


Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre
Auteur de l'article Los Teignos

Si j'avais eu le physique, nul doute que j'aurais fait un grand Sumo, mais vu que je ne pèse que 80 kg, j'occupe mon temps comme je peux entre musique et littérature.