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Zuma Otto Rivers Zuma Otto Rivers

« Un synthé presque parfait... »

Publié le 26/06/22 à 17:58
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Tout public
Acheté en 2018, et utilisé quotidiennement depuis dans mon home-studio, pour compléter mon piano numérique Dexibell Vivo S9 (sons de pianos acoustiques, Rhodes, Wurlys, et orgues en tout genre) avec de « vrais sons » synthétiques.
Branché dans une carte-son Steinberg UR242 et enregistré dans Cubase, écouté via des enceintes Yamaha HS7.

Je précise, c'est - pour l'instant ? - mon premier et mon seul vrai synthé hardware. C'est avec lui que j'ai appris à programmer des sons en synthèse soustractive.

Le premier contact est plutôt bon. La couleur jaune (type stylo Bic orange vintage) ne laisse pas indifférent. Moi j'adore, mais j'admets aimer les trucs kitsch. Le design est clairement inspiré des 70's, avec quelques encodeurs « chickenhead », une police d'écriture sci-fi vintage...
Le clavier Fatar TP/9S avec aftertouch est un régal à jouer, ferme et précis, on sent qu'on en a sous les doigts. Vraiment un gros point fort.
Le synthé paraît solide, même si tout plastique - la plaque du panneau de commande est, elle, métallique. Ce n'est pas cheap du tout. Made In Italy, comme mon Dexibell. Ça m’a amusé.

Les branchements, pas compliqué, c’est le minimum - et ça me suffit : une sortie stéréo TS 6,35mm, une sortie casque stéréo TRS 6,35 mm, MIDI DIN In/Out (pas de Thru), une entrée pour une pédale de sustain, une autre pour une pédale d’expression, et un port USB B, pour les sauvegardes, transferts, et aussi le MIDI USB. L’alimentation est interne, la prise est à 2 broches (type radiocassette).

Le panneau de commande, large et logiquement disposé, invite tout de suite à la programmation. Pour les débutants en synthèse, comme moi à l'époque, c'est parfait. L’inspiration provient clairement d’Oberheim (OB-Xa…).

C’est un synthé numérique « analogique virtuel », dit « bitimbral » en version 2 d’OS (on peut superposer ou spitter deux programmes à la fois), mais il n’y a qu’un seul canal MIDI, à choisir dans les paramètres globaux de l’instrument. Autrement dit les deux programmes ne sont pas vraiment indépendants. Ça limite fortement l’usage, qui n’est pertinent que pour mélanger deux sons au sein d’un programme unique, surtout que l’on n'a qu’une seule sortie stéréo globale. C’est donc plutôt, pour moi, une monotimbralité « améliorée », à part en split, où on a deux sons qui se partagent le clavier.

Les sons d’usine, j’y ai passé cinq minutes. Certains sont bien, d’autres beaucoup moins, suivant les goûts. De toute façon, avec un panneau de commande pareil, on n’a qu’une envie, c’est de faire ses propres sons…

Et là, encore une fois, c’est un régal. Le compromis parfait entre possibilités sonores et simplicité d’utilisation.

L’OS provient de chez Waldorf, c’est un Blofeld très simplifié. Cependant des bouts de code, associés à certaines fonctions non disponibles sur le panneau du Sledge, sont restés et les fonctions sont accessibles via CC MIDI envoyés de l’extérieur.

Un petit rappel des caractéristiques :

On a 3 oscillateurs - dont un (OSC1) qui peut en plus lire des tables d’ondes et des samples, qu’on peut en théorie importer via USB. Au programme pour les trois : dents de scie, onde carrée, triangulaire, sinusoïdale, impulsion variable. La FM, très simplifiée (porteuse pour les ondes sinus et triangle), est possible : OSC 2 modulé par OSC 1, OSC 3 modulé par OSC 2. Donc on peut avoir de la FM en cascade : OCS 3 modulé par OSC 2 modulé par OSC 1. Charge à vous de gérer le tout avec doigté…
Synchro de l’OSC 2 par l’OSC 3 possible également.
Accordage de 64 à 1 pied. Ce n’est pas documenté officiellement, mais la plage est extensible via envoi de CC MIDI : de 128 pieds (!) à 1/2.
Unison disponible via CC MIDI, mais sans désaccordage (non documenté).
Jeu mono ou polyphonique, avec redéclenchement ou non des enveloppes.
Glide polyphonique, temps configurable.
Bruit rose ou blanc, couleur modulable par CC MIDI (non documenté).
1 filtre multimode : pente de 12 ou 24 dB, passe-bas, passe-haut, ou passe-bande. Ce n’est là encore pas documenté officiellement, mais d’autres types de filtrage sont possibles via envoi de CC MIDI : filtres en peigne, notch, filtre PPG.
3 LFO - dont un commun à la fois à la molette de modulation, la pédale d’expression et l’aftertouch. Onde en dents de scie, onde carrée, triangulaire, sinusoïdale, sample & hold, rampe (équivalent donc à une enveloppe simplifiée).
2 vraies enveloppes ADSR pré-assignées, l’une au cutoff du filtre (quantité réglable) et l’autre à l’ampli (assignation à la vélocité de jeu réglable).
2 processeurs d’effets : un de modulation, 1 de delay/reverb.


Ce n’est donc pas un synthé à matrice de modulation ultra-évoluée, mais plutôt un synthé assez direct dans la programmation. Là où il fait fort, c’est dans l’étendue des plages de valeurs disponibles pour les modulations : vitesse et profondeur des LFO (c’est trèèèès large), temps d’enveloppe (ça peut être hyper loooooong).
Le chorus intégré est vraiment très bon, du très subtil au gros effet "detune" voire Leslie, c’est assez énorme. Le phaser est pas mal aussi, notamment sur les sons avec bruit rose ou blanc. Le delay et la réverbération sont très corrects je trouve, si on les dose bien.

La variété sonore possible est bluffante : gros pads de type analogique, strings, leads 70’s, plucks, sons cristallins FM de cloches, pianos DX, textures évolutives à la PPG… Je ne me trouve jamais à court de possibilités (mais mon univers de programmation étant plutôt orienté prog 70’s à la Genesis, funk façon Prince et Minneapolis Sound ou aussi Vangelis, le synthé me correspond aussi tout-à fait).
C’est un synthé vraiment destiné à être joué direct, à l’ancienne, comme un véritable instrument à clavier.

Car on y vient, le point noir, déjà évoqué dans d’autres avis, c’est d’une part le manque de possibilités MIDI (canal MIDI uniquement global, pas de correspondance possible entre valeurs MIDI des paramètres de modulation (LFO) et tempo BPM), et l’instabilité MIDI et de l’OS en général (je n’en ai pas l’utilité donc je n’ai jamais essayé, mais la synchro d’horloge est paraît-il particulièrement capricieuse. Donc ceux qui font de la musique à partir de séquences MIDI, boîtes à rythmes, sur plusieurs canaux MIDI… À mon avis, on oublie). Du coup, le MIDI ne me sert qu’à envoyer et recevoir des Program Changes avec mon Dexibell. Là, ça fonctionne presque toujours, malgré toutefois quelques petits bugs de ci de là coté Sledge (le Dexibell étant lui irréprochable). Un coup de MIDI Panic (potard de volume remis à zéro) et c’est reparti. Mais la stabilité de l’OS est le point faible du synthé.

Car oui, je suis obligé de le mentionner, ce Sledge est mon troisième exemplaire. Les deux premiers avaient un même problème de bug MIDI qui rendait l’instrument inutilisable, ce troisième exemplaire est lui aussi retourné en SAV quelque mois après son acquisition, suite à un bug USB lors d’un transfert de sons qui a grillé la carte-mère. Depuis, je n’utilise plus l’USB, seulement les prises DIN, et je me suis abstenu de faire une quelconque mise à jour et RAS, tout fonctionne. Je tenais à le faire savoir.

Le support client est sympathique, mais étant donné que l’OS provient de chez Waldorf, Studiologic ne semble pas trop savoir quoi faire en cas de bug d’OS. En revanche, la partie hardware de Studiologic (clavier, panneau de commande) est exemplaire.

Donc, malgré ces défauts, j’adore ce synthé. Il me procure un grand plaisir de jeu, il sonne excellemment bien et est très didactique, donc idéal comme premier synthé. Sa polyvalence sonore est également un gros atout, il peut être à l’aise dans plein de genres différents.

Je le conseillerais à quelqu’un qui est vraiment pianiste/claviériste, voulant programmer des sons divers sans passer des heures dans les menus. Les résultats obtenus sont très gratifiants, vraiment, ça sonne bien. En live, dans ce cadre, ça peut le faire. Si par contre votre installation est à base de séquenceurs, à mon avis c’est risqué, et ça ne le fera probablement pas.

Un conseil : n’utilisez pas le port USB. C’est trop dangereux. Alors oui, on fait l’impasse sur les sauvegardes et l’import de samples externes. Mais honnêtement, ce dernier point est anecdotique, ce n’est pas un sampleur ni un lecteur d’échantillons évolué. Les ressources internes (formes d’ondes de base et tables d’ondes) suffisent amplement, à mon humble avis.

Ci-joint quelques exemples audio de sons que j’ai personnellement programmés. Enregistré dans Cubase avec ma carte son, c’est le son brut (avec les effets du synthé). Pas d’effets ou traitements externes a posteriori.

Le premier fichier, ce sont des sons extraits de morceaux plus ou moins connus, que j’ai reproduits. J’ai commencé la synthèse par ça, ça m’a permis de me former l’oreille, de comprendre comment un son est fait :

Genesis - The Colony of Slippermen - Three Sides Live - 1981 :
https://www.youtube.com/watch?v=mR-2zfGX8Gw

Genesis - Second Home By The Sea - Live at Wembley Stadium - 1987 :
https://www.youtube.com/watch?v=0lTtrtIaiiM

Genesis - Mama - 1983 :
https://youtu.be/hqYYudHutsE?t=24

Genesis - Squonk - Seconds Out - 1977 :
https://youtu.be/sb-JYh93BcE?t=334

Genesis - Down And Out - And Then They Were Three - 1978 :
https://www.youtube.com/watch?v=BTiYyVknlaY

Prince - 1999 - 1999 - 1982 :
https://www.youtube.com/watch?v=rblt2EtFfC4

Prince - Let’s Go Crazy - Purple Rain - 1984 :
https://www.youtube.com/watch?v=eCM2dEWGf-o

Prince - When Doves Cry - Purple Rain - 1984 :
https://youtu.be/oTUSeac7IuQ?t=18

Oui je sais, je suis probablement musicalement un peu monomaniaque… :facepalm: :mrg:

Le deuxième, ce sont des sons personnels.

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