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« Mellotron M4000D, un must-have néo-vintage ? »

Publié le 17/10/22 à 14:02
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Les utilisateurs avertis
Qu’est-ce qu’un Mellotron ?
Un Américain, Harry Chamberlin au début des années 50 a créé le principe d’une bande magnétique pré-enregistrée de sons d’instruments (ou de bruits divers) actionnée par une touche de type piano. En répétant l’opération sur une gamme chromatique, puis sur plusieurs octaves un instrument est né, en même temps qu’il a commencé à inquiéter certains musiciens de studio car la fidélité de ses sons par rapport aux sons originaux et sa jouabilité par une seule personne facilitait de fait la composition comme l’enregistrement en ayant quasiment un orchestre symphonique sous les doigts.
Dans les années 60, en Angleterre, les frères Bardley (en collaboration avec H. Chamberlin) ont lancé le premier Mellotron le Mark I avec ses 2 claviers de 35 touches chaque… Puis vinrent le Mark II, le M300 en 1969, et enfin en 1970 apparu le plus grand succès de Mellotron : le M400.

Le M400 en quelques mots…
Le M400 a été produit à plus de 2 000 exemplaires. Avec ses 35 touches et un poids contenu de 55 kilogrammes, il s’est naturellement retrouvé sur de nombreuses scènes avec : Genesis, Tangerine Dream, Jean-Michel Jarre, Pink Floyd, Earth, Wind & Fire, Led Zeppelin, Moody Blues, Agnes Obel, etc.
Le Mellotron, au travers de ses différentes versions, fait partie de cette famille d’instruments qui s’est intercalée entre la période des orgues électroniques type Hammond B3 et celle des synthétiseurs compacts tel que le Mini Moog. Il est plus ou moins contemporains aux pianos électriques type Fender Rhodes ou Wurlitzer ou encore au très spécifique Clavinet.
Le M400 a marqué l’époque du rock alternatif à son apogée, par ses sons inspirés des instruments classiques (mais pas que…) et par sa silhouette de petit piano blanc avec un clavier 3 octaves et son interface simplissime avec ses 3 boutons rotatifs : volume, tonalité et pitch, un basculeur à trois positions ABC sert de mixeur/layer entre trois sons.
Le dernier Mellotron a été produit en 1986 et la firme qui le construisait a également fait faillite. L’ère des synthétiseurs produits industriellement allait tout emporter sur son passage, enfin presque tout…
Le canadien David Kean a eu l’excellente idée de racheter les stocks et les droits de la marque Mellotron et de s’adjoindre l’expertise et le savoir-faire d’un jeune ingénieur suédois réparateur réputé de Mellotrons : Markus Resch. Dans un premier temps ils relancèrent la production du M400 en le fiabilisant. Ce fût le Mark VI, dernier spécimen de son espèce à utiliser les cadres de sons sur bandes magnétiques.

Le M4000D lointain héritier du M400
Adieu le cabestan qui tourne en continu comme un moulin et la tringlerie qui, commandée par chaque touche de clavier, actionne les galets pour presser la bande sur une tête de lecture afin de produire un des sons sélectionnés :facepalm: et bonjour à la reproduction par digitalisation de tout ce processus :bravo:. Ainsi est né le M4000D.
Ses créateurs lui ont injecté une partie de l’histoire des Mellotrons et des Chamberlins, avec 100 sons en natif (ceux de la carte 1). 4 autres cartes additionnelles (dont j'ai décidé de me passer) au format compact flash (enregistrée en 24-bit non-compressé) peuvent venir compléter votre écurie de "purs-sons", mais attention aux tarifs puisqu’on est rendu à 500$ la carte. Au final, le M4000D est proposé à 2.800€ et avec ses 4 cartes additionnelles l’addition grimpe à 4.800€. Ça calme, non ? Surtout qu’à la base il ne s’agit que d’un sampler.
Le M4000D sorti en 2010 est donc la toute première déclinaison digitale des Mellotrons d’antan. Des petits frères ont suivi : le M4000D mini, le M4000D rack et le Mellotron Micro (avec un clavier 2 octaves et sans slot de carte d’extension).
Seul le M4000D (nommé aussi « regular ») dispose de l’aftertouch polyphonique (via MIDI), il reprend également le même format de clavier bois que les Mellotrons analogiques (en 37 notes du fa au fa, au lieu de 35 notes). Ce qui explique à la fois son poids (17kg) et son encombrement. Son châssis est lui aussi en bois (peint en blanc comme son illustre aïeul) et son couvercle supérieur est monté sur une charnière piano afin de s’ouvrir. Son touché est, au premier abord, assez décevant car plutôt léger. Par contre, la sensibilité de l’aftertouch est excellente.
À gauche du clavier l’interface comprend les 3 boutons assignés aux trois fonctions historiques des Mellotrons (Volume, Tona, Pitch) et le sélecteur de sons (AB) n’agit plus qu’en deux sons préprogrammés. Par contre la vraie valeur ajoutée ce sont les deux encodeurs supérieurs positionnés de part et d’autre de 2 écrans OLED (en couleurs s’il vous plait) qui permettent de changer d’instrument à la volée tout en jouant.
L’ADN de Mellotron réside également dans la durée des notes qui reproduisent une tenue de 8 à 10 secondes avant leur extinction par un effet « à bout de souffle » réellement jouissif, tout comme avec une bande magnétique dans un Mellotron analogique.
Tous ces détails de conception et d’exploitation de cet instrument trahissent le parti-pris de ses concepteurs de proposer des sensations au plus près des sensations des modèles historiques des Mellotrons. Au contraire de la face arrière pourvue d’une connectique moderne, complète et exhaustive. Certains ont regretté l’absence d’une alimentation interne et d’une connectique avec fiche CEI en lieu et place d’une alimentation externe et sa fiche coaxiale de 2,5 mm qui, au regard des autres prestations du M4000D, fait un peu cheap. Pesant déjà 17,5 kg, l’instrument aurait été critiqué s’il avait dû emporter transfo et son blindage en son sein, ainsi que les nécessaires renforts du châssis que cela aurait imposé et, donc flirter avec les 20kg.

Comparaison des sons Mellotrons (banque de sons ou instrument virtuel) et jouer un Mellotron M4000D
Les banques de sons de chez Clavia Nord (qui a racheté les droits des bandes originales de chez Mellotron) et l’émulation Mellotron V de chez Arturia sont deux références. Deux parmi tant d’autres certes, mais ce sont avant tout celles dont je dispose chez moi.
Banque de son Mellotron et Chamberlin de chez Clavia jouée avec mon Nord Stage 3. Pour l’application Mellotron V d’Arturia je dispose du clavier maître Keylab 88 Essential.
Opposer ces trois approches pourrait se résumer à comparer 3 façons de gérer des samples !
Ce comparo est de toute façon biaisé car il eut fallu disposer d’un Mellotron 400M et de sa collection de cadres des diverses bandes sons (ou Mark VI) pour les départager.
N’ayant pas de Mellotron analo, je vous livre plutôt mon ressenti :
• Pour s'enregistrer et insérer des lignes de sons de Mellotron dans un mix, les 3 propositions font parfaitement l’affaire.
• Pour du live, je retiendrai le nord Stage et le Mellotron M4000D.
• Pour la compo et le Sound-design je ne privilégierai au final que le M4000D. Pourquoi ? C’est sans doute lié à mon vécu et à sa part d’émotionnel liés à cet instrument culte que sont les Mellotrons / Chamberlins analogiques dont le M4000D est le plus proche. Ce qui en fait un instrument beaucoup plus inspirant que le clavier rouge de chez Nord ou l’imitation clinique et peut-être trop parfaite de l’application Arturia.
Avec le M4000D il subsiste tous ces ersatz sonores et ces imperfections si émouvantes qui, à chaque fois, me font voyager dans des univers musicaux que j’ai aimé et continuerai d’aimer, tout en suscitant en moi le désir d’en explorer de nouveaux.

Avec quels effets et quel ampli (et quel voisinage) ?
Je me contente d’un contrôle avec une pédale sustain des plus standard, d’une pédale d’effet Strymon El Capistan le tout sortant sur un ampli Roland KC 600. Bon, il est vrai qu’à ma gauche j’ai un Fender Rhodes stage MK1 mais ça, c’est une autre histoire. Deux "pur-sons" côte-à-côte, n’est-ce pas le péché mignon de tout éleveur claviériste ? ?

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