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OSC OSCar
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OSC OSCar

Synthétiseur hybride analogique/numérique de la marque OSC

9/10
coyote14 coyote14

« la personnalité incarnée »

Publié le 30/12/21 à 01:28
Rapport qualité/prix : Correct
Cible : Les utilisateurs avertis
L’OSCar a rejoint mon home-studio il y a un peu plus de 3 ans. Ce fut une longue quête d'environ 15 ans, preuve s’il en est que pour acquérir ce type d’instruments vintage et rare à prix correct, la patience (et un peu le réseau) est la meilleure arme. Ce modèle est l’un des tous premiers, il n’est pas midifié et embarque un des premiers OS, que je n’ai pas upgradé. Je verrai si je trouve l’utilité à le faire, mais n’en fais pas une priorité.
Mon histoire avec ce synthé a commencé de façon inattendue avec…sa recréation en VST par Gforce, Imposcar. Il y a 20 ans de cela (purée, le temps passe), j’avais passé de très bons moment avec ce VST qui est encore l’un de mes préférés (il est en version 2.0 désormais et son prix a baissé), et il sonne toujours aussi bien, à défaut d’être tout à fait fidèle à l’original au niveau de ses fonctionnalités. C’est ce VST qui m’a donné envie d’acquérir l’original ! Voilà ma réponse au débat stérile entre instruments virtuels et hardware : les uns sont des outils pédagogiques formidables pour faire découvrir les autres, avec lesquels ils n’entrent de mon point de vue pas du tout en concurrence.

Je ne vais pas refaire l’historique de cette marque, de son concepteur qui nous a quitté l’an dernier, ni du contexte de la genèse de l’OSCar, à la fin de l’âge d’or des analogiques vers 1982 (je vous invite à relire le test de SynthWalker). Je vais surtout m’attacher à essayer de retranscrire ce qui fait l’intérêt de ce synthé : une philosophie et un caractère extrêmement singulier, qui fait que rien, absolument rien ne sonne de près ou de loin comme un OSCar. Son interface et son look renforcent aussi ce caractère si singulier.

Commençons par les basiques : c’est un synthé monophonique (qui dispose d’un mode duophonique) doté de 2 oscillateurs numériques (avec des formes d’onde user), d’un filtre multimode double, d’un LFO, un VCA, un arpégiateur et un séquenceur à mémoires. il est doté d’un clavier 37 touches (comme le Pro One, l’Odyssey ses contemporains, mais moins que les 44 touches du Minimoog) Comme beaucoup de synthés comportant du numérique à l’époque, c’est le processeur Z80 qui est le cerveau de l’affaire, sauf qu’ici, il ne se contente pas de gérer uniquement les modulations ou le séquenceur, mais est carrément celui qui sculpte le son puisqu’il motorise les 2 oscillateurs numériques. Alors OSCar synthétiseur hybride, certes, puisque le filtre est (très!) analogique, mais quand on analyse son architecture, on a bien davantage affaire à un synthé numérique de base, auquel on a adjoint un (fabuleux) filtre analogique : le numérique ici est majoritaire ! Première particularité, à l’époque, le parti pris de miser au maximum sur le numérique était audacieux, là où les autres y allaient par petite touche.

La première chose qui interpelle sur l’OSCar, c’est son look évidemment. Régulièrement intronisé comme le synthé le plus moche par les internautes moqueurs, avec ses séparateurs de section en mousse recouverte d’un simili-cuir que ne renieraient pas les accoudoirs des fauteuils de tata Suzanne, on sent l’envie de se démarquer de la production très «laboratoire de l’époque » : Chris Hugget a manifestement voulu attirer la curiosité. Là où l’Odyssey scientifique est le bon élève assis au premier rang, l’OSCar est l’élève un peu surdoué et fantasque assis au fond près de la fenêtre. Là où on ne peut moins rendre hommage à la chose, c’est sur la qualité de fabrication : elle n’a rien d’industriel, l’objet est totalement amateur de ce point de vue ! Des cartes à l’aspect DIY sont posées sur un fond en contreplaqué, et les potards traversent sans y être fixés une façade en plastique sérigraphiée. Le tout est maintenu par les flancs en mousse plastifiée rendues solidaires par des tirants à l’intérieur de la machine. Si bien que le démontage/remontage est un enfer sur terre ! Je l’ai expérimenté à mes dépens en voulant installer un support de pile rechargeable à l’intérieur de la machine, ce qui m’a pris une bonne journée. Le clavier est lui de qualité très passable : léger et claquant, il n’est pas agréable mais tout à fait utilisable pour le jeu.
La seconde chose qui est stupéfiante, c’est le nombre très important (au regard des standards de l’époque, évidemment) de fonctionnalités et de possibilités ! Accrochez-vous : oscillateurs numériques avec un banque ROM et RAM, qu’on peut façonner par synthèse additive, un LFO avec retard, 2 enveloppes ADSR (avec un paramètre retard pour celle du filtre) avec redéclenchement paramétrable et indépendant pour les 2, un double filtre multimode résonant analogique avec un drive et un paramètre « separation » pour espacer les 2 cutoff, un arpégiateur très malléable, un séquenceur de notes à motifs mémorisable (qu’on peut trigger en externe). L’ensemble des paramètres d’un programme est lui aussi mémorisable via 12 emplacements utilisateur, les autres étant en ROM. On sélectionne les sons mémorisés grâces aux touches du clavier. Enfin, on peut dumper ses données via un fichier audio (comme sur un Jupiter 8, l’ancêtre du Sysex), et pour les exemplaires ultérieurs, via un dump MIDI.

Les oscillateurs ont des ondes usine qu’on choisit via un sélecteur. L’Osc2 peut être détuné par octave ou en fine tune par rapport à l’Osc1. Il est étonnant sur un oscillateur numérique de cette époque d’atteindre un signal aussi pur dans les graves, on peut faire de beaux subs, bien aidé par la réponse du filtre au caractère bien trempé. Mais on peut aussi désaccorder l’Osc2 par raccourci clavier : « OSC2 Interval » avec un appui simultané sur une note du clavier décale les 2 oscillateurs d’autant. « Tune / Transpose » en fait autant pour les 2 oscillateurs simultanément, en même temps qu’il transport les arpèges et les séquences quand on est dans ces modes. Simple et fonctionnel, imparable.
Les formes d’onde usine sont très réussies. Le carré est très carré/gros, la dent de scie pleine d’harmonique et fait merveille avec le filtre qui dispose un matériau très riche à sculpter. L’onde carré variable est un rectangle dont on choisit la largeur, de façon statique, par le potentiomètre « PW ». L’onde PWM en fait de même, mais PW produit alors un balayage par un LFO additionnel à vitesse fixe (une limitation ici, mais pas si gênante à l’usage).
Vient le moment de créer ses formes d’onde. On choisit alors l’oscillateur à éditer par combinaison de touche (Osc X + touche 0 du clavier, la sérigraphie aide bien). L’oscillateur produit alors une onde sinusoïde. On peut commencer alors à rajouter des harmonique « insert + touche du clavier » ou les retrancher « del + touche du clavier ». Sur ces premières versions de l’OSCar, le nombre d’impulsions augmente le volume de l’harmonique concernée, mais le nombre d’impulsion varie selon le rang de l’harmonique : les plus graves n’ont droit qu’à une seule impulsion, là où les plus aigües seront plus faciles à doser via un plus grand nombre d’impulsions. Ce point a été corrigé sur les derniers OS, qui offraient un dosage identique quelque soit l’harmonique. On retrouve donc ici un système qui peut s’apparenter aux tirettes d’un orgue, puisque les harmoniques reproduisent aussi des notes différentes, pouvant aboutir à des résultats légèrement dissonants. On construit ainsi des sons de type « orgue » (registre dans lequel l’OSCar est très doué), mais j’avoue qu’il est difficile de reproduire des ondes plus complexes de type PW, SAW…pour lesquelles les formes d’onde en ROM sont plus efficaces. On obtient tout de même des résultats intéressant avec des ondes bien aliasées au caratère lo-fi mais avec beaucoup de présence. Cela sonne « lo-fi », certes, mais pas cheap ! Une fois le résultat atteint, on peut stocker ses propres waveforms en mémoire (seulement 5 emplacements sont mémorable, 7 étant en ROM, en sus des formes d’onde des sélecteurs de façade).
On a un potentiomètre qui permet de doser avec oscillateurs et bruit blanc, et un autre entre OSC1 et OSC2.

La mémoire est maintenue avec une pile dont la gestion est calamiteuse : c’est une pile soudée rechargeable, et qui se recharge quand l’appareil est sous tension. Le problème est que, pour maintenir les données en mémoire quand l’appareil est hors tension, sa capacité de stockage est limitée. Le manuel indique qu’1h de mise sous tension permet d’obtenir une capacité de mémorisation de 30h, ce qui est très peu. Raison pour laquelle j’ai remplacé cette unité par 3 piles rechargeables sur support dont la capacité est plus importante. Sans quoi, il faut penser à allumer régulièrement son OSCar sous peine de perdre toutes ses données.

Cette section oscillateur numérique produit un son de base plutôt métallique mais très riche en harmoniques. Et cette combinaison avec le filtre analogique au caractère bien trempé produit un résultat très concluant : le feu et l’eau qui se conjuguent pour livrer le meilleur d’eux même !

Il y a une section glide très évoluée, avec une sélecteur sur 6 positions : un glide normal qui se déclenche que les notes soient liées ou non, un glide qui ne se déclenche qu’avec les notes liées, et un mode glissando (transition note à note, comme les CS60/80). Ces 3 premiers modes ont une durée fonction de l’écart entre 2 notes. 3 autres modes sont identiques, mais à durée fixe quelque soit l’écart entre note. Très souple ! On perçoit bien ici les avantages procurés par l’introduction du numérique dans les synthés. Un autre potard « time » vient régler la durée globale de la transition.

Le filtre est vraiment magnifique. Il a tout ce que j’aime dans un filtre réussi : du caractère, de la douceur conférée par le 12dB qui laisse transparaître des harmoniques, de la radicalité quand on cumule les 2 filtres (en mettant 2 fréquences de coupure sur la même valeur avec le paramètre « séparation » sur 0), la résonance à la signature très progressive, de la discrétion jusqu’à la boucherie. En mettant « séparation » sur 60/70% et en poussant la résonance, on obtient une signature vocale / gutturale qui fait merveille quand les oscillateurs délivrent un son riche en harmonique, produisant un son très atypique pour l’époque ! On peut saturer très progressivement le filtre en combinant « store + volume » : on écrête alors le signal de façon subtile pour faire grogner le filtre, ce qui produit un son très punk / acide quand on pousse la résonance. Cela marche aussi très bien sur les sons de basse profonde avec un signal arasé et profond. Les réglages sont ici subtils, il faut y aller par petite touche, on est vraiment ici dans du sound design précis, où le moindre excès détruit (ou magnifie !) le résultat recherché. La résonance, en particulier, rehausse (parfois très violemment) les harmoniques aigües que contiennent les oscillateurs. On passe très vite par toutes les couleurs possibles d’une combinaison VCO/VCF, et le synthé qui semblait cantonné aux sons d’orgue un peu « pouet » se met à rugir pour de bon!

La technologie numérique présente quand même ses limites. Les interactions entre oscillateurs se limitent au mixage des formes d’onde et à leur detuning. Pas de synchro, de ring mode ou de FM. Il faudra attendre l’ESQ1 pour trouver cela sur un synthé à formes d’onde numériques. Malgré cela, le mixage de formes d’ondes parfois différentes semblent en créer une 3ème quand on les dose subtilement. Curieux mélange!

Le Drive du filtre change vraiment la donne. Réglé assez bas, le synthé sonne très dynamique mais propre. Quand on monte le drive, la personnalité du synthé ressort et on obtient des sonorités très colorées, que l’on peut obtenir avec d’autres synthés analogiques quand on les passe dans un processeur d’effet, un ampli à lampe ou un overdrive, en plus policé toutefois.

Les 3 réponses de filtre (LPF, BPF, HPF) ont une réponse drastique, radicale. Le HPF par exemple filtre le signal jusqu’aux extrêmes aigus, si bien qu’en fin de course, distinguer la fondamentale devient impossible, on n’obtient plus qu’un son permettant de faire des hi-hat ou des bruitages. Résonance à fond, avec un cutoff très bas, on a un merveilleux sub, qui fait disparaitre toutes les fréquences médium pour ne laisser subsister que quelques fréquences dans les extrêmes aigus. Ouvrir le cutoff délivre alors un son d’une puissance inouïe qui fait hurler la résonance jusqu’à disparition: prodigieux! Là, on s’éloigne pour de bon du bon vieil Imposcar qui, tout réussi qu’il est, semble bien fade tout à coup.

Passons aux modulations, qui sont assez complètes, mais pas du même niveau que le reste de la machine. L’unique LFO ne monte pas très haut en fréquence, mais est un peu plus qu’un LFO: en plus des 4 formes d’onde dent de scie, triangle (la sérigraphie est trompeuse en dessinant une dent de scie inversée), carré et S&H, on peut sélectionner Keyboard KeyFollow et l’enveloppe de filtre: un mini-matrice de modulation. Le dosage est bipolaire, ce qui est très bien, surtout avec un filtre multimode. Ce LFO part dans 2 directions: soit il module le filtre, soit le pitch des 2 oscillateurs simultanément. On regrette avec un LFO numérique que l’onde ne soit pas synchronisable au key trig: il est free run et il faudra faire avec.
Les enveloppes sont classiques, numériques aussi, et c’est vrai: pas les plus punchy qui soient. On ne fera pas de gros kick avec (mais on en fera quand même, des plus mous), et si l’OSCar avaient eu des enveloppes à la Pro One, il aurait été un monophonique presque ultime. En revanche, les enveloppes peuvent être réglées en mode de déclenchement: « Single » ne déclenche les enveloppes que pour les notes détachées, là où « multi » les re-déclenche à chaque note, liée ou pas. RPT1 fait boucler l’enveloppe du VCA avec l’horloge interne ou externe. RPT2 fait de même avec l’enveloppe du filtre, et bien sûr RPT1&2 agit sur les 2 enveloppes simultanément. Voici finalement comment « synchroniser » un LFO sommaire (produit par l’enveloppe) à une synchro externe. Le tempo de la synchro produit donc, en l’absence de tout autre réglage d’arpégiateur, une note répétée, et ce tempo peut avoir un réglage assez élevé via l’horloge interne, et encore plus via un trigger externe!

Le jeu au clavier, lui, déclenche toujours les enveloppes. En combinant les 2 types de déclenchements (jeu au clavier qui ne déclenche que l’enveloppe du filtre et horloge externe qui déclenche l’enveloppe du VCA), on obtient une série de note progressivement filtrée. Le « gate » time simule la durée de chaque note, c’est précieux quand on a des valeurs de Decay et de Release différents. Très intéressant aussi: ces paramètres sont mémorisables avec chaque programme.

On enchaîne avec les modes de jeu. il y en a 3:
Norm: chaque note produite est celle qui est jouée au clavier.
Arp: tant qu’on appuie sur une seule note, ça agit comme Norm, mais de façon répété à la vitesse de l’horloge interne. Plaquer un accord joue un arpège, à la vitesse de l’horloge. C’est très malin d’avoir dissocié répétition des notes et motifs d’arpège (en somme si on fait une analogie avec un analog: le gate est décidé par les modes de jeu, le CV par le clavier/ARP/Sequenceur). De même, on peut tout à fait jouer un motif d’arpège sans redéclencher les enveloppes, les deux restant indépendants. Sur cette fonction, il est possible que Chris se soit inspiré du Pro One qui propose une fonction similaire, et sorti 2 ans avant. Il n’y a que 3 motifs d’arpège: Up (appui sur start/repeat), Down (appui sur single/stop) ou Up&Down (appui sur les 2 boutons en même temps).
Duo: le mode Duophonique! Jouer 2 notes affecte un oscillo à chacune d’entre elles.
Ces 3 modes de jeu existent en 2 versions: Hold ou pas. Avec Hold, le jeu est maintenu, comme avec une pédale de sustain. Sans, le relâchement du clavier interrompt le son.
Toutefois, le mode ARP possèdent d’autres réglages: la répétition du motif d’arpège nécessite un appui bref sur la touche « insert » pour être mémorisé (et là, la sérigraphie n’aide en rien!). Je ne vois pas bien la raison de ce choix, on aurait pu imaginer que le simple fait de sélectionne « ARP » se suffise en lui même, mais non: sans l’appui sur « insert », l’OSCar joue l’arpège tant que l’accord est plaqué, mais joue la même dernière note répété dès le relâchement. A partir de là, on peut le transposer en combinant « tune/transpose » avec une touche du clavier dans la zone prévue sur le clavier et indiquée par la sérigraphie.
Le concept est poussé encore bien plus loin avec le mode séquenceur, qui est un séquenceur de notes uniquement. Les séquences sont mémorisables dans 12 emplacements en RAM (pas de séquences en ROM, contrairement aux programmes de sons.). Il faut se mettre en mode enregistrement pour commencer: appui sur STORE+SEQ+numéro de note: les 5 diodes inversent alors leur allumage sur la partie gauche, indiquant qu’on est en mode édition de séquence. Avant d’enregistrer quoique ce soit, il faut déjà « vider » la séquence existante, sans quoi, les nouvelles notes s’ajouteront à la fin de la séquence éventuellement déjà stockée à l’emplacement (insert+delete). On saisit alors les notes au clavier en pas à pas (et pas en temps réel). Un appui sur « Space » (à côté des molettes de modulation) insère un silence. L’appui sur une note du clavier + « Space » crée un note liée (malin, comme sur le River). Les réglages de changement d’octave sont bien pris en compte (cool!) et on peut transposer à la volée le motif de la même manière qu’un arpège. Le réglage « gate » règle la longueur de chaque note, mais les modes de déclenchements d’enveloppe sont cette fois-ci captif de chaque pas du séquenceur, et non plus indépendants comme pour le mode ARP, un peu dommage. On peut faire jouer la séquence une seule fois, ou bien en boucle (appui sur Start/Repeat 2 fois rapidement). Par contre, dommage que ce séquenceur ne soit pas duophonique, il aurait été amusant de jouer des séquences avec des pas de 2 notes. Chaque séquence peut contenir 255 évènements, ce qui est un must pour l’époque (et la machine peut stocker un total de 580 évènements).
ça ne s’arrête pas là! il y a des Chain Sequence, elle aussi mémorisables (on peut en mémoriser 10). Elles permettent de chaîner des séquences simple, ou même de simples notes, pour créer un song, comme on peut s’y attendre. Mais il y a une chose à laquelle on ne s’attend pas: chaque séquence est mémorisée avec le son de son choix. Et donc la Chain Sequence peut enchaîner les séquences simples avec des sons différents! Un astuce est alors de créer des séquences d’une seule note, toutes munies d’un program différent, et de les affecter à une Chain séquence, qui va jouer un son nouveau à chaque note! Puissant!
Les modes Arp et Sequence sont super pour programmer des sons. Quoi de mieux que faire jouer un motif et programmer un son simultanément. C’est tout à fait possible sur l’OSCar, mais attention: le processeur Z80 a une nette tendance à traiter les requêtes les unes après les autres, et bouger des paramètres de synthèse en même temps que jouer une séquence ou une arpège le fait cafouiller furieusement: il ne plante jamais, mais ralentit très nettement, avant de reprendre son chemin normalement dès qu’on arrête l’édition. Donc ce n’est pas pour le live! On sent qu’on atteint les limites de la techno de l’époque, mais avouer qu’on va déjà très loin.
J’arrive à la fin et il reste les 2 molettes à évoquer: le pitch bend a une amplitude réglable grâce à un potard dédié (le maximum d’amplitude atteint « à peu près » +12/-12). Pitch Amount permet de doser l’action du LFO par la ModWheel sur le pitch, et Filter Amount en fait de même pour l’action du LFO sur le filtre. Dommage qu’on ne puisse pas régler tout simplement la valeur du cutoff, ce qui est presque comblé quand le réglage du LFO est sur Filtre Env. On aurait aussi aimé que la ModWheel n’ait pas de ressort de rappel, mais c’est assez logique puisqu’elle permet de doser l’action du LFO de façon bipolaire et est pensée comme une commande du vibrato.
La connectique est simpliste: une sortie audio monophonique qui délivre un bon niveau de sortie. Une entrée/sortie trigger qui nécessitera un câble d’insert pour disposer des 2 signaux, et la même prise permet d’envoyer les dumps audio pour sauver les données de la machine (on aurait vraiment aimé avoir une prise séparée pour les 2 fonctions, plutôt que ce mic/mac d’un seul jack pour 3 fonctions). Pas de MIDI sur mon exemplaire, mais upgrade possible et la plupart des OSCar encore en vie dans la nature sont MIDI d’origine. Ne nous voilons pas la face: c’est une valeur ajoutée réelle.
Tous les paramètres de synthèse fonctionnent en mode Catch, et on sait qu’on a atteinte la valeur stockée grâce à l’indication des 2 LEDS à gauche du panneau. Un mode saut aurait été utile et je crois bien que les modèles ultérieurs permettent ce choix.

J’ai beaucoup aimé:
- la personnalité d’ensemble du synthé: son look, le son très singulier, le parti pris du numérique y compris dans la synthèse.
- Les fonctions très avancées pour un monophonique: des mémoires de programme, de formes d’onde, de séquences…un arpégiateur assez poussé.
- Synthèse additive pour les oscillateurs, innovation de taille pour l’époque.
- Le glide hyper complet
- un filtre formidable, efficace, multimode avec un drive.
- La très grande polyvalence sonore, liée à la parfaite alchimie entre techno numérique/additive et filtrage redoutable. La duophonie. Le spectre sonore très vaste couvert par la machine, des infra basses au extrêmes aigus.
- La partie synthèse a tout en façade et la programmation des sons est simple.
- La dissociation entre Trig et Pitch, qui procure beaucoup de souplesse.
- La technologie numérique qui procure vraiment des avantages techniques et n’est pas juste un argument marketing.
- Les chain séquence et le nombre d’évènements stockables.

On peut ne pas aimer:
- le côté DIY de l’appareil, un peu à l’extérieur, beaucoup à l’intérieur de la machine.
- la qualité du clavier qui aurait pu être meilleure sans être abominable pour autant.
- les potards un peu durs et pas fixés en façade.
- La synthèse additive ne permet pas de façonner n’importe quelle forme d’onde.
- La connectique sur les côtés, pas d’entrée CV/Gate, et prise trigger/save combinée.
- La machine fait tellement de choses que le processeur Z80 cafouille pas mal quand on le sature.
- Les commandes confuses du séquenceur et de l’arpégiateur, qui auraient mérité des sections dédiées et plus de commandes en accès direct, la sérigraphie qui n’aide pas.
- Le prix pas toujours justifié et la rareté en occasion
- Sur les premiers modèles, l’absence de MIDI.