Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Culture / Société
11 réactions
Initiation à la musique andine

Qu'est-ce que la musique andine ?

Si pour vous la musique andine n'évoque que l'illustration sonore de vieilles publicités de café instantané, je vous propose d'opérer immédiatement une mise à jour de vos connaissances sur le sujet !

Accéder à un autre article de la série...

Les origines et l’his­toire

On désigne par « musique andine » la musique pratiquée par les peuples de l’Al­ti­plano, les hauts plateaux de la Cordillère des Andes. Ces peuples sont prin­ci­pa­le­ment repré­sen­tés par les tribus amérin­diennes Aymara (essen­tiel­le­ment autour du Lac Titi­caca) et Quechua (partout ailleurs). La musique andine tient une place impor­tante dans les tradi­tions sonores de l’Amé­rique du Sud, non seule­ment en tant que musique de certains des premiers occu­pants du conti­nent, mais égale­ment par l’im­por­tance de la zone géogra­phique couverte qui s’étend du Vene­zuela à l’Ar­gen­tine en passant par la Colom­bie, l’Equa­teur, le Pérou, la Boli­vie et le Chili. Malgré cette large distri­bu­tion spatiale, cette musique présente toute­fois de nombreuses carac­té­ris­tiques qui permettent de la défi­nir comme un ensemble cohé­rent. Ceci provient en bonne partie des unifi­ca­tions cultu­relles déjà pratiquées dans cette région par l’em­pire Inca avant la conquête espa­gnole, mais égale­ment du fait de cette même conquête espa­gnole, notam­ment lorsqu’il a été ques­tion d’évan­gé­li­ser les popu­la­tions.

Musique Andine 1Comme dans de nombreuses autres tradi­tions musi­cales, celles de l’Al­ti­plano avaient à l’ori­gine une forte valeur rituelle indi­gène, que l’on retrouve d’ailleurs dans la compo­si­tion même de leurs orchestres ou carré­ment dans l’ac­cor­dage de leurs instru­ments qui peut varier selon les saisons (nous y revien­drons). Les mission­naires espa­gnols comprirent donc rapi­de­ment que pour ré-orien­ter la spiri­tua­lité de ces peuples de leur reli­gion d’ori­gine vers le chris­tia­nisme, il fallait en passer par leur musique. Et voici comment ils ont opéré. Malgré une certaine cohé­rence cultu­relle géné­rale dans toute cette région, chaque village indien possé­dait ses propres parti­cu­la­ri­tés cultu­relles et musi­cales. Les Espa­gnols ont donc encou­ragé les imita­tions d’in­ter­pré­ta­tion de musiques entre les commu­nau­tés indiennes. Ceci eût pour effet non seule­ment de trans­for­mer des tradi­tions musi­cales à valeur essen­tiel­le­ment rituelle en musiques de « spec­tacle » et de compé­ti­tion amicale entre villages, mais égale­ment de renfor­cer encore les échanges et donc une certaine unifor­mi­sa­tion cultu­relle. Pour les occa­sions reli­gieuses à présent chré­tiennes, ce fut la musique d’ori­gine espa­gnole qui fut impor­tée, notam­ment la musique baroque.

Pour finir cette toute petite intro­duc­tion, il convient égale­ment de noter deux choses impor­tantes. La première est que l’on distin­guait encore à la fin du siècle dernier (le 20e…) la musique pratiquée par les peuples ruraux de l’Al­ti­plano de celle des métis euro­péano-indiens des villes. Et la seconde, c’est que contrai­re­ment à de nombreuses musiques d’Amé­rique latine, celle de la Cordillère des Andes n’a long­temps été que très peu influen­cée par les tradi­tions afri­caines. L’ex­pli­ca­tion en est simple : tout d’abord ces régions monta­gneuses n’ont pas connu l’es­cla­vage et ensuite, après l’abo­li­tion de ce dernier, les popu­la­tions d’ori­gine afri­caine se sont plutôt diri­gées vers les villes. On peut toute­fois aujour­d’hui assis­ter à de fruc­tueux mélanges musi­caux, comme nous allons pouvoir le consta­ter.

Les œuvres et les artistes

Tout d’abord voici une compi­la­tion datant de 1958 de musiques péru­viennes tradi­tion­nelles :

Parmi les repré­sen­tants les plus emblé­ma­tiques de la musique andine tradi­tion­nelle, on peut citer les boli­viens du Grupo Aymara :

le joueur de « charango » péru­vien Jaime Guar­dia :

et la chan­teuse boli­vienne Luzmila Carpio, qui a d’ailleurs été ambas­sa­drice de son pays en France entre 2006 et 2010 :

Pour ce qui est du mélange de musique espa­gnole baroque avec les tradi­tions andines, on citera notam­ment le « Hanac­pa­chap cussi­cui­nin », première oeuvre litur­gique en langue quechuane publiée en 1631 par le moine fran­cis­cain Juan Pérez Boca­ne­gra, ici par l’en­semble Ex Cathe­dra:

D’autres oeuvres de la renais­sance et de l’époque baroque sont propo­sées ici sous la direc­tion de Jordi Savall:

Le groupe qui a réel­le­ment fait connaître la musique andine en occi­dent et a même large­ment parti­cipé à la genèse de la « world music » sont les Chiliens d’Inti Illi­mani, dont le nom lui-même mélange les origines quechuane (« Inti », pour le soleil) et aymara (« Illi­mani », le nom d’une montagne boli­vienne):

On les voit ici dans un style nette­ment moins typique­ment andin en compa­gnie de Eva Ayllon, l’une des prin­ci­pales repré­sen­tantes du courant afro-péru­vien :

Enfin, je ne peux pas ne pas citer El Condor Pasa, « zarzuela » (forme de comé­die musi­cale) compo­sée par Daniel Alomía Robles en 1913 et dont le thème prin­ci­pal moultes fois repris en occi­dent (notam­ment par Simon et Garfun­kel) est quasi­ment devenu chez nous le symbole même de la musique andine :

 

Article suivant dans la série :
Philosophie et style de la musique andine →

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre