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Le casque audio de réalité virtuelle
9/10
Award Innovation 2023
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Slate Audio élargit l’horizon, toujours plus loin dans l’innovation, avec un casque qui nous permet d’entendre et de mixer comme si on était dans la control room d’un grand studio, puis d’aller vérifier notre mix dans la voiture ou dans un night club en un clic.

Test du casque de monitoring Steven Slate Audio VSX : Le casque audio de réalité virtuelle

Steven Slate, ça vous dit quelque chose ? Un person­nage dans le monde de l’au­dio, connu pour ses propo­si­tions auda­cieuses ou farfe­lues, selon le point de vue. D’abord, au début des années 2000, ses premiers produits furent des samples de batte­ries, puis le tatoué baraqué Steven s’est spécia­lisé dans la modé­li­sa­tion de maté­riel analo­gique pour propo­ser divers plugins avec sa marque Slate Digi­tal. Mais depuis 2014 et son Virtual Micro­phone System, Slate ajoute encore une nouvelle dimen­sion à ses produits : il nous vend un micro qui, asso­cié à un trai­te­ment numé­rique, saurait repro­duire le son de tous les grands clas­siques de l’his­toire, du Neumann u67 au RCA 44. Plus besoin d’in­ves­tir des milliers d’eu­ros ni de chas­ser les bonnes occa­sions sur le web pour avoir le son légen­daire des Beatles et autres ? On peut y croire, accueillir à bras ouverts ces propo­si­tions inno­van­tes… Ou bien on peut avoir des doutes.

Head Funs

closed boxC’est dans cette ligne que le casque VSX de Slate Audio se situe. La propo­si­tion, encore une fois, est auda­cieuse : ce casque est asso­cié à un plugin, qui nous permet d’écou­ter avec diffé­rentes modé­li­sa­tions de paires de moni­teurs de studio, d’autres casques, de systèmes son de voitures, etc. Dans la formule de base appe­lée Essen­tials et vendue 299 $, celle que nous avons testée, on nous propose deux studios et leurs diffé­rentes paires de moni­teurs, deux casques en plus du VSX, un Club à LA (l’ami Steven est installé en Cali­for­nie), et une voiture SUV. Pour celles et ceux qui en veulent plus, cinq autres studios, plusieurs casques, des voitures, et autres systèmes d’écoutes, sont propo­sés dans la formule Plati­num à 499$, ou bien à l’achat dans diffé­rents bundles ou à l’unité. Pour chaque pièce de studio, on a le choix entre les deux ou trois paires d’écoutes présentes, nommées selon leur proxi­mité « near field » « mid field » ou « far field », et c’est bien la pièce qui est modé­li­sée, depuis le point d’écoute avec ses diffé­rentes options de moni­teurs. 

Psychoa­cous­tique et Marke­ting

front heaphoneArrê­tons-nous un peu sur cette idée : comment un casque peut-il recréer la sensa­tion d’écoute dans une pièce, avec sa profon­deur, sa distance aux haut-parleurs ? La marque nous parle d’une « tech­no­lo­gie psychoa­cous­tique binau­rale », sans plus de détail… Le binau­ral est une tech­no­lo­gie cher­chant à repro­duire la percep­tion sonore natu­relle humaine dans un envi­ron­ne­ment acous­tique donné en la resti­tuant dans un signal stéréo au travers d’un casque. On suppose que les modé­li­sa­tions ont été obte­nues à partir de prises de son binau­rales enre­gis­trées au point d’écoute. Il existe des solu­tions de prise de son binau­ral avec une micro­pho­nie inté­grée à une forme humaine qui resti­tue le plus fidè­le­ment possible un système audi­tif humain médian. Une des diffé­rences évidentes avec une écoute casque clas­sique réside dans le fait que chacune des deux oreilles va rece­voir un peu du canal stéréo opposé, et l’image stéréo sera en ce sens plus natu­relle que celle qu’on perçoit habi­tuel­le­ment avec un casque.

Pour le reste, le casque s’ap­puie sur des trans­duc­teurs en béryl­lium (maté­riau utilisé par Focal et quelques autres marques pour leurs twee­ters) pour les aigus, sur un système appelé Acous­tic Ported Subso­nic pour les graves, qui dirige un flux d’air dans un circuit bien précis vers les cous­sins, et nous est vendu comme parfai­te­ment linéaire. La commu­ni­ca­tion de Slate Audio sur la modé­li­sa­tion n’est pas très précise, peu de spéci­fi­ca­tions tech­niques nous sont données (ou alors on n’a pas trouvé), ce qu’on regrette un peu d’au­tant que les argu­ments de vente mis en avant du type « Car check. No car requi­red » sonnent un peu raco­leurs.

Dans les faits, on ne peut pas aller véri­fier au Sonoma Studio si la modé­li­sa­tion des enceintes ProAc et Amphion est réaliste, mais on a tout de même pu faire une compa­rai­son : parmi les casques propo­sés, on a le DT 770 Beyer­dy­na­mic. La réplique de VSX est très fidèle et on vous en parlera un peu plus loin, mais évidem­ment, modé­li­ser un casque dans un casque est un défi moins complexe que de recréer l’acous­tique d’une pièce avec diffé­rentes paires d’en­ceintes. Après quelques recherches, la modé­li­sa­tion la plus plébis­ci­tée serait celle du Archon Studio, qui n’est malheu­reu­se­ment pas incluse dans la formule de base, et qu’on n’a donc pas pu tester… à regret.

Une ques­tion s’im­pose à nous, un doute nous traverse : toutes ces possi­bi­li­tés d’écoutes en un clic, est-ce que c’est vrai­ment perti­nent ? Chaque chan­ge­ment d’écoute nous désta­bi­lise pendant quelques instants, et on se dit que ça va un peu à l’en­contre du fait de bien connaître son écoute quelle qu’elle soit, de la pratiquer et l’ap­pré­hen­der pour pouvoir bien l’uti­li­ser. Il faudra sans doute choi­sir pour chaque utili­sa­teur ses deux ou trois écoutes de réfé­rence et s’en tenir à celles-là pour travailler. Dans une vidéo sur ce produit, Steven Slate explique bien qu’il décon­seille de chan­ger trop fréquem­ment de modé­li­sa­tion, propose de travailler au moins trente minutes dans une confi­gu­ra­tion avant d’en chan­ger (nous on dirait plus que ça), et surtout conseille de passer par le silence entre deux réglages.

Le SX, un parte­naire fidèle

opened boxPour se mettre dans une situa­tion d’écoute, on ouvre une session dans notre logi­ciel de MAO, Pro Tools en l’oc­cur­rence. On suit les instruc­tions de Steven Slate et on commence par impor­ter des mixes que l’on connaît bien, certains sont les nôtres et d’autres sont des masters de morceaux qui nous servent de réfé­rence autant en studio qu’en live.

Le casque est compact, mais il englobe bien les oreilles, il est fina­le­ment assez léger, confor­table, et on finit par l’ou­blier rapi­de­ment. Une fois le plugin inséré sur le master d’écoute dédié au casque, on rentre les premiers chiffres du numéro de série de notre exem­plaire afin que celui-ci implé­mente un fichier de cali­bra­tion. L’image se précise dras­tique­ment, les basses sont profondes mais décou­pées, la stéréo est large et une belle profon­deur se dégage sans pour autant faire ressen­tir de bosse flat­teuse dans le haut du spectre.

On ressent donc une linéa­rité parti­cu­liè­re­ment éton­nante et équi­li­brée, ça tombe plutôt bien parce qu’on vient de décou­vrir le preset HD-LINEAR 1. Un deuxième preset linéaire existe (le HD LINEAR 2) et se démarque par une légère diffé­rence dans les mediums. On restera sur le premier preset comme écoute de réfé­rence sur laquelle bascu­ler à chaque fois que l’on voudra contour­ner un réglage d’ému­la­tion de studio, car il est bien stipulé que le plugin va bais­ser dras­tique­ment le niveau d’écoute et qu’il ne faut en aucun cas l’éteindre mais utili­ser le bouton “level match bypass”, qui va préser­ver le niveau d’écoute et nous rame­ner à notre écoute linéaire.

Slate nous explique que cette perte de volume est due au fait que certaines réflexions dans diffé­rents envi­ron­ne­ments sonores augmentent certaines fréquences et tran­si­toires, c’est donc une précau­tion pour éviter tout risque de satu­ra­tion numé­rique en sortie de plugin. La marque nous recom­mande d’adap­ter un réglage « ear profile » à notre largeur d’oreille. On part du prin­cipe que notre largeur d’oreille est stan­dard et on ne touche pas à ce para­mètre dans un premier temps.

Top Modé­li­sa­tion ?

Avançons un peu, et rentrons dans le vif des émula­tions. On commence par les modé­li­sa­tions de casques, et on est assez stupé­fait de la proxi­mité des écoutes en les compa­rant à nos DT770 et nos earpods réels. La balance tonale est en effet très simi­laire et les seules diffé­rences notables résident dans la forme des casques modé­li­sés, ainsi que dans le volume d’écoute de sortie de plugin. On doit ainsi adap­ter nos niveaux de sortie respec­tifs pour pouvoir compa­rer à niveau égal. 

stevens roomPlace aux émula­tions d’en­vi­ron­ne­ment studio.  On file donc dans la cabine de mix de notre cher Steven, et on conti­nue de suivre les instruc­tions de Mr Slate à la lettre en enclen­chant le mode qui nous permet d’avoir deux secondes de repos audi­tif entre deux envi­ron­ne­ments acous­tiques diffé­rents, ce qui nous paraît être une bien bonne idée.

L’écoute de proxi­mité est Mono (un bon vieux MixCube), mais on se rend vite compte que le vu-mètre de notre master n’est lui pas tota­le­ment Mono, les réflexions de la pièce sont donc préci­sé­ment émulées et sont retrans­crites en une légère diffé­rence entre l’oreille droite et la gauche. L’illu­sion est assez bluf­fante.

La paire de Bare­foot MM27 ici utili­sée en écoute moyenne nous procure une belle sensa­tion de profon­deur, très précise et dente­lée dans le haut du spectre et assez géné­reuse dans le bas. L’image stéréo est néan­moins plus resser­rée que dans le mode linéaire, ce qui corro­bore le fait que les réflexions de chaque côté sont aussi captées par le côté opposé, mais avec un peu de retard, moins de tran­si­toires et d’ai­gus, et un aspect un peu plus mouillé. C’est ce que nos cousins anglo­phones appellent le “cross­feed”. L’image sonore est encore une fois bien travaillée et parti­cu­liè­re­ment réaliste, par rapport à ce que nous avons pu perce­voir de notre seul point de compa­rai­son poten­tiel que pour­raient être les Focal Twin6 (ce sont deux paires de 2 voies et demie, et nous avons eu l’oc­ca­sion de tester les Focal récem­ment au studio).

Concer­nant les écoutes clients “far field” PMC IB1S, en fermant les yeux on ressent un écar­te­ment des enceintes plus impor­tant, qui corres­pond à leur empla­ce­ment réel. On entend encore plus la pièce qui travaille qu’avec les “mid field”, notam­ment dans les médiums et les graves, ce qui nous amène à essayer le bouton de « depth », qui consiste à réduire ou accen­tuer l’ef­fet de profon­deur de la pièce. Ayant envie de rega­gner un peu de préci­sion et de clarté, on dimi­nue dras­tique­ment cette profon­deur de champ et on regagne auto­ma­tique­ment en préci­sion dans les fréquences concer­nées. En accen­tuant cette profon­deur, on ramène beau­coup de bas médium dans les extrêmes laté­raux (ce que nous perce­vons aux exté­rieurs de la stéréo). C’est assez pertur­bant de réalisme, comme si on modu­lait l’ab­sorp­tion des panneaux acous­tiques laté­raux avec un simple poten­tio­mètre, même si encore une fois nous ne sommes pas dans la « private room » de Mr Slate pour pouvoir compa­rer. Ce réglage nous paraît agréable et inté­res­sant et nous l’en­re­gis­trons dans le « fav 5 », qui nous permet­tra d’y reve­nir d’un simple clic. 

sonoma studioOn change de studio pour aller au Sonoma, et son ambiance boisée, épurée et chaleu­reuse. Le son est de suite plus sec, avec moins de réver­bé­ra­tion, notam­ment sur la paire d’en­ceintes de proxi­mité ProAc Studio100, on sent qu’il y a moins de projec­tion, que les deux voies descendent moins grave dans le sub. On rajoute un peu de profon­deur afin de gagner un peu de réflexion, mais on manque toujours un peu de grave, ce qui nous permet d’al­ler toucher au petit module d’éga­li­sa­tion présenté comme léger par la marque. Ce n’est pas cranté, ni chif­fré, on va donc devoir faire travailler nos oreilles, pour notre plus grand plai­sir. On sent que le grave que l’on rajoute ne va pas inven­ter des sub harmo­niques que cette paire d’en­ceintes ne sait pas géné­rer, mais juste un soupçon d’as­sise, et c’est encore une fois assez réaliste et bien senti. En passant sur les Amphion Two18, on rappelle le niveau nomi­nal de notre grave mais on a envie d’al­ler cher­cher un peu plus de présence, on teste donc les autres bandes de fréquences qui répondent à leur tour de manière cohé­rente, mesu­rée et musi­cale. 

Cars and Clubs

suvPour ce qui concerne les envi­ron­ne­ments auto­mo­biles ou de club­bing, nous n’y avons pas parti­cu­liè­re­ment trouvé d’in­té­rêt. N’étant pas parti­cu­liè­re­ment experts en maste­ring et travaillant avec des profes­sion­nels de ce domaine, nous sommes tout à fait au clair sur le fait que nos mixes ne sonnent pas sur un système son de voiture, d’au­tant que nous ne possé­dons pas de puis­sant SUV. Et concer­nant le club, il y a autant de systèmes son et d’acous­tiques diffé­rentes que de clubs dans le monde. On imagine qu’il peut y avoir un enjeu sur le contrôle des subs et de certaines dyna­miques, mais nous n’al­lons jamais mixer au casque à un niveau qui nous permet­tra d’an­ti­ci­per ces problèmes, ainsi que le taux de remplis­sage du club quand l’heure de notre set vien­dra. 

IN SITU

hd linearNous avons profité de cette période de test pour mettre le casque à l’épreuve sur deux mixes pour le compo­si­teur de musique de film Maxime Hervé. Le premier très orches­tral pour une bande-annonce de jeu vidéo, et un autre plus acous­tique pour la BO d’un court métrage. L’ex­pé­rience était plutôt concluante, et le résul­tat très satis­fai­sant, tant dans le contrôle de la balance tonale, que dans la profon­deur du mix ou dans la spatia­li­sa­tion des éléments et des effets. Après une jour­née pleine à travailler avec le casque, le confort de celui-ci ainsi que sa linéa­rité ont été plei­ne­ment vali­dés. Même si quelques doutes persistent sur certaines fonc­tion­na­li­tés du produit, nous sommes donc plutôt très convain­cus par le cas VSX.

9/10
Award Innovation 2023
Fabrication (?) : États-Unis
Points forts
  • Profondeur, largeur et précision du son
  • Etalonnage du casque dans le plugin
  • Une linéarité optimale
  • Vidéos tutorielles nombreuses et précises pour une prise en main rapide et efficace
  • Ergonomie du plugin et option 2 secondes de silence pour les changements de réglage d'écoute
  • Réalisme des modélisations
Points faibles
  • Pas de corrections d'écoute en stand alone, impossible d'écouter une plateforme streaming
  • Les presets Club et Cars, moyennement utiles à nos yeux
Auteur de l'article Studios Megaphone

Les Studios Mégaphone, c'est un ensemble de studios de création, enregistrement et production musicale... situé à Aubervilliers juste au nord de Paris. Dimitri et Manuel sont les deux techniciens son et musiciens qui font tourner le studio principal.


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