Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
16 réactions
La Kalifornie à petit prix
8/10
Partager cet article

Kali nous revient depuis la west coast avec une 2e vague de LP-6, des moniteurs très abordables qui pourraient plaire à bon nombre de home-studios. Une paire de poids plume au rapport qualité prix plus qu'intéressant !

Test des moniteurs Kali LP-6 2nd Wave : La Kalifornie à petit prix

biais2Kali est un acteur récent du marché des enceintes de moni­to­ring, mais néan­moins très présent et actif, et on a donc testé plusieurs de leurs produits ces derniers mois. Nous avons ici affaire à une nouvelle « 2nd Wave », donc une V2, des petites LP-6 qui sont l’en­trée de gamme de la marque. LP, c’est pour Lone Pine, une ville cali­for­nienne située au pied de la Sierra Nevada. La marque basée dans le Golden State a donné à chacune de ses séries de produits le nom d’un lieu du même état. Dans cette série dont le nom complet est Project Lone Pine, on trouve donc les LP-6 et leur haut-parleur 6,5 pouces et leurs grands frères LP-8 en 8 pouces. On ne va pas tour­ner autour du pot, le gros point fort de Kali, c’est le prix, à plus forte raison encore sur cette série LP puisque la paire que l’on teste aujour­d’hui est vendue autour de 400 €. On avait eu l’op­por­tu­nité de tester les IN-8 de la même marque il y a un an, et leur rapport qualité prix nous avait plutôt séduits… voyons main­te­nant s’il en va de même pour le projet Lone Pine !

Papiers s’il vous plaît !

On déballe les enceintes, et le premier constat qu’on peut faire, c’est qu’elles ne vont pas nous faire mal au dos : elles sont très légères, seule­ment 7 kg ! Leur taille est assez stan­dard, plutôt allon­gée dans la hauteur (359 mm), pour une base moins large (222 mm) que profonde (260 mm). L’al­lure est sobre, noire, ayant pour seule excen­tri­cité le petit logo Kali et ses wave­forms bleues, tout en bas. Deux formes de vagues, pour une 2nd wave d’une marque basée en Cali­for­nie du Sud chez les surfeurs… On travaille bien le visuel chez Kali ! Juste au-dessus, on trouve un large évent pour le Bass Reflex, puis le haut-parleur 6,5 en papier. hpsCe choix de maté­riau n’est pas anodin, on n’a pas vu beau­coup de marques prendre cette option sur les moni­teurs récem­ment testés, mais Kali en a fait une de ses spéci­fi­ci­tés puisque la plupart de leurs modèles sont équi­pés de haut-parleurs grave ou médium en papier. Une discrète LED bleue nous indique que l’en­ceinte est allu­mée, puis on trouve tout en haut le twee­ter 1 pouce en textile, dans un guide d’onde ovale et hori­zon­tal que la marque appelle avec fierté « 3D Imagi­nary ». Les deux haut-parleurs sont insé­rés dans une forme arron­die comme un 8, ce qui donne une allure élégante au panneau avant. À l’ar­rière, on trouve une connec­tique très simple, des entrées en XLR, TRS ou RCA, ainsi que quelques réglages. Le rota­tif de volume n’est pas cranté, ce qu’on regrette toujours, mais sa course de moins l’in­fini à +6 dB marque un arrêt à 0 dB. On trouve juste au-dessus une série de huit très petits sélec­teurs. Les trois premiers servent à choi­sir un préré­glage du moni­teur, adapté à la posi­tion dans laquelle il est situé : sur un pied, sur une console ou un bureau, à proxi­mité ou non d’un mur arrière. Les quatre sélec­teurs suivants nous permet­tront d’uti­li­ser les filtres, un shelf dans les fréquences graves et un autre pour les aiguës, tous deux dispo­nibles à –2 dB ou +2 dB. Enfin, le huitième servira à sélec­tion­ner l’en­trée entre RCA et les deux entrées symé­triques XLR ou TRS. Pour ce test, on commence par sélec­tion­ner notre option de place­ment, enceintes posées sur la console du studio, et on atten­dra un peu avant d’ac­ti­ver les filtres.

  • dos
  • inputs
  • schemas3

 

Pour complé­ter la descrip­tion tech­nique des enceintes, elles comportent donc deux ampli­fi­ca­tions, une par voie, de classe D. La fréquence de coupure entre les deux haut-parleurs est de 1500 Hz. La marque insiste sur la réduc­tion du bruit (noise floor), en ce qui concerne cette 2nd Wave, qui serait 12 dB infé­rieur à la version précé­dente. Chaque moni­teur est livré avec son câble d’ali­men­ta­tion, quatre minus­cules plots pour l’iso­ler de la surface sur laquelle on le pose, et une feuille « guide de démar­rage rapide ». On n’ap­pren­dra pas grand-chose de ce docu­ment, si ce n’est que les LP-6 peuvent être dispo­sés debout, à l’en­vers (twee­ter vers le bas), mais certai­ne­ment pas à l’ho­ri­zon­tale. duo face2

De jolies courbes

L’ins­tal­la­tion est rapide, les moni­teurs légers se placent presque tous seuls, on regret­tera juste ce poten­tio­mètre pour le volume qui n’est pas cranté : on choi­sit d’écou­ter les enceintes autour de +3 dB, pour pouvoir compa­rer avec les autres moni­teurs présents dans le studio à volume égal, mais on ne peut pas être assuré d’une stéréo parfaite avec ces rota­tifs. La première impres­sion est assez sédui­sante ! Pour des enceintes de cette gamme de prix, la préci­sion nous semble très bonne, la balance tonale plutôt cohé­rente, et l’image stéréo effec­ti­ve­ment très belle. On note tout de même une certaine douceur, un léger manque dans des fréquences haut-médiums et aiguës, qui édul­core un peu trop les attaques et certains éléments ryth­miques. Le grave est plutôt convain­cant, présent (dans la limite de ce que peuvent four­nir des moni­teurs de ce format) mais pas enva­his­sant. Les bas médiums paraissent un peu denses, notam­ment au regard de ce qui se passe plus haut dans le spectre. On va effec­tuer des mesures pour véri­fier ces premières impres­sions et on commence par une mesure avec notre micro Sonar­works du bruit blanc diffusé par les LP-6 dont voici l’ana­lyse fréquen­tielle. Mesure Bruit blanc Kali lp6

Le spectre est effec­ti­ve­ment plus dense, un peu au-dessus de 100 Hz, et ce, jusqu’à 470 Hz. L’ana­lyse vient aussi nous confir­mer une petite lacune entre 5 kHz et 13 kHz, qui va dans le sens de nos premières impres­sions. À titre de compa­rai­son, les dernières paires mesu­rées de cette manière dans cette pièce, les KRK clas­sic 8ss et les Fluid Audio Image 2, présen­taient pour l’une un pic autour de 5 kHz, pour l’autre un dôme autour de 50 Hz. Des profils bien diffé­rents, donc… On précise que la courbe descen­dante au-dessus de 470 Hz n’est pas spéci­fique à ces enceintes, on la retrouve régu­liè­re­ment dans nos mesures, et on l’im­pu­tera donc plutôt à notre pièce. À l’aide du logi­ciel Soun­dID Refe­rence de Sonar­works, on va effec­tuer une deuxième mesure, qui consiste en fait en 32 mesures à diffé­rents points de la pièce. Le graphique qu’on obtient vient là encore confir­mer nos impres­sions : le niveau est impor­tant entre 115 Hz et 500 Hz envi­ron, puis dans les aigus la courbe descend légè­re­ment entre 5 kHz et 13 kHz. Ce qu’il nous révèle et qu’on n’avait pas perçu, en revanche, c’est un manque dans les graves entre 60 Hz et 115 Hz. SoundID Ref Kali lp6

L.A. Woman 

On va main­te­nant écou­ter un peu de musique, parce que les bruits blancs et autres swipes utili­sés pour ces mesures, ça ne ravit pas fran­che­ment nos oreilles. Pour évaluer ces moni­teurs, on va les confron­ter sur quelques morceaux à nos enceintes de réfé­rence, à savoir les Gene­lec 1030a et les Adam A7X.

Radio­head — 15 step

Comme on s’y atten­dait un peu, la voix et la guitare élec­trique sont très char­nues, le bas médium leur donne une belle substance, mais on manque un peu de défi­ni­tion en haut du spectre. Les parties ryth­miques, cise­lées dans cette produc­tion, manquent un peu de nervo­sité, et même la voix de Thom Yorke n’a pas la clarté qu’on lui connaît. Cela dit, l’image stéréo est vrai­ment belle et l’écoute très agréable. À l’en­trée de la basse, on perçoit en effet que son registre le plus grave manque très légè­re­ment. Sans plus attendre, on va tester un petit réglage et augmen­ter les aigus à l’aide du filtre. 

Kendrick Lamar — Alright

Après ce détour chez les intel­los britan­niques, retour en Kali­for­nie. Grâce à notre réglage +2 dB en shelf dans les aigus, on trouve l’équi­libre fréquen­tiel bien meilleur et cette écoute est vrai­ment convain­cante. Au-delà de la ques­tion des fréquences, les tran­si­toires ne sont pas aussi saillantes que sur nos Gene­lec, mais c’est le cas de presque toutes les enceintes qu’on a pu tester. A priori, le choix d’une membrane en papier laisse plutôt penser que les tran­si­toires vont être légè­re­ment amor­ties. Mais sur ce plan comme sur d’autres, la compa­rai­son avec les Adam A7X est plutôt flat­teuse pour les LP-6. Après quelques minutes d’écoute, on remarque tout de même que la bande de fréquence augmen­tée par le filtre descend un peu trop bas, et on a l’im­pres­sion d’avoir un peu plus de niveau dans la zone autour de 2 kHz, ce qui est un peu dommage. 

face2Fleet­wood Mac — Dreams

On reste sur le terri­toire des LP-6 avec ce clas­sique du L.A. des années 70. On manque encore un peu d’air, mais la balance tonale est tout de même très hono­rable pour des enceintes à ce prix-là. Compa­rées à des modèles nette­ment plus cher, on ressent un manque de profon­deur, tous les éléments de l’ar­ran­ge­ment semblent être davan­tage au premier plan, mais à nouveau, on ne peut pas attendre d’une paire à 400 € qu’elle riva­lise avec des moni­teurs bien plus chers. D’ailleurs, sur le plan des fréquences, on a entendu des paires cinq fois plus chères qui étaient moins équi­li­brées ! 

Mode­rat — A New Error 

On quitte le soleil cali­for­nien pour la froi­deur berli­noise avec ce morceau qui nous sert quasi systé­ma­tique­ment de réfé­rence pour les fréquences graves. On va donc en profi­ter pour tester le filtre du bas, et écou­ter ce qu’il peut nous appor­ter. Avec ce petit shelf de +2 dB dans les graves, les basses du morceau sont bien plus mises en valeur, et on est assez impres­sion­nés par l’ef­fec­ti­vité de cette égali­sa­tion. Les deux filtres sont donc désor­mais à +2 dB, et fran­che­ment ce réglage nous semble très convain­cant, en ce sens qu’il compense le petit excès de médium qu’on avait perçu au départ. L’équi­libre en volume avec nos écoutes de réfé­rence n’est plus vrai­ment là, on se rend compte qu’on a nette­ment gagné en niveau avec ces deux réglages. En passant en revue les morceaux précé­dents, on regrette à nouveau que ce filtre bas monte un peu trop, et on sent bien qu’il ne remonte pas seule­ment ce qui nous manquait, mais aussi des fréquences au-dessus de 120 Hz dont on ne manquait pas. Mais tout de même, si on se détache un peu des compa­rai­sons avec nos habi­tudes et nos réfé­rences, ça sonne vrai­ment bien ! 

duo biais serreConclu­sion

Sur le marché des moni­teurs à moins de 500 € la paire, Kali est incon­tes­ta­ble­ment très bien placé. Cette paire de LP-6 est très agréable à écou­ter, plutôt équi­li­brée dans la balance tonale, et sa préci­sion est impres­sion­nante, au vu du prix. Les filtres ne sont pas parfaits, mais ils sont tout de même utiles. Un produit réel­le­ment inté­res­sant pour les musi­ciens et produc­teurs qui disposent d’un petit budget. 

8/10
Fabrication (?) : Chine
Points forts
  • le prix
  • une belle précision
  • un équilibre fréquentiel très correct au vu du prix
  • des filtres utiles
Points faibles
  • petite lacune dans les aigus
  • des transitoires un peu trop douces
Auteur de l'article Studios Megaphone

Les Studios Mégaphone, c'est un ensemble de studios de création, enregistrement et production musicale... situé à Aubervilliers juste au nord de Paris. Dimitri et Manuel sont les deux techniciens son et musiciens qui font tourner le studio principal.


Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre
Auteur de l'article Studios Megaphone

Les Studios Mégaphone, c'est un ensemble de studios de création, enregistrement et production musicale... situé à Aubervilliers juste au nord de Paris. Dimitri et Manuel sont les deux techniciens son et musiciens qui font tourner le studio principal.