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Sujet Dis moi ce que tu lis.

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1 Dis moi ce que tu lis.
... et je te dirais qui tu es...

En ce moment je lis "L'ombilic des Limbes" d'Antonin Artaud, décidement (dément?) ce mec était génial!!!

Et vous c'est quoi vos lectures en ce moment???
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Jean-Noël Von Der Weid - La Musique du XXe Siècle (720 pages)

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Von Der Weid est un musicologue suisse travaillant à Paris.
Ce livre ne traite que de "grande musique", ou "musique savante" (il faudra quand même un jour qu'on trouve un qualificatif moins ridicule pour cette musique!) Donc rien sur le jazz ou la musique pop. Toutefois, l'auteur lance parfois des passerelles qui font que sont occasionnellement cités des gens comme les Beatles, Franck Zappa, Brian Eno, Miles Davis ou autres.

Certains choix ou avis peuvent être discutables. Par exemple Ravel ou Prokofiev ne sont pas traités, car, dit l'auteur, "ce sont des compositeurs du passage au XXe siècle, dont l'inexistence n'aurait pas infléchi le cours de l'histoire musicale" (contrairement à un Debussy, par exemple.) Concernant la musique des Etats-Unis, rien non plus sur Gershwin, ni sur Bernstein. Là l'auteur ne se justifie pas, mais je soupçonne qu'il considère que ces compositeurs ne faisaient pas de la "grande musique". D'ailleurs, on trouve une seule ligne sur Gershwin, pour dire que son "Rhapsody In Blue" est une musique "niaiseuse" (!!)

Mais ne fuyez pas! Ce livre donne tout de même une très belle vue d'ensemble, bien organisée et documentée, sur la musique du siècle avec quantité de notices biographiques, de commentaires et d'analyses d'œuvres, d'évocations des contextes historiques. Tous les grands courants sont abordés et définis. On trouve des discographies et bibliographies sélectives pour chaque chapitre. On a enfin un énorme index offrant des milliers d'entrées.
Mais surtout, le challenge réussi, c'est que ce livre saura intéresser un public averti tout en restant parfaitement accessible aux profanes (quand occasionnellement se présente un mot technique ou difficile, il est défini dans un encadré.)

Ce livre m'a permis de découvrir nombre de compositeurs intéressants que je ne connaissais que de nom ou pas du tout. J'aime beaucoup me promener sur YouTube avec ce bouquin à coté de moi.

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Dans le même genre, court, fun, et complet, il y a ça :

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Guide du mélomane averti, par Jean-Bernard Piat.

Il est toujours à la limite de l’auto-dérision sur « les avis courants, chez ceux qui écoutent beaucoup de classique ». Du coup son ironie cynique bien marrante rend le livre encore plus agréable. Et bien qu’il soit court, il est déjà très riche sur l’histoire, les biographies, les anecdotes, les morceaux, leur style, leur réception...
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Pouet > Je note ce titre!

Tout autre chose:
Philip Le Roy - La Porte Du Messie

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Livre sorti en 2014. Dernier bouquin en date de l'auteur qui en a écrit une douzaine.
Un roman palpitant qui n'est pas sans évoquer Dan Brown.
Le héros est amené à faire des recherches sur ses propres origines ce qui le conduira à enquêter sur les origines de l'islam. Une quête à hauts risques jalonnée de cadavres. Pendant tout le livre, on se demande si le héros n'est pas lui même le Messie revenu sur terre.
L'auteur fait preuve d'une belle érudition et le roman est vraiment haletant. Difficile d'interrompre la lecture une fois qu'on l'a commencée!

[ Dernière édition du message le 03/10/2018 à 01:28:08 ]

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Et à la fin est-ce que Tom Hanks sauve le monde?

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

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Les racines du ciel de Romain Gary (1956)

Un roman écologique (je pense que c'est l'un des premiers romanciers à utiliser le mot) sur notre rapport aux animaux (ici les éléphants en particulier) et à la préservation de la nature donc. Le tout sur fond de puissance coloniale finissante et de libérateurs prêts à jouer les nouveaux maîtres. Une galerie de portraits entre grandiose et ridicule.

Outre son talent de conteur, j'ai trouvé très forte sa façon de renvoyer un paquet d'idéologies dos-à-dos au prisme de l'écologie.
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Tiens... tu m'intéresses bien là. Merci. J'avais apprécié Chien Blanc, vision assez détonante sur les relations noirs-blancs dans le L.A des 70's, l'époque où il y vivait avec Jean Seberg.

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Hors sujet :
Ah... Jean Seberg dans A bout de souffle... :aime2:
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Ah, j'ai pas lu Chien blanc mais j'ai vu le film de Samuel Fuller qui est génial. Sinon, de Gary j'ai beaucoup aimé La promesse de l'aube (pour des raisons personnelles aussi) et La vie devant soi. Je suis en train de lire Les oiseaux vont mourir au Pérou qui est un recueil de nouvelles, un peu inégal, mais où on voit bien son talent pour raconter des histoires.

Citation :
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Hors sujet :
Ah... Jean Seberg dans A bout de souffle... :aime2:

Pareil. :bave:
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Citation :
La mésologie se veut être une science des milieux, qui étudie de manière interdisciplinaire et transdisciplinaire la relation des êtres vivants en général, ou des êtres humains en particulier, avec leur environnement.


https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9sologie

Voilà de quoi traite le livre. Si il est bien sûr question d'écologie, l'essai porte surtout sur la manière dont certaines civilisations ont appréhendé leur environnement à commencer par la nature elle-même et en sont venu petit à petit à "inventer" le paysage.

Après une introduction, le premier chapitre traite des fondations d'une "culture du paysage" qui a pris ses racines en Chine par le biais des lettrés proches du pouvoir et esthètes qui ont eu tout le loisir de définir la beauté de la nature et du paysage, d'autant plus qu'ils n'y travaillaient pas comme le faisaient les paysans.
Ce qui a ensuite amené à modifier les paysage selon des critères purement esthétiques idéaux définis par des personnages qui n'y vivaient pas.
Le lettré "voyant mieux" la nature, la campagne ou le paysage (ou en tout cas l'idée qu'il s'en fait) en faisant usage du pouvoir du verbe qui lui permet de l'écrire, le dire et ensuite le re-définir.
Peu à peu fut alors créé le jardin, sorte de mini-nature sauvage dans les murs, où l'on pouvait se retirer loin des tracas de la ville ou du pouvoir politique et de ses pressions. On pouvait alors, l'espace d'un temps plus ou mois long être tel un ermite tout en restant en pleine ville, l'érémitisme étant alors un autre idéal.

Au second chapitre il est question de l'appropriation de ces aspects par le Japon avec le développement de l'espace
dédié à la cérémonie du thé (d'abord exercée dans en endroit clos mais sans toit) et de l'influence que cette dernière aura sur le développement de certains aspects de la maison japonaise.

Le troisième et dernier chapitre enfin, est consacré au monde occidentale, de ce qu'il a retiré de ces approches d'Extrême-Orient
et comme il les a conjugué avec la Révolution Industriel qui a amené la mécanisation, coupant l'homme de son rapport
à la nature et l'a "decosmicisé", plus encore avec l'avènement des ville où il se trouve aliéné dans une "acosmie".
L'auteur explique qu'il est devenu un "cyborg" puisque tributaire d'un environnement dans lequel tout s'est mécanisé.
Ne s'adaptant donc plus à la nature, il se voit dans l'obligation de s'adapter à un monde mécanisé gourmand en ressources menant à la surexploitation de la nature et donc de la dégradation de cette dernière.
Petit paradoxe: le 4X4 symbolise une forme mécanisé de "retour à la nature" puisque prévu pour aller dans la nature... tout en n'y allant pas vraiment. Le 4X4 se voit effectivement beaucoup en ville.

C'est un résumé extrêmement extrêmement extrêmement simplifié de ce livre extraordinaire bourré de références et de concepts grecs, chinois et japonais. Mais quel plaisir de voir comment Augustin Berque fait l'étymologie d'un sinogramme, quel plaisir de lire des poèmes japonais, comment tout cela se trouve finalement "en-naturé".
Gage de qualité pour ce qui me concerne: les poèmes et textes chinois, japonais ou anglais
sont écrits dans leurs langues originelles et jouxtent la traduction française.

Mais l'érudition est également selon moi le défaut du livre.
Car si on y apprends énormément et avec enthousiasme, l'auteur nous perd quelques fois, surtout dans la deuxième moitié du chapitre consacré au Japon, dans lequel il est question des diverses variations et évolutions de la cabane à thé avec les termes précis des éléments, les surfaces, des ustensiles et matériaux.
Paradoxalement, j'adore ce sens de la précision.

Difficile aussi le chapitre sur l'Occident où plus que jamais un lexique de mésologie ainsi que quelques éléments
de philosophie grecque (topos, chôra) s'avèrent indispensables pour bien saisir les subtilités du propos.
Les définitions sont souvent données dans le livre et il faut donc bien les repérer et noter les pages où elles figurent, car dans ce dernier chapitre il pourra éventuellement être questions de notions spécifiques des cultures chinoises et japonaises vues précédemment, mais que l'on a oublié, noyé que l'on est dans la forte densité du texte.
Le livre étant toutefois bien fait, on trouve à la fin de l'ouvrage la page relative à l'occurrence des termes chinois et japonais.
Souvent, l'auteur renvoie également à son livre Écoumène, dans lequel les fondamentaux de la mésologie sont exposés, développés et il me semble qu'il vaut donc mieux commencer par ce dernier.
Perso je l'ai acheté alors que je lisais celui-ci.

Ce livre n'est pas un plaidoyer pour l'écologie, ça n'est pas un ouvrage de spiritualité. Ne vous attendez donc pas à un truc "à message" écologico-spirituel. Ces aspects ne sont pas absents du propos mais ils ne le fondent pas. Ils sont tout simplement inévitables si l'on veut aborder et comprendre certains contextes de manière exhaustive.
Il s'agit donc plutôt ici d'histoire, d'anthropologie, d'ethnologie, de philosophies, un livre riche, passionnant étonnant, très très bien écrit, à la fois facile d'accès mais aussi très érudit, ce qui impose donc une lecture lente avec de nombreuses pauses et relectures de ce petit pavé de 355 pages.

Augustin Berque est indiscutablement un grand mais reste trop méconnu.
Vous trouverez des conférences sur YT, mais bien qu'elles soient souvent aussi denses que ses textes,
elles vous donneront une idée de ce dont il est question et vous enchaînerez alors peut-être
avec l'achat d'un de ses livres. Pour ce qui me concerne, le bonhomme étant prolifique, j'achèterai
certainement d'autres livres sur ses thématiques.

[ Dernière édition du message le 22/10/2018 à 09:13:52 ]

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Marrant qu'en tant que fils de Jacques, "sa mésologie" soit axée sur cette translation Sino-nipponne---->Occident
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Pourquoi c'est marrant? Je veux dire, dans le lien Père > mésologie > translation Extrême-Orient/Occident?