Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
187 réactions
Pilotage bien maitrisé
9/10
Award Qualité / Prix 2022
Partager cet article

Présentée récemment, la série de workstations Fantom-0 tente d’offrir à tarif modéré l’essentiel de la série haut de gamme Fantom sortie il y a quelques années. Puissance, plateforme, moteurs, fonctionnalités, cosmétique, voyons ce qui a pu être conservé…

Test du Fantom-06 de Roland : Pilotage bien maitrisé

Fantom-0_2tof 01.JPGBien moins dyna­mique qu’il y a quelques décen­nies, le marché des works­ta­tions est en pleine muta­tion. Peu de marques se le disputent encore et les produits propo­sés ne semblent plus offrir l’en­semble des fonc­tion­na­li­tés requises pour être plei­ne­ment éligibles à cette caté­go­rie. Il n’est pas rare de voir la section sampling passer à la trappe, quand ce n’est pas le séquen­ceur proposé en mode dégradé. En revanche, les construc­teurs ont multi­plié les moteurs de synthèse et les modèles présen­tés aujour­d’hui en assemblent plusieurs, les mélan­geant allé­gre­ment au sein de combi­nai­sons multi­tim­brales sophis­tiquées, appor­tant une palette sonore impres­sion­nante, tant en qualité qu’en diver­sité. Tout cela est large­ment déve­loppé dans notre guide d’achat dédié aux works­ta­tions.
Roland a présenté il y a quelques années sa nouvelle série Fantom, très puis­sante et surtout très ergo­no­mique, posi­tion­née dans le haut du panier. Il n’est pas surpre­nant de voir appa­raitre quelque temps après, comme bien souvent, un modèle d’en­trée de gamme héri­tant de la tech­no­lo­gie du vais­seau amiral. C’est donc la nouvelle série Fantom-0 qui s’y colle, prenant la relève de la série FA qui peut main­te­nant prendre un repos bien mérité. Elle vient en effet de prendre un sacré coup de vieux. Voyons pourquoi, aux commandes d’un Fantom-06 équipé de l’OS1.01, un chas­seur redou­table qui ne paie pour­tant pas de mine…

Cosmé­tique et connec­tique

Fantom-0_2tof 03.JPGLa série Fantom-0 est décli­née en trois modèles : 61 et 76 touches avec clavier synthé et 88 touches à toucher lourd. Nous avons testé le Fantom-06, c’est-à-dire la version 61 touches. Le clavier est sensible unique­ment à la vélo­cité. Doté de touches de quasi 14 cm, sa réponse nous a agréa­ble­ment surpris, bien meilleure que ce qu’on trouve à la concur­rence dans la même gamme. La construc­tion est entiè­re­ment en plas­tique, rien à voir avec le haut de gamme maison. Du coup, on s’en tire avec un poids bien moindre : 101 × 32 × 10 cm pour 6 kg (Fantom-06), 122 × 32 × 10 cm pour 7 kg (Fantom-07) et 139 × 35 × 14 cm pour 15 kg (Fantom-08). Le noir sobre se marie bien avec les quelques rétroé­clai­rages rouges (molettes, sélec­teurs de la zone de mixage, 16 touches numé­ro­tées dans la zone programmes) et multi­co­lores (les 16 pads), ainsi que l’écran couleur tactile 5.5 pouces (1.280 × 720 points, plus petit que celui du Fantom, mais plus précis en réso­lu­tion). Là encore, on est globa­le­ment loin de la géné­ro­sité du Fantom, segmen­ta­tion oblige. Les rota­tifs sont bien ancrés, les curseurs verti­caux frottent un peu, mais ça reste utili­sable.
La connec­tique est assez complète, comme on le constate sur le panneau arrière. Pour l’au­dio : sortie casque, sorties prin­ci­pales gauche/droite, sorties secon­daires gauche/droite, seconde sortie casque, entrées ligne gauche/droite, entrée micro avec mini-poten­tio­mètre de niveau. Toutes les prises sont au format jack 6,35, sauf la seconde sortie casque en mini-jack. Les sorties prin­ci­pales sont symé­triques, merci. Pour les pédales, on a trois entrées (main­tien et deux conti­nues, la seconde palliant le manque de réponse en pres­sion du clavier). Le Midi DIN se limite à une entrée et une sortie. On trouve trois prises USB (type A pour contrô­leur, type B pour PC, type A pour mémoires de masse). L’USB type B permet le trans­fert de données Midi et audio (2 entrées stéréo et 16 sorties stéréo, 24 bit/48–96 kHz), bravo ! Enfin, on trouve une borne circu­laire pour alimen­ta­tion externe, pas vrai­ment surpre­nant pour ce niveau de gamme.

Ergo­no­mie bien pensée

Fantom-0_2tof 04.JPGLes works­ta­tions actuelles cumulent telle­ment de fonc­tions que l’er­go­no­mie est un élément clé. En effet, le risque de tomber dans l’usine à gaz est très fréquent. Depuis le Fantom de 2019, Roland a parti­cu­liè­re­ment soigné la manière de construire des ensembles sonores, de les pilo­ter avec les commandes en façade et de visua­li­ser leur orga­ni­sa­tion à l’écran. Moins doté que son grand frère, le Fantom-0 hérite toute­fois de l’es­sen­tiel, ce qui rend sa prise en main plus aisée que ses concur­rents actuels. On a grosso modo six sections sous la main : tout à gauche, les contrô­leurs, à savoir un bâton de joie à ressort (pitch­bend gauche/droite et modu­la­tion vers le haut), 2 inter­rup­teurs assi­gnables et 2 molettes clas­siques de pitch­bend et modu­la­tion. Juste après, une vaste section de mixage permet­tant de contrô­ler en temps réel les 16 zones sonores par groupe de 8 (volume, pano­ra­mique, sélec­tion/acti­va­tion/coupure, paries internes/externes et autres para­mètres assi­gnables pour le live) ou des para­mètres de synthèse (8 tirettes harmo­niques en mode orgue modé­lisé, par exemple). C’est là qu’on trouve des fonc­tions bien pratiques comme la trans­po­si­tion (octave ou demi-ton), le mode split rapide ou l’ar­pé­gia­teur. La partie centrale est dédiée à l’édi­tion, autour de l’écran graphique tactile. C’est là qu’on édite et qu’on navigue, direc­te­ment à l’écran ou avec les enco­deurs contex­tuels, lorsqu’il s’agit de défi­ler dans une liste ou chan­ger les valeurs. Bien pensé, d’au­tant que les menus ne sont pas avares de graphiques, courbes, zones, tableaux et autres icones hautes en couleurs et faciles à comprendre. Dans cette section, on trouve aussi des touches permet­tant d’ap­pe­ler direc­te­ment certains modes : effets maitres, pad tactile à mouve­ment, pilo­tage de DAW externes, mode scène, enchai­ne­ment de scènes (pour le live), édition de zone unique (un Tone isolé), fonc­tion zoom (très pratique pour visua­li­ser une scène complète ou entrer dans les détails des diffé­rentes zones).
A droite de la section centrale, une petite zone permet d’ap­pe­ler direc­te­ment les pages prin­ci­pales de la section synthèse (oscil­la­teurs, ampli, effets, LFO), ou encore d’édi­ter le filtre avec deux poten­tio­mètres (fréquence et réso­nance) et un inter­rup­teur (type), pas aussi pratique que celle du Fantom. Imbriquée juste en dessous, la section programmes/séquences, avec des commandes de trans­port, sélec­teurs pour les modes du séquen­ceur et une rangée de 16 touches (sélec­tion des sons par caté­go­rie, enchai­ne­ment de scènes ou program­ma­tion des pas du séquen­ceur). Enfin, complè­te­ment à droite, la dernière section est dédiée aux pads et à l’échan­tillon­nage. C’est ici qu’on déclenche le sampling, qu’on assigne les sons aux pads et les pads aux banques. Les 16 pads lumi­neux permettent de jouer des samples, des sons, des kits de percus­sions ou des motifs ryth­miques, de sélec­tion­ner/couper des partiels ou des zones, ou encore de pilo­ter une STAN. Dommage que ce soient de simples inter­rup­teurs plutôt que des pads dyna­miques, on ne pourra pas les utili­ser pour program­mer des percus­sions réalistes. Le rôle assi­gné aux pads est mémo­risé dans chaque scène, tant mieux !

Tous en scène

Fantom-0_2tof 06.JPGLe Fantom-0 est une works­ta­tion poly­pho­nique 256 voix maxi­mum, qui se réduit logique­ment si on empile plusieurs couches sonores, on utilise des samples stéréo ou on fait appel à certaines modé­li­sa­tions gour­mandes. Il est orga­nisé en scènes multi­tim­brales de 16 zones, qui pilotent une partie sonore interne et/ou externe (Tone). Les 16 zones peuvent être jouées au clavier ou via le séquen­ceur 16 pistes, dans une tessi­ture à défi­nir. L’une des zones est assi­gnable aux pads. Il est très facile de créer des empi­lages ou sépa­ra­tions de clavier, avec contrôle visuel clair de ce qu’on fait. Ainsi, on peut rapi­de­ment sélec­tion­ner une scène, chan­ger le Tone assi­gné à une zone, modi­fier les para­mètres de zone, éditer les para­mètres de synthèse ou d’ef­fets (avec les 6 enco­deurs contex­tuels ou par les menus), trans­po­ser, mélan­ger les diffé­rentes zones, pilo­ter des géné­ra­teurs sonores externes, ou encore lancer l’ar­pé­gia­teur, un motif ou une séquence. Un pad virtuel à mouve­ments permet de mélan­ger quatre zones en temps réel via l’écran tactile.
Chaque zone dispose de para­mètres indé­pen­dants : numéro de Tone, routage (sorties audio ou effets d’in­ser­tion), volume, pano­ra­mique, départs vers les effets globaux (chorus, réverbe), tessi­ture, fenêtre de vélo­cité (avec fondus haut et bas), EQ para­mé­trique 3 bandes, pitch, tempé­ra­ment clavier (9 gammes, dont une program­mable), vibrato, porta­mento, offset de certains para­mètres de synthèse (coupure du filtre, réso­nance, ADR de l’en­ve­loppe de volume), mode de voix (mono/poly), assi­gna­tion aux commandes physiques, réserve de voix, canal Midi de récep­tion, filtrage de contrô­leurs Midi. Si la zone est (aussi) défi­nie comme externe (pilo­tage d’un appa­reil Midi), on a quasi­ment les mêmes réglages, y compris les offsets des para­mètres de synthèse. Seules excep­tions évidentes, le vibrato, le tempé­ra­ment et la réserve de voix. On peut aussi défi­nir le canal Midi d’émis­sion, le nom de l’ap­pa­reil piloté, le numéro de banque et le numéro de programme. C’est vrai­ment très simple à utili­ser, que ce soit avec les moteurs internes ou des modules externes, bravo ! On dispose de 4×128 mémoires de scènes. Pour les adeptes de la scène (la réelle), une fonc­tion permet de créer 100 enchaî­ne­ments de 512 scènes (virtuelles), de quoi tour­ner plusieurs décen­nies sans inter­rup­tion !

Palette sonore

Fantom-0_2tof 07.JPGLe propre des works­ta­tions est d’of­frir la palette sonore la plus large possible, avec beau­coup de sons prêts à l’em­ploi. Le Fantom-0 est livré avec 3.668 programmes (Tones) et 283 scènes (réins­crip­tibles, parmi les 512). La nature des programmes est multiple : samples Super Natu­ral (instru­ments acous­tiques, pianos et pianos élec­triques), modé­li­sa­tions analo­giques (Zen-Core VA), modé­li­sa­tion d’orgues (VTW) et banques de samples tirés des anciennes cartes SRX. Réglons tout de suite le sort de ces dernières : à part quelques sons histo­riques, la plupart commencent vrai­ment à dater. On leur préfère de loin les basses élec­triques, ensembles de cordes, instru­ments à vent (sauf les saxes), chœurs, pianos acous­tiques et pianos élec­triques des banques Super Natu­ral instal­lées. On regrette un peu l’ab­sence du moteur V-Piano, réservé au grand Fantom, segmen­ta­tion oblige.
La machine renferme de nombreux et excel­lents sons de synthés, tirés des machines emblé­ma­tiques de la marque ou issus du moteur Zen-Core VA inté­gré (on ne parle pas ici des modé­li­sa­tions EXM option­nelles). A nous les strings, les cuivres, les basses rondes, les nappes, les textures complexes et les effets spéciaux. Les percus­sions acous­tiques et élec­tro­niques (samples) sont égale­ment quali­ta­tives, pour tous les styles de jeu. Toute cette palette sonore déjà riche peut être éten­due avec des moteurs et banques d’échan­tillons addi­tion­nels (cf. enca­dré). La qualité audio est très bonne, elle reste un poil en dessous du Fantom au plan défi­ni­tion, profon­deur et dyna­mique. Il faut bien utili­ser des câbles symé­triques sur les sorties prin­ci­pales, on gagne envi­ron 6 dB sur des câbles asymé­triques et cela évite de pous­ser le gain dans les réglages système. Ce n’est pas surpre­nant, le grand frère coûte quand même plus du double ! Il manque aussi la tran­si­tion douce entre les scènes, dommage.

Fantom-0_1audio 01 Clas­sic Piano1
00:0002:27
  • Fantom-0_1audio 01 Clas­sic Piano102:27
  • Fantom-0_1audio 02 Clas­sic Piano200:34
  • Fantom-0_1audio 03 Jazz Piano00:41
  • Fantom-0_1audio 04 Elec­tric Piano100:46
  • Fantom-0_1audio 05 Elec­tric Piano200:36
  • Fantom-0_1audio 06 Elec­tric Bass00:19
  • Fantom-0_1audio 07 Slap Bass00:11
  • Fantom-0_1audio 08 Brass Tower00:30
  • Fantom-0_1audio 09 String Ens00:53
  • Fantom-0_1audio 10 Mars Choir00:41
  • Fantom-0_1audio 11 Rock Kit00:38
  • Fantom-0_1audio 12 Metal Kit00:29
  • Fantom-0_1audio 13 Elec­tro Kit00:51
  • Fantom-0_1audio 14 Sample Pads101:13
  • Fantom-0_1audio 15 Sample Pads201:25

 

Zen-Core simple (sources et trai­te­ments)

Fantom-0_2tof 09.JPGInté­res­sons-nous main­te­nant aux diffé­rents moteurs sonores. Le moteur Zen-Core mélange la lecture d’échan­tillons et la partie synthèse VA du V-Synth. Au niveau global du Tone, on peut régler le volume, le pano­ra­mique, la prio­rité de note, l’ac­cor­dage, l’in­sta­bi­lité, le mode mono/poly, l’unis­son, le legato, le porta­mento et l’ef­fet du pitch­bend (et plein d’autres choses). Un Tone Zen-Core est consti­tué de 4 partiels, c’est-à-dire 4 synthés en couche que l’on peut sélec­tion­ner/acti­ver/couper avec l’écran ou les pads. On trouve deux types d’édi­tion : Zoom (accès graphique, par partiel, à de nombreux para­mètres) et Pro (accès à tous les para­mètres, pour les 4 partiels, sous forme de tableaux). Chaque partiel a ses propres tessi­ture et fenêtre de vélo­cité. Un partiel est consti­tué d’un oscil­la­teur, un filtre, un ampli, 2 LFO, 3 enve­loppes et un EQ. Les partiels sont arran­gés en struc­tures, au sein desquelles ils peuvent inter­agir deux par deux : synchro, modu­la­tion en anneau ou cross modu­la­tion. Les oscil­la­teurs font appel à un multié­chan­tillon (mono ou stéréo) ou à une onde analo­gique modé­li­sée. On compte 2.108 multié­chan­tillons/échan­tillons en mémoire interne, auxquels s’ajoutent ceux des banques addi­tion­nelles EXZ et ceux qu’on a faits soi-même (cf. enca­dré spéci­fique). De leur côté, les oscil­la­teurs VA font appel à 9 types d’ondes : dent de scie, carré, triangle (x3), sinus (x2), rampe ou Juno (dent de scie modu­lée) dont on peut faire varier la largeur d’im­pul­sion, PCM-Sync (48 ondes modu­lables sauva­ge­ment), Super­saw (avec Detune) et bruit blanc. Le pitch peut être modulé à la main, aléa­toi­re­ment, par le suivi de clavier, avec un vibrato ou via une enve­loppe multi­seg­ments modu­lable par la vélo­cité et le suivi de clavier.
Toujours au niveau du partiel, le signal entre dans un filtre multi­mode réso­nant : clas­siques LPF (x3)/BPF/HPF/Peak à 2–4 pôles ou VCF 2–3–4 pôles + HPF, modé­li­sés sur des filtres passe-bas vintage (Roland, Moog, Prophet) ou sur un « VCF1 » d’ori­gine incon­nue. Les filtres modé­li­sés sont vrai­ment excel­lents et très distinc­tifs. La fréquence de coupure et la réso­nance agissent sur 1.024 pas (tout comme les temps et niveaux d’en­ve­loppes), ce qui garan­tit une réponse parfai­te­ment lisse quand on les règle en manuel. Diffé­rentes modu­la­tions sont dispo­nibles : suivi de clavier, vélo­cité, LFO, enve­loppe multi­seg­ments sensible à la vélo­cité et au suivi de clavier. En sortie de filtre, on passe par l’am­pli du partiel, avec réglage de niveau, réponse en vélo­cité, suivi de clavier, pano­ra­mique (posi­tion, suivi de clavier, facteur aléa­toire), LFO, largeur (pour les échan­tillons stéréo) et enve­loppe multi­seg­ments sensible à la vélo­cité et au suivi de clavier.

Zen-Core simple (modu­la­tions)

Fantom-0_2tof 11.JPGDans un partiel, il y a 2 LFO ultra-complets, dotés de 11 formes d’onde, dont un mode aléa­toire, un mode chaos et un mode Step à 16 pas (bipo­laire avec courbe à choi­sir parmi 36 types). La vitesse peut être synchro­ni­sée à l’hor­loge. Il y a un délai avec suivi de clavier, un para­mètre de fluc­tua­tion de vitesse, un fondu d’en­trée ou de sortie, des modes de déclen­che­ment de cycle (libre ou non), un réglage de phase et des réglages directs de modu­la­tion sur le pitch, le filtre, le volume et le pano­ra­mique. En sortie de partiel, on trouve un EQ para­mé­trique 3 bandes et le routage de sortie (sec ou vers l’ef­fet de Tone MFX), ainsi que des départs vers les effets globaux chorus et réverbe.
Sur le plan du Tone, il y a une petite matrice de modu­la­tion à 4 cordons, chaque source étant capable de contrô­ler 4 desti­na­tions. Parmi les sources, il y a la quasi-tota­lité des CC Midi, 4 CC système globaux, le pitch­bend, la pres­sion, la vélo­cité, le suivi de clavier, le tempo, les 2 LFO et les 3 enve­loppes. Parmi les desti­na­tions, le pitch, la coupure du filtre, la réso­nance, le volume, le pano­ra­mique, la quan­tité de chorus, la quan­tité de réverbe, l’ac­tion des LFO (sur les pitch, filtre, volume et pano­ra­mique), la vitesse des LFO, les temps des enve­loppes (ADR), la PWM, la XMOD… L’ef­fet MFX de Tone possède lui-même 4 cordons de modu­la­tion distincts pour ses propres para­mètres (fixés suivant l’al­go­rithme). Les modu­la­tions sont toutes bipo­laires. Pour les Tones Zen-Core simples, il y a 2.048 mémoires utili­sa­teur, de quoi voir venir !

Zen-Core drums

Fantom-0_2tof 12.JPGLe second type de Tone est baptisé Drum. Il s’agit d’un kit de percus­sions basé sur des échan­tillons. Là encore, les modes d’édi­tion Zoom et Pro sont dispo­nibles. On peut assi­gner 4 échan­tillons mono ou stéréo à chacune des 88 notes du clavier (A0-C8). Pour chaque note, il y a des réglages communs à la note et des réglages par échan­tillon. Commençons par les réglages par échan­tillon. La forme d’onde est à sélec­tion­ner en mémoire interne (2.108 échan­tillons en Rom répar­tis en 4 banques ABCD), parmi les éven­tuelles exten­sions EXP ou dans les échan­tillons utili­sa­teur. On règle ensuite le gain, la FXM (cross modu­la­tion avec 4 types de colo­ra­tion plus ou moins brutale et réglage de quan­tité), l’ac­cor­dage, le niveau, le pano­ra­mique, le délai d’ap­pa­ri­tion et la fenêtre de vélo­cité (avec fondus haut et bas).
Passons aux réglages communs par note : volume, pano­ra­mique, départs vers le chorus et la réverbe, groupe exclu­sif (1 à 31, les instru­ments d’un même groupe se coupant entre eux, utile pour simu­ler un hi-hat ouvert/fermé), assi­gna­tion de sortie (sec, MFX ou l’un des 6 compres­seurs), déca­lage de certains para­mètres de synthèse (pitch, coupure du filtre, réso­nance, enve­loppe ADR de volume), EQ para­mé­trique 3 bandes, enve­loppe de pitch multi­seg­ments sensible à la vélo­cité, filtre réso­nant (6 types, sensible à la vélo­cité), enve­loppe de filtre multi­seg­ments sensible à la vélo­cité, volume & pano­ra­mique (sensibles à la vélo­cité) et enve­loppe de volume multi­seg­ments sensible à la vélo­cité. Il y a encore plein de para­mètres acces­sibles, mais on va arrê­ter là l’énu­mé­ra­tion ! Les 6 compres­seurs, spéci­fiques au mode Drum, permettent de trai­ter sépa­ré­ment certaines familles d’ins­tru­ments. Le MFX, pour sa part, dispose des mêmes possi­bi­li­tés de modu­la­tion que dans le modèle Zen-Core simple (nous revien­drons sur les effets au para­graphe dédié). Côté mémoire, on dispose de 91 kits Presets et 128 kits utili­sa­teur, dont 39 déjà program­més. Nous ne manque­rons donc de rien !

Super Natu­ral

Fantom-0_2tof 13.JPGLe Fantom-0 intègre plusieurs moteurs Super Natu­ral : acous­tique, piano jazz, piano acous­tique et piano élec­trique. Il s’agit en fait de multi­samples qui peuvent varier suivant les tech­niques de jeu. Selon le type de moteur, diffé­rents para­mètres sont acces­sibles. Pour la basse élec­trique, 3 types de jeu (normal, slap, harmo­nique) et le niveau de bruit. Pour la basse fret­less, 3 types de jeu (normal, stac­cato, harmo­nique) et le niveau de bruit. Pour la harpe, 2 types de jeu (normal, pincé) et le glis­sando (avec échelle chro­ma­tique et note de base). Pour les cordes, 4 types de jeu (normal, stac­cato, pizzi­cato, tremolo) et le niveau de bruit. Pour les vents, le type de jeu, le growl, le niveau de bruit, parfois une into­na­tion ou une attaque, parfois le glis­sando. Pour les chœurs, la voyelle (Aah ou Ooh). Pour les pianos acous­tiques, la largeur stéréo et le bruit.
Pour les pianos, le son est supé­rieur aux échan­tillons Zen-Core, mais on est loin du V-Piano maison ou des modé­li­sa­tions de works­ta­tions concur­rentes, notam­ment les Kronos/Nauti­lus de Korg, que ce soit les pianos acous­tiques ou élec­triques. Il manque aussi des simu­la­tions de Wurlit­zer et Clavi­net, pour­tant très prisés sur ce genre de machine. Pour les autres instru­ments acous­tiques, le son est égale­ment meilleur que les échan­tillons clas­siques Zen-Core, mais on n’est pas au niveau de ce qu’on trouve sur certains arran­geurs haut de gamme concur­rents, tels que le Genos de Yamaha, qui actuel­le­ment survole tous ses concur­rents hard­ware au plan réalisme sur ce type de son, échan­tillons bruts comme leurs arti­cu­la­tions en temps réel. Aux 70+30+36 Presets (sons acous­tiques + pianos + pianos élec­triques) s’ajoutent 256+128+128 mémoires utili­sa­teur, c’est très confor­table.

Orgue virtuel

Fantom-0_2tof 14.JPGPour les sons d’orgue, le Fantom-0 intègre le moteur VTW, une modé­li­sa­tion d’orgue à roues phoniques, avec des réglages nombreux et spéci­fiques. Compte tenu de la puis­sance de calcul, il ne fonc­tionne qu’en unique occur­rence, fixée sur la zone n° 2 de la scène (sans doute parce que le moteur V-Piano est fixé à la zone n° 1 sur le Fantom). De même, il ne modé­lise que les 9 tirettes harmo­niques du clavier supé­rieur, on ne peut donc pas simu­ler d’orgue à double clavier avec ce moteur.
Un grand soin a été apporté pour repro­duire le compor­te­ment des roues phoniques type Hammond et tout ce qui va autour, comme les préam­plis ou la cabine Leslie. On peut choi­sir le type de modèle (60’s, 70’s, Solid ou Clean), le niveau de fuite des roues phoniques (bruit carac­té­ris­tique), le vibrato, le chorus, la percus­sion (pied, déclin, volume), le réglage des 9 tirettes harmo­niques (avec l’écran tactile ou les curseurs en façade), le click (initial et relâ­che­ment) et la réponse du volume à la pédale conti­nue. On passe ensuite aux réglages de l’over­drive : type (VK-7 maison, lampes, ampli guitare — 14 types modé­li­sés), satu­ra­tion, niveau, balance, EQ, type de haut-parleur, posi­tion du micro… Viennent enfin les réglages du simu­la­teur de Leslie : vitesse de rota­tion de chaque haut-parleur, accé­lé­ra­tion, largeur stéréo, niveau, mode stop, pilo­tage de la vitesse par des CC ou contrô­leurs. Le résul­tat est bluf­fant, entre les orgues doux pour les ballades roman­tiques, les sono­ri­tés typique­ment gospel pour se lever en chœur ou encore les satu­ra­tions les plus crades à faire pâlir Jon Lord. Aux 25 Presets s’ajoutent 128 mémoires utili­sa­teur.

Effets plétho­riques

Comme toute bonne works­ta­tion qui se respecte, le Fantom-0 est équipé d’une puis­sante section effets, la même que le Fantom. Ils existent à diffé­rents niveaux dans la machine. On a déjà parlé des nombreux EQ, on se concen­trera ici sur les autres effets. Commençons au niveau du Tone. C’est là qu’on trouve les MFX, au nombre de 16, soit un par zone. Ils peuvent produire 90 algo­rithmes diffé­rents : filtres (EQ, boos­ter, wahwah, Enhan­cer, simu­la­teur de HP), modu­la­tions (phaser, tremolo, auto­pan, HP tour­nant), chorus/flan­gers, proces­seurs de dyna­mique (OD, compres­seur, limi­teur), délais (simple, stéréo, multiple, écho à bande), effets lo-fi, modu­la­tions de pitch, simu­la­tions vintage (CE-1, SBF-325, SDD-320), loopers, DJFX, satu­ra­teurs… sans oublier les combi­nai­sons de deux effets. Entre 5 et 15 para­mètres sont dispo­nibles par effet, certains synchro­ni­sés au tempo, d’autres, prédé­fi­nis dans chaque algo­rithme, modu­lables par la matrice dédiée. Au niveau spéci­fique d’un Tone de type Drum (kit), rappe­lons qu’on peut envoyer chaque percus­sion dans l’un des 6 compres­seurs dispo­nibles. On règle, pour chacun, l’at­taque, le relâ­che­ment, le seuil, le ratio, l’adou­cis­se­ment (le Knee, si cher à l’ami Red Led), le gain de sortie et la desti­na­tion (sec, MFX, sorties physiques prin­ci­pales/secon­daires).
Fantom-0_2tof 15.JPGPassons main­te­nant aux effets globaux, sauve­gar­dés au niveau de chaque scène. On trouve deux effets d’in­ser­tion (IFX), un chorus, une réverbe et un voco­deur. Les effets d’in­ser­tion ont les mêmes 90 algo­rithmes et réglages que les MFX. On peut les placer en série ou en paral­lèle, puis doser leur envoi vers le chorus et la réverbe, avant de les router vers l’une des paires de sorties physiques. La diffé­rence ici, c’est que les IFX, comme les effets globaux de scène, ne sont pas modu­lables en temps réel. Le chorus offre 8 algo­rithmes (chorus stéréo, émula­tion de la pédale CE-1, émula­tion de SDD-320, délai stéréo, délai synchro, délai->trémolo, double écho stéréo, triple écho stéréo et simu­la­tion du chorus du Juno-106). Pour tous, on défi­nit le niveau, la quan­tité d’en­voi vers la réverbe et la paire de sorties physiques de desti­na­tion (prin­ci­pale/secon­daire). Les autres para­mètres (entre 1 et 10) sont fonc­tion de l’al­go­rithme. Il y a ensuite la réverbe dotée de 7 algo­rithmes : Inte­gra-7 (8 sous-types), Warm Hall, Hall, GS (8 types), SRV-2000 (4 types), SRV-2000 non linéaire et GM2. Elle aussi peut être routée vers la paire de sorties physiques de son choix. On trouve géné­ra­le­ment une dizaine de para­mètres par type de réverbe. On termine les effets de scène par le voco­deur stéréo. Il peut fonc­tion­ner en mode 13, 20 ou 32 bandes, pour un son plus ou moins intel­li­gible. Le signal porteur peut prove­nir de n’im­porte quelle(s) zone(s) sonore(s) de la scène. Le signal modu­la­teur provient de l’en­trée audio (micro ou ligne, pas les deux en même temps). Des para­mètres permettent de régler la sensi­bi­lité du micro, le HPF, l’en­ve­loppe du signal, la largeur stéréo et le carac­tère. On trouve 10 mémoires Presets et 20 mémoires utili­sa­teur pour sauve­gar­der les réga­lages de voco­deur. Super !
On passe main­te­nant au niveau global de la machine. On trouve un compres­seur multi­bande (maste­ring), un EQ para­mé­trique 5 bandes, avec des réglages très nombreux (une ving­taine de para­mètres) et un TFX, c’est-à-dire un multief­fets avec les mêmes algo­rithmes et réglages que les IFX. Mais ce n’est pas encore fini, puisque les entrées audio possèdent aussi leurs propres effets : filtre coupe-bas (pour éviter la ronflette des câbles, recom­mandé sur l’en­trée micro), effet voco­deur (trans­for­ma­tion directe de la voix), suppres­seur de bruit, MFX (multief­fets iden­tique à ceux des 16 zones !), EQ para­mé­trique 5 bandes et réverbe d’en­trée (iden­tique à la réverbe prin­ci­pale). Un truc de ouf ! Toutes les valeurs d’ef­fets (tout comme la plupart des para­mètres de synthèse) sont expri­mées dans leur véri­table unité, la grande clas­se… La qualité des effets numé­rique relève du haut de gamme, bravo !

Multi­sam­pling inté­gré

Fantom-0_2tof 16.JPGLe Fantom-0 est capable d’échan­tillon­ner diffé­rentes sources sonores analo­giques et numé­riques, soit vers les pads, soit vers le clavier. Il béné­fi­cie donc direc­te­ment des amélio­ra­tions faites ces dernières années sur le Fantom. Il possède deux mémoires distinctes : 2 Go en strea­ming pour les pads et 256 Mo en mémoire Flash pour les samples clavier, parta­gés avec les moteurs EXM et les exten­sions EXZ. Le sampling vers les pads offre 8 voix de poly­pho­nie (ou 4 voix stéréo), la sauve­garde se faisant dans 4 banques de 16 pads en tout (c’est bien trop peu !). On peut sampler la sortie stéréo, une source externe analo­gique stéréo ou une source audio USB (sépa­ré­ment ou simul­ta­né­ment). La capture se fait en 24bits / 48kHz pour les sources analo­giques et aux réso­lu­tions / fréquences d’ori­gine pour les sources numé­riques, à concur­rence de 24bits / 48kHz (au-delà, il y a inter­po­la­tion). Des effets peuvent être ajou­tés avant échan­tillon­nage. Les samples peuvent être tronqués, norma­li­sés et accen­tués dans les aigus. On peut les jouer en coup unique ou les boucler en avant, et c’est tout.
Le sampling vers le clavier fonc­tionne à peu près pareil sauf qu’on peut lire les samples en coup unique en avant, bouclés en avant (avec point de bouclage distinct des points de début/fin), bouclés en arrière (entre les points de début/fin) ou en coup unique en arrière. Ils disposent des mêmes (et rares) trai­te­ments destruc­tifs que les samples vers les pads. Les temps de calcul sont très longs, on se croi­rait sur un sampler des années 80 (plusieurs secondes pour calcu­ler la tron­ca­ture d’un petit sample), sans doute la nature et la gestion de la mémoire Flash, par rapport à un échan­tillon­neur qui travaille­rait en Ram vola­tile. Le sampling vers le clavier permet d’éti­rer un sample sur toute la tessi­ture ou de le monter en multi­sample (accor­dage, volume, zone). L’édi­teur est très bien pensé, permet­tant de sélec­tion­ner les zones au clavier et de tout visua­li­ser à l’écran, avec facteur de zoom. Ainsi, on arrive à créer un multi­sample complet en quelques dizaines de secondes, c’est de loin ce qui se fait de mieux en hard­ware.
Le Fantom-0 peu aussi impor­ter des samples aux formats WAV et AIFF 8–16–24­bits linéaires à 44–48–96­kHz, ainsi que les formats mp3 de 64 à 320 kb/s et VBR à 44–48 kHz, avec place­ment auto­ma­tique ou manuel. Côté export, cela se passe au format WAV. La machine peut gérer 2.048 samples et 128 multi­samples utili­sa­teur. Bref, une section qui est deve­nue mature mais qui souffre de la lenteur des calculs et du manque de trai­te­ments sur les samples (time stretch, pitch shift, réduc­tion de bits, fondus…), désor­mais l’apa­nage des softs.

Arpèges et rythmes

Fantom-0_2tof 17.JPGLe Fantom-0 dispose d’un unique arpé­gia­teur qui pilote la ou les zones acti­vées dans la scène en cours. Il y a 128 Presets de style et leurs varia­tions (jusqu’à 12, suivant le Preset). Les styles sont des mini-séquences, accords ou riffs, dans diffé­rents genres musi­caux : pop-rock, funk, blues, latino. On peut défi­nir l’ordre de jeu (haut, bas, alterné, aléa­toire, ordre joué, glis­sando, accord, timing voix basse, timing voix haute, phrase trans­po­sée suivant la note jouée), la vélo­cité (fixe de 1 à 127 ou telle que jouée), la trans­po­si­tion de motif (+/-3 octaves), l’ac­cen­tua­tion (0–100 %) et le Shuffle (0–100 %, 1/8 ou 1/16 de note). On peut aussi acti­ver la fonc­tion de main­tien. Dommage que cet arpé­gia­teur ne soit pas multi­tim­bral, ça fait un peu pauvre par rapport à la concur­rence. On ne peut pas non plus créer son propre motif d’ar­pège. Cette section, iden­tique à celle du Fantom, mérite d’être étof­fée…
Le Fantom-0 dispose aussi d’une mémoire d’ac­cords, que l’on peut utili­ser seule ou avec l’ar­pé­gia­teur. Elle permet de jouer des ensembles d’ac­cords sophis­tiqués à un doigt. On trouve 17 Presets de style (pop, blues, tradi­tion­nel, jazz, majeur, mineur, quin­te…), pour lesquels on choi­sit la note de base (chaque note ayant un accord diffé­rent dans le style) et le timing de jeu (accords plaqués ou grat­tés). Ce dernier mode permet de simu­ler le jeu d’un guita­riste (vers le haut, vers le bas ou alterné), avec vélo­cité assi­gnée à la vitesse de grat­tage.
Enfin, le Fantom possède un géné­ra­teur de motifs ryth­miques, déclen­chables à l’écran, au clavier ou via les pads. Les motifs sont grou­pés par 6 (1 intro, 2 couplets, 2 fill-in, 1 fin). On choi­sit son motif dans la banque interne de 354 Presets (59 groupes x 6 sections) puis le drum kit asso­cié. Ensuite, on lance les rythmes à l’écran tactile. Si on commence par l’in­tro, le premier couplet est auto­ma­tique­ment enchaîné après l’in­tro. Lorsqu’on lance le motif de fin, le rythme s’ar­rête lorsque celui-ci est achevé. Le groupe de motif et le kit asso­cié sont mémo­ri­sables au sein de 20 mémoires utili­sa­teur, en dehors des scènes. Ça aurait été bien de pouvoir créer ou impor­ter ses propres motifs à partir du séquen­ceur.

Séquen­ceur à motifs

Fantom-0_2tof 18.JPGLe séquen­ceur du Fantom-0 est iden­tique à celui du Fantom. On reprend donc peu ou prou la descrip­tion du test du grand frère, avec quelques amélio­ra­tions en sus. Il s’agit d’un séquen­ceur 16 pistes d’une réso­lu­tion de 120 BPQN, sauve­gardé dans chaque scène, fonc­tion­nant à base de motifs de 64 mesures (depuis l’OS 1.01 — mais toujours pas de mode linéaire). Un groupe est un ensemble compre­nant jusqu’à 8 motifs sur chacune des 16 pistes, un peu comme la struc­ture d’un mini-morceaux (intro, couplets, refrain, pont, fin…). Les motifs sont complè­te­ment disso­ciables, ce qui veut dire qu’on peut lire diffé­rents motifs d’in­dex diffé­rent dans les diffé­rentes pistes. On peut aussi acti­ver/muter/isoler les 16 pistes à l’écran, très visuel, avec des codes couleur bien choi­sis pour faci­li­ter la compré­hen­sion de l’or­ga­ni­sa­tion. Au total, il y a 16 groupes par scène. Enfin, un morceau est un enchaî­ne­ment de groupes (32 index maxi­mum) dans un ordre défini, avec possi­bi­lité de 32 répé­ti­tions par index. On peut même boucler une section du morceau. Il y a un morceau par scène et le tempo est global pour tous les motifs de la scène. Donc un morceau = 32 enchaî­ne­ments d’une piste parmi 16 groupes x 8 motifs x 64 mesures x 16 pistes. C’est plus clair ?
Reve­nons à nos motifs pour voir comment tout cela se construit. On trouve trois modes d’en­re­gis­tre­ment : temps réel, pas-à-pas ou grille (TR-REC). En mode temps réel, on enre­gistre les notes à la volée, en surim­pres­sion à chaque boucle, avec possi­bi­lité de quan­ti­fi­ca­tion à l’en­trée ; le mouve­ment des commandes (pitch­bend, molette, section mixage) est aussi enre­gis­tré. En mode pas à pas, l’écran affiche un piano roll permet­tant de contrô­ler ce que l’on fait et d’ef­fa­cer certains pas pour les reprendre. En mode grille, on utilise la rangée de 16 touches rétroé­clai­rées à droite, comme sur une bonne vieille TR.
Fantom-0_2tof 15.JPGUne fois un motif enre­gis­tré, on peut réen­re­gis­trer par-dessus en temps réel (en mode Mix) ou l’édi­ter avec préci­sion en mode piano roll. Tout se passe à l’écran : on clique sur la note à modi­fier, on la déplace en glis­sant si néces­saire puis on change ses para­mètres (vélo­cité, durée) ; on peut aussi entrer une nouvelle note suivant une défi­ni­tion de grille ajus­table ou suppri­mer une note indé­si­rable. On peut enfin utili­ser des fonc­tions globales, genre suppres­sion à la volée ou par fenêtre de valeurs, trans­po­si­tion globale, quan­ti­fi­ca­tion. En mode piano roll, on peut aussi enre­gis­trer le mouve­ment de para­mètres addi­tion­nels en dessi­nant leur courbe de modu­la­tion sur l’écran : pitch­bend, molettes, coupure du filtre, réso­nance, volume, pano­ra­mique et CC Midi prédé­fi­nis, sympa. Enfin, on peut impor­ter des séquences externes au sein d’un motif, puis expor­ter des motifs, groupes et morceaux au format SMF. Un séquen­ceur qui a su progres­ser petit à petit.

Conclu­sion

Fantom-0_2tof 21.JPGLe Fantom-06 est une très bonne surprise. Non content d’em­prun­ter la tech­no­lo­gie de son grand frère, il béné­fi­cie des amélio­ra­tions faites ces trois dernières années sur le modèle haut de gamme, tels que le multié­chan­tillon­nage, l’orgue modé­lisé et les sons Super Natu­ral. Il en reprend les fonc­tion­na­li­tés essen­tielles, en parti­cu­lier la poly­pho­nie, la multi­tim­bra­lité et certaines possi­bi­li­tés d’ex­ten­sion. Les moteurs V-Piano, Vocal Desi­gner et n/zyme ne lui sont toute­fois pas acces­sibles. Les diffé­rences majeures relèvent de la puis­sance, la fini­tion, la connec­tique et les conver­tis­seurs. Il en ressort un instru­ment moins clas­sieux mais plus léger, rien de surpre­nant à cela. La qualité du clavier n’a pas été sacri­fiée, il manque la réponse à la pres­sion, mais les touches sont longues et répondent parfai­te­ment à la dyna­mique. Il fait partie des works­ta­tions complètes, multi­syn­thèses, dotées d’une pano­plie sonore poly­va­lente, ouvertes aux exten­sions, capables de relayer ou pilo­ter les STAN audio­nu­mé­riques en s’in­té­grant parfai­te­ment au monde infor­ma­tique. L’er­go­no­mie a fait un bond en avant, on ne peut guère lui repro­cher que l’ab­sence de commandes directes pour retrou­ver la sensa­tion des synthés analo­giques d’an­tan. Un modèle abor­dable pour entrer dans le monde des works­ta­tions maté­rielles. Allez, Award qualité/prix !

9/10
Award Qualité / Prix 2022
Fabrication (?) : Chine
Points forts
  • Qualité et polyvalence sonores
  • Interface utilisateur bien pensée
  • Enorme mémoire de programmes
  • Polyphonie confortable
  • Multitimbralité 16 parties
  • Moteurs VA, Super Natural et VTW
  • Modélisation de filtres vintage
  • Effets numériques surpuissants
  • Séquenceur amélioré
  • Fonctions clavier de commande
  • Sampling intégré avec import/export
  • Section pads bien pratique
  • Clavier dynamique de bonne qualité
  • Interface USB audio multicanal
  • Poids allégé pour musiciens itinérants
  • Possibilités d’extension variées
Points faibles
  • Certains sons acoustiques datés
  • Tones limités à 4 couches
  • Traitement des samples basique et lent
  • Pads statiques
  • Seulement 4 banques de 16 samples pour les pads
  • Un seul arpégiateur
  • Pas de séquenceur audio
  • Pas de réponse à la pression du clavier
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.