Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Culture / Société
7 réactions

Les instruments de la musique andine

Organologie de la musique andine

Si l'article précédent vous a permis de repérer une musique relevant authentiquement de la tradition andine par sa structure, nous verrons dans celui-ci quelles clés peut nous fournir l'instrumentarium dans ce domaine.

Les instruments de la musique andine : Organologie de la musique andine
Accéder à un autre article de la série...

Quels instru­ments doivent être joués, et comment

Je vous citais dans l’ar­ticle précé­dent certains indices dans la struc­ture des musiques andines qui permet­taient de diffé­ren­cier une musique réel­le­ment tradi­tion­nelle de celles davan­tage prévues pour complaire au goût euro­péen. Il en va de même pour l’ins­tru­men­ta­rium authen­tique­ment tradi­tion­nel et son utili­sa­tion qui diffèrent aussi de celui qui nous est souvent présenté comme tel. Si le charango ou la harpe andine ont atteint le statut de véri­table instru­ment tradi­tion­nel, il ne peuvent en revanche pas être consi­dé­rés comme pré-colom­biens car les Incas ne connais­saient pas les instru­ments à cordes. Je ne parle évidem­ment même pas de certains arran­ge­ments avec guitares clas­siques et violons que l’on peut trou­ver sur certaines compi­la­tions de « musique inca »… Lors de la pres­ta­tion d’un véri­table ensemble indien, seuls les tambours peuvent jouer en même temps qu’une autre caté­go­rie d’ins­tru­ment : les diffé­rents types d’ins­tru­ments ne jouent en géné­ral pas simul­ta­né­ment. Enfin, il faut savoir que les Indiens de l’Al­ti­plano ne vouent pas la même affec­tion que nous aux sons graves et favo­ri­se­ront plutôt les aigus comme nous avons notam­ment pu le voir dans les exemples chan­tés des précé­dents articles. Même quand certains instru­ments disposent d’un registre grave, celui-ci n’est quasi­ment jamais exploité. 

Je vais profi­ter de la rela­tive richesse de l’ins­tru­men­ta­rium andin pour vous présen­ter les caté­go­ries utili­sées pour clas­si­fier les instru­ments en géné­ral : les idio­phones, les membra­phones, les aéro­phones et les cordo­phones, une clas­si­fi­ca­tion que je conser­ve­rai sans doute pour l’étude des prochains styles musi­caux.

Idio­phones

Les idio­phones sont des instru­ments dont c’est la matière même dont ils sont consti­tués qui produit le son. Il n’y a pas énor­mé­ment d’idio­phones chez les Andins. On ne trouve pratique­ment que les Chaj­chas, des sabots de chèvres ou de porcs montés en cercle sur un fil que l’on agite.

chajchasMembra­phones

Les membra­phones sont des instru­ments dont le son est produit par la mise en vibra­tion d’une membrane tendue. Ils sont un peu plus nombreux que les idio­phones dans la culture andine. Il y a le Huan­car, un tambour formé par un morceau de tronc évidé, sur lequel est tendue une peau de lama.

huancarIl y a le tinya, un petit tambour qui présente la parti­cu­la­rité d’avoir ses deux membranes ratta­chées l’une à l’autre. Ces dernières étaient à l’ori­gine en peau de lama.

TinyaAéro­phones

Les aéro­phones sont des instru­ments dont le son est produit par la mise en vibra­tion d’une colonne d’air. C’est dans cette caté­go­rie que l’on trouve le plus grand nombre d’ins­tru­ments tradi­tion­nels andins, dont leurs célèbres flûtes. Nous avons tout d’abord la Quena, flûte simple, dont l’em­bou­chure n’est pas consti­tuée d’un bec, mais d’une encoche. Elle peut être de tailles diffé­rentes, et comporte géné­ra­le­ment de trois à six trous.

quenaOn trouve ensuite la fameuse flûte de Pan, appe­lée Antara en quechua, Siku en aymara et Zampoña en espa­gnol. Elles peuvent être en roseau ou en terre cuite.

antaraAprès les grandes stars de l’ins­tru­men­ta­rium andin, on trouve égale­ment parmi les aéro­phones le Pututo, un nom qui désigne plutôt la trompe en géné­ral. Il peut s’agir d’une simple conque, souvent obte­nue par le commerce avec les peuples côtiers, ou d’ins­tru­ments en terre cuite dont la forme rappelle davan­tage notre cor de chasse.

pututo

On trouve égale­ment le Wakra­puku, un instru­ment fabriqué à partir de cornes de taureau décou­pées puis assem­blées les unes aux autres. Cet instru­ment nous intro­duit déjà dans le domaine des apports espa­gnols, puisque les bovins étaient incon­nus des Pré-Colom­biens. 

wakrapukuLa tarka est une évolu­tion de la flûte à bec euro­péenne. C’est aussi l’un des exemples types d’ins­tru­ment dont les Indiens négligent le registre grave dans leurs pres­ta­tions tradi­tion­nelles, alors que c’est préci­sé­ment dans ce registre que la tarka est employée dans les produc­tions faites pour satis­faire le public euro­péen. 

tarkaCordo­phones

Les cordo­phones sont des instru­ments dont le son est produit par la mise en vibra­tion d’une ou plusieurs cordes. Comme déjà évoqué précé­dem­ment, les deux instru­ments à cordes emblé­ma­tiques de la culture andine sont d’ins­pi­ra­tion espa­gnole. Il s’agit du Charango et de la Harpe andine. Le charango est une petite guitare dont la caisse était à l’ori­gine consti­tuée de la cara­pace d’un tatou. Elle comporte 5 paires de cordes, chaque paire étant accor­dée sur une note parti­cu­lière, selon des règles d’ac­cor­dages très parti­cu­lières (cf article 10).

charangoPour ce qui est de la harpe andine, elle possède entre 32 et 38 cordes, est accor­dée de manière penta­to­nique et peut être utili­sée en marchant.

harpe andineC’est ici que nous ache­vons cette nouvelle série d’ar­ticles. Et la semaine prochaine, c’est vers le Brésil que nous mettrons le cap !

← Article précédent dans la série :
Les particularités musicales et rythmiques de la musique andine

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre