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Maintenant que deviennent les casques de Vienne
8/10
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La marque viennoise, fondée par d’anciens employés des usines AKG autrichiennes, s’est fait un nom sur le marché de l’audio grâce à ses micros. Fort de ce bagage, Austrian Audio se lance cette année dans la production de casque.

Test du casque Austrian Audio Hi-X55 : Maintenant que deviennent les casques de Vienne

Nous vous en avions parlé au tout début de l’an­née, lors du NAMM : Austrian Audio a lancé ces deux premiers modèles de casque, axés moni­to­ring et mixage, les modèles Hi-X50 et X55. Cette semaine, nous nous penchons sur le modèle Hi-X55. Avant d’en arri­ver là, nous allons étudier l’objet, en lui-même.

Débal­lage

ia_100000954La première chose qui frappe au débal­lage du casque, c’est qu’en effet, comme avancé par le construc­teur, c’est du solide. Beau­coup de parties en métal, pas mal de vis (au format Torx), peu de pièces serties. Deux points sont parti­cu­liè­re­ment appré­ciables : un arceau en métal et des char­nières métal­liques. Le casque se plie assez faci­le­ment (nous revien­drons sur ce sujet) et est accom­pa­gné d’un sac : résul­tat, on se dit que comme casque trans­por­table ou nomade, ça doit bien tenir le coup. L’objet est assez gros, assez lourd (305 g), mais heureu­se­ment le bon amor­tis­se­ment des mousses rend le casque plutôt confor­table sur le long terme.

Du point de vue de la construc­tion, on est sur un modèle circu­mau­ri­cu­laire, fermé, avec des mousses à mémoire de forme qui offrent une isola­tion sonique effi­cace. Toutes les mousses (oreilles et arceau) sont déta­chables : un bon point. En plus d’un sac, le casque est accom­pa­gné d’un câble déta­chable de 3 m, avec une sécu­rité à baïon­nette, terminé par une connec­tique mini-jack 3,5 mm, et adap­ta­teur 6,35 mm fourni. Bref, tout ça est assez clas­sique, et les acces­soires donnent la même impres­sion que la construc­tion géné­rale : ça a l’air plutôt robuste. Un seul point à noter, les mousses des écou­teurs sont main­te­nues en place par une série de petits ergots en plas­tique, tout fins : atten­tion au démon­tage et surtout au remon­tage, il faut une déli­ca­tesse d’hor­lo­ger.

Pris de curio­sité, j’ai voulu ouvrir le casque pour voir la construc­tion du haut-parleur. Échec total, je me suis arrêté une fois les mousses ôtées, car en dessous se trouve une couche isolante très poreuse, ferme­ment collée… et je n’ai pas osé sortir le cutter. On devra donc se conten­ter de ce que le construc­teur nous en dit : les haut-parleurs font 44 mm de diamètre, avec une réponse en fréquence de 5 Hz à 28 kHz, et une sensi­bi­lité de 118 dB SPL. Le casque a surtout une impé­dance assez basse, 25 Ohms, ce qui lui confère une assez grande adap­ta­bi­lité, et le dispose à fonc­tion­ner avec des sources nomades.

ia_100000953Un point mis en avant par le construc­teur (et cela explique pourquoi j’ai eu envie de l’ou­vrir à coup de cutter… Le casque, pas le construc­teur !) c’est la « nervo­sité » du trans­duc­teur (plus préci­sé­ment, sa faible iner­tie). J’ex­plique : le haut-parleur béné­fi­cie d’un aimant en anneau, c’est-à-dire qui possède un évent concen­trique à l’en­tre­fer. Pour le dire plus simple­ment, derrière le HP, il y a un trou : quand les parties mobiles (qu’on appelle l’équi­page mobile) du HP se mettent en mouve­ment, cela crée un effet de piston, qui compresse l’air à l’ar­rière du HP. Le trou au centre de l’ai­mant est là pour empê­cher cet effet de pres­sion, qui vien­drait inter­agir avec les mouve­ments de la membrane. De plus, la bobine du haut-parleur est réali­sée en alumi­nium (plaqué cuivre), qui possède une masse volu­mique trois fois plus faible que le cuivre. La bobine est donc très légère et peut répondre très rapi­de­ment aux impul­sions sonores.

Je note ce point, car il est impor­tant dans la commu­ni­ca­tion marke­ting d’Aus­trian Audio : il s’agi­rait non seule­ment d’un casque pour les profes­sion­nels, mais aussi spéci­fique­ment adapté « à la produc­tion de musiques d’aujour­d’hui » (je traduis les mots du construc­teur… j’ima­gine que cela veut dire du beat­ma­king). Donc bien adapté à des styles de musique où les sons de synthèses prédo­minent, avec des instru­ments capables d’at­taques impul­sion­nelles ultra­ra­pides.

Pour finir la présen­ta­tion de l’objet, je reviens sur le côté pliable du casque. En effet, le casque se plie, mais la taille des écou­teurs empêche un pliage complet. On se retrouve donc avec un écou­teur rentré contre l’ar­ceau, et un autre qui reste en posi­tion semi-plié. Ce n’est pas très grave, mais sachez que même replié, le casque prend de la place.

Bench­mark

Si vous êtes un habi­tué de ces tests, vous le savez déjà : nous avons mis en place un proto­cole de mesures objec­tives, afin de complé­ter l’écoute compa­ra­tive subjec­tive. Avec l’aide précieuse de notre parte­naire Sonar­works, nous avons le plai­sir de pouvoir vous four­nir des courbes précises de la réponse en fréquence et du taux de distor­sion harmo­nique (THD), réali­sées à l’aide d’une tête arti­fi­cielle et de maté­riel de mesure de labo­ra­toire.

PHOTO 1

On commence par la courbe de réponse en fréquence : de 20 Hz à 800 Hz, on obtient une réponse plutôt droite, avec une bosse très progres­sive de 60 Hz à 400 Hz (diffé­rence de 3 dB max). On peut s’at­tendre à des basses plutôt présentes, mais pas de basses sub. Ensuite, une grosse dévia­tion (5 dB de diffé­rence), avec un pic juste avant 1,5 kHz et avec proba­ble­ment un effet loupe sur les médiums, mais très spéci­fique, car suivi immé­dia­te­ment d’un creux de 2 kHz à 3,5 kHz (14 dB de diffé­rence entre le pic et le creux). On peut proba­ble­ment s’at­tendre à un rendu assez singu­lier des hauts médiums et des voix en parti­cu­lier, surtout qu’on remarque ensuite une bosse impor­tante de 4 kHz à 10 kHz, qui devrait donner une forte présence des aigus. On voit donc une courbe assez acci­den­tée, qui colle plutôt aux courbes propo­sées par Harman Inter­na­tio­nal, mais avec moins de sub et une accen­tua­tion forte à la limite des médiums et hauts-médiums.

On remarque aussi une dévia­tion droite-gauche assez impor­tante, ce qui est moins posi­tif.

Les mesures en THD sont très bonnes, situées prin­ci­pa­le­ment vers 0,1 %, avec une bosse autour de 3 kHz, corres­pon­dant logique­ment au creux remarqué sur la courbe de réponse en fréquence.

PHOTO 2

Passons main­te­nant à l’écoute !

Écoute

J’ef­fec­tue toujours les écoutes avant d’avoir regardé les courbes de mesure, pour que mon juge­ment ne soit pas orienté.

Richard Hawley – Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur True­lo­ve’s Gutter)

ia_100000955Une ballade acous­tique, avec beau­coup de réverbe et une diffé­rence de dyna­mique impor­tante entre la voix et la guitare. Le Hi-X55 se sort très bien de ce genre de sono­ri­tés acous­tiques, où les aigus et les hauts médiums doivent être mis en valeur. La guitare ne manque pas trop de médiums, même si ce n’est pas là que le casque brille le plus. En revanche on saisit subti­le­ment des attaques de plectre sur les cordes. Les aigus bien en avant donnent égale­ment un excellent suivi sur les réverbes. La contre­basse, écour­tée par le manque de grave du casque, devient assez précise dans ses attaques (c’est le point casse-gueule du morceau). Très bonne sépa­ra­tion stéréo, l’im­pres­sion d’es­pace est remarquable : je pense en parti­cu­lier aux réverbes sur la voix et la scie musi­cale.

Sun Kil Moon – Butch Lulla­bye (sur Common As Light And Love…)

Sur l’in­tro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmo­niques médiums ajou­tées par la distor­sion, l’at­taque légè­re­ment piquée des notes, tout en sépa­rant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. Ce casque met vrai­ment bien en avant les attaques. C’est son point fort, j’ai l’im­pres­sion. On obtient donc là aussi une très bonne lisi­bi­lité de la batte­rie et des percus­sions. Le drive à la croche, mixé très discret, est percep­tible de façon constante. La deuxième caisse claire, qui arrive à un moment dans le canal droit, et bien présente, mais sonne un peu « cloche », très filtrée. Pas des masses de graves, ce n’est défi­ni­ti­ve­ment pas un casque « gras du bas », en revanche les attaques de la basse sont très défi­nies. La voix est bien lisible, pleine de détails, mais sonne parfois un peu trop filtrée dans le haut médium/aigu : pas beau­coup de coffre. Encore une fois, l’image stéréo est très précise.

Massive Attack – Tear­drop (sur Mezza­nine)

Un titre avec beau­coup d’ex­trême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. On commence à comprendre la person­na­lité de ce casque à l’écoute : des basses nerveuses, mais en retrait, des hauts médiums et aigus bien en avant, avec des attaques ultra précises. Ça ne pardonne pas… Ici, on peut s’y attendre, pas beau­coup de réson­nance infra­basse sur le kick (durant le premier couplet). Mais, pour autant, je n’en­tends pas de sifflantes gênantes sur la fameuse phrase pleines de « s » (« shakes me, makes me ligh­ter »). Au final, j’ai ressenti une petite fatigue audi­tive due aux aigus très présents, écoute après écoute du morceau.

Char­lie Mingus – Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)

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Voilà un morceau avec beau­coup de souf­flants jouant dans des tessi­tures simi­laires : c’est très touffu et le but est d’es­sayer de discer­ner les timbres. Je reste sur cette même impres­sion de préémi­nence des aigus : les cymbales deviennent enva­his­santes, elles noient un peu l’en­semble des cuivres. En revanche, quand le saxo­phone fait sa courte incur­sion solo, la réverbe est parfai­te­ment bien suivie jusqu’à son extinc­tion. De plus, l’ab­sence d’ex­trême grave aide à discer­ner les instru­ments dans l’en­semble des cuivres, tout en lais­sant la contre­basse bien appa­rente.

Edgar Varèse – Ioni­sa­tion (New York Phil­har­mo­nic, dir. Pierre Boulez)

Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réver­bé­ra­tion natu­relle de la salle, qui joue sur l’im­pres­sion d’es­pace. L’écoute se fait entre 0:30 et 1:15 min. Bien sûr, pour un casque qui souligne les attaques, et avec une image stéréo très détaillée, un enre­gis­tre­ment comme celui-ci — très riche en détails et en subti­lité — est parfait. Certaines percus­sions manquent un peu de profon­deur, en parti­cu­lier la grosse caisse d’or­chestre, mais le grave n’est pas pour autant absent, une bonne écoute permet d’en saisir le timbre avec préci­sion. Quant à la réson­nance acous­tique de la salle de concert, elle est très bien retrans­crite.

Conclu­sion

Ce Hi-X55 est vrai­ment un bon début pour Austrian Audio. En premier lieu, par sa soli­dité, son confort et son excel­lente isola­tion phonique ; en deuxième lieu, grâce à une signa­ture sonore inté­res­sante. Il s’agit à notre avis d’un casque vrai­ment adapté à une appli­ca­tion profes­sion­nelle, pour le mixage ou le moni­to­ring. Son rendu très précis lui donne un carac­tère « loupe » qui sera adapté pour l’écoute analy­tique et critique d’un morceau, ou un moni­to­ring néces­si­tant une grande préci­sion sur les attaques. En revanche, il nous semble que le casque sera moins adapté pour une écoute quoti­dienne « de loisir ». Et il nous semble aussi qu’en réalité, bien que le construc­teur mette en avant la spéci­fi­ca­tion « pour la produc­tion de musique d’aujour­d’hui », le casque manque un peu de sub pour être conve­na­ble­ment utilisé sur des beats typés élec­tro ou rap (trap, drill, etc.).

8/10
Points forts
  • Robuste
  • Confortable
  • Très bonne isolation
  • Sonorité très précise
  • Excellente image stéréo
  • Impédance basse
Points faibles
  • Ne peut pas se replier complètement
  • Peu de graves sub
  • Un peu de fatigue auditive sur les écoutes longues
Auteur de l'article Pr. Soudure de La Feuille

Venu à la musique par le bruit, j'y retournerai un jour. J'aime les beaux circuits bien propres, les musiques sales et moches. Technicien de jour, la nuit je dors.


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