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JoMoX SunSyn
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Test du Sunsyn de Jomox

Test écrit
Gros son et amertume
7/10
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Après avoir développé le duo Airbase / Xbase pour simuler le son des boîtes à rythmes vintage, Jomox revient en force avec le Sunsyn, un synthétiseur hybride polyphonique dont les spécifications techniques et la souplesse théorique sont très prometteuses. Ça va chauffer !

Test du Sunsyn de Jomox : Gros son et amertume

(Test initia­le­ment paru en juin 2002)

Dispa­rus au début des années 80, les synthé­ti­seurs analo­giques poly­pho­niques font un léger come-back ces derniers temps. Mais s’ils se comptent encore sur les doigts de la main, ils font d’au­tant moins légion en France, avec une distri­bu­tion qui s’ap­pa­rente souvent à la stabi­lité des bons vieux VCO. Ainsi, l’A6 d’Ale­sis a su trou­ver sa route jusqu’à notre studio, mais les Omega de Studio Elec­tro­nics sont restés de l’autre côté du péri­phé­rique ou de l’At­lan­tique. Après plus d’une année de safari, nous sommes enfin parve­nus à captu­rer le Sunsyn, une machine aux spéci­fi­ca­tions tech­niques allé­chantes annon­cée depuis plusieurs années. Parvien­drons-nous à domp­ter la bête ?

Ergo­no­mie de premier abord excel­lente

Sunsyn topPrésen­tée sous forme de console rackable, le Sunsyn est une solide machine carros­sée dans une coque métal­lique aux flancs en bois. Son panneau de commandes est une invi­ta­tion aux voyage sonore, avec pas moins de 40 poten­tio­mètres rota­tifs, 43 inter­rup­teurs, 85 leds, un écran de contrôle 2 × 24 carac­tères et un affi­cheur numé­rique à 3 leds / 7 segments. L’uti­li­sa­tion en rack néces­site de lais­ser libre une unité de part et d’autre des 6 U de la machine pour une venti­la­tion correcte. En effet, le Sunsyn chauffe beau­coup, il porte bien son nom ! L’er­go­no­mie semble, de premier abord, excel­lente, avec une large partie de commandes directes et le reste par menus locaux (section RCO) ou globaux (via les 4 touches de fonc­tion et les 4 poten­tio­mètres asso­ciés situés sous le LCD).

Hélas, la machine n’est pas exempte de bogues, loin s’en faut : dans certains cas, l’ap­pui sur un bouton sans fonc­tion ouvre inopi­né­ment une autre page menu, la touche « exit » ne fonc­tionne pas toujours, l’en­co­dage se fait unique­ment par incré­men­ta­tion même si on décré­men­te… un bâclage incom­pré­hen­sible. Le panneau arrière est très complet, avec une prise casque, une paire de sorties stéréo, 8 sorties sépa­rées (toutes symé­triques, à +4 dBu), une paire d’en­trées audio / CV stéréo, un trio Midi, une borne pour câble secteur et une inter­face PCMCIA. Le Sunsyn gère des cartes jusqu’à 16 Mo pour stocker 350 programmes, 150 multi­timbres, 63 tables d’ondes et des formes d’ondes.

Qualité sonore indé­niable

Sunsyn rear 1Le Sunsyn offre une diver­sité sonore assez excep­tion­nelle, avec des sons très pêchus, chauds et gras. On trouve des basses hyper réso­nantes, des nappes denses et brumeuses, de grosses synchros avec balayage d’en­ve­loppe plus ou moins rapide, des effets évolu­tifs, des solos agres­sifs et des effets spéciaux. Mais si le souffle existe bien sans être trop problé­ma­tique, il n’en est pas de même des nombreux crépi­te­ments invo­lon­taires qui appa­raissent çà et là et qui ressemblent à tout sauf à un son analo­gique. Une qualité sonore indé­niable mais une qualité audio douteu­se…

Chacune des 8 voix de poly­pho­nie comprend 2 VCO analo­giques purs couplés à 2 RCO numé­riques, une entrée audio stéréo et un géné­ra­teur de bruit. Les VCO travaillent sur une éten­due de 2 à 32 pieds. Ils sont capables de produire une onde en dent de scie ou une onde rectan­gu­laire à impul­sion variable. Les 2 VCO peuvent être synchro­ni­sés, ce qui est très utile pour des solos coupants. Une fonc­tion « Restart » permet de faire repar­tir les VCO à leur posi­tion zéro lorsqu’ils sont déclen­chés, ce qui donne une pêche addi­tion­nelle. Une heureuse procé­dure d’ac­cor­dage auto­ma­tique permet de cali­brer les 16 VCO en moins de 10 minutes. Les RCO sont des oscil­la­teurs numé­riques complexes qui viennent complé­ter les VCO (voir enca­dré). Enfin, le géné­ra­teur de bruit produit du bruit blanc ou rose. Le signal mixé attaque alors un VCF puis un VCA pure­ment analo­giques.

Filtre trans­for­miste

Sunsyn top rackTrès élaboré, le filtre du Sunsyn est un modèle pure­ment analo­gique réso­nant. Sa grande spéci­fi­cité tient aux possi­bi­li­tés d’ac­cès à ses 4 pôles. Montés en série, chacun dispose d’une courbe de réponse passe-bas ou passe-haut et d’un déca­lage de la fréquence de coupure. Ainsi, il est possible de se fabriquer une infi­nité de courbes de réponse, en passant conti­nuel­le­ment par les modes passe-bas de 1 à 4 pôles, passe-bande 1 ou 2 pôles et passe-haut de 1 à 4 pôles, le tout sans quit­ter le domaine analo­gique. Magni­fique ! Le filtre possède égale­ment un tracking clavier.

Autre concep­tion heureuse, le mise en service du mode 2 pôles main­tient la réso­nance sur les 4 pôles, ce qui permet d’ob­te­nir des réponses ultra-réso­nantes même avec un nombre réduit de pôles, contrai­re­ment aux autres machines analo­giques du marché dont la réso­nance décroît avec le nombre de pôles. A nous les possi­bi­li­tés d’auto-oscil­la­tion dans tous les modes de réponse, un luxe que nous appré­cions ! Mieux, le Sunsyn auto­rise le morphing entre 2 profils de filtrage. Sont affec­tés la fréquence de coupure, la réso­nance, les offsets des 4 pôles, les modes des 3 premiers pôles, ainsi que les segments ADS de l’en­ve­loppe. Le passage continu entre les 2 profils, en milieu analo­gique pur, est assuré par un bouton dédié assi­gnable à la molette de modu­la­tion ou à un contrô­leur Midi. Un must ! Au global, 256 programmes utili­sa­teur sont dispo­nibles.

Modu­la­tions géné­reuses

Sunsyn rear 2Pour modu­ler le son, on dispose de 2 enve­loppes ainsi que 2 LFO. Les enve­loppes ADSR sont géné­rées par de purs circuits discrets qui leur confèrent une détente ultra­ra­pide et une large plage d’ac­tion. Avec des temps courts, on entend des clicks, preuve de leur rapi­dité. Chacune des enve­loppes est assi­gnée au filtre et à l’am­pli­fi­ca­teur, en plus des desti­na­tions matri­cielles. Les LFO sont géné­rés numé­rique­ment. Ils possèdent 5 formes d’ondes et peuvent être synchro­ni­sés à l’hor­loge interne ou Midi. Très éten­due, leur plage d’ac­tion varie de 0.015 Hertz (très lent) à 121 kHz (niveau audio). Mais le clou, c’est sans conteste la puis­sante matrice de modu­la­tion à 4 cordons par voix, qui vient complé­ter les assi­gna­tions fixes habi­tuelles, telles qu’en­ve­loppe sur filtre.

Chaque cordon comporte 2 sources simul­ta­nées, un modi­fi­ca­teur et une desti­na­tion, tous à 8 éléments. La première source comprend la dent de scie du VCO1, l’im­pul­sion du VCO1, le RCO1, l’en­ve­loppe 1, la tension de la note du VCO1, la voix précé­dente du VCO2, le bruit et le LFO1. La seconde source comprend les mêmes para­mètres, mais pour les seconds éléments, à part le bruit remplacé par l’en­trée audio. L’in­ten­sité de la modu­la­tion est assu­rée par les modi­fi­ca­teurs : dent de scie du VCO1, impul­sion du VCO2, enve­loppe 1, enve­loppe 2, RCO1, LFO1 et LFO2. Par ailleurs, 4 contrô­leurs Midi et 8 desti­na­tions de modu­la­tions par la vélo­cité peuvent aussi entrer dans la danse. Les desti­na­tions finales sont la FM sur le VCO1, la FM sur le VCO2, la largeur d’im­pul­sion du VCO1, celle du VCO2, la coupure du VCF, la réso­nance, le signal externe sur le VCF et le volume du VCA. On peut ainsi se fabriquer un modu­la­teur en anneau, une cross-modu­la­tion entre les VCO, de la synthèse AM et de la synthèse FM pure­ment analo­giques. Incroya­ble­ment puis­sant !

Toujours pas multi­tim­bral !

Sunsyn rear 3Dans le Sunsyn, chaque voix possède ses propres géné­ra­teurs, filtres et modu­la­teurs. En fait, le mode programme est un dérivé d’un mode multi­tim­bral où toutes les voix possèdent les mêmes réglages. C’est du moins ce que prétend le mode d’em­ploi, car ce qui suit est pour l’ins­tant de la pure fiction : lorsqu’il sera déve­loppé, le mode « Multi » permet­tra au Sunsyn de pilo­ter 8 canaux indé­pen­dants avec allo­ca­tion dyna­mique des voix. Une fois un canal sélec­tionné, le programme corres­pon­dant pourra être édité dans son contexte multi­tim­bral. Pour chaque canal, on pourra sélec­tion­ner le numéro de programme, le canal Midi, le volume et la sortie audio. Mais rien concer­nant des fenêtres program­mables de tessi­ture et de vélo­cité comme sur les machines numé­riques modernes. Autre limi­ta­tion déjà docu­men­tée, l’uti­li­sa­tion ou non de la synchro­ni­sa­tion VCO / RCO sera globale pour les 8 canaux. La mémoire utili­sa­teur renfer­mera 128 multi­timbres program­mables. Pour en termi­ner avec cette caté­go­rie « Espoirs », le Sunsyn sera doté d’un petit arpé­gia­teur pouvant agir sur 5 octaves, avec 4 motifs élémen­taires et synchro­ni­sa­tion Midi.

Un goût amer

Sunsyn top rackLe Sunsyn nous a laissé une double impres­sion : la puis­sance sonore est bien là, tant par la chaleur et la patate des sons produits que par les possi­bi­li­tés de filtrage et de modu­la­tion. Hélas, la machine souffre de gros handi­caps : la qualité audio est moyenne, avec beau­coup de para­sites pas très analo­giques et des fonc­tions vitales long­temps promises peinent à voir le jour. Pire, certaines pages menu sont boguées. Cela aurait passé si le Sunsyn était une machine nouvelle, mais après trois années d’ex­ploi­ta­tion et dans cette gamme de prix, c’est inad­mis­sible ! Ceci dit, les incon­di­tion­nels d’ana­lo­giques pure race trou­ve­ront peut-être ces défauts tout à fait surmon­tables et l’écoute de la machine les convain­cra sans leur lais­ser, contrai­re­ment à nous, un goût amer.

7/10
Points forts
  • La qualité des sons analogiques
  • Les tables d’ondes numériques
  • La grosse pêche et le sang chaud
  • La stabilité des oscillateurs
  • Le filtre à pentes variables
  • D’énormes possibilités de modulation
  • L’OS en mémoire Flash
Points faibles
  • Le système d’exploitation pas fini
  • Trop de fonctions non disponibles
  • La qualité audio, assez douteuse
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.

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    Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

    J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.