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Award Valeur sûre 2022
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Cela fait déjà plus de deux ans que la version 5 de Studio One est sortie, et c’est tout naturellement que nous arrive la sixième mouture de la STAN de Presonus avec un mot d’ordre : répondre aux attentes des utilisateurs !

Il faut en effet le savoir : contrai­re­ment à certains concur­rents qui vivent plus ou moins coupés de leur commu­nauté, Preso­nus est très à l’écoute de ses utili­sa­teurs qu’il consulte notam­ment via son forum. Sur ce dernier, on trouve d’ailleurs un système de sugges­tions de nouvelles fonc­tion­na­li­tés pour lesquelles tous les membres ont la possi­bi­lité de voter : une bonne façon de mesu­rer les attentes du public donc, et de consti­tuer une road­map dont on est à peu près sûr qu’elle fera des heureux.

Quitte à briser le suspense, disons donc que cette sixième version répond à certaines des demandes les plus popu­laires, ce qui est une très bonne chose, comme nous allons le voir…

Pot d’ac­cueil

Sans qu’on arrive vrai­ment à mettre le doigt sur ce qui a changé, la première impres­sion qui domine en décou­vrant l’ac­cueil tient dans un côté un peu plus clair, un peu plus aéré… On note aussi quelques chan­ge­ments puisqu’en dépit d’une orga­ni­sa­tion simi­laire à la v5, cette fenêtre vous propose à son sommet trois commandes : Nouveau…, Ouvrir… et Rejoin­dre…

On se passera de commen­taire sur Ouvrir… pour détailler le Rejoin­dre… lié à votre éven­tuel abon­ne­ment au Preso­nus Sphere. Un clic ouvre ainsi une fenêtre où sont réunis vos docu­ments et espaces de travails présents dans le Cloud de Preso­nus, ainsi que la liste de vos colla­bo­ra­teurs… Quant à Nouveau…, c’est par ce biais que vous allez évidem­ment créer un nouveau docu­ment via un Assis­tant large­ment rema­nié.

assistantToujours soucieux de simpli­fier la vie de ses utili­sa­teurs, Preso­nus présente à travers cette fenêtre les « Smart Templates ». S’il était déjà possible de créer un nouveau docu­ment à partir d’un template prédé­fini ou person­na­lisé, on dispose désor­mais d’as­sis­tants qui, en fonc­tion de la tâche choi­sie (compo­si­tion, maste­ring, podcast, etc.) permettent de préci­ser vos inten­tions pour précon­fi­gu­rer l’en­vi­ron­ne­ment : on a ainsi dès l’as­sis­tant la possi­bi­lité de cliquer/glis­ser les fichiers audio pour un projet de Maste­ring, ou de défi­nir l’ins­tru­ment de prédi­lec­tion pour un projet orienté compo, etc.

Du coup, quand on valide, la nouvelle Song ou le nouveau Projet se crée avec une inter­face pensée pour les besoins décla­rés, et un petit tuto vous prend même par la main pour vous mettre à pied d’œuvre. Ça ne chan­gera pas la vie des utili­sa­teurs chevron­nés qui pour­ront aussi créer une nouvelle Song, un nouveau Projet ou un nouveau Show en plus de leurs templates person­na­li­sés, mais faci­li­tera gran­de­ment la prise en main du logi­ciel par des débu­tants : une bonne idée !

doosierprojetsTant qu’on est sur cette page d’ac­cueil, préci­sons qu’on dispose désor­mais dans la liste des docu­ments de la possi­bi­lité de créer des dossiers et d’épin­gler des items pour orga­ni­ser ses chan­sons comme ses projets de maste­ring. Une très bonne inten­tion qui chan­gera le quoti­dien de ceux qui, comme moi, entas­sant quelques centaines de compos et de « bouts » dans la plus pure anar­chie, sans trop savoir ce qui se cache derrière « NewGroo­ve22 » ou pire « 2022–09–16 User­name »… Hélas, on ne dispose pas pour cela d’un aperçu audio ou graphique de la chan­son, ni même de quelques attri­buts qui pour­raient être bien pratiques (durée, poids, tempo, signa­ture, etc.) pour distin­guer d’un coup d’œil en orga­ni­sant la liste sur un de ces critères ce qui semble être un morceau avancé d’un gribouillis de deux mesures, ce qui semble être une ballade ou une track de tech­no… Bref, l’idée est clai­re­ment à creu­ser car ce problème d’or­ga­ni­sa­tion mérite vrai­ment qu’on s’y attaque pour simpli­fier le quoti­dien des musi­ciens.

Mais vous vous en doutez, les nouveau­tés les plus inté­res­santes ne se situent pas à ce niveau ; sautons donc à pieds joints dans cette version 6 en char­geant un morceau…

Un peu de range­ment

Nous le disions d’en­trée de jeu : cette version 6 semble un peu plus aéré dans son inter­face que la précé­dente. Cela tient sans doute à quelques pixels rajou­tés ici ou là en termes d’es­pace ou taille de carac­tères, mais c’est mani­feste dans la fenêtre d’ar­ran­ge­ment égale­ment. Et de fait, c’est un des axes de travail qui a été retenu dans cette version 6…

personnalisationIl faut dire que même si Studio One figure parmi les derniers arri­vés sur le marché des STAN, il n’en a pas moins passé un certain âge et, au fil des versions appor­tant toujours plus de fonc­tion­na­li­tés, force est de consta­ter que le mini­ma­lisme ergo­no­mique des débuts a cédé la place à quelque chose de plus touffu. On est loin d’un Cubase, d’un Sampli­tude ou d’un Cake­walk sur ce point, mais Studio One tend clai­re­ment vers l’usine à gaz avec le temps. Bien conscients de cela, ses déve­lop­peurs ont ainsi travaillé là-dessus en version 6 pour permettre à l’uti­li­sa­teur d’af­fi­cher ou non certains éléments de l’in­ter­face. On n’en est certes pas à un niveau de person­na­li­sa­tion extrême comme on peut le trou­ver dans Reaper, mais on peut déga­ger tout un tas de trucs en fonc­tion de son usage, de sorte que l’in­ter­face devient moins char­gée, et que les commandes comme les boutons respi­rent… Cette très bonne initia­tive est couplée au fait qu’on dispose enfin pour chaque piste d’une icône pour repré­sen­ter son contenu : bien utile pour se repé­rer faci­le­ment dans les gros projets, que ce soit dans la vue Arran­ge­ment ou la table de mixa­ge…

Tant qu’on en est aux détails d’er­go­no­mie, notons que la gestion des présets dans la navi­ga­teur a elle aussi évolué : il est désor­mais plus simple de créer des sous-dossiers de présets et de taguer ces derniers comme favo­ris. Une bonne chose même si l’on regret­tera qu’il ne soit toujours pas possible d’or­ga­ni­ser les présets en se dépar­tant de l’or­ga­ni­sa­tion des plug-ins auxquels ils sont ratta­chés. Il faudra pour cela passer par les nouveaux présets des pistes dont nous parle­rons plus tard. Or, notons qu’il est impos­sible de faire des minia­tures de présets, ce qui est bien dommage vu qu’en l’oc­cu­rence, sous des plate­formes comme Kontakt ou Reak­tor, les présets sont autant d’ins­tru­ments complè­te­ment diffé­rents : synthé, guitare, piano, batte­rie, etc. 

faderflipNotons encore que pour simpli­fier le contrôle des diffé­rents para­mètres de mixage, Studio One se dote de plusieurs nouvelles petites choses :

On peut désor­mais double cliquer sur les pano­ra­miques comme sur les glis­sières d’en­voi pour en affi­cher une version plus grande dans une pop-up, mais on dispose surtout d’une fonc­tion Fader-Flip qui, comme sur certaines consoles maté­rielle, permet d’af­fec­ter le fader du canal à un envoi ou un retour. Quand on active le mode Fader-Flip, tous les faders deviennent vers et l’on peut les assi­gner à tel ou tel envoi…

De la sorte, on béné­fi­cie de plus de préci­sion pour régler ces para­mètres et de plus de confort quand on travaille avec une surface de contrôle.


channelOn dispose enfin, comme dans Cubase, d’une vue globale d’un canal au sein d’une seule fenêtre : on y trou­vera le fader, la pano­ra­mique et le routing, mais aussi les effets d’in­serts, d’en­voi et les Cue Mix. Person­nel­le­ment, cette vue ne me manquait pas, mais il semble­rait que c’était une demande récur­rente de la commu­nauté.

La voici donc tout comme nous arrivent égale­ment les icônes de pistes, histoire de voir en un coup d’oeil grâce à un picto la nature d’une piste…

Voici pour l’es­sen­tiel des nouveau­tés ergo­no­miques, sachant qu’au niveau des fonc­tion­na­li­tés, la première chose notable concerne non pas la musique, mais les…

Paroles, paroles, paro­les…

On l’a bien compris avec l’évo­lu­tion de Studio One, l’objec­tif de Preso­nus est de propo­ser un envi­ron­ne­ment complet pour gérer la produc­tion musi­cale de A à Z : compo­si­tion, mixage et maste­ring dès les premières versions, mais aussi Live depuis Studio One 5. Et c’est dans ce même esprit que certaines des nouveau­tés de cette version 6 ont été pensées, à commen­cer par une inté­gra­tion des paroles.

parolesS’il était jusqu’ici possible d’in­cor­po­rer ces dernières sous forme de note dans un projet, on ne dispo­sait pas d’un outil réel­le­ment dédié à cela, et les déve­lop­peurs ont eu à cœur de propo­ser quelque chose d’as­sez convain­cant à l’usage, un peu à la façon de ce qu’on trouve dans Sampli­tude dans une version plus abou­tie et plus simple…

Cela passe évidem­ment par un nouveau type de piste, globale ou fédé­rée à une piste parti­cu­lière, qui s’af­fi­chera dans la vue Arran­ge­ment comme sur l’édi­teur de parti­tion, mais égale­ment via une fenêtre ou sur l’ap­pli iOS qui, lors de la lecture, mettra en surbrillance les paroles à chan­ter en synchro avec la musique, façon karaoké : ligne à chan­ter en bleu, ligne à venir en blanc, ligne déjà chan­tée en gris.

De la sorte, les prises chant seront gran­de­ment faci­li­tées (pas besoin de gaffer une feuille sur le pied de micro), tout comme les lives puisque cette même fenêtre se retrouve dans la partie Show…

editiondesparolesLa saisie des paroles est quant à elle simple et bien pensée car elle permet le copier-coller d’un texte puis d’ali­gner les diffé­rents syntagmes en utili­sant un magné­tisme désac­ti­va­ble…

On aime­rait toute­fois un peu plus de lati­tude du côté du forma­tage du texte : certes, on peut choi­sir la taille de la police et l’ali­gne­ment global du texte (à gauche ou centré, quid de langues se lisant de droite à gauche ?), mais il n’est pas possible de choi­sir la police même (tant pis pour les utili­sa­teurs de polices pour dyslexiques) et on ne dispose d’au­cune option de forma­tage du texte (pas de gras ou italique, pas de couleur). Et vous vous en doutez : on ne dispose évidem­ment d’au­cun outil linguis­tique, qu’il s’agisse d’un correc­teur ortho­gra­phique ou gram­ma­ti­cal ou encore d’un diction­naire de rimes.

Bref, ce n’est pas dans Studio One que vous écri­rez vos paroles, mais cette fonc­tion promp­teur est un vrai bon ajout néan­moins, tout comme l’ad­di­tion tant atten­due d’une piste vidéo…

Number 6 fait son cinéma

videoStudio One dispo­sait depuis long­temps de la possi­bi­lité de lire une vidéo en synchro avec l’au­dio, mais l’in­té­gra­tion de cette dernière demeu­rait très sommaire. Ceux qui travaillent sur le son à l’image seront donc ravis d’ap­prendre qu’on dispose enfin d’une vraie piste vidéo, avec les petites vignettes qui s’af­fichent en regard des pistes audio dans la time­line de la fenêtre Arran­ge­ment, sachant que la vidéo ainsi impor­tée peut être rognée (Trim), coupée, copiée, collée.

Voilà qui change tout, même s’il ne faudra pas vous attendre à ce que Studio One devienne un Premiere ou un Resolve : pas ques­tion de trai­te­ment vidéo ici, ni même de fondus, ce qui est très compré­hen­sible car là n’est pas le but, mais on dispose en revanche de la possi­bi­lité de déso­li­da­ri­ser l’au­dio de la vidéo pour en faire une piste de votre projet, et évidem­ment des nouvelles possi­bi­li­tés d’ex­port… Là encore : ça manquait, et ça ne manque plus. Tant mieux !

Bon, mais la musique dans tout ça ? Quoi de neuf du côté audio ? Eh bien une foule de choses, dont quelques nouveaux plug-ins…

FX for Six

proEQCette nouvelle version est en effet l’oc­ca­sion pour Preso­nus de complé­ter l’ar­se­nal d’ef­fets inté­grés à Studio One. On dispose ainsi d’un dé-esseur (enfin !) et d’un voco­deur, tandis qu’une nouvelle version de ProEQ fait son appa­ri­tion.

Quoi de nouveau dans cette dernière ? Le fait de pouvoir écou­ter chaque bande en solo, mais surtout qu’elle puisse ou non désor­mais travailler en mode EQ dyna­mique, avec la possi­bi­lité de défi­nir un seuil de déclen­che­ment et une plage dyna­mique pour chaque point de l’éga­li­sa­tion. Rappe­lons qu’à la diffé­rence d’un compres­seur multi­bande qui compresse le signal par bande, un EQ dyna­mique permet d’éga­li­ser propor­tion­nel­le­ment à la force du signal : on est donc sur une façon beau­coup plus subtile de faire de l’éga­li­sa­tion, idéal pour réduire des réso­nances n’ap­pa­rais­sant que sur certaines notes à un certain volume, ce qui sera pratique en mix comme en maste­ring.

Certes, cela ne fera pas aban­don­ner leur Fabfil­ter à ceux qui possèdent Pro-Q, mais cela pour­rait bien dissua­der les autres d’in­ves­tir dans l’achat d’un EQ de tierce partie, tant ce que nous propose Preso­nus s’avère fonc­tion­nel et, sinon aussi exhaus­tif qu’un Pro-Q, du moins gran­de­ment suffi­sant pour couvrir les besoins en matière d’éga­li­sa­tion. Ne manque vrai­ment ici que des fonc­tions « intel­li­gentes » de clonage d’EQ ou de détec­tion des réso­nances, ainsi que la gestion du M/S même s’il est possible de faire cela faci­le­ment dans Studio One avec le compo­sant adéquat en amont de l’éga­li­sa­tion…

deesseurAttendu depuis des lustres même si quelques présets du compres­seur multi­bande faisaient l’in­té­rim, le dé-esseur est pour sa part sans histoire.

Repo­sant proba­ble­ment sur l’éga­li­sa­tion dyna­mique de ProEQ, il se règle en quelques boutons seule­ment pour un résul­tat effi­cace même si certains regret­te­ront l’ab­sence de visua­li­sa­tion détaillée du trai­te­ment comme on en trouve dans le Pro-DS de Fabfil­ter : on peut en tout cas écou­ter les sifflantes détec­tées et on ne se perd pas en réglages inutiles. Encore une fois, cela sera utile pour le mixage comme pour le maste­ring…

vocodeurQuant au voco­deur, rien de parti­cu­lier à dire non plus : il est simple, fonc­tionne bien et jouit de tout ce qu’on peut attendre d’un tel effet : on a ainsi la possi­bi­lité de le pilo­ter en side­chain avec une porteuse qui modu­lera le signal ou bien de défi­nir la source de cette modu­la­tion comme interne, sachant qu’un bouton Freeze et un géné­ra­teur de bruit complètent le tout. L’in­ter­face est claire : que demande le peuple ? Sans doute de combler de vieilles lacunes enco­re…

Ne manquent en effet à Studio One que trois choses du côté des plug-ins d’ef­fets : une réverb True Stéréo, en algo­rith­mique comme en convo­lu­tion, un multief­fet à patterns dans le genre de ce que Cable­guys peut produire, et surtout un proces­seur de tran­si­toires : quand on sait le rapport simpli­cité/effi­ca­cité de ce genre de trai­te­ment, on s’étonne de ne pas voir cela ici…

Et côté instru­ments me direz-vous ? Pas grand-chose à mention­ner de ce côté si ce n’est que Mai Tai, Sample One XT et Presence XT sont désor­mais compa­tibles MPE et disposent d’une entrée audio laté­rale pour les pilo­ter en side­chain, comme tous les instru­ments sous Studio One désor­mais s’ils le gèrent : voilà qui simpli­fiera l’usage de plug-ins « MIDI » d’ar­ran­ge­ment ou encore celui des OVNI à la Fluid­pitch.

Ces bonnes nouvelles ne compen­se­ront pas toute­fois la faiblesse de l’offre de Preso­nus sur ce point précis : quand on voit ce que proposent un Cubase, un Logic ou un Reason, on se dit qu’il y a large­ment de quoi faire pour se mettre au niveau de la concur­rence, ne serait-ce qu’en liant des parte­na­riats avec des éditeurs de tierce partie comme l’avait fait Preso­nus à ses débuts avec Toon­track et Native Instru­ments. On aime­rait en tout cas bien voir débarquer quelque chose de la trempe d’Al­chemy, ou pour le moins des synthés explo­rant autre chose que la synthèse sous­trac­tive. Souli­gnons par ailleurs qu’Im­pact, même s’il est un excellent drum sampler, est loin de compen­ser l’ab­sence d’une batte­rie virtuel­le…

Une chose est donc sûre pour l’heure : ce n’est pas pour ses instru­ments virtuels qu’on achète Studio One… C’est pour son work­flow, son ergo­no­mie ! Et là encore, les Alle­mands font avan­cer leur logi­ciel féti­che…

Le bonheur est dans le préset

On dispose pour commen­cer de présets de piste dont le fonc­tion­ne­ment est exem­plaire car tout ce qui concerne une piste peut être sauve­gardé et rappelé rapi­de­ment. Et le meilleur, c’est que ça marche sur plusieurs pistes : imagi­nons que vous dési­riez sauve­gar­der les réglages de vos 10 pistes de batte­rie. Il vous suffit de les sélec­tion­ner, de sauve­gar­der un Track Preset pour pouvoir rappe­ler cette confi­gu­ra­tion dans n’im­porte quel autre projet.

Et songez bien que tout ce qui concerne chaque piste sera restauré, en dehors de son contenu : ses réglages de pan et de volume, ses inserts, mais aussi ses envois et donc les pistes auxi­liaires qui vont avec, munies de leur plug-ins et réglage. En marge des Smart Templates, c’est vrai­ment une excel­lente façon de faire gagner du temps à l’uti­li­sa­teur : bien joué !

Mais il y a plus inté­res­sant encore sur le terrain des fonc­tion­na­li­tés pures…

Le routing du quoti­dien

panRépon­dant à une vieille demande des utili­sa­teurs, le réglage de la pano­ra­mique sous Studio One évolue enfin : sur un canal stéréo, on peut ainsi passer de mode Balance qui était jusqu’ici le seul dispo­nible, à un mode Double balance (on règle la balance de chaque canal droite et gauche) à un mode binau­ral repo­sant sur un enco­dage Mid-Side du signal et qui permet du coup de contrô­ler et le place­ment hori­zon­tal et la largeur stéréo… Cool ! Même si, person­nel­le­ment, j’au­rais adoré que Preso­nus propose en vis-à-vis de ces modes clas­siques quelque chose d’un peu plus sophis­tiqué comme ce qu’on trouve dans le Pana de Klev­grand…

Certains ajouts qui ne sont pas les plus mis en avant par l’édi­teur méritent enfin qu’on les mentionne, comme la possi­bi­lité du côté du routing de dispo­ser d’en­vois auxi­liai­res… sur un bus auxi­liaire ! Une très bonne idée qui décuple les possi­bi­li­tés de trai­te­ments : il devient ainsi aisé de faire passer un bus de délai dans un bus de réverbe, qu’on enverra lui-même dans un bus de compres­sion. Et pour répondre à votre ques­tion : oui, Preso­nus a pensé à inter­dire les boucles de feed­back à ce niveau…

En route pour la 6.5 ?

Eh bien voilà : nous voici enfin arri­vés au bout de l’es­sen­tiel des nouveau­tés, ce qui nous permet de nous pronon­cer sur les apports de cette mise à jour. Une mise à jour majeure ? Assu­ré­ment si l’on consi­dère que cette sixième version répond aux prin­ci­pales attentes de sa commu­nauté d’uti­li­sa­teurs et que les nouveau­tés ont toutes été correc­te­ment inté­grées. Il y a donc de quoi rendre le logi­ciel bien plus agréable et produc­tif au quoti­dien pour quan­tité de gens, qu’il s’agisse de la gestion des paroles ou de la vidéo, des nouveaux modes de pano­ra­mique, du routing des envois, des Track Presets ou encore de la possi­bi­lité d’al­lé­ger l’in­ter­face graphique.

Et pour­tant, malgré toutes ces bonnes choses, on sent bien qu’on reste un peu sur notre faim car aucune fonc­tion­na­lité ne parvient réel­le­ment à nous surprendre comme on avait l’ha­bi­tude que Studio One le fasse dans ses précé­dentes versions. C’est proba­ble­ment là une consé­quence du système de sugges­tion de fonc­tion­na­li­tés mis en place par l’édi­teur dans sa commu­nauté : d’un côté, on est sûr de satis­faire le plus grand nombre, de l’autre, on se retrouve fata­le­ment à faire des choses plus consen­suelles. Steve Job l’ex­pliquait très bien : si Apple avait demandé aux gens d’ima­gi­ner le télé­phone parfait, l’iPhone n’au­rait été qu’un super Black­berry et non le produit de rupture qui a révo­lu­tionné le marché. De fait, répondre aux attentes des utili­sa­teurs, c’est en effet bien plus souvent repro­duire ce qui se fait ailleurs qu’in­no­ver, alors qu’on sait que les auteurs de Studio One ont par le passé accou­ché de fonc­tions qui faisaient réel­le­ment avan­cer le schmil­blick et mettaient la concur­rence en retard : on se souvient qu’ils étaient les premiers à inté­grer Melo­dyne via Ara, à permettre par un simple cliquer-glis­ser de passer du MIDI à l’au­dio et vice versa, on se souvient du Scratch Pad, de l’in­té­gra­tion du maste­ring et du mode Show, des musi­cloops, des MixFX permet­tant de retrou­ver le compor­te­ment d’une console en matière de somma­tion, etc. Alors bien sûr, la gestion des paroles est ici bien foutue (mieux que chez la plupart des concur­rents), mais tout cela manque un peu de réelle inno­va­tion…

Et pour­tant, il y aurait bien des domaines où l’on pour­rait inno­ver en s’ins­pi­rant des rivaux bien sûr (on attend toujours des modu­la­teurs MIDI de la trempe de Bitwig par exemple, ou la possi­bi­lité de gérer des envois sur un objet audio comme dans Sampli­tude, une gestion du multi­ca­nal et des fonc­tions d’ar­ran­ge­ment avan­cées comme dans Cubase), mais aussi des plug-ins de tierce partie : le Pana de Klev­grand dont nous parlions, tout comme les visua­li­seurs multi­pistes façon Blue Cat, la gestion du moni­to­ring au casque ou le cali­brage à la Sonar­works / Real­phones, l’auto-gain staging à la Klang­freund… Autant de choses qu’on ne trouve dans aucune STAN du marché et qui pour­raient permettre à Studio One de conti­nuer à être ce trublion inno­vant qu’on avait l’ha­bi­tude de voir… Je le redis enfin : propo­ser un véri­table outil pour orga­ni­ser les projets exis­tants, avec attri­buts, pré-écoute, me semble être une fonc­tion qui ferait une énorme diffé­rence dans l’usage quoti­dien. Et puis, sans parler de fonc­tions origi­nales, notons que la commu­nauté attend toujours le support du multi­ca­nal, dont l’ab­sence est encore plus notable avec cette nouvelle piste vidéo, comme l’évo­lu­tion du système de colo­ra­tion de pistes un peu trop rudi­men­tai­re…

Rela­ti­vi­sons tout de même ces critiques à l’heure des conseils d’achat : Studio One demeure l’un des softs les plus abou­tis du marché en termes d’er­go­no­mie et pour cette raison, on le conseillera vive­ment à ceux qui veulent un soft tout terrain et complet qui ne soit pas une usine à gaz pour autant. C’est vrai pour sa version Pro, mais ça l’est tout autant pour sa version Artist qui, depuis qu’elle permet d’hé­ber­ger des plug-ins de tierce partie, a vrai­ment de solides argu­ments pour plaire aux grands débu­tants qui pour­raient se perdre dans le Reaper qui leur est trop souvent systé­ma­tique­ment conseillé sans consi­dé­ra­tion de son côté geek…

Quant à savoir si les posses­seurs de la version précé­dente se doivent de faire la mise à jour : on serait bien tenté de dire oui car le Send dans le Send, le side­chain sur les instru­ments ou les nouveaux modes de pano­ra­miques peuvent chan­ger bien des choses côté mixage, oui aussi s’ils utilisent les plug-ins de base du logi­ciel sans recou­rir à des plugs de tierce partie. Oui encore pour ceux qui font du son à l’image ou parce que la gestion des paroles va aussi gran­de­ment simpli­fier les prises ou les concerts des chan­teurs… Bref, vous connais­sez la chan­son : chacun voit midi à sa porte…

Conclu­sion

Il serait diffi­cile de dire que cette version 6 n’est pas réus­sie dans la mesure où tous ses ajouts répondent à des demandes de la commu­nauté, des fonc­tion­na­li­tés que Preso­nus a bien conçues et pensées en termes d’in­té­gra­tion, de sorte que certaines chan­ge­ront proba­ble­ment le quoti­dien de pas mal d’uti­li­sa­teurs… À la lueur de tout cela, il ne fait aucun doute que nous tenons là un logi­ciel encore plus abouti qu’il ne l’était déjà et que la mise à jour est conseillée aux anciens, tout comme l’achat aux nouveaux : sur le créneau des STAN géné­ra­listes (c’est-à-dire pas celui de Live/Bitwig/FL Studio/Reason qui ciblent plus les musiques urbaines ou élec­tro­niques), Studio One demeure l’un des plus fameux logi­ciels du marché parce qu’il conci­lie puis­sance et simpli­cité avec ce qu’il faut d’ori­gi­na­lité pour plaire, en plus de s’ins­crire dans un écosys­tème maté­riel et cloud dont les prix sont acces­sibles contrai­re­ment à certains concur­rents… quand ils ont quelque chose à propo­ser sur ce terrain. De fait, avec Studio One, on va vite de l’idée à sa réali­sa­tion, et à l’heure où Ozone fait l’im­passe sur l’ap­pli­ca­tion auto­nome, le fait de pouvoir passer d’un envi­ron­ne­ment de compo­si­tion/mixage à un envi­ron­ne­ment dédié au maste­ring, tout comme l’ou­ver­ture sur le monde du live, sont de vrais plus parmi les nombreuses quali­tés du soft.

Pour autant, sans doute parce que Preso­nus nous a mal habi­tués sur ce point, il y a dans cette nouvelle mouture un manque de folie ou d’au­dace qui nous laisse un peu sur notre faim. On ne parlera certai­ne­ment pas de décep­tion, mais on avait connu les alle­mands plus inspi­rés pour nous éton­ner par le passé, en propo­sant des choses qui n’exis­taient pas ailleurs ou du moins pas sous la forme qu’ils leur donnaient… De fait, cette version 6 est à peine sortie qu’on a déjà hâte de voir ce que contien­dra la 6.5 puis la 7… 

9/10
Award Valeur sûre 2022
Fabrication (?) : Allemagne
Points forts
  • La gestion des paroles d’un bout à l’autre
  • Les Smart Templates et leur tutos
  • Les Tracks Presets
  • On peut désormais envoyer un bus auxiliaire dans un bus auxiliaire
  • Gestion d’une entrée latérale sur les instruments
  • Enfin un mode Dual Pan et un mode binaural pour les panoramiques !
  • Enfin une vraie piste vidéo !
  • ProEQ et son mode dynamique
  • Le dé-esseur et le vocodeur qui font le job
  • La possibilité de supprimer les affichages superflus pour gagner en légèreté
  • Enfin des icônes de piste
  • Fader-Flip
  • Gestion du MPE pour les instruments Presonus
  • La meilleure intégration du Presonus Sphere
  • Tout ce qu’on adore dans Studio One : une ergonomie soignée et des fonctions innovantes (MixFX, Sketch Pad, les parties Show et Project, la gestion des multis, Melodyne, macros, etc.) au sein d’un écosystème matériel et Cloud qui ne coûte pas un bras (Atom, Faderport, Studio Live, Sphere, etc.)
Points faibles
  • Toujours pas de transient designer ni de réverbe True Stereo
  • Relative pauvreté du côté des instruments virtuels que PresenceXT ne compense toujours pas
  • Toujours pas de modulateurs MIDI comme on en trouve dans Bitwig/Reaper
  • Toujours pas de gestion du multicanal
  • Sans doute à cause d’Izotope, mais toujours pas d’intégration de RX qu’aucun outil de restauration ne vient compenser
  • Des ajouts très attendus, mais peut-être trop convenus du coup : aucune nouveauté ne s’avère vraiment surprenante…
Auteur de l'article Los Teignos

Si j'avais eu le physique, nul doute que j'aurais fait un grand Sumo, mais vu que je ne pèse que 80 kg, j'occupe mon temps comme je peux entre musique et littérature.


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Si j'avais eu le physique, nul doute que j'aurais fait un grand Sumo, mais vu que je ne pèse que 80 kg, j'occupe mon temps comme je peux entre musique et littérature.