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Hapax, mon partenaire séquenceur
9/10
Award Valeur sûre 2023
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8 ans après la sortie de leur iconique Pyramid, Squarp Instruments réinvente le concept du séquenceur hardware au format desktop pour arroser de notes et de modulations nos synthétiseurs, modules Eurorack, et instruments virtuels.

Test de Squarp instruments Hapax : Hapax, mon partenaire séquenceur

Squarp Instru­ments est une petite boite française qui monte et qui propose notam­ment depuis 2015 diffé­rents concepts autour du séquen­ceur hard­ware et du milieu Euro­rack pour ravir les AFicio­na­dos de la synthèse sonore. Leur premier produit, le séquen­ceur Pyra­mid, a été testé dans nos colonnes à sa sortie, et a pas mal évolué depuis en termes de fonc­tion­na­li­tés (dont une version 4 du firm­ware qui date de 2021). On pour­rait égale­ment parler du Rample (sorti en 2020) qui est un lecteur de samples 4 voix au format Euro­rack, du séquen­ceur spécia­lisé « modules » Hermod (2018) et de sa décli­nai­son frai­che­ment sortie Hermod+ (2023). Mais le produit qui va nous inté­res­ser aujour­d’hui, c’est le séquen­ceur Hapax (dispo­nible depuis 2022), qui entend bous­cu­ler le marché et s’im­po­ser peut être comme le géné­ra­teur de notes et de modu­la­tions ultime !

Car le Hapax n’est pas juste un séquen­ceur isolé sur un marché de niche, mais couvre des besoins suffi­sam­ment vastes pour justi­fier la propa­ga­tion de ces alter­na­tives à l’usage strict de l’or­di­na­teur. Ainsi, en 2023, les séquen­ceurs hard­ware permettent de contrô­ler des synthé­ti­seurs eux aussi hard­ware, numé­riques ou analo­giques ou hybrides, au format desk­top avec ou sans clavier, au format « voix Euro­rack », avec des contrôles sous forme de MIDI, du MPE, mais aussi des signaux CV/gate, ou encore tout ça à desti­na­tion d’un ordi­na­teur via l’USB qui peut conver­tir des entrées sorties CV/Gate/MIDI/MPE en infor­ma­tion compré­hen­sible par votre STAN ! Et oui, bizar­re­rie après la diges­tion de cette « mode » du « DAW-less » (« Sans STAN » en français ?), il n’est plus rare aujour­d’hui de voir des sets axés autour d’un séquen­ceur contrô­ler à la fois des groo­ve­boxs/synthé­ti­seurs/drum machines hard­ware, du module Euro­rack, et des instru­ments virtuels, la STAN tradi­tion­nelle restant incon­tour­nable au moins pour la partie mixage et s’in­té­grant dans ce genre de work­flow sans honte. Le propos du séquen­ceur hard­ware va être alors de four­nir une alter­na­tive au compo­si­teur de musiques élec­tro­niques sur la partie work­flow, ainsi qu’au perfor­meur qui utilise ses instru­ments en live. C’est dans cette optique qu’on a vu appa­raître, en plus des tradi­tion­nels step sequen­cers et arpé­gia­teurs, toutes sortes de géné­ra­teurs de notes ou effets MIDI, de modu­la­tions aléa­toires stochas­tiques et autres poly­rythmes à base de machine de Turing ou de rythme eucli­dien, parfois même des séquen­ceurs dans les séquen­ceurs STAN (comme les Scaler, Riffer, Muta­tor, Cthulu, Rapid Compo­ser, et autres joujoux M4L dans Able­ton Live), sans oublier les dernières versions modernes de la groo­ve­box…

Regar­dons main­te­nant ce que propose ce Hapax et comment il se situe ou se démarque de l’offre exis­tante !

Quand je vois le Hapax, je me sens mieux

Le Squarp Instru­ments Hapax est donc un séquen­ceur hard­ware, dispo­nible au tarif de 1200 euros envi­ron, dans un format assez costaud (358 × 206 × 58 mm pour 1.855 kg) avec un mélange de métal et de plas­tique, donc une certaine impres­sion de soli­dité et d’as­sise. Il est livré dans sa boîte en carton avec son alimen­ta­tion, un manuel papier de démar­rage, une carte SD, une petite carte pense-bête sur le contenu d’un projet, des stickers, une carte de visite avec des coor­don­nées web pour récu­pé­rer des infos supplé­men­taire, un câble audio minijack, un câble MIDI minijack TRS mâle vers MIDI DIN femelle, et une protec­tion en mousse pour la façade. Le manuel complet est acces­sible unique­ment en ligne sur la page dédiée ou au format PDF, malheu­reu­se­ment tous les deux en anglais seule­ment.

Data dashboardLa machine elle-même possède neuf enco­deurs cran­tés cliquables, deux écrans OLED en niveaux de gris, une grille de 16 × 8 pads RGB, et 52 boutons rétro éclai­rés pour les commandes. La connec­tique très complète elle aussi est présente à l’ar­rière du séquen­ceur, où on trouve logique­ment l’en­trée alimen­ta­tion et un bouton pous­soir on/off, un lecteur de carte SD dont l’usage est obli­ga­toire pour enre­gis­trer ses projets et réglages, un port USB « device » qui permet au Hapax de commu­niquer avec l’or­di­na­teur en MIDI, ainsi qu’un deuxième port USB « host » permet­tant de bran­cher un contrô­leur (par exemple un Artu­ria Keys­tep) pour rendre l’usage du séquen­ceur plus fluide. Sont présents enfin deux entrées MIDI (TRS et DIN), quatre sorties MIDI (3 DIN et une TRS), 2 entrées CV, quatre sorties CV, quatre sorties gate et une entrée foots­witch qui peut servir pour comman­der le trans­port. Préci­sons que tout ce beau monde est indé­pen­dant, et peut être assi­gné à diffé­rentes tâches.

Avant de s’amu­ser avec le joujou, nous avons opéré une mise à jour du firm­ware (vers une des versions bêta 1.14 dispo­nibles au moment du test, la version 1.14 finale étant sortie depuis), qui se fait en remplaçant le fichier hapax.bin présent sur la carte SD par un autre, puis en lançant la machine en restant appuyé sur l’en­co­deur prin­ci­pal. La mise à jour s’ef­fec­tue alors auto­ma­tique­ment et assez rapi­de­ment. Nous en avons profité pour placer à la racine de la carte SD des fichiers de défi­ni­tion d’ins­tru­ments (plus d’in­for­ma­tions à ce sujet plus loin égale­ment). Puis, le démar­rage du Hapax sur pres­sion supplé­men­taire du bouton ON/OFF se fait quasi­ment instan­ta­né­ment et ouvre non pas un, mais deux projets vides A et B !

Et je reste DAW-less, si je le veux

La première parti­cu­la­rité du Hapax est en effet sa capa­cité à mani­pu­ler deux projets simul­ta­né­ment, qui sont trai­tés de manière synchrone et indé­pen­dante par la machine, ce qui permet de doubler certaines specs du Hapax si on veut utili­ser les deux projets en même temps, ou de passer de l’un à l’autre dans un set live de manière fluide.

Pour réus­sir les tran­si­tions, char­ger un projet pendant qu’un autre joue met le premier en sour­dine sur toutes les pistes. En utili­sant le bouton mute, il est alors possible de réac­ti­ver chaque piste une par une, et de faire l’in­verse sur celles du projet en cours de lecture, de lancer les patterns adéquats, de jouer avec la matière sonore comme le ferait un DJ… Et si le tempo des deux projets est diffé­rent, le Hapax nous propose auto­ma­tique­ment de jouer le nouveau projet au tempo de celui en cours de lecture si on le souhaite, ou nous donne la possi­bi­lité de le modi­fier manuel­le­ment. Cette fonc­tion­na­lité aurait été imagi­née, d’après les desi­gners du Hapax, en réponse aux retours des utili­sa­teurs du Pyra­mid et d’autres produits simi­laires, qui pouvaient avoir besoin d’ap­pa­reils supplé­men­taires pour occu­per l’es­pace sonore pendant le char­ge­ment d’un nouveau projet, ce qui provoquait arrêts de séquences ou désyn­chro­ni­sa­tions… Ici la problé­ma­tique a été trai­tée dès le départ dans le design, et ravira les utili­sa­teurs de séquen­ceurs en live !

ConnectiqueCeci étant dit, chaque projet possède un certain nombre de proprié­tés acces­sibles via l’in­ter­face du Hapax. Ils peuvent conte­nir jusqu’à 16 pistes, compo­sées de 8 (longs) patterns poly­pho­niques de notes, avec ou sans quan­ti­fi­ca­tion tempo­relle, qui ont 16 pas par défaut, mais peuvent en avoir jusqu’à 512.

Mani­pu­ler un projet consiste à navi­guer dans 4 modes d’édi­tion prin­ci­paux acces­sibles via des boutons de couleur vive, une carac­té­ris­tique parta­gée par tous les séquen­ceurs Squarp : Live, Step, Pattern et Auto­ma­tion. Ces modes permettent respec­ti­ve­ment de jouer en direct d’un instru­ment sur une piste, de rentrer ou d’en­re­gis­trer le contenu d’un pattern, de lancer des patterns parmi tous ceux qui ont été enre­gis­trés comme dans Able­ton Live ou dans un Circuit Tracks, ou de rajou­ter des auto­ma­tions au pattern en cours d’édi­tion pour un para­mètre CC/PC/NRPN, CV et autre donné.

Automation modeEn plus de ces modes prin­ci­paux, d’autres boutons permettent d’ac­cé­der à un panneau de réglages globaux (pour le MIDI, les entrées/sorties CV et la synchro­ni­sa­tion notam­ment), à l’on­glet de char­ge­ment et de sauve­garde des projets (appui long sur les boutons proA ou proB), à un espace « Assign » pour contrô­ler les para­mètres des synthés connec­tés avec les enco­deurs, et à deux sections inté­res­santes inti­tu­lées « effects » et « algo ». La première permet d’as­si­gner jusqu’à 8 effets MIDI temps-réel, donc non destruc­tifs, parmi une liste de 11 (un effet ModMa­trix toujours en premier qui permet de connec­ter les para­mètres des autres effets au reste de la machine, puis des choses plus ou moins clas­sique comme les effets MIDI dans Able­ton Live). La section algo permet elle d’uti­li­ser des algo­rithmes destruc­tifs pour remplir un pattern de nouvelles notes ou modi­fier les exis­tantes, avec 4 possi­bi­li­tés (dont une dispo­nible unique­ment pour les drums).

Effets MIDILe MPE on ne s’en balance pas

Dans chacun de ces modes, une piste peut être sélec­tion­née par un bouton numé­rique du numéro adéquat présent au-dessus de la grille de pads RGB, par exemple pour lui assi­gner une des nombreuses sorties dispo­nibles. Chaque piste peut être défi­nie comme étant au choix poly­pho­nique, MPE (idem, mais avec des options supplé­men­taires dans l’édi­tion de chaque note/pas), ou drums. Dans ce dernier cas, la vue « live » se présente sous forme de 8 carrés de 4 × 4 cases corres­pon­dant à 8 sons avec des vélo­ci­tés diffé­rentes, tandis que la vue step ne donne accès qu’à 8 sons égale­ment, auxquels on peut assi­gner une note et un nom textuel. Cela nous permet de dire un mot au sujet de ces fameux pads, ils ne sont pas sensibles à la vélo­cité malheu­reu­se­ment, même si l’in­for­ma­tion est enre­gis­trée et éditable.

Drum modeLes cas poly et MPE se présentent avec une vue de type piano roll en mode step, chaque note possible ayant sa ligne, et les lignes pouvant être trans­la­tées via les enco­deurs et boutons de navi­ga­tion. En mode live, on retrouve des fonc­tion­na­li­tés clas­siques de séquen­ceurs à pads, avec choix de gamme (63 clas­sées par caté­go­ries !), fonda­men­tale mise en avant avec un code couleur, choix de l’écar­te­ment des notes d’une ligne à l’autre, un affi­chage plutôt sympa­thique du nom des inter­valles et des accords actuel­le­ment enfon­cés, et même un mode « chord » très inté­res­sant. Celui-ci permet de jouer tous les accords d’une gamme, avec soit 3 ou 4 notes, sur plusieurs octaves, en utili­sant la main droite et les deux lignes de pads du bas. La main gauche peut action­ner des pads de diffé­rentes couleurs plus haut permet­tant d’ap­pliquer des « modi­fi­ca­teurs », par exemple pour trans­po­ser, trans­for­mer un accord en sus4, chan­ger le voicing de l’ac­cord, repro­duire le compor­te­ment d’un pianiste qui bouge le moins de doigts possible pendant le jeu, ajou­ter une octave seule­ment sur une des notes de l’ac­cord, etc. Très intel­li­gent et très agréable à utili­ser !

Chord modeLes écrans affichent régu­liè­re­ment des proprié­tés orga­ni­sées par cadrans, ce qui indique pour l’écran de gauche une corres­pon­dance entre une propriété donnée et un des 8 enco­deurs qui se trouve logique­ment au même endroit ergo­no­mique­ment parlant. L’écran de droite affiche plutôt des proprié­tés acces­sibles par rota­tion et appui du dernier enco­deur. Le reste de la navi­ga­tion dans les fonc­tions du Hapax se fait en appuyant sur d’autres boutons, en utili­sant 4 boutons en forme de croix direc­tion­nelle, en accé­dant à des fonc­tion­na­li­tés spéci­fiques par un appui long, ou via un appui continu, ou bouton 2ND + autre bouton, ou encore rota­tion d’un enco­deur main­tenu appuyé. Notons enfin la présence de boutons copy/paste/delete, et d’une barre de trans­port sur le côté droit des pads, sous forme de 3 boutons enre­gis­tre­ment/lecture/stop, et d’un petit bouton qui change la vie inti­tulé « Undo / Redo » avec un histo­rique de taille consé­quente !

Au passage, un projet se défi­nit par un tempo fixe en BPM (qu’on peut fixer au dixième près), une signa­ture ryth­mique (4/4 par défaut mais tout est possible, ce qui va avoir un impact sur la gestion des patterns et des pas), la possi­bi­lité de fixer une gamme globale pour le projet ou non et sa nature parmi un large choix, un quan­ti­fi­ca­teur tempo­rel global, et l’usage ou non de la piste 16 comme d’une piste de « trans­po­si­tion ». Lorsque cette fonc­tion­na­lité est acti­vée, toutes les autres pistes mélo­diques vont avoir leurs notes jouées trans­po­sées d’un certain nombre de demi-tons, en fonc­tion de ce qui est joué dans le pattern en cours de la piste 16, ou la gamme sera chan­gée en fonc­tion des notes jouées (sous forme d’ac­cords) si le mode « Match Chord » est activé. Le Hapax offre d’ailleurs certains de ces para­mètres au niveau local sur chaque piste, avec des moyens de suivre ou pas ces contraintes, ou de synchro­ni­ser diffé­rem­ment les chan­ge­ments, ainsi qu’un para­mètre dit « d’élas­ti­cité » (a.k.a poly­chro­nie) permet­tant de jouer tout le contenu d’une piste à la vitesse par défaut de 100 %, mais aussi à d’autres valeurs comprises entre 50 et 200 %, sachant que chaque pattern peut avoir un mode de lecture de pas spéci­fique (en avant, en arrière, aléa­toire) avec tout ce beau monde parfai­te­ment synchro­nisé, ce qui permet de géné­rer du joyeux bordel à base de poly­ryth­mie ou de dépha­sage !

Et n’ou­blions pas de préci­ser que le séquen­ceur possède un mode « song », qui consiste à défi­nir un ensemble de sections par une confi­gu­ra­tion donnée de la vue pattern. Ensuite, la confi­gu­ra­tion de la chan­son consiste à sélec­tion­ner une liste de section (qu’on peut renom­mer d’ailleurs) dans l’ordre souhaité, avec à chaque fois un nombre de répé­ti­tions à indiquer. On pourra alors soit lais­ser la chan­son se jouer toute seule, ou inter­agir manuel­le­ment avec les sections pour les déclen­cher et en sortir.

Poly­chro­nique, poly­pho­nique ou poly­ca­lo­rique

À ce stade, on peut déjà affir­mer que le Squarp Instru­ments Hapax est rela­ti­ve­ment simple à utili­ser, mais que rentrer dans le détail peut nous faire aller très loin, tant les fonc­tion­na­li­tés pleuvent au détour de chaque section ou menu, avec des nouveaux sets de proprié­tés acces­sibles en restant appuyé sur une note, une piste, un bouton d’ac­cès de section, un pattern… Au point qu’il paraît compliqué, voire contre-produc­tif, de cher­cher à vous en faire un réca­pi­tu­la­tif exhaus­tif dans ce test, d’au­tant que chaque petite fonc­tion­na­lité a telle­ment d’im­pli­ca­tions en termes d’usa­bi­lité et de pratique musi­cale qu’elle pour­rait justi­fier un para­graphe entier sur son utili­sa­tion ! Alors je termi­ne­rais ce tour d’ho­ri­zon simple­ment en indiquant quelques éléments et infor­ma­tions supplé­men­taires au sujet du Hapax que j’ai trou­vés perti­nents.

FrontPar exemple, ses utili­sa­teurs appré­cie­ront toutes les possi­bi­li­tés pour donner de la vie aux séquences, dont certaines rappel­le­ront des souve­nirs aux utili­sa­teurs des machines Elek­tron : usage de l’aléa­toire à tous les étages (effets MIDI dédiés, proprié­tés de chaque note acces­sible via un appui long sur un pas dont le para­mètre chance, modes de lecture des patterns, géné­ra­tion aléa­toire de patterns ou simples modi­fi­ca­tions des accents), modu­la­tions (via la section auto­ma­tion dédiée, en utili­sant deux LFOs globaux exis­tants par projets, la ModMa­trix dans les effets MIDI, la section Assign et l’en­re­gis­tre­ment pour jouer en live des para­mètres d’un instru­ment ou du séquen­ceur, etc.), modi­fi­ca­tions ryth­miques (effet Swing, modes de lectures des patterns, élas­ti­cité pour faire de la poly­chro­nie, options de quan­ti­fi­ca­tion, possi­bi­lité de déca­ler dans le temps la posi­tion des événe­ments direc­te­ment dans le step sequen­cer etc.), événe­men­tiel (possi­bi­lité d’en­clen­cher certaines notes unique­ment si certains événe­ments se sont produits avant a.k.a. condi­tio­nal trigs, boucler des sections du mode song un certain nombre de fois ou désac­ti­ver le mode song tempo­rai­re­ment, mute/unmute de pistes, déclen­che­ment de lignes entières de patterns, envois program­més de PC au chan­ge­ment de pattern, etc.).

J’ai appré­cié person­nel­le­ment aussi des petites choses comme le moni­teur d’évé­ne­ments MIDI dispo­nible au détour d’un menu, le bouton Fill qui est super inté­res­sant en live, la fonc­tion­na­lité de Snap­shot qui permet de figer l’état d’un pattern avant modi­fi­ca­tions ulté­rieures et d’y reve­nir puis d’en repar­tir d’un appui sur le bouton asso­cié, les diffé­rents modes d’en­re­gis­tre­ment, le fait qu’on puisse émettre un signal audio d’une sortie CV pour jouer le rôle du métro­nome, etc.

A plein régime de notes

Pendant ce test, j’ai utilisé le Hapax comme séquen­ceur de synthé­ti­seurs hard­ware et virtuels dans un STAN (en même temps évidem­ment), en donnant à mon Circuit Tracks un rôle supplé­men­taire de table de mix avant d’al­ler dans l’in­ter­face audio. Honnê­te­ment, j’ai eu parfois de la peine pour trou­ver une fonc­tion­na­lité spéci­fique, mais avec le manuel sous les yeux + 2–3 tâton­ne­ments on retrouve faci­le­ment ses petits. L’er­go­no­mie devient rapi­de­ment natu­relle, notam­ment parce que les écrans et les pads RGB de très bonne facture nous renvoient constam­ment de l’in­for­ma­tion, même si certaines fonc­tion­na­li­tés néces­sitent d’uti­li­ser les deux mains obli­ga­toi­re­ment à mon grand regret.

De plus, avoir la possi­bi­lité grâce aux écrans de donner des noms à plein de choses (sections, éléments du drum mode, éléments à modu­ler, noms des projets) améliore gran­de­ment le confort d’uti­li­sa­tion. Il est même possible de lire à partir de la carte SD un fichier texte permet­tant de défi­nir un instru­ment de musique donné et de le char­ger sur une piste. Ainsi, tous les CCs et autres asso­ciés à mon Circuit Tracks ou mon NTS-1 sont auto­ma­tique­ment nommés comme le para­mètre qu’ils modi­fient ! Autre exemple, toutes les infor­ma­tions affi­chées sur les écrans dans le chord mode (noms des accords, types de modi­fi­ca­teurs acti­vés, gamme en cours) sont assez utiles à avoir sous les yeux pendant le jeu. On peut égale­ment voir d’un regard le contenu des patterns dans les écrans, en matière de notes et d’évé­ne­ments… Et même si le mode de fonc­tion­ne­ment du Hapax, spéci­fique­ment l’ar­chi­tec­ture des projets, impose certaines contraintes comme le nombre de patterns par piste, il est diffi­cile de se sentir vrai­ment limité par la machine, que ce soit à cause du nombre de pas dispo­nible par pattern, des possi­bi­li­tés acces­sibles par toutes les fonc­tion­na­li­tés dont il est diffi­cile de faire le tour, ou pour tous les usages possibles grâce à l’ex­haus­ti­vité de la connec­tique.

Mais ces possi­bi­li­tés ont eu pour effet bizar­re­ment de faire appa­raître un problème spéci­fique avec le Hapax, qui est la synchro­ni­sa­tion effec­tive de tout ce beau monde. Je ne sais pas si il existe des groo­ve­boxs et autres qui ont réussi à trou­ver la solu­tion ultime à ce problème, mais voilà tous les appa­reils connec­tés peuvent suivre un certaine route pavée ou non de multiples conver­sions analo­giques numé­riques, avant de rentrer dans l’in­ter­face audio et d’in­ter­agir avec des plug-ins d’ef­fets ou des instru­ments virtuels. Et tous ces éléments vont donc réagir aux requêtes du séquen­ceur hard­ware avec diffé­rentes durées de latence, sans parler de ce qui est censé être synchro­nisé au tempo et des aléas de la détec­tion du signal de clock, du jitter, ou du sous échan­tillon­nage de ces infor­ma­tions dans les flux MIDI.

Tout cela est gérable dans une certaine mesure dans un setup simpliste, mais au vu des possi­bi­li­tés du Hapax, le problème se pose plus ici que sur d’autres produits situés à des gammes de prix diffé­rentes. Or le Hapax ne propose pas de solu­tion parfaite pour le moment. De plus, pour synchro­ni­ser correc­te­ment ce beau monde avec notam­ment Able­ton Live et peut être moins un Bitwig, passer par l’USB n’est pas idéal pour des raisons supplé­men­taires de fiabi­lité. C’est pourquoi les concep­teurs suggèrent par exemple de deman­der à l’or­di­na­teur de géné­rer un signal de clock, et de l’en­voyer à une entrée CV en passant par une sortie dédiée de l’in­ter­face audio. Il semble­rait qu’ils travaillent sur cette problé­ma­tique actuel­le­ment en tout cas, et certaines amélio­ra­tions ont déjà été propo­sées dans les dernières versions bêta, notam­ment sur la recon­nais­sance de signaux de clock pas assez carrés.

Dernière problé­ma­tique à mes yeux, mais qui ne le sera peut-être pas pour d’autres, j’ai trouvé cette machine assez « sage ». Rien d’éton­nant pour un séquen­ceur hard­ware plutôt géné­ra­liste qui dénote forcé­ment avec des machines avec peu de contrôles et orien­tées « perfor­mance » ou Euro­rack, ce qui ne l’em­pêche pas d’avoir deux sections algo­rithmes de géné­ra­tion et effets MIDI, mais certes un peu réduites. Je pense ainsi que le Hapax gagne­rait à aller plus loin et à propo­ser plus de contenu, notam­ment des choses peut être un peu moins tradi­tion­nelles ou plus augmen­tées par de « l’in­tel­li­gence » (pas forcé­ment arti­fi­cielle) concer­nant la créa­tion de motifs, l’usage de l’har­mo­nie, le déclen­che­ment de séquences et d’évé­ne­ments en géné­ral, ou encore sur la mani­pu­la­tion de la partie auto­ma­tion des séquences. D’au­tant que le Hapax propose la fonc­tion­na­lité du snap­shot ou plusieurs niveaux d’an­nu­la­tion pour pallier aux consé­quences des actions qui ont un effet « destruc­tif » sur le contenu des patterns. A priori, les prochaines versions du firm­ware permet­tront d’al­ler plus loin là-dessus de ce que j’ai entendu de loin aux envi­rons de Montreuil…

Enfin je n’ai pas pu m’em­pê­cher de mettre ici une petite démo audio de ce que j’ai pu faire avec le Hapax, qui contrôle unique­ment des plug-ins dans Able­ton Live via USB (Hive 2, Ace, Viper et quelques samples de Able­ton), et que j’ai « un peu arran­gée » après coup même si tout a été exclu­si­ve­ment séquencé avec le Hapax à la base. Le morceau fait un usage inten­sif des effets MIDI dont je contrôle les para­mètres en temps réel pour jouer sur les notes et la ryth­mique du son de basse, ou encore de la partie auto­ma­tion pour jouer avec les fréquences des filtres.

Psylippe
00:0005:48

Conclu­sion

Le Hapax de Squarp est donc une propo­si­tion dans le monde des séquen­ceurs qui est vrai­ment inspi­rante, dont les spéci­fi­ca­tions, la connec­tique, l’er­go­no­mie, l’ac­ces­si­bi­lité, les fonc­tion­na­li­tés plus avan­cées, mais jamais complexes, la capa­cité de créa­tion de projets en nombre infini, un mode « Song » perti­nent, le propos sur l’en­chai­ne­ment des deux projets prévus pour le live, mais pas que, et les possi­bi­li­tés d’édi­tion de para­mètres pendant une perfor­mance ne laissent pas indif­fé­rent. Il consti­tue ainsi une montée en gamme mani­feste par rapport au Pyra­mid, ce qu’il est d’ailleurs de fait puisque ses concep­teurs se sont servis des retours utili­sa­teurs pour imagi­ner ce qu’il allait deve­nir quelques années plus tard et orien­ter le design dans certaines direc­tions plutôt que d’autres. Le Hermod et son succes­seur repré­sentent autre chose de ce côté-là puisque l’idéo­lo­gie du produit est conçue plutôt autour du contexte Euro­rack et de l’op­ti­mi­sa­tion de l’es­pace ou du nombre de boutons et d’en­trées sorties, tandis que le Hapax est plutôt du genre « pas de limite » et séquen­ceur de luxe.

Alors on pourra toujours regret­ter telle fonc­tion non présente ou tel aspect qui pour­rait être amélioré, mais ce qui fait aussi l’in­té­rêt du Hapax c’est que l’équipe de Squarp est plutôt réac­tive et a l’air très moti­vée pour rajou­ter encore des fonc­tion­na­li­tés chez leur nouveau-né, comme en témoignent leurs messages sur leur forum ou les commu­ni­ca­tions que j’ai eues avec eux. Ce qui laisse donc entre­voir encore des évolu­tions consé­quentes sur le produit, et notam­ment des amélio­ra­tions sur les éléments que j’ai souli­gnés, ce qui a été plus compliqué parfois avec d’autres marques dont j’ai testé récem­ment les produits…

Mais ce test ne serait pas exhaus­tif si je ne parlais pas un peu de l’offre concur­rente, d’au­tant que le Hapax n’est pas le moins cher des séquen­ceurs sur le marché, et qu’on peut trou­ver au même tarif ou un peu moins cher des appa­reils avec des fonc­tions semblables voire capables de géné­rer du son. Dans le cadre de ce test, j’ai ainsi passé un peu de temps à regar­der ces alter­na­tives, notam­ment celles qui reviennent souvent dans la bouche des utili­sa­teurs tels que le Synths­trom Audible Deluge, les Poly­end Play/Seq, le OXI One, les groo­ve­boxs Akai, ou encore le Reliq qui vient d’être annoncé, sans parler de tous les appa­reils plus centrés sur un contexte parti­cu­lier chez Nova­tion ou Artu­ria par exemple ou en modules Euro­rack. Ce qui m’a alors frappé c’est que tous ces produits font des choses plus ou moins équi­va­lentes certes, mais s’in­tègrent dans des work­flows et usages très spéci­fiques, avec un focus ou pas sur la géné­ra­tion de notes plutôt que sur le séquençage pur (je pense par exemple aux Torso T-1, Conduc­tive Labs NDLR, Make Noise Rene, TINRS Tues­day, etc.), sur l’usage avec un DAW ou pas, avec du Euro­rack ou non… Et fina­le­ment, le Hapax n’est pas la réponse qui va permettre de rempla­cer tous ces produits et s’ac­ca­pa­rer tous les usages et work­flows. Mais ses concep­teurs ont eu le bon goût de le rendre aussi poly­va­lent que possible, peut être même trop avec les problèmes que cela peut poser, et de propo­ser dans le design une synthèse de leur connais­sance sur le sujet, ce qui en fait donc une propo­si­tion raffi­née de séquen­ceur hard­ware, et une valeur sûre pour ses ache­teurs. C’est pourquoi nous lui accor­dons un Award !

PS. Ce test ne serait pas à 100 % honnête avec vous chers lecteurs si je ne vous parlais pas des mésa­ven­tures que j’ai rencon­trées avec la machine pendant son utili­sa­tion. En effet, j’ai dû reve­nir sur la version 1.13 après être passé sur la bêta 1.14B car ma machine se free­zait au bout de quelques minutes d’uti­li­sa­tion. Et même avec la 1.13 j’ai fait plusieurs sessions qui ont du s’ar­rê­ter bruta­le­ment (en plein enre­gis­tre­ment évidem­ment sinon c’est moins fun). Heureu­se­ment l’équipe s’est inté­res­sée très vite à mon souci malgré les effec­tifs réduits de l’été, et nous avons pu consta­ter rapi­de­ment que les problèmes rencon­trés venaient de l’exem­plaire qu’on m’avait fourni en prêt, qui était à la base fait pour le proto­ty­page et qui avait des courts-circuits sur la puce de données ! Heureu­se­ment, ces éléments n’ont aucune chance de se produire sur les machines envoyées aux clients, notam­ment grâce aux procé­dures de test en produc­tion.

J’ai pu en profi­ter pour visi­ter l’ate­lier d’as­sem­blage et discu­ter de la problé­ma­tique de la fabri­ca­tion en France. Sans surprises, j’ai encore entendu qu’en France en 2023 les construc­teurs faisaient appel à des pres­ta­taires en Chine sur certaines parties, non pas pour des histoires de prix, mais surtout pour le manque de sérieux et parfois l’ab­sence d’une compé­tence spéci­fique chez les bureaux d’étude en France, qui rendrait un objec­tif du 100 % made in France au moins très compliqué, voire carré­ment impos­sible (revoir d’ailleurs les vidéos que nous avons publiées récem­ment sur Two Notes sur le sujet). Toute­fois, la problé­ma­tique écores­pon­sable est bien présente chez Squarp, par exemple sur la ques­tion des maté­riaux et du design des embal­la­ges…

J’en profite pour adres­ser un grand merci à l’équipe pour le prêt de l’ins­tru­ment et notam­ment à Thibault, pour avoir répondu à nos ques­tions et remarques !

9/10
Award Valeur sûre 2023
Fabrication (?) : Pays de fabrication non communiqué
Points forts
  • Séquenceur hardware de luxe
  • Polyphonie et polychronie
  • 2 projets simultanés pensés pour le live
  • Usage simple mais complexité possible et accessible
  • Séquenceur de contenu MPE
  • Chord Mode et ses modificateurs pour jouer avec l'harmonie à deux mains
  • Connectique qui permet de mixer du synthé hardware, du module Eurorack et des plug-ins sur ordinateur
  • Nombre de projets et de sections illimités
  • Workflow quasi immédiat et très efficace
  • Travail de synthèse des designers sur les séquenceurs hardware qui se ressent dans le design
  • Double écran OLED de très bonne facture
  • L'entrée USB dédiée pour y brancher un contrôleur MIDI
  • Le nombre de niveaux d'annulation
  • Possibilité de brancher un contrôleur externe sur un port USB dédié
  • Évolutions futures déjà dans les cartons
Points faibles
  • Documentation en anglais seulement
  • Trop sage sur les possibilités de génération et de modulations MIDI pour le moment
  • Pads non sensibles à la vélocité
  • Pas de gestion de latence par piste
Auteur de l'article Wolfen

Développeur freelance pour de nombreuses sociétés dans le domaine de l'industrie musicale, créateur de la marque Musical Entropy, et musicien qui achète plus de matos qu'il n'en joue


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