Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
206 réactions
Modèles bien assortis
8/10
Partager cet article

Après le Jupiter-X, Roland étend sa gamme de synthés à modélisation avec le Juno-X, doté d’une interface conçue pour éditer les émulations des synthés vintage à un oscillateur de la marque, tels que les Juno-60 et 106. Voyons comment il se positionne…

Test du Juno-X de Roland : Modèles bien assortis

La plate­forme Zen-Core existe main­te­nant sur de nombreuses machines signées Roland, stations de travail, synthés, modules, BAR. Elle compte des modèles de plus en plus nombreux, basés sur l’ému­la­tion des prin­ci­pales gloires du passé de la marque nipponne, que ce soient des synthés analo­giques, des synthés numé­riques ou des pianos acous­tiques. Cette plate­forme permet de modé­li­ser le compor­te­ment global de ces machines tout en conser­vant une poly­pho­nie suffi­sante, en renonçant à la préci­sion extrême du précé­dent moteur géné­rique de la marque (ACB) plus gour­mand en calculs, basé sur la modé­li­sa­tion des compo­sants indi­vi­duels. Le Zen-Core permet aussi de créer des programmes multi­tim­braux en faisant tour­ner diffé­rents modèles simul­ta­né­ment.
Juno-X 02tof 20 family 1Le Jupi­ter-X a été le premier grand synthé à utili­ser cette tech­no­lo­gie, très large­ment inspiré de l’er­go­no­mie, des commandes et du look du véné­rable Jupi­ter-8. À l’usage, tant que l’on reste dans la synthèse VA, tout va bien, les commandes étant cohé­rentes, surtout pour les synthés à deux oscil­la­teurs comme le JP-8 ou le JX-8P. Mais sortie de ce registre, l’er­go­no­mie montre ses limites (édition de synthés à oscil­la­teur unique et ondes cumu­lables comme le Juno-106 ou le SH-101) ou se dégrade forte­ment (édition de synthés comme le XV-5080 ou construc­tion de programmes multi­tim­braux), forçant l’uti­li­sa­teur à passer par un petit écran à menus profonds ou un éditeur externe. Avec le Juno-X, Roland a revu sa copie et promet plus de simpli­cité.

Construc­tion sérieuse

Le Juno-X est un grand synthé qui privi­lé­gie le confort de commandes large­ment disper­sées et clai­re­ment orga­ni­sées sur un panneau avant géné­reux. Du coup, on se retrouve avec un instru­ment mesu­rant 107 × 33 × 12 cm pour 11,6 kg. La construc­tion est exem­plaire : coque en solide métal peint et flancs en plas­tique rigide. Le format, la charte graphique et la dispo­si­tion des commandes sont très large­ment inspi­rés du Juno-106, l’un des best-sellers toutes caté­go­ries confon­dues sorti en 1984. Les commandes sont parfai­te­ment ancrées et agréables à mani­pu­ler, ça donne le sourire. Le Juno-X tota­lise 8 poten­tio­mètres rota­tifs, 7 enco­deurs cran­tés, 21 curseurs linéaires, 31 petits boutons rétroé­clai­rés et 24 touches larges rétroé­clai­rées. On appré­cie le soin dans les détails, par exemple la possi­bi­lité de régler l’in­ten­sité des LED selon leur mode marche/arrêt ou encore leur couleur par section, toujours dans les deux modes marche/arrêt.
Juno-X 02tof 02 34 gaucheLe panneau est aussi simple à comprendre qu’un Juno-106 : en haut, les modules de synthèse orga­ni­sés sur une rangée (volume, arpé­gia­teur, LFO, oscil­la­teur, HPF, filtre, enve­loppe, effets). En dessous, une rangée de boutons pour choi­sir le mode de jeu, appe­ler les programmes, sélec­tion­ner un modèle de synthèse, sélec­tion­ner/acti­ver/désac­ti­ver une partie ou un oscil­la­teur, éditer les pas de l’ar­pé­gia­teur, atteindre direc­te­ment certains modules, spli­ter/empi­ler rapi­de­ment deux sons. Au centre, un écran LED mono­chrome de 128 × 64 points entouré de 2 enco­deurs + 6 touches pour navi­guer dans les menus et éditer les très nombreux para­mètres dispo­nibles. À gauche du clavier, des contrô­leurs en temps réel : bâton de joie avec pitch­bend laté­ral et modu­la­tion, 2 curseurs linéaires assi­gnables, 3 boutons assi­gnables et 3 touches de trans­po­si­tion (par demi-ton et octave). Tiens, il manque les touches Compare et Manual. Le clavier 5 octaves maison, sensible à la vélo­cité et la pres­sion mono, est d’ex­cel­lente facture ; la pres­sion est toute­fois hyper dure à enclen­cher, même avec la sensi­bi­lité au max, il faut peser lourd et ne pas cher­cher à enfon­cer tous les doigts (ce qui au demeu­rant ne servi­rait à rien).
Juno-X 02tof 14 arrière hautPassons à la connec­tique : sous la partie à gauche du clavier, on trouve une prise casque mini-jack 3,5 mm stéréo, sympa ! Le reste est à l’ar­rière : sortie casque (cette fois en jack 6,35 mm), 2 sorties audio prin­ci­pales stéréo L/R (jack 6,35 et XLR), 2 entrées audio (ligne mini-jack 3,5 mm stéréo et micro combo XLR/jack symé­trique avec poten­tio­mètre de gain), 2 entrées pour pédale (main­tien et modu­la­tion), entrée + sortie Midi DIN (sortie commu­table en Thru), prise USB type A pour clé de sauve­garde et prise USB type B pour trans­mis­sion des données audio/Midi vers un PC (2 entrées/7 sorties audio stéréo en 24 bits/44–48–88–96–192 kHz, après instal­la­tion d’un driver Windows ou Mac). On trouve un connec­teur IEC 3 broches pour cordon secteur stan­dard, mais en interne, si c’est comme dans le Jupi­ter-X, c’est un dérivé d’adap­teur externe qui est à l’œuvre (on ne nous la fait pas en matière d’alim !). Au global, la connec­tique est quasi complète, mais pourquoi avoir doublé les sorties prin­ci­pales plutôt qu’of­frir deux paires de sorties sépa­rées ? Sous le capot, il y a 4 haut-parleurs déli­vrant 2 × 4 W à travers de petites ouïes en façade et à l’ar­rière. Leur puis­sance est suffi­sante et leur qualité accep­table pour un appoint.

Prin­cipes géné­raux

Juno-X 02tof 21 family 2Comme le Jupi­ter-X, le Juno-X est un synthé numé­rique multi­tim­bral capable d’uti­li­ser plusieurs modèles de synthèse simul­ta­nés. Il est basé sur la plate­forme Zen-Core, inté­grant des modé­li­sa­tions de synthés analo­giques (ABM) et la lecture de multié­chan­tillons (PCM). Par rapport au Jupi­ter-X, on gagne les modèles Juno-60 et Juno-X (inédit) ; on conserve les modèles Juno-106, XV-5080 et RD-Piano ; on perd en revanche les modèles JP-8, JX-8P et SH-101. Soit la perte d’un modèle à inscrire au bilan. Il est possible d’ajou­ter ces trois modèles, ainsi que le JD-800 et le Vocal Desi­gner. Pour cela, il faut ache­ter des licences perpé­tuelles sur le cloud Roland. Si on veut faire tour­ner plusieurs modèles option­nels, il faut que les licences soient atta­chées au même compte utili­sa­teur. Le cloud Roland est toujours aussi nébu­leux pour qui cherche juste à voir ce qui existe pour son synthé avant de créer un compte. La poly­pho­nie maxi­male est de 256 voix pour les modèles PCM (moins si on empile plusieurs partiels, évidem­ment) mais tombe à 32 voix pour les modèles ABM (on est plus souvent entre 16 et 24 voix en pratique, avec un vol de voix bien géré). La multi­tim­bra­lité est de cinq parties, les quatre premières pour les instru­ments simples, la cinquième pour les kits de batte­rie.
Juno-X 02tof 03 34 droiteLe Juno-X fonc­tionne en perma­nence en mode multi­tim­bral, appelé Scène, compre­nant les para­mètres communs (assi­gna­tion des contrô­leurs physiques, mixage global, arpé­gia­teur, effets globaux) et les réglages spéci­fiques aux parties (réserve de notes, numéro de programme, mixage, zone clavier, zone de vélo­cité, quelques para­mètres de synthèse pour ajus­ter un Tone sans le sauve­gar­der, para­mètres de synthèse complets pour créer son propre Tone, canal Midi en émis­sion, filtres Midi, effet de partie, EQ de partie). On peut sauve­gar­der 256 Scènes et 256 Tones (parties 1–2–3–4) mais les kits de percus­sions (partie R) ne sont pas modi­fiables. On trouve aussi des réglages globaux : accor­dage, trans­po­si­tion, niveaux des entrées et sorties (lignes, micro, USB), acti­va­tion des haut-parleurs, vétusté (simu­la­tion vintage), tempo/synchro, Blue­tooth, Midi, micro (niveau, porte de bruit, compres­seur), contrô­leurs physiques, effets maîtres type maste­ring (EQ 5 bandes, compres­seur multi­bande). Sans oublier la gestion courante de la mémoire interne : sauve­garde, export, restau­ra­tion. La vétusté est aussi un para­mètre au niveau de chaque modèle, tout comme la simu­la­tion d’in­sta­bi­lité. Bon point, les canaux Midi en récep­tion sont libres d’as­si­gna­tion pour chaque partie, pas besoin qu’ils se suivent.

Ergo­no­mie et écoute

Juno-X 02tof 06 GP molettesNous saluons l’ac­cès direct aux commandes en façade pour les synthés analo­giques vintage modé­li­sés type Juno. Mais l’er­go­no­mie devient assez vite labo­rieuse dès qu’on passe à des modèles à base de PCM ou quand on veut assem­bler plusieurs programmes : d’une part, l’édi­tion des Scènes et la confi­gu­ra­tion des parties multi­tim­brales néces­site de navi­guer dans des pages parfois inter­mi­nables (listes dérou­lantes, défi­le­ment des pages à l’ho­ri­zon­tale et des para­mètres à la verti­cale). Le petit écran n’est pas des plus enga­geants, même s’il est bien situé au centre et que les deux enco­deurs faci­litent la navi­ga­tion. D’autre part, il faut jongler avec des touches de fonc­tion qui déter­minent le rôle de la rangée de boutons au-dessus du clavier : Scène (touche Scène allu­mée), banque (Shift + Scène), Fonc­tion, choix de Modèle (touche Modèle allu­mée), assi­gna­tion de Modèle (touche Modèle main­te­nue), partie, oscil­la­teur… C’est ainsi que l’on choi­sit/active/coupe une partie, assigne un modèle, sélec­tionne un numéro de Scène, change la banque de scènes, appelle un programme par caté­go­rie, choi­sit l’un des quatre partiels), choi­sit/active/coupe les oscil­la­teurs… On se perd parfois, on se plante souvent !
Juno-X 02tof 07 GP centreLe Juno-X est très géné­reux en nombre de présé­lec­tions. Il offre 112 Scènes multi­tim­brales (parmi les 256 mémoires utili­sa­teur) et de nombreux Tones pour chaque modèle (en plus des 256 Tones utili­sa­teur) : 145 pour le Juno-X, 122 pour le Juno-106, 137 pour le Juno-60, 896 pour le XV-5080, 5 pour le RD-Piano et 2 pour le voco­deur. S’y ajoutent 2807 Presets en vrac et 91 kits de percus­sions. Les présé­lec­tions propo­sées alternent des ensembles ryth­miques EDM, des sons synthé­tiques en tout genre et des instru­ments acous­tiques & élec­triques. Rien de bien nouveau, mais du sérieux côté synthés modé­li­sés et percus­sions. C’est plus daté pour la partie instru­men­tale, on s’en doutait un peu compte tenu des sources utili­sées, sur lesquelles nous revien­drons. Comme pour les Jupi­ter-X/Xm, on reste dans un esprit synthé avec conno­ta­tion vintage, plutôt que station de travail passe-partout (il y a les séries Fantom pour cela). On appré­cie la poly­pho­nie assez confor­table pour le contexte et la multi­tim­bra­lité, surtout avec le clavier stan­dard. À nous les Splits, les Layers et les arpèges complexes. Nous revien­drons en détail sur la qualité de chaque modèle au sein des para­graphes respec­tifs. Avant d’en­trer dans le vif du sujet, on appré­cie aussi la réso­lu­tion des para­mètres conti­nus, souvent sur 1024 valeurs, voire 2048 pour certaines modu­la­tions bipo­laires. Chapeau !

Juno-X_1audio 01 Hoover 3Fil­ters
00:0000:30
  • Juno-X_1audio 01 Hoover 3Fil­ters00:30
  • Juno-X_1audio 02 Power Flan­ger01:03
  • Juno-X_1audio 03 Strings I II III00:34
  • Juno-X_1audio 04 Dark Pad01:06
  • Juno-X_1audio 05 Brass After Brass00:29
  • Juno-X_1audio 06 Pad & Arp01:51
  • Juno-X_1audio 07 Sarah-X00:57
  • Juno-X_1audio 08 June GPT102:02
  • Juno-X_1audio 09 June GPT201:25
  • Juno-X_1audio 10 June GPT301:58

Modèles Juno

Juno-X 02tof 08 GP droiteLes trois premiers modèles sont dédiés aux Juno. Les modèles de Juno-60/Juno-106 reprennent peu ou prou les para­mètres de leurs ancêtres, avec quelques petites diffé­rences ici et là. Le lecteur pourra d’ailleurs se réfé­rer aux tests vintage du Juno-60 et du Juno-106, ainsi qu’au test plus récent du JU-06A qui les modé­lise avec la tech­no­lo­gie ACB, plus précise mais aussi beau­coup plus gour­mande que l’ABM utili­sée ici sur le Juno-X. Les modèles Juno sont idéaux pour program­mer rapi­de­ment. On retrouve le son spéci­fique des cuivres et poly­synths, avec ce fameux chorus très typées 80, que ce soit filtre ouvert ou fermé et une attaque d’en­ve­loppe carac­té­ris­tique. On a aussi des nappes planantes douces, des orgues bien pêchus à attaques percus­sives ou des stan­dards cuisi­nés à la PWM : onde carrée acidu­lée, strings embel­lis par le chorus, leads avec largeur d’im­pul­sion bala­deu­se… tout comme des basses puis­santes, rondes, réso­nantes ou pesantes avec le subos­cil­la­teur. Comme déjà dit dans le test du Jupi­ter-Xm, la diffé­rence entre les modé­li­sa­tions ACB et ABM sont ici ténues, ça fonc­tionne bien pour des machines origi­nel­le­ment stables à base de DCO. Cepen­dant, autant la modé­li­sa­tion de Juno-106 nous a convain­cus, autant celle de Juno-60 manque un peu de rondeur et d’am­pleur — de magie — par rapport à l’ori­gi­nal.
Au plan des réglages, on retrouve la bonne ving­taine de para­mètres éditables des Juno-60/106, permet­tant d’al­ler droit au but. Le son est généré par un DCO modé­lisé accor­dable sur 16–8–4 pieds, accom­pa­gné d’un subos­cil­la­teur à onde carrée à l’oc­tave infé­rieure et d’un géné­ra­teur de bruit blanc. L’os­cil­la­teur peut géné­rer simul­ta­né­ment une impul­sion à largeur variable (marche/arrêt) et une dent de scie (marche/arrêt). Il n’y a donc pas d’in­ter­ac­tions d’os­cil­la­teurs (vu qu’il n’y en a qu’un). Le pitch peut être modulé par le LFO, alors que la largeur de l’im­pul­sion peut être réglée à la main, modu­lée par le LFO ou par l’en­ve­loppe (Juno-60 unique­ment). On peut doser le niveau du subos­cil­la­teur et du bruit. Le tout passe ensuite dans un filtre passe-haut statique (réglable sur 4 posi­tions), suivi d’un filtre passe-bas réson­nant 4 pôles. En posi­tion 0, le HPF ampli­fie bien les basses sur le modèle Juno-106, comme sur l’ori­gi­nal (ce qui n’est pas le cas sur le Juno-60).
Juno-X 02tof 10 GP 34 centreLà où le modèle diffère de son ancêtre, c’est qu’il propose trois types de filtres modé­li­sés : Roland, Moog ou Sequen­tial. Le filtre Roland est auto-oscil­lant (comme sur les Juno), ce qui n’est pas le cas des deux autres types de filtre. La fréquence de coupure peut être modu­lée par le LFO, l’en­ve­loppe (modu­la­tion bipo­laire) et le suivi de clavier (0–200 %). La résul­tante passe alors dans un ampli, dont on peut régler le volume et la source de modu­la­tion (Gate ou enve­loppe). Pour obte­nir le chorus carac­té­ris­tique du Juno, on utilise l’al­go­rithme Juno Chorus du MFX, simu­lant les posi­tions I/II/I+II du chorus du Juno-106, auxquelles s’ajoute une posi­tion III moins colo­rante, cumu­lable aux deux autres, avec possi­bi­lité d’ajou­ter du bruit de fond. Le LFO est plus que basique (une seule onde sinus), avec réglage de la vitesse (sub-audio) et du délai. Les modes de jeu des voix sont poly, mono ou unis­son (sans désac­cor­dage). La section de modu­la­tion physique du Juno-106 (pitch­bend, modu­la­tion, porta­mento) est inté­grée (y compris le modèle Juno-60 qui n’en dispo­sait pas à l’ori­gine), agis­sant sur le pitch et le filtre. On peut aussi simu­ler une dérive d’os­cil­la­teurs (on modé­lise pour­tant un DCO stable par essence, mais bon, pourquoi pas…) et la vétusté des compo­sants (âge). On peut aussi étendre certaines plages de modu­la­tion : vitesse du LFO, coupure, réso­nance. Bien vu !
Le modèle Juno-X est le plus puis­sant des trois et le plus gour­mand en poly­pho­nie (16 notes). Il ajoute un certain nombre de para­mètres aux modèles Juno-60/106 : formes d’ondes multiples dans le LFO, synchro du cycle au tempo, onde Super­saw dans l’os­cil­la­teur, dépha­sage et désac­cor­dage du subos­cil­la­teur, sépa­ra­tion stéréo des ondes (gros son assuré !), réglages indé­pen­dants du niveau de chaque onde, suivi de clavier bipo­laire, vélo­cité sur le filtre/le volume/le pitch, deuxième enve­loppe de pitch, pres­sion sur le filtre/le volume/le LFO. Plus complet, plus expres­sif, tout en conser­vant le carac­tère sonore des Juno, avec un recours au menu très mineur.

Modèle XV-5080

Juno-X 02tof 11 GP 34 droiteLe modèle XV-5080 est hérité du module de synthèse éponyme sorti en 2000, basé sur la lecture d’échan­tillons. Autant dire que les sons datent un peu, même si la Rom comprend les cartes d’ex­ten­sion. C’est, avec le RD-Piano, le modèle le plus pénible à éditer, car les commandes directes sont inadap­tées pour ce type de synthèse qui propose des centaines de para­mètres pour quatre couches sonores. Nous souf­frons autant que le petit écran, le recours à l’édi­teur/biblio­thé­caire fourni est donc plus que néces­saire pour s’en sortir.
Un Tone XV-5080 est consti­tué de 4 couches sonores (partiels). Chaque partiel comprend une fenêtre de tessi­ture et de vélo­cité avec fondus hauts et bas, un oscil­la­teur, un filtre, un ampli et un EQ. Les partiels sont arran­gés en struc­tures, au sein desquelles ils peuvent inter­agir deux par deux : synchro, modu­la­tion en anneau ou cross modu­la­tion (sorte d’AM complexe). Les oscil­la­teurs utilisent soit un multié­chan­tillon mono ou stéréo, soit une onde analo­gique modé­li­sée VA, soit une onde PCM-Sync, soit une onde Super­saw, soit un bruit blanc. Pour les PCM, on compte plus de deux mille multié­chan­tillons ; il n’y a pas de synthèse Super Natu­ral. Les oscil­la­teurs VA, déri­vés du V-Synth, peuvent faire appel à 9 formes d’ondes élémen­taires : dent de scie, carrée, triangle (x3), sinus (x2), rampe ou Juno (dent de scie modu­lée) ; on peut faire varier la largeur d’im­pul­sion de chacune. Les ondes PCM-Sync utilisent 48 formes d’ondes que l’on peut détruire sauva­ge­ment. La Super­saw dispose d’un Detune, ce qui ravira les amateurs d’EDM.
Juno-X 02tof 16 34 arrièreLe pitch peut être direc­te­ment modulé au bâton de joie, aléa­toi­re­ment, par le suivi de clavier, avec un vibrato ou une enve­loppe multi­seg­ments répon­dant à la vélo­cité et au suivi de clavier. Le filtre peut être de deux natures : TVF (multi­mode clas­sique Roland — 6 types) ou modé­lisé (VCF Jupi­ter/Moog/Sequen­tial + HPF). Dans le second cas, la poly­pho­nie prend une petite claque, ça n’est pas choquant, le résul­tat mérite ample­ment le sacri­fice. Les modu­la­tions sont confiées à 3 enve­loppes, 2 LFO à 11 formes d’ondes synchro­ni­sables (avec Step LFO program­mable sur 16 pas) et une matrice 4 sources/16 desti­na­tions. Les sources englobent les contrô­leurs Midi, les enve­loppes, les LFO, le suivi de clavier, la vélo­cité et la pres­sion. En fin de parcours, on choi­sit le routage vers l’over­drive et/ou le MFX (multief­fets de partie), avec départs vers le chorus, le délai et la réver­bé­ra­tion.

Modèle RD-Piano

Le cinquième modèle est le RD-Piano. Il s’agit de multié­chan­tillons PCM et d’un effet de réso­nance sympa­thique simu­lant le compor­te­ment des pianos acous­tiques. C’est donc diffé­rent du modèle V-Piano du Fantom, qui pour sa part fait appel à une modé­li­sa­tion note par note. On peut l’as­si­gner à l’une des quatre parties instru­men­tales, mais l’ef­fet de réso­nance sympa­thique n’est dispo­nible que sur la première. Le modèle contient cinq Presets de base, semblant faire appel à trois pianos acous­tiques stéréo distincts (ABC), chacun avec trois niveaux de vélo­cité (mp, mf, f).
Juno-X 02tof 04 34 droite2On peut en empi­ler jusque quatre couches par Tone (partiels 1–2–3–4). Cela aurait été bien que Roland pousse les multié­chan­tillons à davan­tage de couches, mais ça semble la limite de l’ar­chi­tec­ture Zen-Core. Les para­mètres éditables sont assez proches de ceux du modèle XV-5080, nous ne nous y attar­de­rons donc pas. Si l’ef­fet de réso­nance sympa­thique remplace le MFX sur la partie n° 1, ce dernier est en revanche dispo­nible si on utilise les trois autres. On peut régler la quan­tité de réso­nance des cordes et celle du corps du piano. Le résul­tat est vrai­ment convain­cant, que ce soit dans les réglages subtiles ou au contraire les extrêmes, allant même jusqu’à des effets de réverbe.

Modèle Voco­der

Le voco­deur est le sixième et dernier modèle fourni avec le Juno-X. Il est doté de deux présé­lec­tions, l’une claire, l’autre douce. La qualité est excel­lente, avec une très bonne intel­li­gi­bi­lité et une détec­tion impec­cable des consonnes et tran­si­toires. Le géné­ra­teur de bruit inté­gré fait aussi très bien son job. Dommage qu’on ne puisse éditer aucun para­mètre. Nous avions fait le vœu au moment du test du Jupi­ter-Xm de pouvoir chan­ger le signal de synthèse, adap­ter les bandes de fréquence, déca­ler les formants… Mais rien n’a évolué dans ce domaine. Le voco­deur étant traité comme un modèle d’ins­tru­ment, on peut l’en­voyer vers les effets comme un programme clas­sique. Bien vu !

Section effets

Juno-X 02tof 18 GP arrière prisesLe Juno-X orga­nise ses effets en trois niveaux hiérar­chiques : partie, scène et système. Chacune des quatre premières parties peut faire appel à un multief­fet distinct (MFX) et chacune des cinq parties possède un EQ trois bandes. Il existe cepen­dant une restric­tion, le modèle RD-Piano, comme nous venons de le voir. Lorsqu’on assigne un Tone à une partie, on peut utili­ser le MFX stocké avec lui ou repar­tir de zéro. C’est notam­ment utile pour certains modèles de synthés qui utilisent le chorus du MFX. Chaque MFX est capable de produire 93 algo­rithmes diffé­rents : filtres (EQ, boos­ter, wahwah, Enhan­cer, simu­la­teur de HP), modu­la­tions (phaser, tremolo, auto­pan, HP tour­nant), chorus/flan­gers, proces­seurs de dyna­mique (OD, compres­seur, limi­teur), délais (simple, stéréo, multiple, écho à bande), effets lo-fi, modu­la­tions de pitch, simu­la­tions vintage (CE-1, SBF-325, SDD-320, Juno-106), loopers, DJFX, satu­ra­teurs… sans oublier les combi­nai­sons de deux effets. Entre 5 et 15 para­mètres sont dispo­nibles par effet, certains synchro­ni­sables au tempo, d’autres, prédé­fi­nis dans chaque algo­rithme, modu­lables par la matrice dédiée (4 sources/4 desti­na­tions, modu­la­tions bipo­laires).
Juno-X 02tof 05 Flanc droitAu niveau Scène, communs à toutes les parties, on dispose d’une OD, un chorus, un délai et une réverbe. Chaque partie peut être routée (ou non) vers l’OD (effet d’in­ser­tion) et offre des départs sépa­rés vers le chorus, le délai et la réverbe (effets paral­lèles). L’OD est une simple distor­sion ses propres envois sépa­rés vers le chorus, le délai et réverbe. Le chorus offre 10 algo­rithmes (chorus stéréo, émula­tion de la pédale CE-1, émula­tion de SDD-320, émula­tion du Juno-106, délai stéréo, délai synchro, délai -> trémolo, double écho stéréo, triple écho stéréo, chorus JV). On peut défi­nir le niveau et la quan­tité d’en­voi vers la réverbe. Les autres para­mètres (entre 1 et 10) sont fonc­tion de l’al­go­rithme. On passe ensuite aux délais, décli­nés en 5 types stéréo, proches des délais déjà présents dans les effets chorus, avec possi­bi­lité de synchro­ni­sa­tion des temps. Ici aussi, on peut défi­nir le niveau et la quan­tité d’en­voi vers la réverbe. Les para­mètres (entre 1 et 10) dépendent de l’al­go­rithme choisi. Il y a enfin la réverbe, dotée de 8 algo­rithmes prin­ci­paux : Inte­gra-7 (5 types), Warm Hall, Hall, GS (8 types), SRV-2000 (15 types), SRV non linéaire, GM2 (6 types) et Gate. On trouve géné­ra­le­ment une dizaine de para­mètres par type de réverbe. Des choix plus éclec­tiques qu’à l’ac­cou­tu­mée. Signa­lons que contrai­re­ment aux MFX, ces effets sont statiques. Ils peuvent être sauve­gar­dés dans chaque Scène ou au plan global du synthé.
Au niveau global enfin, on trouve un EQ para­mé­trique 5 bandes et un compres­seur multi­bande, permet­tant de maste­ri­ser le signal final selon le style souhaité ou la salle de concert, avec de nombreux para­mètres. S’y ajoutent deux effets micro : un réduc­teur de bruit et un compres­seur. On peut doser l’en­trée micro vers le chorus, le délai et la réverbe. Voilà qui est tout à fait complet, avec un très bon niveau de qualité.

Arpé­gia­teur intel­li­gent

Le Juno-X est équipé d’un i-arpé­gia­teur basé sur l’in­tel­li­gence arti­fi­cielle, à mi-chemin entre un arpé­gia­teur et un arran­geur, un peu comme le Karma de Korg. Il permet de géné­rer des arpèges simples ou multi­tim­braux sur les parties 1–2–3–4 et un rythme sur la partie R. En façade, on choi­sit le type d’ar­pège et de rythme, on ajuste le tempo et c’est parti ! L’ar­pé­gia­teur fait alors varier les motifs en fonc­tion des notes jouées (fonc­tion Play Detec­tor Key) et du timing de jeu live (fonc­tion Play Detec­tor Beat). Plus on complexi­fie notre jeu, plus l’ar­pé­gia­teur enri­chit les motifs. On peut aussi désac­ti­ver ces fonc­tions dites intel­li­gentes pour jouer des arpèges clas­siques. Le résul­tat dépend de ce que l’on joue et surtout du bon vouloir de la machine. C’est parfois bluf­fant, parfois déce­vant, souvent impré­vi­sible.
Juno-X 02tof 13 zoom droiteLa mémoire interne renferme 65 types d’ar­pèges multi­tim­braux (parties 1–2–3–4) et 65 types de motifs (partie R), auxquels s’ajoutent 128 styles d’ar­pèges clas­siques (avec 1 à 11 varia­tions) par partie. La partie qui gère le timing (Play Detec­tor Beat) possède 10 niveaux de sensi­bi­lité, qui modi­fient les motifs de manière plus ou moins dras­tique. Le manuel conseille de réduire la valeur si on trouve que ça varie trop d’une mesure à l’autre. On peut aussi ajou­ter un peu de Shuffle. Dans chaque partie, on peut éditer bon nombre de para­mètres supplé­men­taires d’ar­pège : réso­lu­tion de la grille, tessi­ture de scan (+ ou — 3 octaves), trans­po­si­tion (+ ou — 36 demi-tons), ordre des notes arpé­gées (haut, bas, alterné, aléa­toire, comme joué, rythme non trans­posé, phrase trans­po­sée, basse prio­ri­taire), durée (en propor­tion par rapport à la longueur de note jouée), Shuffle, vélo­cité (fixe ou jouée). D’autres réglages permettent de spéci­fier comment les arpèges sont enchaî­nés quand le Play Detec­tor Beat est activé (immé­dia­te­ment, à la fin du batte­ment, à la fin de la mesure, à la fin du cycle d’ar­pège), comment les notes en cours sont arrê­tées lorsque le motif d’ar­pège change, comment les accords sont scan­nés, comment deux notes iden­tiques sont gérées dans un arpège multi­tim­bral (avec possi­bi­lité de Ducking), etc. L’uti­li­sa­teur devra passer du temps pour bien para­mé­trer son arpé­gia­teur.
Il pourra aussi consa­crer du temps à la program­ma­tion d’ar­pèges par pas. On actionne pour cela le bouton Step Edit lorsque le motif en cours de jeu nous satis­fait ou au contraire partir de rien. L’écran affiche alors l’ar­pège sous forme de grille de 64 pas x 16 notes maxi­mum. On les édite par pages succes­sives de 16 pas en ligne et 4 notes en colonne. Pour chaque pas, on peut entrer des notes, leur vélo­cité (de 0 à 127 par saut de 10) ou encore insé­rer une liai­son ou un silence. Le bouton Part permet d’al­ter­ner les cinq parties multi­tim­brales. La touche Play/Stop permet quant à elle d’écou­ter le résul­tat obtenu. Dès qu’on est satis­fait du résul­tat, on peut le sauve­gar­der dans la Scène en cours ou l’ex­por­ter sur clé USB afin de l’uti­li­ser dans une STAN. Chaque partie conte­nant des données est alors expor­tée dans un fichier au format SMF type 0 inté­grant le canal Midi utilisé par la partie. On nomme le fichier et le Juno-X ajoute auto­ma­tique­ment le numéro de partie aux fichiers géné­rés, sympa. Les notes arpé­gées sont trans­mises en Midi sur le canal d’émis­sion réglé en mode Scène, parfait !

Conclu­sion

Juno-X 02tof 17 zoom 34 arrièreLe Juno-X concentre les modé­li­sa­tions des gloires du passé de Roland, en parti­cu­lier les synthés analo­giques mono-oscil­la­teur tels que les Juno, en ajou­tant une version actua­li­sée. Il intègre égale­ment la lecture d’échan­tillons pour couvrir un maxi­mum de terri­toires sonores, avec une conno­ta­tion vintage numé­rique qui peut paraitre datée. La qualité des modé­li­sa­tions analo­giques est très bonne, en parti­cu­lier celle du Juno-106, tout comme l’in­ter­face spéci­fique­ment étudiée pour en tirer le maxi­mum sans effort. C’est plus compliqué pour les autres modèles et la créa­tion de Scènes multi­tim­brales, car beau­coup de para­mètres sont en jeu, ce que le petit écran peine à affi­cher, condui­sant à pas mal de navi­ga­tion ou à l’uti­li­sa­tion de l’édi­teur fourni. On appré­cie la poly­pho­nie assez confor­table, les nombreux effets très quali­ta­tifs et l’ar­pé­gia­teur dit intel­li­gent, même si on ne comprend pas toujours tout ce qu’il se passe. La qualité de construc­tion est exem­plaire et les HP inté­grés permettent une utili­sa­tion quasi nomade, pour peu qu’on puisse alimen­ter le synthé. Moyen­nant finances, le Juno-X s’ouvre à d’autres modèles de synthèse. Un synthé ouvert, robuste, puis­sant et agréable, tant qu’on l’oriente sur les synthés mono-oscil­la­teur à ondes cumu­lables.

  • Juno-X 02tof 02 34 gauche
  • Juno-X 02tof 03 34 droite
  • Juno-X 02tof 04 34 droite2
  • Juno-X 02tof 05 Flanc droit
  • Juno-X 02tof 06 GP molettes
  • Juno-X 02tof 07 GP centre
  • Juno-X 02tof 08 GP droite
  • Juno-X 02tof 10 GP 34 centre
  • Juno-X 02tof 11 GP 34 droite
  • Juno-X 02tof 12 zoom gauche
  • Juno-X 02tof 13 zoom droite
  • Juno-X 02tof 14 arrière haut
  • Juno-X 02tof 15 arrière bas
  • Juno-X 02tof 16 34 arrière
  • Juno-X 02tof 17 zoom 34 arrière
  • Juno-X 02tof 18 GP arrière prises
  • Juno-X 02tof 19 GP arrière grille
  • Juno-X 02tof 20 family 1
  • Juno-X 02tof 21 family 2

 

8/10
Fabrication (?) : Malaisie
Points forts
  • Emulation réussie du Juno-106
  • Plusieurs modèles intégrés
  • Multitimbralité sur cinq parties
  • Solide section effets
  • Vocodeur qui sonne bien
  • Contrôle Midi intégral
  • Fonctions clavier de commande
  • Audio USB multicanal
  • Entrée Bluetooth audio/Midi
  • Arpégiateur multitimbral intelligent
  • Excellente qualité de construction
  • Prise en main facile des modèles VA
  • Connectique généreuse
  • Haut-parleurs intégrés
  • Plateforme de synthèse extensible
  • Editeur/bibliothécaire fourni
Points faibles
  • Beaucoup de navigation pour les modèles non VA
  • Un modèle fourni de moins que sur le Jupiter-X
  • Sons PCM somme toute assez datés
  • Drum kits non éditables
  • Vocodeur non éditable
  • Pas de sorties analogiques séparées
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.