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Pour une poignée de Freak...
9/10
Award Qualité / Prix 2022
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Trois ans après l’excellent MicroFreak, Arturia présente une version polyphonique de son fort sympathique synthé hybride. Voyons ce que le MiniFreak nous réserve, avec ses fonctionnalités étendues et sa nouvelle robe…

Artu­ria fait partie des rares concep­teurs de synthés qui nous grati­fient régu­liè­re­ment d’un OVNI (Objet Vibrant Non Iden­ti­fié). Ce fut le cas en 2012 avec le Mini­Brute, suivi du Matrix­Brute en 2016, puis le Micro­Freak en 2019, pour finir par le Poly­Brute en 2021. Dans chacun de ces synthés, il y a beau­coup de matière grise, que ce soit au plan des tech­no­lo­gies, des fonc­tion­na­li­tés, de l’in­ter­face utili­sa­teur ou du format. Au plan sonore, les synthés Artu­ria ont leur propre carac­tère, ce qui les diffé­ren­cie des grands concur­rents histo­riques ou des concep­teurs dits « boutique ». À tel point qu’aujour­d’hui, la société greno­bloise s’est forgé une solide répu­ta­tion inter­na­tio­nale de déve­lop­peur de maté­riel audio (synthés, BAR, contrô­leurs, inter­faces audio) en plus d’une offre logi­cielle tout aussi abon­dante.
Après le Micro­Freak testé dans nos colonnes, dont le micro­lo­gi­ciel est désor­mais passé en V4, ce qui lui a apporté bien des amélio­ra­tions, le Mini­Freak vient enri­chir la gamme nais­sante de synthés hybrides de la marque, mélan­geant diffé­rentes sources numé­riques à un filtre analo­gique multi­mode, avec de nombreux outils pour faire évoluer le son en temps réel. À la suite d’une opéra­tion complexe de contrôle mental à distance soigneu­se­ment prépa­rée, combi­nant mara­bouts, prières divines et sacri­fices de VST sur l’au­tel des dieux de la synthèse, nous avons réussi à arra­cher le Mini­Freak des redou­tables griffes de Red Led, notre puis­sant et vénéré Rédac’­Chef. Vite, testons le premier (en V1.0.0) avant que le second ne se réveille et ne nous mette son terrible coup de genou…

 

Plates-bandes

Le Mini­Freak est un synthé compact tout plat (578 × 231 × 55 mm pour 3 kg), avec une coque consti­tuée d’un dessus plas­tique et d’un dessous métal, ce qui lui confère une parfaite rigi­dité. Exit le clavier capa­ci­tif origi­nal mais râpeux du Micro­Freak, pour un mini-clavier dyna­mique à 37 touches slim assez courtes. Sa réponse est vrai­ment bonne, supé­rieure même à notre Reface CP, qui se défen­dait pour­tant déjà bien. D’au­tant qu’ici, on a droit à la vélo­cité et à la pres­sion mono. Bref, ce clavier est parfai­te­ment adapté au jeu poly­pho­nique proposé par le moteur interne. À gauche, on trouve deux rubans capa­ci­tifs, capables d’agir suivant trois modes distincts : pitch­bend à rappel & modu­la­tion, macro 1 & 2 (assi­gnables à 4 para­mètres) et séquen­ceur & arpé­gia­teur. La posi­tion de modu­la­tion est indiquée par des rangées verti­cales de diodes arc-en-ciel, donc la couleur varie suivant le mode, sympa !
MiniFreak 1tof 02La façade comprend bon nombre de commandes pour faci­li­ter l’édi­tion directe, parmi lesquelles 12 poten­tio­mètres rota­tifs (plutôt bien ancrés), 15 enco­deurs cran­tés (dont 6 à pous­soir pour sélec­tion­ner une fonc­tion ou un réglage secon­daire), 13 touches circu­laires et 30 touches rectan­gu­laires capa­ci­tives. Les modules sont orga­ni­sés sur trois rangées : audio en rangée supé­rieure (oscil­la­teurs, filtres, effets), modu­la­tions en rangée centrale (Glide, LFO, enve­loppes) et modules supplé­men­taires en rangée infé­rieure (mode d’as­si­gna­tion des deux rubans capa­ci­tifs, arpé­gia­teur, séquen­ceur, commandes de trans­port). Cette rangée est formée de boutons tactiles permet­tant d’édi­ter rapi­de­ment les 16 pas x 4 sections du séquen­ceur ou régler l’ar­pé­gia­teur (motif, trans­po­si­tion). En haut à gauche, la matrice de modu­la­tion est repré­sen­tée par des LED aux inter­sec­tions source/modu­la­tion, avec un enco­deur pous­soir pour sélec­tion­ner et éditer les cordons. Au centre trône un mini écran OLED (nom de programme, valeur des para­mètres, graphiques…). S’y ajoutent 2 touches de trans­po­si­tion du clavier sur +/- 3 octaves, une touche de main­tien, une touche Chord/tempé­ra­ment et l’in­con­tour­nable touche Shift.

Quelques mots d’er­go­no­mie. Si le synthé privi­lé­gie les commandes directes, on passe parfois par les menus pour accé­der à quelques para­mètres de synthèse addi­tion­nels et aux réglages globaux (accor­dage fin, Midi, synchro, réponse des poten­tio­mètres, accor­dage, courbes de vélo­cité/pres­sion, gammes micro­to­nales, micro­lo­gi­ciel, cali­brage des modules analo­giques), rien de plus normal. Chose curieuse, on ne trouve toujours pas de réglage de trans­po­si­tion globale de la machine par demi-ton, l’ajout de cette fonc­tion est prévu. L’ap­pel des programmes se fait avec un unique enco­deur pous­soir, pas toujours très pratique quand on veut passer rapi­de­ment entre deux numé­ros éloi­gnés, d’au­tant qu’il ne reboucle pas en fin de liste. Ce serait bien qu’Ar­tu­ria ajoute un mode de sélec­tion directe via la rangée de boutons capa­ci­tifs (par exemple en trois appuis) ou crée une liste de favo­ris. Le tri par caté­go­rie est en revanche présent, tant mieux. Si le mode Panel et la fonc­tion Preset Init sont bien prévus (initia­li­sa­tion totale ou partielle, par module, excellent !), il manque en revanche la fonc­tion Compare. On se rabat­tra sur la prise auto­ma­tique d’ins­tan­ta­nés en cours de program­ma­tion pour y reve­nir calme­ment plus tard, avant sauve­garde. On trouve aussi des fonc­tions utiles de copie/inver­sion de modules.
MiniFreak 1tof 04La connec­tique, très complète, est regrou­pée à l’ar­rière : sortie casque, sortie stéréo (prises L&R symé­triques, bravo !), entrée audio et entrée pour pédale de main­tien, tout cela au format jack 6,35. Viennent ensuite 3 prises mini-jack pour l’hor­loge (entrée/sortie/reset). Puis l’in­ter­face Midi, offrant un trio complet DIN (merci !) et une prise USB B (notes, CC, export des programmes, mais pas audio, ce qui est compré­hen­sible vu que le son finit dans des VCF/VCA). On termine la visite guidée par un inter­rup­teur secteur et une borne pour adap­ta­teur 12V/1A (bloc extrê­me­ment cheap à embouts inter­chan­geables, ce n’est pas ce qu’on préfère). On peut regret­ter la dispa­ri­tion des prises CV/Gate/pres­sion présentes sur le Micro­Freak, on appré­cie en revanche très large­ment l’amé­lio­ra­tion de la connec­tique dans tous les autres domaines.

Larges terri­toires

Le Mini­Freak est un synthé­ti­seur hybride poly­pho­nique 6 voix (et 12 en para­pho­nie). Chacune des voix comprend deux oscil­la­teurs numé­riques, un VCF et un VCA. En mode para­pho­nique, chaque voix fait appel à un seul oscil­la­teur, les VCF et VCA étant parta­gés par paire de voix (1+7, 2+8… 6+12). Le synthé est tota­le­ment program­mable. On dispose pour cela de 512 mémoires, dont 256 préchar­gées d’usine. Par rapport au Micro­Freak que nous avions testé au tout début de sa carrière, plusieurs choses nous ont frap­pés très posi­ti­ve­ment. Déjà, les niveaux de sortie sont élevés, surtout en connexion symé­trique. Ensuite, les sorties stéréo apportent une grande ampleur, on n’est plus du tout dans la même caté­go­rie. Cette sensa­tion de largeur est liée à l’ajout d’une section effets stéréo permet­tant de créer des ambiances dont n’est pas capable le Micro­Freak. C’est parti­cu­liè­re­ment vrai sur les nappes planantes et les textures éthé­rées.
MiniFreak 1tof 05Le Mini­Freak offre aussi une vaste palette de sons plus clas­siques, tels que cordes, cuivres, synthés poly divers. Le VCF multi­mode à 2 pôles joue bien son rôle dans le domaine, ça change des filtres 4 pôles passe-bas habi­tuels. On trouve égale­ment une pano­plie impres­sion­nante de sons vocaux, orga­niques, réso­na­teurs en tout genre. On sent qu’au niveau des oscil­la­teurs, les possi­bi­li­tés sont nombreuses et sérieuses. Enfin, il nous semble que les basses sont bien plus puis­santes que sur la version mono. Certains programmes sont très démons­tra­tifs en la matière, que ce soient des basses filtrées ou FM, le Mini­Freak tabasse dur ! Absentes de marque, les tables d’ondes n’ont pas été invi­tées à la fête, le Mini­Freak ne possède pas, à l’heure actuelle (V1.0.0), de moteur de ce type. Artu­ria nous a annoncé vouloir l’in­té­grer remis au goût du jour avec import de tables utili­sa­teur via le logi­ciel Mini­Freak V (cf. enca­dré), ce qui place­rait le Mini­Freak en concur­rence directe de synthés hybrides spécia­li­sés en la matière, on pense à Waldorf notam­ment. C’est le seul regret de ce tour de piste par ailleurs ultra posi­tif.

Mini­Freak_1audio 01 FM Pad
00:0001:19
  • Mini­Freak_1audio 01 FM Pad01:19
  • Mini­Freak_1audio 02 Bass Dice01:50
  • Mini­Freak_1audio 03 Karpad00:53
  • Mini­Freak_1audio 04 Nasty FX01:18
  • Mini­Freak_1audio 05 Super Saws00:39
  • Mini­Freak_1audio 06 Double Noise01:03
  • Mini­Freak_1audio 07 Six Couennes Soeurs01:14
  • Mini­Freak_1audio 08 Picky Chords00:36
  • Mini­Freak_1audio 09 VA-ed00:37
  • Mini­Freak_1audio 10 X-Harp01:12

 

Oscil­la­teurs maison

Pour créer les sons, le Mini­Freak utilise deux oscil­la­teurs numé­riques multi­fonc­tions indé­pen­dants par voix. On dispose de 14 modèles de synthèse dispo­nibles pour chacun des deux oscil­la­teurs, 1 modèle réservé au second oscil­la­teur et 6 modèles mettant en jeu les 2 oscil­la­teurs (inter­ac­tions ou trai­te­ments du premier par le second, nous y revien­drons). Pour chaque modèle, on accède à trois para­mètres spéci­fiques éditables et modu­lables via la matrice. Le type de modèle est lui aussi modu­lable en temps réel, ça peut être très drôle. Allez, on lance le défilé : « Basic Waves » est un modèle qui trans­forme en continu une onde carrée en doubles dents de scie en passant par une onde dents de scie simple ; on peut jouer sur la largeur d’im­pul­sion de l’onde carrée ou le dépha­sage des deux dents de scie ; on peut aussi mélan­ger un subos­cil­la­teur sinus à l’oc­tave infé­rieure. « Super­Wave » super­pose plusieurs ondes iden­tiques (dents de scie, carré, triangle ou sinus) ; on peut les désac­cor­der et jouer sur leur volume rela­tif.
MiniFreak 1tof 06« Harmo » génère des ondes addi­tives sinus ou triangle dont on peut varier les ampli­tudes puis le dépha­sage avec un chorus. « KarplusStr » est une modé­li­sa­tion physique Karplus-Strong permet­tant de simu­ler des frot­te­ments ou pince­ments de cordes ou des percus­sions passées dans un réso­na­teur ; on peut régler l’ac­tion de l’ar­chet, la posi­tion de frappe et le déclin du réso­na­teur. « Noise » est un géné­ra­teur de bruit complexe, allant des couleurs clas­siques aux parti­cules, avec la possi­bi­lité d’ajou­ter une forme d’onde sinus, triangle ou carrée. Un peu à part, le modèle « Audio In » permet de substi­tuer l’en­trée audio au premier oscil­la­teur, afin de trai­ter un signal externe par toute la chaine de synthèse ; il intègre un Wave­fol­der et un déci­ma­teur, avec ajout de bruit numé­rique. Ça part bien !

Oscil­la­teurs tiers

Les sept modèles d’os­cil­la­teurs suivants sont tirés du code open source des modules Plaits créés par Mutable Instru­ments. « VAna­log » mélange une impul­sion variable et une onde dents de scie/triangle variable, que l’on peut désac­cor­der jusqu’à 2 octaves, pour un son VA puis­sant et riche. « Wave­sha­per » combine Wave­sha­per et Wave­fol­der avec réglage progres­sif de symé­trie, dans la plus pure tradi­tion West Coast. Les quelques réglages permettent une éten­due sonore consi­dé­rable. « Two Op. FM » est un algo­rithme FM simple à deux opéra­teurs sinus, dont on peut régler le ratio, la quan­tité de modu­la­tion et le feed­back. « Formant » fait appel à la synthèse granu­laire pour géné­rer deux formants dont on peut régler le rapport de fréquences, la fonda­men­tale et la largeur, pour obte­nir diffé­rentes voyelles. « Chords », dispo­nible unique­ment pour le second oscil­la­teur et désac­tivé en mode para­pho­nique, génère 11 types d’ac­cords prédé­fi­nis de 2 à 4 voix, avec diffé­rents renver­se­ments et plusieurs dizaines de formes d’ondes (dont une table d’ondes). « Speech » génère des formants de voix modu­lés (parlés) basés sur la tech­no­lo­gie Speak & Spell déve­lop­pée par Texas Instru­ments dans les 70’s, dont on peut chan­ger le genre et choi­sir les mots préen­re­gis­trés (non modi­fiables). Enfin « Modal » est un réso­na­teur type Karplus-Strong dont on peut éditer la matière, la brillance et le déclin, idéal pour créer des percus­sions métal­liques ou boisées, ou encore des cordes pincées ou frap­pées.
MiniFreak 1tof 07Passons main­te­nant à trois modèles ajou­tés en cours de déve­lop­pe­ment du Micro­Freak, créés par Noise Engi­nee­ring à partir du module Virt Iter Legio. « Bass » mélange deux ondes dépha­sées, sinus et cosi­nus, avec ajout d’har­mo­niques par satu­ra­tion et trai­te­ment par un Wave­fol­der qui module les phases via un géné­ra­teur de bruit. « SawX » produit une dent de scie dont la phase est modu­lée par un bruit blanc, créant des effets de chorus plus ou moins denses. Enfin « Harm » est un géné­ra­teur d’har­mo­niques alter­na­tif au modèle maison « Harmo », inté­grant un recti­fieur et une modu­la­tion de phase par un géné­ra­teur de bruit. Ces trois modèles complètent parfai­te­ment la pano­plie de modèles déjà verti­gi­neuse.

Oscil­la­teurs combi­nés

Comme le Mini­Freak possède deux oscil­la­teurs, les concep­teurs d’Ar­tu­ria ont eu l’ex­cel­lente idée de permettre d’in­ter­mo­du­ler les oscil­la­teurs ou trai­ter le premier par le second. Évidem­ment, on ne peut utili­ser ces modèles poly­pho­niques 6 voix en para­pho­nie 12 voix. « FM/RM » permet de modu­ler le second oscil­la­teur par le premier, en fréquence et en anneau, simul­ta­né­ment. On peut choi­sir l’onde du second oscil­la­teur en continu, puis doser sépa­ré­ment la FM et la RM. « Multi Filter » est un filtre numé­rique multi­mode réso­nant dans lequel le premier oscil­la­teur est injecté, capable de fonc­tion­ner en modes LP, HP, BP et réjec­tion de bande, avec des pentes de 1–2–4–6 pôles. On peut en régler la fréquence de coupure et la réso­nance (sauf en mode 1 pôle). « Surgeon Filter » est un filtre multi­mode ultra précis fonc­tion­nant comme un EQ para­mé­trique dyna­mique, dont on peut régler la fréquence d’ac­tion et la largeur de bande. « Comb Filter » est un filtre en peigne clas­sique, permet­tant de modu­ler des bandes de fréquences. « Phaser Filter » est un ensemble de filtres All Pass modu­lables, capable de créer de 1 à 6 bandes (2 à 12 pôles). Enfin, « Destroy » combine un Wave­fol­der, un déci­ma­teur et un réduc­teur de bits. So punk !
MiniFreak 1tof 09Les autres réglages dispo­nibles pour chaque oscil­la­teur concernent le pitch (sur +/- 4 octaves par octave, demi-ton ou centième) et la modu­la­tion du pitch, conti­nue ou quan­ti­fiée suivant diffé­rents tempé­ra­ments prédé­fi­nis. Avant d’en­trer dans le filtre, on peut régler les niveaux ou la balance, au choix, des deux oscil­la­teurs. Lorsque le second oscil­la­teur est utilisé en tant que filtre, ce réglage est une balance des signaux trai­tés/non trai­tés. Fran­che­ment une excel­lente section, qui ne peut certes pas impor­ter des modèles tiers comme un Mini­logue XD, mais qui offre suffi­sam­ment de diver­sité pour couvrir des terri­toires sonores très vastes, avec peu de réglages, mais des réglages très perti­nents et très sensibles. Il ne manque à ce stade que le modèle Wave­table du Micro­Freak et aussi une synchro dure entre les deux oscil­la­teurs.

Couleurs analo

La sortie des oscil­la­teurs est envoyée dans un VCF multi­mode à 2 pôles. Inspiré du filtre SEM Oberheim, il offre les modes passe-bas, passe-bande et passe-haut (mais pas de réjec­tion de bande ni variables d’état conti­nues). Il sonne beau­coup moins agres­sif que le filtre Stei­ner-Parker du Mini­Brute, un choix perti­nent compte tenu du côté poly­pho­nique du synthé et des sources qui peuvent être bien agres­sives si on le souhaite. Certains le trou­ve­ront trop sage, pas assez sélec­tif ou colo­rant, nous le trou­vons tout à fait complé­men­taire aux filtres numé­riques qui peuvent se substi­tuer au second oscil­la­teur. La fréquence de coupure peut varier de 20 Hz à 20 kHz via le poten­tio­mètre dédié. Elle est direc­te­ment modu­lable par l’en­ve­loppe ADSR (modu­la­tion bipo­laire) et la vélo­cité via un poten­tio­mètre en façade. Le réglage de la vélo­cité néces­site le main­tien de la touche Shift (à gauche), ce qui est fort peu pratique pour tour­ner le poten­tio­mètre (à droite) et jouer en même temps, un double-clic pour bloquer la posi­tion Shift serait bien­venu. Pour la modu­ler avec les deux LFO, le suivi de clavier, la pres­sion, la molette, l’en­ve­loppe cyclique, les deux macros ou le séquen­ceur, il faut passer par la matrice, normal, c’est son rôle.
MiniFreak 1tof 10La réso­nance n’écrase pas le reste du spectre audio quand on la pousse et est capable de faire entrer le filtre en auto-oscil­la­tion. Il se produit alors une onde sinus dont on peut régler le volume en fin de course de réso­nance et le pitch avec la fréquence de coupure. Elle nous semble beau­coup moins hurlante que sur le Micro­Freak. La réso­nance est modu­lable via la matrice, après assi­gna­tion à l’une des neuf desti­na­tions libres (nous y revien­drons). En sortie de filtre, le signal passe par le VCA final, lui-même modulé dans le dur par l’en­ve­loppe ADSR (ni dosable ni débrayable) et la vélo­cité. Il n’y a pas de réglage de pano­ra­mique, les VCA sont mono. En mode para­pho­nique, chaque voix dispose de sa propre enve­loppe ADSR et d’une enve­loppe AHR par paire de voix. Un compro­mis tout à fait compré­hen­sible. Les voix peuvent aussi être jouées à l’unis­son (mono/para­pho­nique/poly­pho­nique), avec acti­va­tion de 2 à 6 voix et désac­cor­dage. Sans oublier les modes legato, en mono comme en unis­son.

Ça commence à bouger

Le Mini­Freak améliore les possi­bi­li­tés de modu­la­tion du Micro­Freak, cette fois en poly­pho­nie. Pour commen­cer, on trouve un Glide poly­pho­nique avec réglage de vitesse ou de pente (temps fixe ou synchro­nisé au tempo). On dispose ensuite de deux LFO à cycle libre ou redé­clen­ché par le clavier/séquen­ceur/autre LFO/enve­loppe cyclique (en mono ou poly­pho­nie). Ils partagent deux poten­tio­mètres à fonc­tions doubles, le reste se faisant via le menu (touche Edit). Ils peuvent oscil­ler de 0,015 à 100 Hz ou se synchro­ni­ser au tempo suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles (de 8 mesures à 1/32, y compris les valeurs ternaires et poin­tées). Les vitesses d’os­cil­la­tion sont maté­ria­li­sées par deux LED. Les LFO offrent les ondes sinus, triangle, rampe, carré, S&H, aléa­toire, dent de scie expo­nen­tielle, rampe expo­nen­tielle et Shaper (16 ondes Presets et 8 ondes que l’uti­li­sa­teur peut sculp­ter sur 16 pas). Il manque des para­mètres de retard, fondu ou phase, pour­tant utiles et banals. Il existe aussi un vibrato à onde triangle dont on peut doser la vitesse et l’ef­fet dans le menu.
MiniFreak 1tof 11Passons à l’en­ve­loppe ADSR. La plage de réglage des segments de temps est impor­tante, on peut aussi les passer en mode percus­sif pour obte­nir une belle pêche. Cette enve­loppe est libre ou redé­clen­chée par le clavier/séquen­ceur. Elle est assi­gnée à la coupure du filtre (réglage bipo­laire) et au VCA. On insiste, on aime­rait vrai­ment qu’Ar­tu­ria permette un dosage ou une décon­nexion de cette enve­loppe du VCA, vu qu’elle est aussi connec­tée au VCF (avec dosage). On trouve une seconde enve­loppe, cyclique, de type A/H/D. On peut chan­ger l’ordre des segments et régler la courbe des segments A/D (via la touche Shift + poten­tio­mètre idoine). Elle offre trois modes de déclen­che­ment : stan­dard, Run (= LFO en cycle libre), Loop (= LFO dont le cycle est redé­clen­ché par une note jouée/séquen­cée, en modes mono/poly/legato/LFO). Un bon complé­ment à l’ADSR.

Ça bouge encore

Gros point fort du Micro­Freak, une matrice de modu­la­tion permet d’as­si­gner 7 sources prédé­fi­nies (enve­loppe cyclique, ADSR, LFO1, LFO2, pres­sion/vélo­cité, molette et clavier) à 13 desti­na­tions (Pitch 1+2, Wave 1, Timbre 1, coupure du VCF, ainsi que 9 desti­na­tions assi­gnables via 3 pages de 3 colonnes). Cela repré­sente donc 91 cordons dispo­nibles à tout instant ! L’édi­tion est faci­li­tée par la grille séri­gra­phiée et l’en­co­deur dédié. Ce dernier permet, d’une part, d’al­ter­ner entre les points virtuels de patch (une diode s’al­lume à l’in­ter­sec­tion source/desti­na­tion) et d’autre part, de modi­fier la quan­tité de modu­la­tion (bipo­laire) quand on appuie dessus. L’écran affiche les para­mètres concer­nés et la quan­tité de modu­la­tion.

MiniFreak 1tof 12 Pour réini­tia­li­ser une valeur, il suffit de main­te­nir l’en­co­deur plus d’une demi-seconde. Pour assi­gner une desti­na­tion à l’une des 3 pages de 3 colonnes libres, on appuie sur le bouton de la colonne souhai­tée (Shift pour choi­sir la page) puis on tourne le poten­tio­mètre du para­mètre à assi­gner parmi ceux dispo­nibles en façade ou via le menu pour ceux qui n’ont pas de commandes directes. Cela concerne le désac­cor­dage de l’unis­son, la quan­tité des LFO et de l’en­ve­loppe cyclique, le VCA et le vibrato (quan­tité et fréquence). Un point d’in­sa­tis­fac­tion, l’im­pos­si­bi­lité d’ajou­ter des sources aux 7 prévues, en parti­cu­lier dans le domaine audio (oscil­la­teurs notam­ment), ce que certains construc­teurs intègrent désor­mais dans leurs matrices, tels que Sequen­tial.

Section effets

En sortie de VCA mono, le Mini­Freak est équipé de trois multief­fets numé­riques, chacun capable de géné­rer des algo­rithmes avec plusieurs varia­tions (nombre entre paren­thèses) : chorus (5), phaser (6), flan­ger (4), réverbe (6), retard (12), distor­sion (6), réduc­teur de bit, EQ 3 bandes, Peak EQ, compres­seur multi­bande (4). Les effets gour­mands tels que réverbe, retard et compres­seur ne peuvent avoir qu’une instance. Les algo­rithmes basés sur les temps peuvent être synchro­ni­sés à l’hor­loge. Les effets sont placés en série (FX1 => FX2 => FX3), mais le retard et la réverbe possèdent des routages spéci­fiques, en inser­tion ou envoi. Chaque effet dispose d’un réglage son sec/son traité (ou d’un dosage d’en­voi dans le mode éponyme).
MiniFreak 1tof 14L’édi­tion est faci­li­tée par quelques commandes directes, parta­gées entre les trois effets et sélec­tion­nables avec un bouton dédié. Des LED permettent de visua­li­ser les effets acti­vés et l’ef­fet en cours d’édi­tion, par nuance d’in­ten­sité. Le premier enco­deur sélec­tionne le type d’ef­fet et sa varia­tion, les trois suivants étant contex­tuels. Une section réus­sie au plan quali­ta­tif et ergo­no­mique, qui permet de tester rapi­de­ment diffé­rents réglages, sans se perdre dans une pléthore de para­mètres. Nous avons en parti­cu­lier appré­cié les combi­nai­sons très clas­siques chorus + retard + réverbe, créant de vastes espaces stéréo poly­pho­niques. En revanche, l’ef­fet voco­deur initié sur le Micro­Freak est pour le moment resté sur le quai du déve­lop­pe­ment…

Ça bouge toujours

Pas avare de bonnes idées, Artu­ria a doté le Mini­Freak d’un arpé­gia­teur et d’un séquen­ceur. On peut en régler le tempo et la divi­sion tempo­relle direc­te­ment en façade. Les deux modules sont aussi équi­pés d’un facteur de swing, d’un réglage de Gate, d’un main­tien et des fonc­tions Spice/Dice, permet­tant de faire varier les temps et les espa­ce­ments de Gate de manière aléa­toire, suivant une quan­tité modu­lable avec le ruban capa­ci­tif. Les notes arpé­gées/séquen­cées peuvent être trans­mises en Midi, selon un réglage utili­taire global. Décou­vrons l’ar­pé­gia­teur. Il peut fonc­tion­ner sur une plage de 1 à 4 octaves, selon 8 motifs dépen­dant de l’ac­cord joué : haut, bas, haut/bas, aléa­toire, suivant l’ordre joué, avant avec proba­bi­li­tés, accord et motif. Dans ce dernier mode, l’ar­pé­gia­teur génère un nouveau motif aléa­toire à chaque note jouée, avec des répé­ti­tions liées à la plage d’oc­taves sélec­tion­née. On trouve des fonc­tions supplé­men­taires, telles que répé­ti­tion de pas, ratchet double, octaves aléa­toires et trans­for­ma­tion aléa­toire de note au sein du motif. On peut aussi envoyer le motif d’ar­pège en cours vers le séquen­ceur en appuyant sur la touche Record pendant que l’ar­pège tourne, bien vu !
MiniFreak 1tof 15Passons au séquen­ceur poly­pho­nique 6 voix. Chaque programme stocke sa propre séquence de 64 pas avec tous les réglages asso­ciés (tempo, divi­sion, Gate, swing…). Le clavier permet de déclen­cher/stop­per une séquence et la trans­po­ser en temps réel (mode Stop). On peut aussi lancer la séquence en boucle et la trans­po­ser à la volée (mode Play). La program­ma­tion peut se faire en pas à pas, séquence à l’ar­rêt. On entre un accord sur un pas au choix, et quand toutes les notes sont relâ­chées, le séquen­ceur mémo­rise les notes et leur vélo­cité, puis passe au pas suivant. On peut aussi créer des silences ou lier les pas avec les touches Hold/Tie, immé­diat ! On peut aussi enre­gis­trer en temps réel, séquence tour­nante. L’édi­tion ulté­rieure se fait préci­sé­ment par pas ou en Over­dub, au choix. Mieux, une séquence peut enre­gis­trer 4 lignes de mouve­ments de para­mètres (modules de synthèse, modu­la­teurs, contrô­leurs, effets) en pas-à-pas ou temps réel, puis les éditer préci­sé­ment, l’écran graphique donnant une visua­li­sa­tion claire des événe­ments en cours. Il est aussi possible de lisser les mouve­ments entre chaque pas. Un séquen­ceur qui a bien progressé, auquel on pour­rait souhai­ter quelques fonc­tions aléa­toires et ratchets.

Encore plus chic !

Le Mini­Freak repré­sente un net pas en avant par rapport au Micro­Freak : qualité audio supé­rieure, sorties stéréo, moteur à deux oscil­la­teurs inter­mo­du­lables, deux LFO, matrice de modu­la­tion plus puis­sante, trois effets inté­grés, mini-clavier sensible à la vélo­cité et à la pres­sion, sans oublier la poly­pho­nie de 6 voix. Il en reprend les quali­tés, les modèles d’os­cil­la­teurs inno­vants, le VCF multi­mode, les possi­bi­li­tés de modu­la­tion, l’ar­pé­gia­teur et le séquen­ceur, avec une prise en main toujours directe. On perd toute­fois les sorties CV/Gate/pres­sion. Dans la version 1.0.0 du micro­lo­gi­ciel, l’os­cil­la­teur à tables d’ondes et le voco­deur ne sont pas inté­grés. D’après les équipes d’Ar­tu­ria, c’est au programme, avec des moteurs rema­niés. De même, elles prévoient d’ajou­ter la trans­po­si­tion globale par demi-ton et d’amé­lio­rer les modu­la­tions du VCA final.
MiniFreak 1tof 13Vu les possi­bi­li­tés offertes pour à peine deux fois le tarif du petit frère, sans oublier la version virtuelle gratuite bien mieux qu’un simple éditeur, le Mini­Freak est une propo­si­tion de valeur sérieuse, qui ravira les amou­reux de la synthèse, avec sa pano­plie sonore éten­due sortant des sentiers battus, tout en étant capable d’évoquer les grands clas­siques, doté d’un carac­tère sonore bien à lui. Le succès du Micro­Freak a encou­ragé Artu­ria à étendre une première fois sa gamme de synthés hybrides vers le haut, souhai­tons que cela conti­nue après le Mini­Freak. D’ici là, il repart haut la main avec l’Award qualité/prix 2022 !

9/10
Award Qualité / Prix 2022
Fabrication (?) : Chine
Points forts
  • Territoires sonores très variés
  • Polyphonie 6 voix et paraphonie 12 voix
  • Prise en main directe
  • Nombreux modèles d’oscillateurs modulables
  • Interactions et filtrages entre les deux oscillateurs
  • VCF multimode type SEM
  • Matrice de modulation programmable
  • Section effets numériques
  • Arpégiateur et séquenceur 64 pas à mouvements
  • Mémoires généreuses
  • Format compact et solide
  • Mini-clavier répondant en vélocité et pression
  • Entrée audio pour traitements multiples
  • Connectique et contrôles Midi complets
  • Version logicielle gratuite
  • Excellent rapport qualité/prix
Points faibles
  • Modèle Wavetable et Vocoder pas encore intégrés (V 1.0.0)
  • Pas de transposition globale par demi-ton (V 1.0.0)
  • Impossibilité de doser/déconnecter l’unique ADSR du VCA (V 1.0.0)
  • Pas de sources audio dans la matrice de modulation
  • Pas de synchro entre les deux oscillateurs
  • Perte des sorties CV/Gate/Pression du MicroFreak
  • Alimentation externe cheap
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.