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Award Innovation 2023
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Trois ans après son lancement par financement participatif, l’Osmose est enfin disponible pour les premiers acquéreurs. Alliant un clavier mécanique d’un genre nouveau à un moteur de synthèse des plus singuliers, voyons si notre attente a été récompensée…

Expres­sive E est une société française créée en 2015. Sa mission est d’ap­por­ter aux musi­ciens une nouvelle expé­rience plus intui­tive dans la créa­tion sonore à travers une offre logi­cielle et maté­rielle nova­trice. Présenté en 2016 après trois années de R&D ayant fait l’objet de plusieurs brevets, le Touché est le premier contrô­leur physique déve­loppé par la marque. Il apporte un pilo­tage multi­di­men­sion­nel intui­tif et sensi­tif de sources sonores dans un boitier ergo­no­mique unique USB/Midi adapté à la morpho­lo­gie de la main. Fort de son succès bien mérité, la société se met alors à imagi­ner une décli­nai­son au format clavier.

Et si on offrait au clavié­riste de nouvelles poten­tia­li­tés de contrôle sonore via des touches multi­di­men­sion­nelles indé­pen­dantes ? Si on y mettait un moteur sonore expres­sif ayant déjà fait ses preuves, dopé aux modé­li­sa­tions physiques les plus folles, pour en faire un vrai synthé ? Ce sera l’Ea­gan Matrix signé Haken Audio, qui propulse déjà la gamme Conti­nuum de la marque améri­caine. En 2019, Expres­sive E lance un finan­ce­ment parti­ci­pa­tif pour ce clavier d’un nouveau genre, qu’elle baptise Osmose. Un Covid et une crise des compo­sants plus tard, les premiers exem­plaires sont enfin distri­bués aux « Early Birds », que l’on féli­cite pour leur patience. La fin de cette première vague est prévue pour cet été, puis vien­dra le tour des précom­mandes en maga­sins, avant qu’un stock ne se forme, vu le succès de la machine. Entre­temps, Expres­sive E nous a genti­ment prêté un exem­plaire, que nous avons passé en OS 1.10, ce qui s’est fait sans problème depuis un véné­rable PC en fin de vie sous Windows 10. Alors, ça valait le coup d’at­tendre ?

Clavier inédit

Osmose 2tof 01 face avantL’Os­mose se présente comme un grand mono­lithe noir avec façade alu et boitier plas­tique rigide, mesu­rant 90 × 32 × 9 cm pour 8,3 kg. Le clavier, déve­loppé et breveté par Expres­sive E, impres­sionne immé­dia­te­ment, avec ses 49 touches de 24 cm de long au total (15 cm pour les blanches, 10 cm pour les noires, en plus des 9 cm du bras de levier), dont le profil ressemble à des touches de piano. À l’air libre et surplom­bant le synthé, elles donnent à l’ins­tru­ment un aspect à la fois mysté­rieux et clas­sieux. Immé­dia­te­ment, on sent le synthé peu ordi­naire. Ceci se confirme dès que l’on pose les doigts sur le clavier. On sent une résis­tance progres­sive à l’en­fon­ce­ment initial, puis une première butée (pres­sion initiale). Passé ce stade, une seconde pres­sion (after­touch) permet d’al­ler plus loin, jusqu’à une butée finale, cette fois avec une course moindre (mais plus longue qu’un simple capteur de pres­sion, qui parait bien raide en compa­rai­son). Mieux, en bougeant les doigts laté­ra­le­ment, on découvre un jeu non négli­geable : c’est le bend. Cela signi­fie que chaque touche de l’Os­mose est capable d’en­voyer trois modu­la­tions conti­nues, dont deux simul­ta­nées : pres­sion initiale + bend, after­touch + bend.

Osmose 2tof 15 touches 3-4 zoomNous voilà donc avec un clavier méca­nique tota­le­ment inédit. Cela n’a rien à voir avec un Roli ou un Conti­nuum, qui offrent d’autres possi­bi­li­tés d’ex­pres­sion (3D réelle notam­ment avec la profon­deur de touche) mais pas de méca­nique à clavier. Pour un clavié­riste, l’ac­com­mo­da­tion est plus rapide sur l’Os­mose. Elle n’est toute­fois pas immé­diate, loin s’en faut, c’est bien un nouvel instru­ment à maitri­ser, mais sans partir de zéro. Les guita­ristes seront quant à eux ravis de pouvoir « bender » sans rete­nue… Préci­sion impor­tante, la pres­sion initiale est bien un contrô­leur continu, contrai­re­ment à un clavier à 2 ou 3 capteurs de vélo­cité ; cela signi­fie qu’on module un son en perma­nence (par exemple le volume), alors qu’un clavier clas­sique ne consti­tue qu’un inter­rup­teur (une fois déclen­ché, il faut relâ­cher et rappuyer pour redé­clen­cher la note), c’est un instru­ment à inter­rup­tion ou à percus­sion. Sur l’Os­mose, la pres­sion initiale s’ap­pa­rente davan­tage à un instru­ment à vent ou à cordes frot­tées, cela ouvre déjà un tas de possi­bi­li­tés d’ex­pres­si­vité ! Chose inso­lite, la largeur des touches n’est pas constante (2 cm pour le do supé­rieur, 2,2 ou 2,3 cm pour les autres). Les concep­teurs nous ont expliqué que cela résul­tait d’études faites sur diffé­rents types de claviers (pas seule­ment des synthés) et de choix méca­niques. La matière des touches a égale­ment été méti­cu­leu­se­ment choi­sie pour permettre le meilleur contrôle possible. Tout cela (dimen­sion­ne­ment, résis­tance, matière) a été validé par des dizaines de musi­ciens bêta-testeurs, pour ne pas dire des centaines ! Par contre, l’es­pa­ce­ment entre les touches est là aussi variable à cause du bend, si bien que certaines frottent ou claquent parfois.

Ergo­no­mie et connec­tique

Osmose 2tof 05 face zoomLa sélec­tion des programmes et l’édi­tion se font sur la partie gauche. Outre le poten­tio­mètre de volume géné­ral, on trouve un bel écran LED couleur entouré de touches et d’en­co­deurs. L’or­ga­ni­sa­tion géné­rale de l’Os­mose se fait en diffé­rents modes, menus, onglets et groupes de para­mètres. Cela crée une arbo­res­cence plutôt complexe à inté­grer, on aurait pu faire plus direct. Les deux modes prin­ci­paux, Sound Engine (moteur interne) et Exter­nal Midi (clavier de commande) fonc­tionnent indé­pen­dam­ment. On y accède via la touche « m ». Les réglages globaux sont acces­sibles dans la même page, en appuyant sur le 4e enco­deur contex­tuel. Chaque mode se subdi­vise en 4 menus acces­sibles via les 4 touches situées au-dessus de l’écran. Chaque menu comprend plusieurs onglets, défi­lant avec l’en­co­deur supé­rieur gauche (cranté). Dans chaque onglet, on peut faire dérou­ler des ensembles de 4 para­mètres avec l’en­co­deur infé­rieur gauche (cranté). Ces para­mètres s’éditent avec les 4 enco­deurs contex­tuels (lisses) situés sous l’écran. Les graphismes sont beaux et clairs, l’écran est parfai­te­ment lisible, merci !

Osmose 2tof 12 zoom arrièreAu plan méca­nique, les boutons sont très durs et les enco­deurs bougent beau­coup sur leur axe, ce qui donne une impres­sion de fragi­lité, alors qu’ils sont consti­tués d’axes métal­liques semblant robustes. Sous les commandes, on trouve deux curseurs obliques (le premier à ressort central assi­gné au pitch­bend et le second, sans rappel et assi­gnable), deux touches de défi­le­ment de Presets et deux touches de trans­po­si­tion d’oc­tave (+/- 2). La connec­tique est regrou­pée en partie gauche du boitier. À l’avant, il y a la prise casque en jack 6,35 avec poten­tio­mètre de volume dédié rétrac­table, sympa. À l’ar­rière, on trouve deux sorties audio gauche/droite symé­triques (jacks 6,35 TRS compa­tibles asymé­triques), deux entrées pour pédales conti­nues/inter­rup­teurs assi­gnables (jack 6,35 TRS), deux prises Midi DIN (entrée + sortie commu­table en Thru), une prise USB (Midi unique­ment, on aurait tant aimé l’au­dio, mais cela n’est pas prévu), une borne pour alimen­ta­tion externe avec vis de verrouillage (type bloc extrême un peu cheap avec embouts inter­chan­geables). Il n’y a pas d’en­trées audio ou de prises CV/Gate comme sur certains Conti­nuum, l’Os­mose est avant tout destiné aux modu­la­tions poly­pho­niques Midi.

Expres­si­vité sonore

Osmose 2tof 08 gaucheLa mémoire interne de l’Os­mose renferme à ce stade plus de 500 Presets non réins­crip­tibles et 128 programmes utili­sa­teur. Dans ces derniers, on peut stocker des modi­fi­ca­tions de certains para­mètres de synthèse (sous forme de macros), la sensi­bi­lité des contrô­leurs physiques et les modes de jeu. Ce n’est pas hyper géné­reux, mais Expres­sive E réflé­chit à la possi­bi­lité de trans­for­mer simple­ment des programmes utili­sa­teurs en Presets (la capa­cité mémoire théo­rique est de 8 à 9.000 empla­ce­ments). En utili­sant des câbles symé­triques, le niveau de sortie est bon, sans bruit de fond, néces­si­tant toute­fois des ajus­te­ments entre les sons. La plage de dyna­mique de certains programmes peut être très impor­tante suivant le jeu, atten­tion aux oreilles. À l’ex­pres­si­vité liée à la méca­nique inédite du clavier s’ajoute une expres­si­vité sonore fantas­tique. On sent immé­dia­te­ment que le moteur Eagan Matrix en a sous le pied, tant au plan de la variété sonore que des possi­bi­li­tés de méta­mor­pho­ser un même son de manière dras­tique. C’est un instru­ment de musique d’un genre nouveau, expres­sif à souhait, qu’il va falloir bosser sérieu­se­ment. Ainsi, il n’est pas impos­sible (et même plutôt fréquent) de déclen­cher des modu­la­tions non souhai­tées, telles que bend ou after­touch, si on attaque pleine bourre comme un pianiste lour­dingue. Du coup, on joue vite faux si on ne réduit pas la sensi­bi­lité des commandes (cela est prévu, on en reparle plus tard).

Osmose 2tof 09 3-4 arrière gaucheL’Os­mose tire évidem­ment son épingle du jeu sur les sons de cordes frot­tées (on peut jouer sur l’at­taque, le volume de main­tien et le vibrato de chaque note), les cordes pincées (on peut attaquer très fort puis « bender » chaque note), les instru­ments à vent (on pilote le bruit, le niveau de sortie, les harmo­niques, le vibrato), les percus­sions répé­ti­tives (on module le volume, la vitesse de répé­ti­tion, le timbre) et les effets spéciaux les plus déjan­tés, à faire déjan­ter encore plus grâce aux nombreuses possi­bi­li­tés de modu­la­tions conti­nues. Les sons de synthèse ne sont pas en reste, que ce soit des repro­duc­tions de synthés analo­giques poly­pho­niques, des solos à feed­back, des synthés type FM/Phase ou des textures hybrides que l’on vient enri­chir du bout de chaque doigt de la main (et même de chaque pied, pour les plus souples). Les couleurs sonores sont celles de synthés numé­riques à modé­li­sa­tion physique, c’est très précis, très large bande et très expres­sif. Pas le moindre alia­sing ou bruit para­site à l’ho­ri­zon. L’Os­mose ne remplace pas un bon synthé analo ou un lecteur de samples, il les complète à merveille.

Osmose_1audio 01 Bass Mons­ter
00:0000:43
  • Osmose_1audio 01 Bass Mons­ter00:43
  • Osmose_1audio 02 Ladder bass00:34
  • Osmose_1audio 03 Double Slap00:35
  • Osmose_1audio 04 Cros­syn­thar01:03
  • Osmose_1audio 05 Cham­ber Strings00:34
  • Osmose_1audio 06 Chorus Formants01:07
  • Osmose_1audio 07 Analog ADSR00:43
  • Osmose_1audio 08 Copper Club00:33
  • Osmose_1audio 09 Ladder Blues01:18
  • Osmose_1audio 10 Futazz00:17
  • Osmose_1audio 11 Organ 200:49
  • Osmose_1audio 12 Bansuri01:05
  • Osmose_1audio 13 Flûte Traver­sière00:36
  • Osmose_1audio 14 Carbon Marimba00:28
  • Osmose_1audio 15 Tubu­lar Bell00:54

 

Sound Engine (Part 1)

Osmose 2tof 07 3-4 gauche 2Non content d’être un contrô­leur à clavier méca­nique origi­nal, l’Os­mose est égale­ment un puis­sant synthé offrant jusqu’à 24 voix de poly­pho­nie suivant la complexité du moteur sonore. En revanche, il est à ce stade mono­tim­bral, souhai­tons qu’Ex­pres­sive E le dote à l’ave­nir de possi­bi­li­tés bi- ou multi­tim­brales, pour pouvoir empi­ler plusieurs sons ou sépa­rer le clavier. Dans le mode Sound Engine, on accède à 4 menus distincts : Presets, Synth, Sensi­ti­vity et Playing. Le premier permet de sélec­tion­ner les sons d’usines (plus de 500) ou utili­sa­teur (128) selon deux ensembles de caté­go­ries (type d’ins­tru­ment et carac­tère sonore). Le défi­le­ment se fait soit avec un enco­deur doté d’un inter­rup­teur pous­soir pour vali­der, soit avec deux touches dédiées. Il n’y a donc pas de pavé numé­rique pour choi­sir rapi­de­ment des programmes éloi­gnés, ni de listes de favo­ris (à ce stade, car une refonte de la gestion des programmes est en cours de déve­lop­pe­ment). Un Preset ne peut être écrasé, mais on peut le modi­fier et le sauve­gar­der dans une mémoire utili­sa­teur (avec ou sans les réglages Sensi­ti­vity et Playing dont nous parle­rons bien­tôt).

Osmose 2tof 02 face avant hautLe mode Synth permet d’édi­ter quelques ensembles de para­mètres de synthèse, les effets, l’ac­tion du curseur de pitch­bend, ainsi que l’as­si­gna­tion du curseur de modu­la­tion et des pédales. L’édi­tion des para­mètres de synthèse se fait sous forme de macro­com­mandes prédé­fi­nies. Il n’y a aucune possi­bi­lité d’édi­ter des para­mètres indi­vi­duels, il faut pour cela passer par un éditeur biblio­thé­caire logi­ciel fourni (Mac/PC) en entrant dans la matrice (voir enca­dré ci-dessous pour ceux qui veulent prendre la pilule rouge). Il faut ainsi se conten­ter de quelques para­mètres fixés lors de la créa­tion des programmes, à travers 6 macros contrô­lant plusieurs para­mètres simul­ta­nés. Cela peut concer­ner un formant, un corps, une réso­nance, un ratio, un mélange, une struc­ture, un timbre, un filtre, un vibrato, une modu­la­tion… cela permet de pas mal défor­mer le son d’ori­gine sans pour autant pouvoir accé­der à tout ce qu’on veut (genre chan­ger le temps de Release d’une enve­loppe ADSR, si ce n’est pas prévu au départ). Ce serait bien qu’Ex­pres­sive E trouve une solu­tion pour ouvrir un peu plus les accès sans passer par l’édi­teur externe. Concer­nant les effets, on trouve un effet global, un EQ et un compres­seur. L’ef­fet global offre une réverbe (allant d’une petite pièce à des espaces infi­nis) et cinq types de délai. C’est peu, mais le son est au rendez-vous et les para­mètres sont perti­nents. On aime­rait bien quelques combi­nai­sons (genre chorus + délai + réverbe) et d’autres effets plus exotiques. L’amé­lio­ra­tion de cet effet est d’ailleurs déjà au programme. L’EQ est un filtre en étagère avec réglage d’in­cli­nai­son bipo­laire, fréquence et mixage. Le compres­seur, enfin, permet de redon­ner du gain et de la viva­cité au signal. C’est une version simpli­fiée du compres­seur inté­gré au moteur Eagan Matrix acces­sible via l’édi­teur externe.

Sound Engine (Part 2)

Osmose 2tof 06 3-4 gaucheLe mode Sensi­ti­vity permet de régler la réponse du clavier : bend (inter­valle, sensi­bi­lité, courbe, stabi­li­sa­tion, mode d’ac­ti­va­tion), pres­sion initiale (point de déclen­che­ment, courbe, avec des présé­lec­tions pour ne pas partir de zéro), after­touch (courbe, avec là aussi des présé­lec­tions), réglages par défaut des Presets (qui ne mémo­risent pas les réglages de sensi­bi­lité, contrai­re­ment aux mémoires utili­sa­teur). On peut aussi geler à tout moment les réglages de sensi­bi­lité, afin de les main­te­nir en l’état quels que soient les programmes utili­sa­teur sélec­tion­nés.

Enfin, le mode Playing permet d’ac­cé­der à deux fonc­tions très inté­res­santes. La première, Pres­sure Glide, permet de géné­rer un porta­mento entre deux notes liées. Quand on passe de l’une à l’autre, on contrôle la tran­si­tion. Quand les deux notes sont main­te­nues, le pitch est entre les deux. L’in­ter­valle de prise en compte peut être défini par demi-ton ; au-delà de cette valeur, les deux notes sont jouées sans porta­mento, en poly­pho­nie. Sympa et parfait pour simu­ler des cordes solo legato réalistes. La seconde fonc­tion est un arpé­gia­teur origi­nal. On peut char­ger un Preset ou program­mer l’ar­pège : main­tien, tempo (avec synchro Midi), motif (18 décli­nai­sons : clas­siques, conver­gences, alter­nances, accords, aléa­toire, jouée), divi­sion tempo­relle, Gate, octave, Swing, Ratchet, iner­tie. Là où l’Os­mose se démarque, c’est dans la possi­bi­lité d’ar­pé­ger chaque note telle qu’elle est jouée, avec ses trois axes de modu­la­tion. Cela crée des arpèges hyper vivants. Mieux, on peut modu­ler deux para­mètres de l’ar­pège avec les contrô­leurs physiques (les 2 curseurs, les 3 axes de notes, les pédales), ce qui décuple l’ex­pres­si­vité de ce module très réussi.

Mode Exter­nal Midi

Osmose 2tof 11 3-4 arrière droiteC’est dans ce mode que l’on règle la manière dont l’Os­mose pilote les instru­ments Midi externes, via la prise DIN ou USB, se trans­for­mant ainsi en contrô­leur Midi d’un genre nouveau. Il fonc­tionne indé­pen­dam­ment du mode Sound Engine et n’a qu’une seule mémoire globale, ce qui est gênant quand on a un set varié de synthés. Expres­sive E prévoit d’ajou­ter des mémoires utili­sa­teur dans une prochaine mise à jour. L’Os­mose peut travailler en MPE (modu­la­tions Midi poly­pho­niques utili­sant plusieurs canaux Midi pour trans­mettre les données, un canal global et un canal par note) ou clas­sique (un seul canal Midi qui trans­met les notes et les modu­la­tions, dont la vélo­cité et l’af­ter­touch poly­pho­nique, mais le bend global). En USB, le contrôle Midi externe se fait sur un port diffé­rent du contrôle de l’édi­teur Eagan Matrix.

Dans le mode Exter­nal Midi, on accède à 4 menus distincts : Config, Adjust, Sensi­ti­vity et Playing. Le menu Config permet d’ap­pe­ler 4 confi­gu­ra­tions selon ce que peut rece­voir l’ap­pa­reil Midi ou la STAN piloté par l’Os­mose : MPE (choix par défaut), Clas­sic Keyboard (la pres­sion initiale est trans­for­mée en messages de vélo­cité, la seconde pres­sion est trans­for­mée en after­touch par canal, le pitch­bend est trans­mis unique­ment par le curseur idoine), Poly After­touch (comme la précé­dente, mais avec trans­mis­sion d’af­ter­touch poly­pho­nique) et Multi Chan­nel (sorte de MPE sans canal global). De quoi satis­faire la plupart des cas de figure. Le menu Adjust permet d’as­si­gner le canal Midi, le type de message trans­mis par la première et la seconde pres­sion (avec valeurs mini/maxi) et le numéro de CC trans­mis par chaque contrô­leur continu (molette + 2 pédales, avec valeurs mini/maxi). Le menu Sensi­ti­vity est peu ou prou iden­tique à son confrère du mode Sound Engine, à ceci près que des réglages de vélo­cité ont été ajou­tés, puisque l’Os­mose peut trans­mettre ce type de message dérivé de la pres­sion initiale (ce qui n’est pas le cas pour le moteur interne). Enfin, le menu Playing est pour le moment vide (OS 1.10). Vive­ment que l’ar­pé­gia­teur soit de la fête pour pilo­ter des modules externes, ce qui est prévu par le construc­teur.

Mode Global

Osmose 2tof 14 touches 3-4 gaucheLe menu Global est réservé à la confi­gu­ra­tion géné­rale de la machine : lumi­no­sité de l’af­fi­cheur, accor­dage du synthé, réini­tia­li­sa­tion des réglages globaux, source de l’hor­loge Midi externe, mode Midi Haken USB, Local Control Haken, mode Midi DIN, gestion des onglets de menus (défi­le­ment cyclique ou non, retour au premier onglet ou non) et cali­bra­tion des pédales (type inter­rup­teur ou continu, valeurs mini/maxi). Toutes les pédales ne fonc­tionnent pas avec l’Os­mose, le construc­teur four­nit une (pour le moment courte) liste des pédales testées compa­tibles (à enri­chir par les futurs utili­sa­teurs selon leurs expé­riences). L’Os­mose répond égale­ment à un certain nombre de CC Midi, dont le numéro est fixé par le construc­teur. Ils concernent les 6 macros, le Sustain/soste­nuto, le post gain et les para­mètres d’ef­fets (4 para­mètres pour l’ef­fet global, EQ, compres­seur + mixage des effets).

Conclu­sion

L’Os­mose est un synthé très singu­lier, tant par son clavier tridi­men­sion­nel inso­lite que par son puis­sant moteur multi-synthèses. On appré­cie immé­dia­te­ment les possi­bi­li­tés d’ex­pres­sion sans précé­dent, néces­si­tant toute­fois un certain appren­tis­sage pour en tirer toute la quin­tes­sence. Il pilote parfai­te­ment le moteur sonore Eagan Matrix, dont les quali­tés sonores et l’ex­pres­si­vité ont déjà fait leurs preuves sur la série Conti­nuum de Haken Audio. L’Os­mose ne débous­sole pas autant qu’un Conti­nuum, mais il ne faut pas espé­rer jouer du Rach­ma­ni­nov dessus en pensant tenir un contrô­leur univer­sel à clavier. Il est par ailleurs très bien construit et dispose de contrô­leurs addi­tion­nels pour parfaire l’ex­pres­si­vité. La qualité audio, la variété sonore, la poly­pho­nie confor­table, les effets inté­grés, l’ar­pé­gia­teur rusé et les possi­bi­li­tés de clavier de commande sont autant d’atouts.

Osmose 2tof 10 arrièreEn revanche, l’édi­teur Eagan Matrix, bien que brillant et nova­teur, n’est pas très intui­tif, même pour les program­meurs les plus aguer­ris. L’in­ter­face est austère et l’er­go­no­mie contrai­gnante, ce qui fait décro­cher la cible de musi­ciens non tech­ni­ciens. Du coup, on souhai­te­rait pouvoir pilo­ter davan­tage de para­mètres indi­vi­duels (une couleur de timbre, un filtre, un segment d’en­ve­lop­pe…) depuis le synthé, au-delà des quelques macros prédé­fi­nies, en parti­cu­lier pour le live. Sans quoi l’Os­mose pour­rait fort bien se trans­for­mer en machine à Presets, comme le DX7 il y a 40 ans. Ce serait bien dommage quand on connait la puis­sance sous le capot et la diver­sité des synthèses propo­sées. On aime­rait aussi avoir plus de mémoires utili­sa­teur, des mémoires pour le pilo­tage externe et un zest de multi­tim­bra­lité (l’au­dio via USB n’étant pas prévu). Au global, l’Os­mose est un synthé inno­vant unique, un instru­ment de choix pour les musi­ciens — pas seule­ment clavié­ristes — qui recherchent un contrôle subtil des nuances sonores via un clavier méca­nique inédit, avec un moteur de synthèse très singu­lier pour ceux, scien­ti­fiques ou aven­tu­riers, qui veulent aller plus loin dans la créa­tion. Un Award Inno­va­tion 2023 sans hési­ta­tion !

  • Osmose 2tof 01 face avant
  • Osmose 2tof 02 face avant haut
  • Osmose 2tof 03 face 3-4 gauche
  • Osmose 2tof 04 face droite
  • Osmose 2tof 05 face zoom
  • Osmose 2tof 06 3-4 gauche
  • Osmose 2tof 07 3-4 gauche 2
  • Osmose 2tof 08 gauche
  • Osmose 2tof 09 3-4 arrière gauche
  • Osmose 2tof 10 arrière
  • Osmose 2tof 11 3-4 arrière droite
  • Osmose 2tof 12 zoom arrière
  • Osmose 2tof 13 touches 3-4 droite
  • Osmose 2tof 14 touches 3-4 gauche
  • Osmose 2tof 15 touches 3-4 zoom
  • Osmose 3capt EM1
  • Osmose 3capt EM2
  • Osmose 3capt EM3

 

9/10
Award Innovation 2023
Fabrication (?) : Chine
Points forts
  • Expressivité inédite pour un instrument à clavier mécanique
  • Réglages de sensibilité très précis
  • Qualité, originalité et puissance du moteur sonore
  • Bibliothèque de sons fournie de bon niveau
  • Polyphonie assez confortable
  • Qualité des effets intégrés
  • Arpégiateur très original
  • Compatibilité MPE
  • Possibilités de synthèse infinies via l’éditeur
  • Fabrication soignée du boitier et du clavier
  • Ecran très clair et bien dessiné
  • Instrument autonome (DSP embarqués)
Points faibles
  • Nombre de mémoires utilisateur
  • Gestion des Presets perfectible
  • Accès direct à la synthèse limité
  • Monotimbralité
  • Ergonomie de l’éditeur externe
  • Boutons très durs
  • Pas d’audio via USB
  • Alimentation type bloc externe
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.